Malgré quelques années difficiles pour la licence Fire Emblem, cantonnée à un public de niche avant l’arrivée de l’épisode Fire Emblem Awakening sur Nintendo 3DS, force est de constater qu’aujourd’hui, il est rare de voir un fan de Big N qui ne connait pas cette licence, notamment à cause (ou grâce) à un nombre important de combattants ayant rejoint le roster du Super Smash Bros. Ultimate. Fire Emblem Three Houses sorti sur Switch en juillet 2019 a rencontré son public et a été salué par la critique. Il n’est alors pas surprenant de voir la Team Ninja, après un premier spin-off à la sauce Musou, chercher à améliorer sa formule tout en se concentrant sur les personnages du dernier épisode canonique de la franchise. La question que nous sommes maintenant en droit de nous poser est de savoir si ce second essai s’avère transformé ou non.
Test réalisé sur Nintendo Switch grâce à une version numérique fournie par l’éditeur
Trois classes pour trois scénarios
Reprenant la base de Fire Emblem: Three Houses, Three Hopes nous fait cette fois-ci prendre le contrôle non pas de Byleth, mais de Shez, afin de prendre part à de nombreuses batailles. Notre personnage devra alors rapidement choisir une des trois classes, dirigées chacune par Eldegard, Dimitri ou Claude, afin de participer à des affrontements épiques pour permettre à chacun de trouver sa place dans le monde de Fodlan. Contrairement à Three Houses, l’embranchement scénaristique intervient beaucoup plus rapidement et une fois le prologue terminé, le scénario s’envole pour chacune des trois factions, ce qui est un point positif et permet notamment de ne pas devoir refaire de nombreux chapitres pour voir un nouveau pan du scénario. Un Musou étant par essence répétitif, il est de bon ton de ne pas devoir recommencer plusieurs fois les mêmes chapitres pour avoir un récit différent.
L’histoire en elle-même prend ses distances avec l’épisode dont sont issus les personnages, mais respecte cependant le caractère des protagonistes déjà introduits dans Three Houses, ce qui devrait contenter les fans – d’autant que les relations entre les personnages et l’histoire ont un rôle important ici.
Trois phases pour plus d’espoir
Si vous avez l’habitude des Musou ou si vous avez déjà passé quelques heures sur Fire Emblem Warriors, vous ne devriez pas être dépaysé lorsqu’il s’agira des combats. Votre escouade, composée de quatre personnages parmi lesquels vous pouvez switcher d’une simple pression de touche, devra se frayer un passage parmi de nombreux ennemis, le tout en complétant des objectifs visant à briser la monotonie des affrontements. Selon les missions, il faudra ainsi et par exemple vous frayer un chemin en affrontant des centaines d’ennemis, protéger un lieu stratégique ou encore, venir en aide à des compagnons d’infortune. En plus des objectifs principaux, un certain nombre de quêtes secondaires pourront être proposées. Bien que facultatives, elles permettront d’obtenir plus de récompenses à la fin de chaque mission.
Quand on aborde le sujet des Musou, il est toujours difficile d’éviter le sujet de la répétitivité. Et il faut dire que malgré les efforts du titre pour éviter que le joueur ressente trop la monotonie des missions, le sentiment de toujours faire la même chose est quelque peu présent. Mais le jeu a néanmoins quelques bonnes idées et respecte la licence Fire Emblem en y ajoutant un aspect stratégique. Mis de côté pour Fire Emblem: Three Houses, le triangle des armes fait ici son retour et vous oblige ainsi à envoyer vos unités au bon endroit. Par exemple, une unité à la hache n’aura que peu de chances de s’en sortir face à une troupe armée d’épées, tandis qu’un lancier sera en difficulté face à la hache. Dans les modes de difficultés assez bas, vous devriez pouvoir vous en sortir si vous prenez le contrôle du personnage, mais à partir du mode difficile, cela risque de se retourner contre vous, et même si l’IA adverse n’est pas des plus prononcée, il suffira de quelques coups pour mettre un de vos personnages au sol. Il faudra donc faire preuve de réflexion pour disperser vos troupes sur la map afin de remplir au mieux les différents objectifs de chaque mission.
Toutefois, il faut bien reconnaître que Koei Tecmo a bien réfléchi la chose et lors de chaque bataille, vous êtes suffisamment occupé pour atténuer cette sensation de répétitivité. Mais les combats ne sont pas l’unique substance du titre. En effet, entre chaque mission, vous allez devoir gérer votre base, ce qui passe par la gestion des bâtiments, l’entrainement de vos unités et la progression de leurs relations. Lors de ces phases de camps, vous aurez ainsi plusieurs activités à entreprendre pour améliorer vos bâtiments grâce aux ressources récupérées lors des missions ou sur la carte de préparation de combat. C’est un élément important du gameplay car cela vous permettra alors d’avoir de meilleurs équipements, de meilleurs objets, mais aussi de pouvoir, comme dans Fire Emblem: Three Houses, faire passer des certificats à vos alliés afin de modifier leur classe de combat et ainsi les rendre beaucoup plus efficaces lors des affrontements. Si vous avez l’habitude de la saga, les classes ne vous dépayseront pas puisqu’on y retrouve celles que l’on nous propose habituellement.
Une autre phase de gameplay importante dans les Fire Emblem, et poussée encore plus loin dans Fire Emblem Three Houses, est la gestion des relations entre les protagonistes. Et ici, les bases de la série sont bien représentées. Ainsi, il sera possible de discuter avec nos différentes unités afin d’en apprendre plus sur eux et de comprendre ce qui les motive à se battre. Cela permettra d’améliorer le niveau de relation entre eux avec un impact direct sur les combats puisque des unités qui s’entendent bien seront forcément plus puissantes sur le champ de bataille. Ces différentes phases de dialogues sont aussi l’occasion de découvrir les protagonistes de Three Houses dans de nouvelles configurations et de les confronter à de nouvelles péripéties. Les fans de l’opus Switch seront plutôt comblés puisque les différents caractères des personnages sont fidèles et quelques clins d’œil à l’histoire originale sont glissés par-ci, par-là.
Une Nintendo Switch qui tousse
Si vous êtes friands des jeux Nintendo et que vous aimez les Musou, il y a de fortes chances que vous vous soyez laissé tenter par Hyrule Warriors : L’ère du Fléau. Vous savez donc que la gestion de nombreuses unités peut parfois s’avérer difficile pour la console hybride de Nintendo et qu’une chute de framerate peut parfois s’inviter à la fête et prendre beaucoup de place. Ici, même si le framerate n’est pas stable tout le temps, il faut bien reconnaître qu’il ne bouge quasiment pas, sauf dans de rares occasions où beaucoup d’éléments sont affichés en même temps. Gardez en tête que mine de rien, au vu de ce qu’il se passe à l’écran, la fluidité tient plutôt bien la route et reste stable.
Sur le plan graphique, nous ne sommes ici pas en face du plus beau jeu de la console. Certaines textures bavent un peu, l’aliasing est présent (un peu moins en portable cela dit), et la résolution peut parfois s’avérer capricieuse. Mais on le sait, la Switch n’est pas la console avec le plus gros moteur sous le capot. La musique quant à elle reprend quelques thèmes de Fire Emblem: Three Houses mais se permet bien évidemment quelques originalités. Les nouveaux thèmes se marient plutôt bien aux plus anciens et permettent, tout en se démarquant, de garder une certaine continuité avec l’opus précèdent. Quant aux doublages, vous pouvez ici retrouver les voix anglaises et japonaises.
Avec 3 routes différentes qui interviennent rapidement au début de l’aventure, la durée de vie du jeu s’annonce gargantuesque puisqu’il faut bien compter entre 20 et 25 heures, selon le mode de difficulté choisi, pour venir à bout d’un scénario. Et comme dans Three Houses, il sera nécessaire de faire plusieurs routes pour comprendre tous les rouages de ce monde et du conflit qui régit les relations entre les différentes maisons de Foldan.
Verdict : 8/10
Malgré un framerate parfois en dent de scie et des graphismes moyens, la formule de Fire Emblem mise à la sauce musou continue de très bien fonctionner, notamment grâce à de gros efforts faits sur l’écriture et la volonté du studio de casser la monotonie et la répétitivité de ce genre de jeu. Nous sommes devant l’un des meilleurs titres du genre et si vous aimez Fire Emblem, il serait dommage de passer à côté.
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