Le voici qui arrive muni de son arme et de son sadisme ! Le tristement célèbre Jason Voorhees est de retour pour vous jouer de mauvais tours. Cette fois-ci, il vous sera réellement difficile de lui échapper étant donné que le bougre s’invite sur Nintendo Switch, la console pensée pour vous accompagner où que vous alliez. Et pourtant, ce n’était pas gagné pour ce bon vieux tueur au masque de hockey, embrigadé dans des démêlés judiciaires interminables. On peut dire que les studios derrière l’adaptation vidéoludique de la licence n’ont pas connu un seul instant de répit. Pourtant, ce mardi 13 août, Friday The 13th: The Game Ultimate Slasher Edition débarquera bel et bien sur notre console portable de salon adorée. Alors, second souffle ou portage raté ?
Test réalisé sur Nintendo Switch à partir d’une version numérique fournie par l’éditeur
Une adaptation hommage à la licence
Sorti en 2017 sur PC, PS4 et Xbox One, Friday The 13th: The Game est une adaptation directe de la très célèbre licence éponyme. Survival au gameplay asymétrique, vous aurez le choix d’incarner un moniteur parmi six autres ou de contrôler Jason, le célèbre tueur. Vous l’aurez compris, votre but en tant que moniteur sera de survivre aux terribles griffes du meurtrier, tandis qu’en incarnant l’assassin, vous devrez décimer le petit groupe adverse sous les vingt minutes imposées par la partie. Ressemblant sur plusieurs points à Dead By Daylight, réputé pour son style sanglant et ses matchs sous tension, Friday The 13th: The Game réussit à se démarquer de son concurrent notamment grâce à l’ouverture de ses cartes et aux multiples objectifs proposés au joueur pour s’enfuir.
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Non, Jason Voorhees ne vient pas pour tailler des haies mais bien pour raccourcir vos membres.
En terme d’ambiance, rien à dire : le titre remporte son pari. La franchise Vendredi 13 est exploitée à la perfection, reprenant les visages qui ont marqué la saga, les lieux qui l’ont sublimée et arborant une atmosphère kitch et pleine de sarcasme savoureuse. Les nombreuses parties qui vous attendent vous amuseront, sans aucun doute, mais sauront également vous apporter votre dose de stress et vous demanderont d’utiliser sciemment les compétences et objets de votre personnage.
Manque de chance, le parcours fut assez chaotique pour les développeurs. Pour faire court et résumer en quelques lignes ces longs démêlés juridiques, Victor Miller, le scénariste du tout premier film, avait décidé d’attaquer l’éditeur Gun Media, afin de récupérer les droits d’exploitation du jeu. Affichant très clairement son désaccord et son envie de faire grandir ce projet, Gun Media avait finalement perdu le procès, mettant définitivement fin à la production de nouveau contenu. Aujourd’hui, et ce malgré la situation plutôt désastreuse et sans issue du soft, Friday the 13th: The Game s’apprête à sortir sur Nintendo Switch dans son édition Ultimate Slasher, qui regroupe tous les DLC. On ne sait pas vraiment ce qui a rendu une telle démarche possible, toujours est-il qu’on ne se plaindra pas de voir ce titre doté d’un certain potentiel s’accorder un second souffle. C’est du moins ce qu’on imaginait, car préparez-vous, le cauchemar ne fait que commencer…
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Pas de bras, pas de chocolat.
Carnage technique
Si Friday The 13th: The Game ne brillait pas de par sa technique et ses jolis graphismes sur PC et consoles, il s’en sortait tout de même relativement bien, essentiellement grâce à son ambiance sombre et brumeuse. Au vu des capacités de la Switch, il était évident que le titre serait contraint de subir un petit lifting, histoire d’être correctement jouable. Néanmoins, on ne s’attendait pas à un tel résultat. En effet, dès notre arrivée sur le menu principal, nous pouvons déceler un aliasing prononcé sur les contours de Jason. En fouillant dans les différents onglets, on remarque que les moniteurs – déjà pas très gâtés à l’origine par les lois du pixel – sont particulièrement ratés et semblent sortir tout droit d’un mauvais montage photo. C’est dire…
En jeu, la catastrophe se poursuit. Entre mauvaise gestion des contrastes, des ombres et des lumières, le mal de crâne guette de près. Les textures mi-bouillie, mi-abstraites provoquent une angoisse grandissante, à se demander si nous ne sommes pas plongés dans un mauvais fan-made. Qui plus est, le clipping et l’aliasing omniprésents viennent peu à peu ternir l’expérience. Le son, lui aussi, sature régulièrement et oscille entre hausse du volume inexpliquée et grésillements grinçants. Mais ce n’est rien comparé aux chutes de framerate. Peut-on d’ailleurs qualifier cela de chute lorsque celle-ci est constante ? À la longue, les nombreuses latences infligées par cette optimisation douteuse rendent les parties réellement compliquées. Dès lors, difficile de viser, d’emprunter le bon chemin et de ne pas se prendre les obstacles du terrain quand la console peine à suivre le rythme. Si le soft reste jouable, déplacer notre personnage devient très vite un challenge. Au final, c’est à se demander si ces ralentissements n’auront pas raison du joueur avant Jason.
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Les textures sont particulièrement affreuses dans ce portage Switch.
Le mappage des boutons, quant à lui, s’avère être un choix plutôt discutable. Partons du principe que les touches A et Croix sur Xbox One et PS4 sont aujourd’hui associées dans les consciences collectives à une action de validation ; là où B et Rond signifient plutôt l’annulation. La logique voudrait alors que sur un portage Switch, la priorité aille à la cohérence et non au placement des touches. L’action pour valider serait alors associée à la touche A, placée à droite du pad. Vous suivez ? Le mappage ne consiste pas qu’à préserver les mêmes touches sans rien modifier : il doit aller au delà de ça et repenser son système afin de garder une cohérence entre les différentes plateformes. La moindre des choses aurait été de proposer au joueur des commandes alternatives.
Malheureusement, le constat est le même en mode nomade qu’en docké : quelque chose ne tourne pas rond et le jeu accuse d’un retard impressionnant. Dans les deux cas, les ralentissements et les soucis techniques sont nombreux et gâchent le rendu final. Une fois que vous aurez appris à maîtriser la latence de vos actions et à appréhender ces graphismes tout droit sortis d’une autre époque, peut-être pourrez vous profiter à minima de ce que le jeu a à offrir.
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Graphiquement en retard, certains environnements donneraient presque mal au crâne.
Un multi asymétrique réussi
Une fois l’impasse faite sur le côté technique plus que douteux, nous voici face au mode multijoueur, feature principale du jeu, similaire en tout point aux autres versions. Comme nous vous en parlions plus haut, tout repose sur le système asymétrique qui oppose Jason Voorhees à sept moniteurs (plus un huitième pouvant être appelé en cours de partie après avoir rempli un objectif). Vous pourrez choisir parmi 14 personnages différents ayant tous leurs statistiques propres : rapidité, endurance, furtivité, vitesse de réparation, etc. : un moyen efficace de varier les parties. Du côté du tueur, huit versions de Jason vous seront proposés, comportant chacun trois atouts et trois points faibles.
En tant que moniteur, votre rôle sera de vous enfuir et de survivre au tueur. Pour espérer rester en vie et remporter la partie, diverses options s’offriront à vous. Réparer un véhicule et prendre la poudre d’escampette, appeler la police et attendre son arrivée, patienter avant la fin du chrono’ ou tuer Jason, si vous en avez le courage. Plusieurs objets seront mis à votre disposition à travers la carte : armes, soins, pétards et outils de communication. Vous pourrez également débloquer un grand nombre de compétences grâce à l’expérience gagnée, ce qui vous permettra de constituer quelques builds qui amélioreront votre efficacité. Les objectifs à remplir sont nombreux et la clé de la réussite appartient à votre prudence. Prendre des risques pourrait vous avantager mais un seul faux pas vous livrera à une mort certaine.
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Le jeu vous proposera différents moniteurs dotés de statistiques propres.
En ce qui concerne Jason Voorhees, vous bénéficiez de quatre pouvoirs utilisables autant de fois que nécessaire, mais demandant un temps de rechargement plus ou moins long selon les aptitudes du skin choisi. Vous pourrez user d’une téléportation, d’une vision améliorée, d’un boost de vitesse et d’un mode furtif. En supplément, plusieurs couteaux de lancer et autres pièges à ours vous seront attribués. Afin de dérouter les moniteurs, vous aurez l’occasion de casser les fenêtres pour les blesser lorsqu’ils les franchiront ou encore de détruire les générateurs pour couper l’électricité. Attention cependant car vos cibles auront recours à toutes les ruses envisageables pour vous échapper.
Globalement, ce mode multijoueur est abouti et demeure l’occasion, entre inconnus ou entre amis, de passer quelques bons moments et de vivre de multiples frayeurs. Heureusement, étant donné que celui-ci représente le plus gros morceau du jeu. Doté de mécaniques simples et cohérentes, il vous faudra néanmoins acquérir une certaine maîtrise de votre personnage pour espérer être efficace une fois sur le terrain.
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Oups, on y a peut-être été un peu fort pour le coup.
L’enfer, c’est les autres
Jusqu’ici, on ne peut pas dire que ce portage s’en sorte à merveille, mais le pire reste à venir. Figurez-vous que le titre bénéficie d’une partie hors-ligne (sur Switch comme sur les autres consoles), composée de deux modes : Défis et Bots hors connexion. Le premier met en scène les personnages de la série et vous soumet plusieurs meurtres à réaliser en respectant différents pré-requis. Par exemple, il pourrait vous être demandé d’assassiner un moniteur à un moment bien précis, d’incarner un Jason issu d’un opus correspondant ou de tuer en suivant des méthodes indiquées. Ce mode, plutôt sympathique, apporte un contenu supplémentaire non négligeable et vous offrira, en récompense, des émotes à utiliser en ligne.
On ne peut cependant pas en dire de même en ce qui concerne le mode Bots hors connexion, amenant à se demander s’il n’aurait pas été abandonné en cours de production. Reprenant à la lettre le gameplay asymétrique du multi’, mais cette fois-ci en remplaçant les joueurs réels par des IA, rien ne va plus. En effet, l’intelligence artificielle, complètement aux fraises, répond littéralement aux abonnés absents. Par conséquent, jouer à ce mode solo perd tout son sens. Il est évident qu’adapter le comportement d’un bot à un jeu asymétrique, où les parties évoluent en fonction des actions effectuées par le chasseur, n’est pas chose aisée ; mais ici, le plantage bat tous les records. Si les moniteurs prennent toujours de mauvaises décisions, il arrive régulièrement de les voir… s’arrêter de jouer. Peut-être est-ce un hommage aux nombreux ragequit des joueurs afin de rendre le tout plus réel ? Aussi, il semblerait que ces derniers semblent ne pas avoir saisi l’utilisation des portes, s’enfermant systématiquement dehors, à la merci de Jason. Nous ne vous parlerons pas non plus de ceux qui foncent contre des rochers, qui reviennent vers vous dans un état de santé critique ou qui suivent un chemin incohérent les menant droit vers leur mort. En bref, les choix exercés sont tellement ridicules que cela en deviendrait presque drôle.
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Image rare du portage Switch tenant entre ses mains la célèbre licence Vendredi 13.
Verdict : 4/10
Le bilan est plus que mitigé concernant ce portage Switch de Friday the 13th: The Game Ultimate Slasher Edition. Souffrant d’un aspect technique à la ramasse, de ralentissements incessants et de bugs qui se comptent à la pelle, difficile de profiter de l’expérience proposée par le jeu. Si l’on pouvait fermer les yeux sur les défauts déjà présents au sein des autres supports, notamment grâce au côté fun du titre et à son multi asymétrique réussi, c’est cette fois-ci chose plus délicate étant donné que ces contraintes techniques nuisent réellement au gameplay. Le mode hors-ligne étant également touché par ces problèmes, cela souligne une optimisation ratée, et par conséquent, un portage raté. De surcroît, l’IA délirante du solo relève plus d’une vaste blague que d’autre chose. Malgré tout, cette version Switch demeure, pour ceux qui n’auraient pas accès aux autres supports, un moyen de découvrir le jeu. Si ces défauts techniques ne représentent pas un frein pour vous, il se peut que vous viviez quelques parties amusantes. En conclusion, nous vous invitons fortement à vivre l’expérience Friday The 13th: The Game sur PC, PS4 et Xbox One, versions sur lesquelles le titre se montre tout à fait jouable, toujours aussi fun, et pour l’heure plutôt bien rempli, malgré l’arrêt de production de contenu.
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