La sortie d’un nouvel opus canonique de la franchise Final Fantasy, c’est toujours un sacré évènement. Surtout quand celle-ci se fait en exclusivité temporaire sur une console de Sony, qui a fait copain-copain avec Square(soft) depuis la sortie de la PlayStation première du nom. Depuis Final Fantasy XV et son développement laborieux, qui lui a pourtant valu un succès critique et commercial certain (le score Metacritic du jeu dépasse les 80/100 sur toutes les plateformes, et les retours des joueurs sont dithyrambiques), presque 7 années se sont écoulées. De quoi attiser les attentes des joueurs, qu’ils soient nouveaux venus comme fans assidus. Dans le tas, il y a de fortes chances que certains n’y trouvent pas leur compte, tandis que les autres découvriront une aventure incroyable. Parce que oui, on ne va pas faire durer le suspense plus longtemps : Final Fantasy XVI est un très grand jeu.
Test réalisé sur PS5 grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
Quand Final Fantasy lorgne du côté de la Dark Fantasy
Avant de vous proposer de vous aventurer dans les lignes qui suivent, il nous semble important de poser le cadre de ce test. En effet, Final Fantasy est une licence chère au monde du jeu vidéo : que ce soit aux yeux de l’industrie, comme aux yeux des joueurs. Elle a marqué le marché, elle a fait rêver les joueurs et certains ont même grandi avec. On comprend dès lors qu’une certaine fraction de joueurs, plus exigeants car ayant vu la franchise évoluer, va voir ses attentes se calibrer en fonction de son expérience. Aussi, s’il aurait semblé logique de laisser un membre de la rédaction expérimenté sur le sujet, les mots que vous lisez actuellement sont l’œuvre d’une personne n’ayant pas vraiment d’affect avec la franchise, si ce n’est le respect qu’elle impose. Concrètement, cela signifie que le nombre d’opus terminés peut largement se compter sur les doigts d’une main, bien que la majorité a largement été prise en main.
Ne vous étonnez donc pas de voir un avis qui tranchera par rapport à ce que d’autres confrères pourront écrire. Ils sont sans aucun doute plus alerte que votre dévouée plume sur le sujet, et possèdent probablement tout le bagage qu’il faut pour faire la chronique d’un tel titre. Et de toute façon, nous vous avons toujours encouragés à aller consulter d’autres avis afin de vous forger une opinion la plus concrète possible, à plus forte raison lorsque le pouvoir d’achat diminue et qu’il faut choisir avec soin ses dépenses en termes de loisirs vidéoludiques.
Vous le savez, il n’est pas dans notre habitude de nous justifier chez JVFrance. Mais cette mise au point vous permettra peut-être d’appréhender notre test avec le regard que nous avons porté tout au long de nos sessions de jeu. Peut-être un peu trop bienveillant, sans doute pas assez exigeant au vu du passif de la franchise. Mais toujours est-il que lorsque l’on se lance à corps perdu dans un titre qui ne nous inspirait que peu de sympathie jusque-là et qu’il parvient sans cesse à nous surprendre jusqu’à presque nous en décrocher la mâchoire, on peut en toute bonne foi se dire que l’on est en présence d’une réussite totale. Maintenant que cela est dit, si l’on rentrait dans le vif du sujet ?
Parce qu’il y en a des choses à dire sur le cas Final Fantasy XVI. Si vous avez déjà joué à la démo, chose que l’on vous recommande vivement de faire – d’autant que les sauvegardes sont transférables dans le jeu complet -, vous n’êtes pas sans savoir que la franchise opère un certain virage en termes d’univers. La franchise Final Fantasy n’a guère dépeint d’histoires où les protagonistes vivent heureux et ou les événements leurs offrent une vie paisible et agréable. Au contraire, il suffit de se pencher sur le synopsis de certains des opus pour constater que rien n’épargne l’ensemble des populations des univers dépeints par Square Enix. La mort est omniprésente, les destins funestes sont légion et la survie du monde est souvent menacée.
Rien de neuf sous le soleil, cela reste certaines des nombreuses composantes des histoires que l’on retrouve dans le jeu vidéo, mais également au cinéma, en littérature ou encore dans l’animation. Mais là où depuis Final Fantasy VII, l’ambiance se voulait toutefois un peu moins sombre, on retrouve dans ce 16ème épisode une direction Dark Fantasy qui n’est pas sans rappeler Game of Thrones, pour ne citer que cette œuvre. Le fait de placer plusieurs royaumes au sein d’une guerre qui a notamment pour but de mettre la main sur les Émissaires, des humains qui sont chacun habités par un Primordial, le tout sur une toile de fond mêlant trahison et histoires de famille n’est en rien étranger à cela.
C’est sans doute la façon pour la Creative Business Unit III de se détacher le plus possible des poncifs habituels du J-RPG pour retranscrire une atmosphère plus pesante, plus sombre, mais aussi plus ancrée dans des récits occidentaux. On oublie le personnage principal sombre, presque muet qui pastiche tant bien que mal les personnages les plus insupportables de la sphère anime/manga. Dans le cas de Final Fantasy XVI, Clive est un personnage que le joueur va suivre et va voir évoluer. Tourmenté par son passé, ce dernier va passer par plusieurs phases, ce qui le rend irrémédiablement plus humain, plus attachant.
Final Fantasy XVI prend donc place dans le monde de Valisthea, où de grandes nations se sont formées autour des cristaux mères, au nombre de 5. Ce sont de ces derniers que sont extraits les cristaux permettant de pratiquer la magie, nécessitant également de l’éther, la force vitale de la planète qui est consumée lorsque les cristaux sont utilisés. Mais il existe certains êtres pouvant utiliser la magie sans ces cristaux. Appelés Pourvoyeurs, il se trouve que ces êtres plus talentueux que la normale sont réduits à l’esclavage. C’est le cas de Clive Rosfield, aka Wyverne au début de l’aventure. Personnage principal de l’aventure, fils de l’archiduché Elwyn, et frère de Joshua Rosfield l’Émissaire du Phénix, l’histoire nous fera vivre trois pans de son existence : son adolescence, sa vingtaine puis sa trentaine. L’occasion de voir le héros se développer au fur et à mesure d’une histoire qui ne lui fera pas de cadeau.
Dès le début de l’aventure, on se retrouve donc à contrôler Clive, dans sa vingtaine. Étant un marqué (d’ou le symbole sur son visage), il se retrouve contraint et forcé de servir un royaume qui l’a trahi lui et sa famille. Sa première mission consiste à retrouver l’Émissaire de Shiva, et dès le début de l’aventure, le scénario va très vite faire s’enchaîner les événements, de façon à ce que la narration soit très rythmée pour ne pas avoir de temps mort. Attention, on parle bien ici de temps mort, et pas forcément de moments plus calmes, la distinction est importante.
Au tumulte géopolitique qui règne dans Valisthea, s’ajoute la présence du fléau noir qui rend la vie presque impossible pour le peuple, occasionnant la présence de monstres un peu partout. Le scénario de Final Fantasy XVI ne fait pas dans la dentelle et pose les bases d’un univers ou l’espoir n’est que rarement permis. Plus sombre que ses prédécesseurs d’ailleurs, le titre s’adresse à un public mature et averti : entre allusions sexuelles (somme toute relativement peu explicites et sans jamais rien montrer), langage pas toujours des plus soutenus agrémenté de jurons et scènes bien sanglantes; le jeu n’est pas à mettre dans les mains des plus jeunes. Les sujets abordés sont eux aussi lourds bien que déjà plus compréhensibles par un jeune public. D’ailleurs, sans trop en dire pour ne pas vous gâcher le scénario, difficile de ne pas faire de parallèle entre la question de l’écologie et l’un des grands sujets qui va concerner Valisthea dans l’aventure.
On apprécie assez la façon dont le jeu essaye de mettre à disposition constante une sorte d’encyclopédie sur les notions clés de l’histoire par le biais de la Chronographie. Il s’agit d’une fonction qui s’active à tout moment dans le jeu en restant appuyé sur le pavé tactile, hors combats, et qui délivre des informations à jour sur les personnages, lieux ou termes évoqués sur le moment. Cela devrait presque devenir un indispensable de tous les jeux (et pas seulement les RPG, bien qu’ils soient les premiers concernés), surtout pour quiconque s’éloigne de sa console pendant quelques temps et ne se souvient plus trop de certaines notions. La forme mérite encore un peu d’élaboration pour arriver à quelque chose de vraiment impeccable, peut-être un peu plus de détails ou de choix. Cela étant dit, l’idée est excellente et fait totalement sens. De même, on retrouve dans les options une chronique de toutes les quêtes, permettant de retracer le fil rouge de l’aventure de Clive en cas d’oubli.
Un titre au cœur de l’action
L’une des grandes révolutions de ce Final Fantasy XVI, c’est sans aucun doute son côté action très prononcé. À un tel point qu’on le voit davantage comme un jeu d’action avec une surcouche RPG plutôt que comme un Action RPG à proprement parler. Nous reviendrons sur le sujet plus bas, mais mis à part l’équipement et l’expérience qui influe sur les statistiques, les compétences de Clive ainsi que celles de ses Primordiaux, on sent plutôt une composante light RPG que de véritables concepts propres au jeu de rôle.
Après tout, la Creative Business Unit III a accueilli un nom qui devrait parler à certains d’entre-vous. Il s’agit de Ryota Suzuki, qui a participé à la conception de Devil May Cry V, le Beat’em Up au rythme effréné de Capcom qui a aussi bien conquis les joueurs que la critique. Suzuki a également travaillé sur d’autres licences comme Dragon’s Dogma et Marvel vs Capcom, ce qui rend son CV d’autant plus intéressant. Sauf peut-être pour les fans qui n’auront pas vu d’un très bon œil son arrivée en tant que Directeur des Combats.
Cela fait un petit moment maintenant que les jeux Final Fantasy s’émancipent du tour par tour basique que nous avons connu à la belle époque des opus cultes qui ont forgé la renommée de la licence. Final Fantasy XV proposait déjà un gameplay bien plus direct que ses prédécesseurs et Final Fantasy VII Remake en a fait de même, en poussant davantage le curseur. Bien que la chose ne soit pas très appréciée des puristes, rappelons que le tour par tour est un système assez vieillissant qui démontre certaines faiblesses en termes de rythme et qui peut nuire à l’immersion dans les jeux de notre époque.
Les membres de la Creative Business Unit III le disent eux-mêmes : leur but a été de concevoir un jeu 100% action, sans pour autant renier ce qui fait l’essence d’un Final Fantasy. Si l’on y retrouve de nombreux gimmicks, tels que les invocations (ici appelés primordiaux), certains noms récurrents ou encore les mascottes habituelles que sont les Mogs et les Chocobos, il faut reconnaître que tout s’éloigne relativement de ce qui a fait jusque-là qu’un jeu Final Fantasy était un Final Fantasy. Dans notre cas, il n’y a finalement rien eu de choquant. Nous sommes en 2023 et la licence existe depuis presque 36 ans. En trois décennies, les nombreuses équipes et grands noms qui se sont relayés, pour apporter leur brique à l’édifice des dizaines de jeux qui se sont succédé, ont proposé des visions et des univers différents à chaque fois. Aussi, il n’y a rien d’étonnant à voir la licence s’émanciper de ses racines pour poser les fondations de nouvelles bases, ou à minima, une nouvelle aventure qui tranche radicalement avec le reste.
Final Fantasy XVI ne fait donc pas dans la dentelle et délivre un gameplay épuré, qui met l’accent sur l’action immédiate. Une touche pour attaquer, une touche pour l’utilisation de la magie, une pour esquiver, une pour sauter et une pour l’emploi d’une compétence standard de Primordial (ne nécessitant aucun temps de recharge). À cela s’ajoutent les compétences de Primordiaux : on peut en équiper jusqu’à 2 par Primordial (sachant que l’on peut s’équiper de 3 primordiaux en même temps) via le menu adéquat, ce qui donne la possibilité d’utiliser en plein combat 6 compétences spéciales de Primordiaux et 3 compétences standard. Jusqu’à 3 objets peuvent être utilisés via la croix directionnelle et libre au joueur de paramétrer les items en utilisation rapide.
Clive possède également des compétences qui lui sont propres et qui pourront être disponibles en les débloquant via l’arbre des compétences, via des points dédiés glanés au fur et à mesure des combats. Les possibilités restent somme toute assez limitées, mais heureusement, on peut automatiquement débloquer et améliorer les compétences recommandées par le jeu. Oui, cela revient tout à fait à prendre le joueur par la main, mais si vous êtes en quête de défi, il ne tiendra qu’à vous d’adapter votre style de jeu et de faire la part belle aux combos et aux enchaînements de compétences pour infliger le plus de dégâts possible. Pour finir sur les compétences, chaque Primordial en possède plusieurs (très généralement 5), ce qui offre assez de choix et permet pour le coup de personnaliser un peu plus les attaques spéciales à utiliser, tout en sachant qu’elles peuvent s’intégrer dans des combos.
Le système de combat n’est pas très compliqué en somme, mais l’on ressent la patte de Ryota Suzuki, avec des affrontements terriblement dynamiques, qui nous poussent sans cesse à être en déplacement et à gérer les esquives, les contre-attaques et les parades. L’ensemble demande un peu de dextérité, surtout face à des ennemis dont les mouvements nous sont inconnus, mais même un joueur lambda peut finir par prendre le pli, avec un peu d’entraînement, la fenêtre d’esquive étant plus permissive que dans certains jeux. Notez que si 2 modes de difficulté sont présents (le mode histoire pour faciliter grandement l’aventure, le mode Action pour ceux qui désirent un peu plus de challenge), on peut tout de même s’équiper d’anneaux en mode Action, qui permettent les combo automatiques, l’esquive automatique ou encore l’utilisation automatique de potions dès lors que la jauge de santé diminue trop.
Évidemment, nous vous recommandons au maximum de jouer sans cette aide et en mode Action, afin de profiter au maximum des subtilités du gameplay, et ce, à plus forte raison dans les combats contre les ennemis plus imposants, qu’il s’agisse de boss ou de mini-boss. La mise en scène des affrontements les plus importants du jeu (généralement contre des boss ou des primordiaux) est un spectacle de tous les instants qui vient sans cesse nous rappeler le savoir faire de tous les noms qui ont œuvré sur Final Fantasy XVI. La surenchère d’effets spéciaux provoqués par des attaques dévastatrices joue énormément, mais il y a également toute la chorégraphie qui se joue entre Clive et ses ennemis, donnant naissance à des passages vraiment incroyables. Naoki Yoshida lui-même avait récemment déclaré que jouer à Final Fantasy XVI, c’est comme jouer à un blockbuster d’Hollywood. Impossible de nier ces propos, puisque c’est tout à fait le ressenti que nous avons eu, avec des sensations très grisantes dont peu de jeux d’action peuvent se vanter. Pour autant, le jeu ne met pas toujours l’adrénaline au premier plan et sait doser les moments forts pour les alterner avec des passages plus tranquilles.
C’est d’ailleurs l’une des grandes forces du titre que de proposer un rythme très soutenu. Le premier quart du jeu nous fait assez rapidement enchaîner les combats entre des ennemis somme toute basique, des ennemis plus coriaces et des boss, tout en liant le tout par des cinématiques et quelques dialogues. Pour autant, ces derniers ne viennent jamais trop hacher la progression et là où l’on aurait pu craindre des tirades interminables, on se retrouve finalement avec un entre deux qui fait mouche. Par la suite, le scénario prend un peu plus son temps et laisse un peu plus le temps au joueur d’aller effectuer des quêtes annexes.
Malheureusement, ces dernières restent assez basiques dans leur exécution et leur écriture : sauver un PNJ attaqué par des monstres, récupérer des objets perdus, ou pire encore, faire quelques allers et venus d’un point à un autre pour faire passer des messages ou donner des objets. Autant dire que l’on a vite fini par se concentrer sur la quête principale, bien plus intéressante. Les apports restent généralement assez basiques qui plus est : de l’argent ou de l’expérience ainsi que quelques objets, voire des points de compétence. Il y a aussi d’autres activités annexes proposées par la Stèle d’Excellence qui contient le mode Arcade, l’entraînement ou la revisite de certains chapitre et les défis de Chronos. Par la suite, des contrats d’Elite seront également disponibles et les plus aguerris se lanceront sans doute à l’assaut du mode Fantaisie Finale une fois le jeu terminé une première fois.
Final Fantasy XVI transpire l’envie de nous faire vivre une aventure toute tracée qui n’autorise pas vraiment l’emploi de chemins de traverse. Cela se ressent notamment par la présence de nombreux murs invisibles dans l’environnement, nous indiquant qu’il n’y a rien à voir et que l’histoire a bien plus à nous apporter qu’une exploration qui ne ferait que gonfler de manière artificielle la durée de vie, déjà très convenable du jeu. Qui plus est, cela a déjà été montré puis précisé à maintes reprises, mais il n’est pas ici question d’un monde ouvert mais d’une mappemonde par laquelle on peut accéder aux différentes zones du jeu. Certaines d’entre elles sont interconnectées, ce qui permettra de se déplacer autrement qu’en se téléportant d’un point A à un point B. Mais finalement, cette simplicité souffle un vent de fraîcheur dans une industrie qui nous inonde de mondes ouverts médiocres qui n’ont pas forcément de raison d’être et se contentent d’exister pour forcer le joueur à passer du temps dans des environnements qui ne recèlent pas grand chose.
Puisqu’à tout moment (sauf cas particuliers durant certains chapitres) il est possible de parcourir les zones de notre choix, on finit très vite par accrocher à cette vision plus dirigiste et assez linéaire dans un sens. Les différentes zones du jeu, qu’il s’agisse de villages, hameaux, collines ou forêts ne se content pas juste d’être de simples couloirs en ligne droite, mais on reste sur des aires de jeu assez compactes qui permettent quand même d’aller fracasser du monstre ou trouver quelques objets et coffres cachés.
Le Final Fantasy parfaitement imparfait
De ses défauts finissent par naître ses qualités. Final Fantasy XVI est un jeu qui a délibérément limité ses ambitions pour se concentrer sur ce qu’il fait de mieux : délivrer une histoire qui parvient à nous tenir en haleine ainsi qu’une mise en scène spectaculaire. Là où de nombreux titres se prennent les pieds dans le tapis en voulant jouer sur tous les tableaux, le titre de la Creative Business Unit III joue ses as uniquement lorsqu’il est sûr de pouvoir remporter la partie. Résultat : cela fonctionne à merveille et l’on obtient un jeu qui sait tout de même être généreux, malgré certains manques. On pourrait notamment citer son mode photo étrangement famélique et presque inutile, l’absence de véritables options d’accessibilité (un carton rouge pour Square Enix en l’occurrence, il s’agit d’un sujet trop important et bien trop au centre des préoccupations pour mettre cela de côté sur un AAA), ou encore l’impossibilité de gérer l’ATH ainsi que les informations affichées à l’écran comme on le souhaite. Des détails qui ont leur importance, notamment concernant l’accessibilité et qui devront impérativement faire l’objet de mises à jour futures car c’est difficilement concevable en l’état actuel.
L’aspect technique est également très en deça, car si le jeu tourne parfaitement en mode performance, visuellement il accuse un certain retard technique et laisse transparaître l’utilisation d’assets sortis de Final Fantasy XIV Online, notamment pour les PNJ ou certaines textures. C’est somme toute assez dommage, car on aurait apprécié que Final Fantasy XVI soit un porte étendard des capacités de la PS5, à plus forte raison lorsque la sortie des épisodes canoniques s’espace de plus en plus. Tandis que les Final Fantasy étaient autrefois de véritables leaders sur le plan technique, on ressent un certain nivellement vers le bas depuis Final Fantasy XIII, comme si le studio ne pouvait plus mobiliser assez de développeurs ni de ressources pour travailler sur les titres majeurs comme d’autres le feraient.
Le jeu n’est pas vilain pour autant, mais il n’a pas tout à fait la trempe d’un titre destiné uniquement à la nouvelle génération. Fort heureusement, il possède une direction artistique maîtrisée et une colorimétrie très particulière, avec des couleurs peu saturées, voire presque délavées et des tons très patinés pour ce qui concerne l’ensemble des textures, qu’il s’agisse des personnages comme de l’environnement. En revanche, les effets spéciaux tranchent radicalement avec le reste puisqu’ils sont éclatants, chaleureux et dans des tons assez saturés. Le contraste entre les deux est particulièrement saisissant lors des combats titanesques
Ces derniers ne seraient d’ailleurs rien sans les compositions de Masayoshi Soken qui a largement démontré son talent dans le genre sur Final Fantasy XIV Online. Le compositeur nous livre ici une OST de très haute volée, avec certains thèmes évolutifs en fonction du moment : on retrouvera par exemple une composition paisible dans un village, soulignant le côté bucolique de l’environnement. Il suffira d’en sortir pour entendre une version toujours aussi douce, mais plus propice à l’aventure. Lorsque les combats s’enclenchent, le même thème devient tout de suite plus dynamique avec l’orchestre qui fait résonner violons, violoncelles et cuivres. Enfin, lors des combats de boss, on retrouve ces mêmes compositions dans des versions épiques qui jouent énormément sur l’aspect spectaculaire de ces affrontements. Les orgues et chœurs insistent sur le côté démesuré des combats et leur intensité.
De manière générale, les musiques collent toujours très bien à l’action, avec un fort penchant pour des sonorités mélancoliques, voire même dramatiques pour les thèmes les plus puissants. Cependant, à l’instar de l’aventure vécue par nos héros, certaines compositions laissent entrevoir une lueur d’espoir bienvenue en plein combat, comme si ces rares instants venaient encourager le joueur, occuper à faire baisser la barre de vie de celui qu’il affronte. Soken succède donc aux compositeurs de génie qui ont travaillé sur les précédents Final Fantasy canoniques et s’apprête à laisser définitivement sa marque dans l’histoire de la franchise. On en profite pour vous préciser que l’OST complète s’étale sur pas moins de 7 disques (8 pour l’édition premium). On attend avec impatience son arrivée sur les services de streaming en croisant très fort les doigts pour une sortie en vinyle qui saura ravir les mélomanes que nous sommes.
Alors qu’il est temps de refermer ce test, vous vous dites sans doute qu’il nous en faut peut-être peu pour nous émerveiller. Et il y a sans doute un peu de vrai là-dedans, c’est d’ailleurs aussi pour cela que l’on aime ce medium qu’est le jeu vidéo. Néanmoins, force est de constater que Final Fantasy XVI est de ces jeux qui, une fois la console éteinte, nous laisse des étoiles dans les yeux et la sensation de vivre une aventure grandiose. L’envie de continuer ce périple tumultueux et de découvrir les plus sombres secrets de Valisthea ainsi que ses démêlés géopolitiques sont autant d’arguments qui ne donnent qu’une envie, c’est de reprendre la manette en main et d’enchaîner les combats. Il a fait chaud durant notre test du nouveau né de Square Enix, et une chose est sûre : ce n’était pas seulement lié au mercure.
Verdict : 8/10
Quelle aventure. Final Fantasy XVI est une épopée épique, un récit sombre et impitoyable qui n’a cessé de nous galvaniser au fur et à mesure de ses combats de titan. De par sa simplicité, il parvient à ne pas perdre le joueur et trace le chemin d’un scénario Dark Fantasy que l’on n’aurait pas cru voir un jour dans la franchise. Plus mature, plus violent, plus viscéral, c’est un des grands jeux de son époque. Il sera marquant à bien des aspects : pour certains ce sera pour sa direction, pour d’autres ce sera pour tout ce qu’il n’est pas et qu’ils souhaitent revoir dans la franchise. Mais l’heure n’est plus aux jérémiades de fan capricieux bloqué sur des attentes ancrées dans le passé. Final Fantasy XVI ne sera peut-être pas un RPG marquant, mais c’est un excellent jeu d’action qui revendique d’ores et déjà son trône pour le titre de jeu de l’année 2023.
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