Si vous aimez les jeux de gestion et de simulation, et que vous avez apprécié comme nous Dead in Vinland des développeurs français de chez CCCP, vous n’avez pas pu passer à côté de Frostpunk, le nouveau jeu du studio polonais 11 Bit, déjà à l’origine de This War of Mine. Nous, en tout cas, nous avons mis la main (et la souris) dessus et nous vous livrons toutes nos impressions, sans concession, sur cette expérience vidéoludique.
Test réalisé sur PC à partir d’une version fournie par l’éditeur
Que vaut la Console Edition (PS4) ?
C’est une chose répandue que de voir les joueurs appréciant davantage un jeu de gestion sur PC plutôt que sur consoles. En effet, le combo clavier-souris semble toujours davantage pertinent, du fait de l’efficacité, de la rapidité et de la précision du clic, pour un jeu de ce genre. Nous ne saurions les contredire tant cela s’est vérifié par le passé et d’après notre expérience de certains portages du genre. En revanche, celui de Frostpunk sur PlayStation 4 a réussi à nous faire changer d’avis, penchant ainsi la balance de notre jugement vers un « ah oui non c’est correct sur consoles aussi, ça semble possible d’apprécier un jeu de gestion avec une manette ». Malgré un soupçon, au premier abord, de réticence à lancer le soft sur la console de Sony, nous avons été plutôt agréablement surpris.
En seulement quelques minutes de jeu, le jeu a réussi à balayer une grande partie de nos inquiétudes et préjugés. Expliquons-nous en détails en parlant principalement de la technique. A commencer par le système de commandes qui s’avère assez souple : on contrôle les mouvements verticaux et horizontaux de la caméra grâce aux deux joysticks, alors que les gâchettes L2/R2 servent à ouvrir des sous menus pour les constructions, le livre des lois etc. Les flèches directionnelles servant à mettre pause ou avancer le temps. Ce que nous retiendrons, pour l’essentiel, est le fait que le tout est suffisamment intuitif pour que nous prenions nos marques rapidement. C’est tout ce que l’on demande pour un jeu de ce type, tant notre réflexion sera occupée à maintenir en vie la population. Comme pour la version PC, le didacticiel, disponible dès le début de l’aventure, est toujours aussi bien pensé. S’adaptant ici aux contrôles de la DualShock 4, il est d’autant plus pertinent et appréciable de pouvoir le consulter à sa guise, à tout moment, sans qu’il prenne énormément de place dans l’interface. Les commandes sont aussi rappelés durant le chargement.
Si nous parlions essentiellement de souplesse quant aux commandes de jeu, cet aspect est agrémenté d’une fluidité surprenante. Comprenez nous bien. Étant plongé dans le froid le plus total, avec des chutes de neige plus ou moins impressionnantes, matérialisées à l’écran, nous aurions pu nous attendre à des baisses de framerate, comme c’est le cas sur plusieurs titres à l’heure actuelle. Néanmoins, il n’en est rien avec Frostpunk. En effet, nous n’avons pas était témoins de grands moments de latence. S’il faut se montrer un tantinet pointilleux, on notera tout de même des micros freeze par moment lorsque l’on déplace la caméra d’un axe à un autre, mais c’est une affaire d’une petite demie seconde. Rien d’alarmant et handicapant en soi.
Le portage bénéficie d’un très beau rendu visuel sur PlayStation 4. Il n’est d’ailleurs pas très lourd, soit seulement 6.8 Go (en version dématérialisée), et ne poussera pas la technique de la console dans ses retranchements, accordant ainsi un peu de répit au système de ventilation. Disponible entre 25 et 35 euros dans les magasins spécialisés ou sur les sites de vente en ligne (Amazon, PlayStation Store) en boîte ou en version numérique, le portage de Frostpunk sur consoles parvient à nous convaincre sur le point de vue technique, alors que le pari n’était pas gagné d’avance. Comme quoi, il ne faut pas partir avec des préjugés !
« Winter is coming » !
Si l’hiver a enfin pointé le bout de son nez dans la série Game of Thrones, sachez qu’il est bel et bien présent dans Frostpunk (les marcheurs blancs mis à part, heureusement), et il vous donnera du fil à retordre. Qu’on se le dise, une petite chute de neige sera le cadet de vos soucis, au vu des températures négatives affichées et des conditions météorologiques extrêmes auxquelles vous serez confrontés in-game. Mais qu’est-ce que Frostpunk ? En quelques mots, Frostpunk est un jeu de simulation et de gestion, sorti tout récemment sur PC. Dans un univers steampunk très bien réalisé et envoûtant, le joueur deviendra le dirigeant d’une colonie, composée d’hommes, de femmes et d’enfants, qui faisait route vers Londres pour une vie meilleure. Évidemment, tout ne se passe pas comme prévu, et le blizzard semble en avoir décidé autrement.
Le monde est désormais enseveli sous le froid, la neige et le givre, changeant alors toutes les perspectives d’avenir. N’ayant plus nul part où aller, les protagonistes décident de s’arrêter dans une contrée inconnue, espérant réussir à survivre dans ces conditions extrêmes. Et vous, votre rôle est bien évidemment celui d’un leader, à la tête d’une poignée d’hommes et de femmes. Et autant vous dire qu’il ne suffira pas simplement de construire deux ou trois tentes et un chauffage pour les contenter… Il faudra faire bien plus ! Ce background narratif s’avère relativement simple mais reste tout de même très efficace et a le don de plonger avec succès le joueur dans cette nouvelle aventure dystopique à souhait.
Un nouveau leader est né
C’est avec des graphismes steampunk très bien réalisés et une bande sonore envoûtante, composée de violons et de bruitages réalistes, que le jeu et l’aventure commencent pour le joueur, nouveau leader en charge. Dès le début du jeu, vous serez confrontés aux conditions météorologiques puisqu’un indicateur de température est disponible sur l’interface. Pour remédier à ce climat hostile, rien de mieux qu’un générateur suffisamment alimenté en charbon pour faire perdurer la chaleur pendant quelques heures. C’est d’ailleurs votre toute première mission en tant que leader : alimenter le générateur qui est, pour le moment, en panne sèche. Pour ce faire, vous devrez envoyer plusieurs personnes (votre peuple se compose de deux catégories : les ouvriers et les ingénieurs) fouiller différents sites de ressources (bois, acier, charbon) et constituer ainsi votre tout premier stock de charbon.
Une fois les ressources nécessaires collectées, le joueur pourra s’intéresser à l’expansion de cette toute nouvelle ville grâce au menu de construction disponible dès le début du jeu. Classé selon différentes catégories, tels que « santé », « ressources », « technologies » et autres, ce menu est primordial pour votre progression. Après avoir alimenté le générateur, les objectifs suivants s’afficheront et vous demanderont très certainement de construire des tentes pour votre peuple, ou différents postes pour les ressources comme des scieries etc. Durant toute votre progression et vos débuts sur le jeu, vous devrez constamment porter attention à la température extérieure, frôlant parfois les – 50°, et à votre stock de charbon pour alimenter au besoin le générateur. Sans oublier, également, de jeter toujours un petit coup d’oeil à vos ressources pour être sûr de pouvoir construire à l’avenir. Heureusement, le jeu ne s’arrête pas à la construction de tentes et autres postes de collecte et propose des mécanismes de gestion beaucoup plus poussés et intelligents.
Encore plus de mécanismes
Si la gestion et la construction constituent à eux deux le nerf de la guerre de Frostpunk, heureusement qu’une progression plus significative est possible via la recherche de nouvelles technologies. C’est grâce à la construction d’ateliers, employant des ingénieurs, que vous pourrez débloquer de nouveaux bâtiments utilitaires pour votre expansion. D’ailleurs, nous vous recommandons chaudement de construire un ou deux ateliers dès le début du jeu pour faciliter votre progression. Pour faire simple, en moyennant un certain nombre de ressources, vous pourrez demander à vos ingénieurs de rechercher telle ou telle technologie. Par exemple, il sera possible de débloquer l’aciérie afin de récolter plus efficacement et plus rapidement de l’acier, ou bien le poste de chasse permettant d’augmenter le stock de nourritures crues, ou encore le poste médical pour soigner tous les blessés. Évidemment, le nombre de recherches disponibles à débloquer est très important et ne s’arrête pas à ces trois exemples donnés ci-dessus. C’est probablement sur cet aspect que les développeurs prouvent tout leur génie, car ces recherches insufflent des mécanismes de gestion de plus en plus intelligents et cohérents. Évidemment tous ces paramètres sont amenés progressivement aux joueurs, afin de ne pas les noyer sous une tonne d’informations (le didacticiel est d’ailleurs très pertinent, devenant une source d’infos à ne pas négliger, et n’est pas trop intrusif à l’écran). Ce qui est très clairement appréciable et laisse le temps de comprendre toutes les dimensions du jeu.
L’une des recherches que nous vous recommandons, en second temps, est la balise. Tout comme pour les ateliers, la construction de cette technologie fera partie de vos premiers objectifs. Son utilité ? Cette balise permet d’explorer les contrées enneigées inconnues autour de votre nouvelle cité. En composant une ou plusieurs équipes d’explorateurs, le joueur pourra donc planifier diverses expéditions : dans des grottes, vers des dunes gelées, vers d’autres villes… Ces explorateurs pourront ainsi faire des découvertes très intéressantes, que ce soit des rencontres avec d’autres survivants qui viendront gonfler le nombre de personnes disponibles au sein de votre foyer, rapporter diverses ressources, ou même des choses qui pourront mettre en péril leur vie. Tout comme l’atelier, la balise n’est pas à négliger et peut être un atout considérable pour votre progression.
Good Cop – Bad Cop ?
Serez vous un bon leader ? C’est une problématique très intéressante que les développeurs abordent dans Frostpunk. Jusqu’ici votre expérience vidéoludique sur ce nouveau jeu de gestion et de simulation ne vous demandera que de construire, collecter et effectuer différentes recherches pour améliorer votre abri. Et pourtant cela va se compliquer… Deux barres très importantes, situées en bas de votre écran, indiquant le taux de « mécontentement » et « d’espoir » de votre population, sont à prendre en compte. Comme leur nom l’indique, tous les choix que vous ferez au cours de votre aventure influencera ces deux taux, pour le bien (espoir) ou pour le pire (mécontentement). En sachant qu’un taux trop élevé de mécontentement signe votre destitution immédiate en tant que leader, vous devrez faire constamment attention à celle-ci et effectuer vos choix en fonction. Il est également possible que certaines personnes se rebellent et décident de quitter l’abri pour tenter leur chance ailleurs. Heureusement ou malheureusement (c’est difficile à dire), vous aurez accès au « livre des lois ».
Votre talent de diplomate est désormais à portée de main : en signant telle ou telle loi, ayant forcément des conséquences bénéfiques et d’autres négatives, vous pourrez vous maintenir en tant que leader et améliorer les conditions de vie de votre peuple. Par exemple, en signant la loi sur « la construction d’abri pour enfants », vous vous engagerez à construire ce nouveau bâtiment selon un temps in-game donné. C’est pareil pour « l’arène de combat », « le poste médical » ou encore les lieux de culte qui redonneront de l’espoir. Pour autant, il faudra parfois décider entre deux lois possibles. Et là encore, votre choix sera motivé par les conséquences explicitées dans ledit livre. Autant vous dire que vous pourrez aussi bien devenir un très bon leader ou embrasser une carrière de dictateur avec ce livre des lois en mains (attention, ce n’est pas le Death Note pour autant). C’est un mécanisme très très intéressant et il force réellement le joueur à se questionner sur la meilleure approche à adopter pour permettre la survie de ces hommes, femmes et enfants qui ont tout perdu. Selon les situations, vous pourrez ressentir de la fierté envers vous-même car vous aurez mené à bien une action difficile mais bénéfique, tandis que le jeu vous donnera probablement également envie de vous arracher les cheveux à plusieurs reprises. Frostpunk est à la fois jouissif et frustrant, dans ce sens.
De la rejouabilité ?
Avec toutes ces explications et premières impressions, un seul point négatif nous vient à l’esprit lorsque l’on pense à notre session effectuée sur le jeu : la question éternelle de la rejouabilité. C’est probablement le seul bémol du jeu, et pourtant il n’est pas non plus très handicapant et est facilement surmontable. Frostpunk propose trois scénarios différents, qui se débloquent après avoir passé un certain temps in-game dans l’un d’entre eux. Pour débloquer le scénario « Les arches », il faudra dépasser le 20ème jour de survie dans le tout premier scénario. Un moyen pour les développeurs de combattre le sentiment d’ennui chez les joueurs, et de proposer justement un peu plus de contenu. Pour autant, les différents scénarios ne proposent pas une refonte entière des mécanismes du jeu, car ils n’insufflent que quelques nouveautés. En ce qui concerne le deuxième intitulé, « Les arches » donc, le joueur aura désormais la possibilité de contrôler des automates, pouvant abattre un travail plus important et plus rapidement que les humains, et devra surveiller très attentivement les « abris de semences ».
Proposer trois scénarios différents est très clairement un atout majeur, mais ne permet pas d’avoir une grande rejouabilité pour autant. Les plus try hardeurs du genre ne verront probablement pas d’inconvénients à relancer différentes parties, pour peaufiner leur approche de la survie, faire des choix différents et essayer de progresser davantage sur la longueur. Les autres joueurs, eux, n’y verront certainement pas un grand intérêt. Le jeu se veut pour autant tout public, ne proposant pas des mécanismes de gestion trop hardcore à la Surviving Mars, et devrait indéniablement plaire à la majorité, d’autant plus qu’il reste assez abordable (29, 99 euros sur la fameuse plateforme Steam).
Verdict : 7/10
Frostpunk a tout pour plaire aux joueurs fans de jeux de simulation, de gestion et de stratégie, tant ses graphismes steampunk sont très appréciables, sa bande sonore envoûtante, et ses mécanismes intelligents. Bien évidemment, les nouveaux venus sur le genre y trouveront également beaucoup de plaisir, le jeu se voulant tout public. Avec Frostpunk, les développeurs de chez 11 Bit Studios montrent l’étendue de leur génie et innovent très clairement. Ils ont fait beaucoup de chemin depuis This War of Mine, et c’est pour le mieux !
Laisser un commentaire