3 ans après son dernier épisode et 10 ans après avoir révolutionné le TPS et le jeu vidéo par extension, Gears of War revient enfin. Grosse cartouche de Microsoft pour la fin d’année 2016, ce 4ème épisode arrive rempli de promesses et surtout d’attentes de la part de sa communauté, qui a pu jouer à bien d’autres TPS convaincants depuis. Verdict ci-dessous après des heures de tronçonnage.
Des colosses et des tomates
Beaucoup de choses ont changé depuis Gears 3. Le développeur Epic Games s’en est allé vers de nouveaux horizons et le genre du TPS a tiré bien des leçons de la trilogie Gears. En effet, si certains refusent encore à s’y mettre (coucou Just Cause 3), il est désormais de coutume pour tous les TPS d’intégrer un système de couverture. The Divison, gros carton de cette année 2016, proposait un système de couverture très bien fichu qui donnait au joueur la capacité de fluidifier ses déplacements entre les abris. Maintenant que tout le monde s’est emparé de la feature de base de la série, que reste-t-il de l’âme de Gears of War, comment le jeu va-t-il pouvoir surprendre désormais ?
The Coalition, désormais en charge de la licence, a bien cogité et livre un cru (on vous le dit d’entrée) de qualité, mais pas réellement surprenant. Abordons en premier lieu la campagne du titre, dans laquelle réside son principal intérêt. L’histoire se déroule 25 ans après les événements du 3ème épisode, qui concluait enfin la grande guerre des Gears contre les locustes. James Dominic Fénix (fils du grand Marcus Fénix, héros des 3 premiers épisodes) quitte la CGU avec son pote Del pour aller rejoindre un groupe qui en a un peu marre que la société soit un partie en sucette depuis Gears 3. Il fait ensuite la rencontre de Kait, qui composera le dernier ajout à notre trio de soldats pour ce quatrième épisode.
Un Fénix renaît de ses cendres
Après un premier acte à se battre contre des robots humanoïdes qui lootent des armes manquant cruellement de patate, nos compagnons voient leur village attaqué par la CGU et une nouvelle race d’ennemis, semblable à celle des locustes. Ils vont donc compléter leur trio avec l’homme le plus compétent en terme de décimage de monstres : le charismatique Marcus Fénix. Un peu vieille mais pas rouillée pour autant, l’une des plus grandes icônes de la Xbox lance avec panache une campagne remplie d’action et de punchlines en tous genres.
Soyons clair sur un point : la campagne de Gears 4 est de qualité, de grande qualité même. S’étalant sur environ 9 heures, en-dehors de son introduction un peu longuette, cette dernière est très rythmée. Si sa structure n’a pas changé (couloirs, arènes, couloirs, arènes, boss), sa mise en scène a pris un sacré coup de pied aux fesses, et ça fait du bien. Le jeu profite, en solo surtout, d’une plastique très aguicheuse. On peut souvent se surprendre à rester quelques secondes scotché à la beauté d’une tempête d’éclairs ou à observer les détails sur les visages des locustes (euh… des « vermines », pardon) lors des cinématiques très bien réalisées du jeu.
« Comment on peut être nul à Pierre Feuille Ciseaux ? »
L’histoire est plutôt bien ficelée et les personnages sont absolument tous à leur place. Si les enjeux sont de taille, le ton global de l’aventure se veut beaucoup moins « serious business » qu’auparavant. Pipelettes comme Trévor dans GTA V, JD et consorts ne s’arrêtent jamais de discuter de tout et n’importe quoi, de philosopher sur l’histoire de chaque parcelle de sol qu’ils foulent de leurs pieds ou de simplement s’envoyer des vannes. L’alchimie entre les Fénix fonctionne parfaitement. Les punchlines fusent et on se surprend parfois à rire à gorge déployée devant certains échanges.
En-dehors de ces bavardages intempestifs, la campagne n’oublie pas de poser un rythme rapide, enchaînant les moments de bravoure comme seuls les 3 premiers épisodes savaient le faire. Quelques séquences comptent déjà parmi les plus vertigineuses de cette génération de console. Le jeu essaye parfois de diversifier ses gunfights avec de grosses séquences sur rails ou en « véhicule » (on vous laisse la surprise du dernier acte) qui marchent assez bien dans l’ensemble. Ce qui n’était pas une mauvaise idée mais qui ne fonctionne pas vraiment, c’est l’intégration de passages du mode horde dans l’histoire.
Alors que le rythme du jeu bat son plein et que l’on traverse avec bravoure des séquences plus mémorables les unes que les autres, le jeu décide de nous faire poser des barrages, tourelles, etc. afin de défendre un emplacement important dans l’histoire. Les séquences sont agréables à jouer mais le rythme effréné de l’aventure prend indéniablement un coup. Cette campagne est définitivement une des meilleures de Gears et les quelques aficionados de la franchise pourront se réjouir de certains caméos plus que bienvenus. Le seul gros regret vient de la bande son, composée par Ramin Djawadi (Game of Thrones, Pacific Rim), pas invisible mais trop en retrait, surtout quand on connaît les qualités du bonhomme pour créer des battle themes de qualité.
Aussi rétro que Lanzor
Les développeurs ont tenté d’ajouter un peu de sang neuf à la classique boucle de gameplay de Gears. Nos colosses courent bien plus vite qu’auparavant, il est désormais possible d’enjamber les murets en pleine course d’une simple pression du bouton B et enfin, le plus utile de ces ajouts, il est désormais possible de déloger les ennemis des abris à la main. Lorsqu’un adversaire se situe de l’autre côté d’un muret derrière lequel vous êtes également couvert, un appui sur la touche X et votre personnage va directement choper l’autre pour le ramener à vous. S’en suit la possibilité d’achever instantanément l’ennemi d’un finish move violent au couteau.
Malheureusement, ni ces mouvements ni l’ajout de nouvelles armes ne suffiront à changer vraiment la donne par rapport à Gears 3. On finit toujours par s’équiper des mêmes armes, en répétant les mêmes actions encore et encore. Lanzor en arme principale, fusil destructor en arme secondaire et les ennemis ne peuvent plus rien contre vous. L’histoire nous invite parfois à changer et permet d’essayer le nouveau lance-disque ou le fameux « dropshot » (qui lâche une mine explosive par les airs et explose littéralement tout sur son passage). Le multijoueur, où le choix des armes est permis, pâtit le plus de cet effet « Gears3-like ».
Génération armes fluos
S’il est un point qui influence indéniablement l’achat d’un épisode de Gears, c’est la qualité de son mode multijoueur. Si Judgement (l’épisode développé par People Can Fly et sorti en 2013) faisait un peu la fine bouche sur le contenu, celui de Gears 4 est certainement le plus complet de la série avec celui du troisième opus. Une dizaine de maps et autant de modes de jeu pour le lancement, des objets de personnalisation en pagaille et un modèle économique qu’on peine à comprendre. Pour éviter de segmenter l’audience de son blockbuster, The Coalition a décidé de rendre toutes les maps en DLC gratuites pour tous les joueurs, mais uniquement en partie publique. Pour les utiliser en partie privée, il faudra débourser une cinquantaine d’euros pour le Season Pass. Celles-ci seront tout de même essayables en priorité avant leur sortie officielle pour les courageux et les plus fortunés des gamers. Un certain Halo 5 sorti à la même période l’année passée ne faisait pas payer ses contenus et les proposait gratuitement pour les parties privées mais bon… passons.
Le jeu passe par les traditionnelles microtransactions pour tout ce qui est skin d’armes, de personnages ou tout élément de personnalisation. Celle-ci ne parasitent heureusement pas le jeu et sont uniquement là pour les joueurs un peu impatients.
Pour ce qui est de son gameplay, le multijoueur n’a pas changé d’un poil, et accuse malgré son dynamisme une certaine répétitivité. Les maps sont agencées de la même manière : un couloir à droite, un couloir à gauche et un couloir central. On se fait des guiliguilis de loin au lanzor en attendant que l’ennemi se rapproche pour lui asséner un coup de fatal de fusil destructor, toujours l’arme la plus déséquilibrée du mode multi. Ni les nouvelles armes que personne n’utilise ni les nouveaux modes de jeux (le mode Dodgeball, utilisant le même système de « respawn » que la balle au prisonnier est très bon) ne suffiront à retirer l’impression de simplement reprendre sa partie de Gears 3 là où nous l’avions laissée 5 ans auparavant.
La horde sauvage
Le mode horde est de retour plus complet que jamais dans ce Gears 4 et il est toujours aussi plaisant à parcourir. Au menu, des vagues d’ennemis de plus en plus puissantes et des fortifications qu’il faudra placer stratégiquement afin de se protéger au mieux. Au programme, 50 vagues d’ennemis composées des créatures les plus coriaces du mode campagne et toujours plus d’outils pour fortifier son camp. Le mode est bien évidemment jouable à 4 en co-op en ligne et à deux en co-op local.
La campagne est également jouable en co-op, mais subit une certaine baisse de qualité graphique, et certaines textures rabaissées pour l’occasion (notamment les portes) font parfois peine à voir. Le jeu est constamment fluide dans chacun des modes de jeu et ne souffre aucunement d’un quelconque problème technique. Ce test a été effectué sur la version One du titre mais d’après certains retours, la version PC serait bien optimisée, The Coalition ayant sûrement tiré des leçons du portage assez étrange de Gears of War Ultimate Edition.
Verdict
Après des heures passées à retourner sa campagne et ses modes multijoueur, ce Gears 4 nous a rendu autant confiants qu’il nous fait peur pour la suite de la franchise. D’un côté, on se réjouit de voir un mode campagne qui fonctionne en tous points et une nouvelle équipe qui prend parfaitement la relève de Marcus et consorts. De l’autre, on se questionne sur les possibilités d’évolution de son gameplay, qui tourne malheureusement trop en rond. Celui-ci s’est enrichi, certes, mais a cruellement besoin de gros bouleversements afin de se renouveler. La licence doit donner l’impression que chaque nouveau Gears est un événement, comme c’était auparavant le cas avec la première trilogie. En ressort tout de même un blockbuster diablement efficace, à la mise en scène calibrée, aux dialogues savoureux et à la technique impeccable.
Test effectué avec une version éditeur sur Xbox One
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