Vous ne le savez pas encore mais vous êtes déjà… en train de lire notre test de Fist of the North Star: Lost Paradise ! Cette adaptation d’Hokuto no Ken, plus connu chez nous sous le nom de Ken le Survivant, est bien à part : en effet, c’est l’équipe des jeux Yakuza – Ryu ga Gotoku Studio – qui s’est chargée de créer cette nouvelle aventure du fameux Kenshiro. Sortie au Japon le 8 mars dernier et disponible le 2 octobre en Occident, que vaut cette adaptation pour le moins atypique éditée par SEGA ? Réponse dans les lignes qui suivent…
Test réalisé sur PlayStation 4 grâce à une copie physique envoyée par l’éditeur
Ken, raconte-moi une histoire
Qui dit adaptation dit interrogation sur l’histoire : faut-il connaître l’univers de Kenshiro à 100% afin de jouer à Fist of the North Star: Lost Paradise ? La réponse est oui et non. Oui car il y a beaucoup de personnages illustres du manga et certaines scènes sont des références directes à des moments importants de la vie de Kenshiro. Non car le jeu est une histoire totalement originale prenant place dans un lieu inédit, Eden, ville digne d’un « paradis » dans le monde post-apocalptyque d’Hokuto no Ken. Ken est à la recherche de sa bien-aimée, Yuria et il tombe alors sur Eden, qui est loin d’être un coin idéal tant pour les étrangers que les habitants, de quoi promettre de nombreuses péripéties finissant souvent dans des bains de sang.
Sans entrer dans tous les détails de l’histoire, afin de vous préserver de belles surprises, les événements de Fist of the North Star: Lost Paradise sont un véritable plaisir à suivre tant le mélange d’Hokuto no Ken à la saga Yakuza est réussi. Vous verrez souvent des comparaisons avec Yakuza dans ce test tant les éléments de cette série sont repris dans cette adaptation, souvent pour le meilleur mais également pour le pire de temps en temps. L’histoire principale du jeu est donc plutôt bien écrite et, surtout, mise en scène d’une excellente manière, Ryu ga Gotoku Studio oblige. On passe de moments drôles à des moments épiques, sans oublier quelques scènes pouvant attrister même les durs de chez durs, le tout dans une histoire simple mais prenante et intrigante.
Même si tout n’est pas parfait, notamment à cause de certaines longueurs et éléments propres à l’univers d’Hokuto no Ken qui sont modifiés (pouvant ainsi déplaire à certains fans de la franchise), on prend plaisir à parcourir les différentes histoires du soft. Comment ça, différentes histoires ? Tout comme Yakuza, Fist of the North Star: Lost Paradise propose de plus petites histoires nommées Substories. Au nombre de 80 dans le jeu, ces dernières sont souvent courtes mais aussi drôles, touchantes et sympathiques à suivre, un autre bon point pour le jeu.
Ken, survivant de l’enfer… mais pas que
Pour ce qui est du gameplay, là encore, nous avons tout d’un jeu digne d’un Yakuza : Eden est semblable au célèbre quartier Kamurocho, tant par l’aspect exploration que par celui des activités à faire. Nous avons donc une petite ville où l’on peut découvrir les diverses Substories à vivre, de nombreuses boutiques permettant d’acheter ou de consommer de quoi remplir la barre de vie, des mini-jeux permettant de gagner de l’argent comme… barman ou médecin. Oui, dans Fist of the North Star: Lost Paradise, Ken ne fait pas que tuer à tout va, il rend également service aux autres via des activités aussi surprenantes qu’amusantes. Par exemple, lors de son activité de barman, il faut matraquer des touches ou secouer la manette à fond afin de couper la glace ou secouer un mélange. Lorsqu’il est médecin, il faut guérir ou traiter les faux malades… via un mini-jeu musical, un concept assez drôle propre aux productions de Ryu ga Gotoku Studio. Il y a bien entendu d’autres choses à faire, notamment une reprise du mini-jeu de cabaret de Yakuza Zero qui devrait ravir les fanatiques de management délicieusement exagéré.
Avant de passer à l’attrait principal du jeu, à savoir les combats, parlons un peu d’une particularité de Fist of the North Star: Lost Paradise, à savoir la conduite. En dehord d’Eden, il y a un vaste désert à explorer à l’aide d’un véhicule récupéré peu après le début de l’aventure, un peu comme dans le jeu Mad Max sorti en 2015. Cette phase sert surtout à découvrir d’autres lieux importants, mini-jeux – comme du « baseball » ou des machines d’arcade permettant de jouer à de vieux jeux Ken le Survivant – et à collecter des items afin d’améliorer le véhicule. Sur le papier, ça donne envie mais dans la pratique, la conduite est vraiment archaïque, même par rapport au reste du soft. En effet, le véhicule ne donne aucune sensation réelle de vitesse, la physique est étrange et le contrôle est loin d’être optimal. Ça part d’une bonne intention mais en l’état, c’est loin d’être amusant, surtout que ces phases de conduite sont obligatoires et qu’il n’y a pas de voyage rapide vers telle ou telle destination. L’un des rares cartons rouges du jeu.
Heureusement, les combats sauvent largement la mise. Ces derniers sont une copie quasi conforme des jeux Yakuza : nous avons deux boutons pour taper plus ou moins fort, un pour esquiver, un pour se défendre et, surtout, le bouton cercle qui sert à affaiblir les ennemis afin d’effectuer les attaques spéciales. Semblables aux légendaires Heat Actions des Yakuza, ces attaques reproduisent les mouvements les plus connus de Ken et offrent un véritable spectacle sanglant, épique, pour peu qu’on adhère à l’ambiance spéciale de Ken le Survivant où les corps explosent à tout-va. Bien qu’il y ait beaucoup de QTE, ces derniers ne sont en aucun cas dérangeants tant ils donnent l’impression d’effectuer soi-même chacun des coups de Ken, notamment lorsque ce dernier bombarde un voyou de coups. Pour ce qui est du comportement des ennemis, ils sont plutôt agressifs et il faut réagir assez vite, même si parfois, la difficulté n’est pas toujours au rendez-vous avec des malfrats morts en quelques coups. Les boss, eux, sont fun à affronter grâce à la mise en scène digne d’un anime et proposent souvent du fil à retordre. Enfin, n’oublions pas qu’on peut rendre Ken plus puissant via des points à distribuer afin de débloquer des compétences et améliorations diverses. Aussi, il y a des talismans spéciaux à débloquer et ces derniers ont chacun une utilité unique, focalisée sur un personnage du manga ou du jeu. Même si la formule Yakuza est largement présente dans Fist of the North Star: Lost Paradise et qu’elle n’a pas vraiment évoluée, elle sait offrir du fun grâce à ses combats simples mais brutaux et sensationnels. C’est tout ce que l’on demande.
Omae wa mou… shindeiru
Pour le rendu de Fist of the North Star: Lost Paradise, Ryu ga Gotoku Studio a curieusement choisi d’utiliser le moteur présent dans Yakuza Zero et Yakuza Kiwami, alors que le jeu est sorti après Yakuza Kiwami 2 qui utilise le flamboyant Dragon Engine. De ce fait, il paraît parfois un peu daté sur les bords, notamment à cause des nombreux chargements présents dès qu’on entre dans un bâtiment où lorsqu’on quitte Eden, sans oublier certaines textures et modélisations d’un autre âge, le système de sauvegarde vieillissant ou bien un aliasing assez visible, pas toujours mais cela se voit quand même. Heureusement, la direction artistique sauve la mise avec des personnages qu’on aime regarder grâce à leur petit côté anime. Eden est une ville colorée qu’on prend plaisir à explorer, notamment de nuit lorsque les lumières envahissent les rues et que les étoiles scintillent dans le ciel, sans oublier certains intérieurs baignant dans la luxure et la démesure. Aussi, l’ancien moteur permet d’avoir une fluidité quasi irréprochable et ce à 60 images par seconde, même lors des grosses bastons. Les cinématiques, qui ne sont pas en temps réel, sont peaufinées à l’extrême et sont un plaisir pour les yeux.
Les oreilles aussi ne sont pas laissées en reste, tant Ryu ga Gotoku Studio a livré une bande-sonore pour le moins incroyable. Les musiques s’inspirent à la fois de Ken le Survivant mais aussi de Yakuza et de morceaux de Metal propres à une ambiance à la Mad Max, offrant alors des compositions variées et engageantes, notamment lors de certains combats de boss. Aussi, pour ceux qui opteront pour les voix japonaises (il y a également des voix anglaises), vous aurez le plaisir de découvrir une majorité des acteurs des Yakuza donnant leurs voix aux personnages de Ken le Survivant. Par exemple, pour Ken, c’est l’acteur de Kazuma Kiryu qui rempile et il est tout simplement excellent dans ce rôle, autant dans les moments sérieux, comiques et lors des affrontements où ses « atatatatata » sont omniprésents, confiant au jeu une agréable saveur provenant tout droit des années 1980. Certains pourraient regretter de ne pas retrouver les voix originales, tout en reprochant une trop forte présence de l’aura Yakuza sur le jeu mais Fist of the North Star: Lost Paradise est vraiment à prendre comme un mélange des deux univers, en faisant une adaptation particulière mais réussie. Ce qui tombe bien car pour le finir, il y a de nombreuses heures – facilement plus de 40 – à lui consacrer, surtout si vous décidez d’aller au-delà de l’aventure principale. Au vu des qualités du titre, il y a de fortes chances que cela soit le cas.
Verdict : 8/10
Fist of the North Star: Lost Paradise est sans aucun doute l’une des meilleures adaptations vidéoludiques de ces dernières années. Fusion habile de Ken le Survivant et des jeux Yakuza, il devrait ravir les admirateurs des deux franchises ainsi que les joueurs en quête d’un jeu explosif et délirant. Malgré des petits défauts, c’est une autre réussite de Ryu ga Gotoku Studio prouvant que SEGA, ça peut toujours être plus fort que toi.
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