Avec déjà six années d’existence et deux extensions majeures pour Final Fantasy XIV : A Realm Reborn, qui aurait pu penser qu’aujourd’hui encore des millions d’abonnés continueraient de parcourir le monde fantastique d’Eorzea ? Bien que le lore de Final Fantasy soit très riche, comment Square Enix peut-il continuer à intéresser en même temps les anciens joueurs présents depuis le début de l’aventure mais également les nouveaux qui souhaitent franchir le pas ? La réponse à cette question pourrait bien être cette nouvelle extension sortie le 2 juillet et nommée Shadowbringers.
Test réalisé sur PlayStation 4 à partir d’une version complète collector numérique, un conte d’aventure et un conte de job; le tout fourni par l’éditeur
Black or White?
Avant toute chose amis aventuriers, sachez que si vous voulez commencer l’extension Shadowbringers, il vous faudra impérativement avoir fini le jeu de base, Final Fantasy XIV : A Realm Reborn ainsi que ses extensions : Heavensward et Stormblood. Autant vous dire que c’est une bonne centaine d’heures composées de quêtes, d’allers-retours, le tout entrecoupé de cinématiques, qui vous attend. Nous vous conseillons toutefois de monter votre personnage depuis le niveau 1. En effet, malgré les défauts du jeu de base (aventure longue à démarrer, trop d’allers retours, etc.), le lore de Final Fantasy XIV est si riche que vous pourriez vite vous retrouver, dans Shadowbringers, submergés dans un océan d’informations qui ne vous diraient rien.
Pour ceux qui, malgré tout, souhaitent commencer directement à jouer à l’extension, sachez qu’il est possible d’acheter contre de l’argent bien réel des contes de job, permettant de booster son personnage au niveau 70 directement. Ce dernier, couplé avec un conte d’aventure qui lui vous permettra de passer toutes les quêtes du jeu de base jusqu’à la fin de Stormblood, vous donnera la possibilité d’arriver directement à l’extension sans passer par la case départ. Ce conte d’aventure vous permet en outre d’avoir accès à l’ensemble des quêtes du jeu de base et de ses extensions sous forme de cinématiques ou de textes. Un ajout bienvenu afin de se mettre à jour. Il est important de savoir que pour bénéficier du conte de job, il vous faudra préalablement avoir créé un personnage et lui avoir attribué un job afin de pouvoir l’utiliser.
Jour ? Nuit ?
Il est temps désormais de s’intéresser à Shadowbringers. Alors que notre héros est appelé pour récupérer un artefact, le voilà téléporté sans crier gare à travers l’espace et le temps dans un nouveau monde nommé Norvrandt, invoqué par le mystérieux Exarque de Cristal. Ce dernier nous supplie de l’aider dans sa quête contre la lumière. En effet, cette dernière menace clairement l’existence même de Norvrandt, ce qui aurait des répercussions équivalentes pour notre monde d’origine, Eorzea. Vous ne rêvez pas : dans ce monde, les concepts de bien et de mal sont totalement inversés. Pour cause, l’obscurité a été vaincue il y a plus d’un siècle par les Purgateurs, ces êtres nimbés de lumière mais qui sont en réalité totalement malfaisants. À cause d’eux, la nuit ne tombe jamais en Norvrandt et votre mission sera d’anéantir cette menace afin de sauver ce monde ainsi que le vôtre car tous deux sont étroitement liés. Contrairement aux titres précédents, vous n’arpenterez donc pas ces terres sous le titre de Guerrier de la Lumière mais bien sous celui de Guerrier des Ténèbres.
Pour mener à bien cette tâche herculéenne, vous ne serez heureusement pas seuls, tous les Héritiers de la Septième Aube sont également présents. Dans un monde en proie à l’apocalypse et au chaos, notre parcours sera semé d’embûches, l’aide de nos camarades de toujours ne sera pas de trop afin de faire face aux menaces qui nous attendent. Chacun d’entre eux possède sa propre trame scénaristique et ses propres motivations concernant le combat à mener. Tout s’emboîte parfaitement, qu’il s’agisse des enjeux politiques de chaque cité ou des histoires personnelles de chacun. Tout cela permet de maintenir le joueur en haleine et de nous laisser scotché à notre écran, mené par le désir d’en savoir toujours davantage, comme lorsqu’on ne peut s’empêcher d’enchaîner les épisodes de notre série favorite. Notre héros, d’habitude muet, peut désormais s’exprimer par le biais de choix de dialogues mais ces derniers n’ont pas d’impact dans l’histoire. Il est cependant dommage que lors des cinématiques, les animations de notre personnage se contentent d’être de banales emotes que l’on peut utiliser soi-même en jeu. Cela n’enlève en rien la beauté des cinématiques en question mais on peut s’interroger sur la pertinence de ce procédé.
Un monde enchanté
Bien qu’il ne puisse rivaliser avec les derniers titres AAA sortis récemment du fait de son moteur graphique, Shadowbringers est quand même somptueux. Les différentes villes et régions de Norvrandt ont une direction artistique à couper le souffle. Que ce soit Cristarium, la ville cristal où nous apparaissons au début de l’aventure après avoir été invoqué par son exarque. Ou encore la riche Eulmore, gigantesque ville dominée par les « Libérés », de richissimes bourgeois ayant à leur service des « Désoeuvrés » qui leur doivent obéissance jusqu’à ce que leur maître se lassent d’eux et les jettent du haut des remparts. Sans oublier bien sûr Rak’Tika, les magnifiques bois abritant des fées et des parterres de fleurs bleues à couper le souffle.
Qui dit Final Fantasy dit également bande-son de qualité. Que dire de celle de Shadowbringers, sinon qu’elle est absolument parfaite ? Masayoshi Soken nous livre ici une partition collant à absolument tous les moments de l’histoire et nous suivant avec délice, que ce soit pendant les phases d’exploration ou de combat. À noter qu’il est possible, une fois que vous avez construit le meuble nommé Orchestrion, de récupérer différents rouleaux de certaines musiques afin de pouvoir les réécouter. Quoi de mieux que de pouvoir écouter vos morceaux favoris dès qu’il vous en prend l’envie ?
La naissance d’un MMO-Solo ?
Pour Shadowbringers, comme dans tout MMO bien sûr, il y a beaucoup de textes à lire et de cinématiques à voir. Avec un lore aussi riche, rien de surprenant, mais avec un scénario ficelé aux petits oignons, tout se digère parfaitement. L’aventure se veut linéaire, nous nous déplaçons de lieux en lieux au fil de l’épopée principale et les donjons sont souvent la dernière étape avant de rejoindre notre prochaine destination. Bien que le jeu soit linéaire, certaines quêtes nécessiteront un pré-requis de niveau et il vous sera donc nécessaire de vous écarter de la route principale afin de faire des quêtes secondaires. D’ailleurs, on peut dire qu’avec Shadowbringers on est servis. Entre les quêtes secondaires permettant d’approfondir le lore du jeu, les donjons qu’il est possible de refaire en chaîne ou encore les événements ALEA qui permettent de gagner un nombre important de points d’expérience, la montée de niveau n’est pas trop longue. Comptez une quarantaine d’heures selon votre niveau et votre envie d’arriver rapidement au niveau 80.
Arrêtons-nous quelques instants sur les donjons. Dans tout MMO sorti récemment, il est nécessaire de monter un groupe afin de pouvoir y accéder. World of Warcraft a néanmoins intégré un outil appelé « Recherche de groupe aléatoire », ce qui permet de trouver d’autres joueurs désireux de faire ce donjon si l’on n’a pas de guilde par exemple. Shadowbringers apporte quant à lui une nouvelle fonctionnalité encore plus originale : le système d’adjuration (Trust System en anglais). Il s’agit d’un système permettant aux joueurs ne connaissant personne ou jouant une classe DPS dont le temps d’attente est le plus élevé dans les recherches de groupe, de recruter 3 PNJ afin de faire le donjon en solo. Il est à signaler toutefois que les PNJ doivent appartenir aux classes obligatoires en donjon normal : un tank, un soigneur et un dps en plus de vous. L’IA des PNJ est plutôt efficace et permet à des joueurs peu expérimentés de simplement suivre leurs actions lors des combats de boss afin de savoir où se placer et donc d’être moins sous pression. Débloquée lors de votre arrivée à votre première instance, cette fonctionnalité n’est toutefois pas disponible pour les donjons pré-Shadowbringers.
Pour les adeptes d’un jeu purement MMO, rassurez-vous : les donjons et défis aléatoires avec bonus d’xp sont toujours d’actualité et uniquement disponibles en groupe de vrais joueurs. Nous comptons huit donjons inédits suivant toujours le même schéma ainsi que trois boss espacés et protégés par une myriade d’adds plus dangereux les uns que les autres. Deux de ces donjons ne seront déblocables qu’à partir du niveau 80. Une fois arrivé à ce palier, vous ne serez pas au bout de vos peines. En effet, les combats contre les Primordiaux, au nombre de trois actuellement, sont toujours de la partie et nécessiteront une bonne connaissance de votre job, des équipiers et un équipement de premier plan afin de pouvoir les vaincre.
Concernant les joueurs de niveau 80, votre quotidien sera toujours le même : donjons, Primordiaux, Housing ou PvP, en attendant le 16 juillet et l’arrivée de la première mise à jour de l’extension qui intégrera le nouveau raid à 8 joueurs. Arrivera ensuite le 30 juillet la difficulté sadique et un neuvième donjon.
Alors on danse ?
Si vous vous ennuyez avec votre personnage niveau 80, sachez que Shadowbringers ajoute deux nouveaux jobs en plus des quinze autres déjà présents. Il s’agit du Pistosabreur, un tank, et le Danseur, DPS à distance. Chacun apportant un vent de fraîcheur à ces deux rôles.
Le Danseur est une classe polyvalente de soutien. Lançant des chakrams sur ses ennemis, il soutient également ses alliés grâce à ses pas de danse. Ces derniers sont des actions à enclencher dans un ordre précis, soit afin de booster ses coéquipiers, soit afin d’attaquer ses ennemis. Toutes ses attaques ont une chance de Proc (lancer) des actions additionnelles puissantes. Cela permet de s’éloigner du gameplay de certaines classes au cycle défini soumis à des creux de DPS en attendant que ses sorts soient rechargés ou de devoir simplement spammer deux touches en priant le ciel pour que quelque chose se passe. Avec le Danseur, il faudra être réactif et toujours rester dans le tempo.
Passons au Pistosabreur, qui à lui plutôt un rôle d’offtank ou de tank. Il pourra stocker jusqu’à deux types de cartouches, l’une pour les combats mono-cible, l’autre pour les combats multi-cibles. Dans son arsenal d’attaques, notons également un combo de trois coups ainsi qu’une attaque hors global cooldown bien appréciable quand toutes nos attaques sont en train de se recharger, cette dernière est nommée « Consécution ». Si vous aimez être utile à votre équipe, que vous avez l’âme d’un tank ou celle d’un soutien en partageant un bouclier et un soin pour votre groupe, le pistosabreur est une bonne option pour vous.
Quoi de neuf docteur ?
En plus de ces deux nouveaux jobs, Shadowbringers ajoute également deux nouvelles races, ce qui nous donne un total de huit races désormais jouables. Les deux nouvelles races sont les Hrothgars et les Viéras. Spécificité unique à chacune d’entre elles, votre avatar Hrothgar ne pourra être que masculin au contraire des Viéras qui elles ne seront disponibles qu’en version féminine. Aucune information concernant un éventuel ajout des versions manquantes aux deux races n’ont pour le moment été évoquées, il faudra donc faire avec.
Qui dit mise à jour dit également ajustements de gameplay, et il faut dire que de ce côté-là, les développeurs n’ont pas fait les choses à moitié. Retravaillant en profondeur des mécaniques de jeu propres à certains jobs ou standardisant les rôles de soigneurs et de tank par exemple; on peut dire que d’une manière générale, les jobs sont désormais plus simples à prendre en main. Même s’il faut l’avouer, pour les nouveaux aventuriers, certaines classes sont plus difficiles à appréhender que d’autres. On pense notamment à la disparition de la fonction tank d’un des familiers de l’invocateur, qui était pourtant bien utile pour se débarrasser des monstres sans prendre trop de dégâts, surtout pour un job en tissu. Comme d’habitude ces ajustements feront des heureux et des malheureux mais après une période de transition tout rentrera dans l’ordre. On compte également sur Square Enix pour équilibrer les choses si jamais cela s’avérait nécessaire.
Verdict : 9/10
Final Fantasy XIV : Shadowbringers est une extension qui fera date dans l’histoire des MMORPG. Square Enix nous délivre une histoire riche, émouvante et bouleversant les codes du genre que nous connaissons. La possibilité de jouer en solo même en donjon pourra en intéresser plus d’un afin de profiter du jeu sans contrainte et sans pression, ce qui est idéal pour les nouveaux aventuriers désireux de découvrir le monde de Norvrandt. Avec son lore riche, ses combats épiques et ses enjeux matures, pour peu que vous adhériez à la licence Final Fantasy, Shadowbringers est fait pour vous. De là à faire vaciller le mastodonte World of Warcraft ? C’est un pas que nous ne franchirons pas mais avec cette extension, Square Enix nous prouve son talent et prévient une fois de plus Blizzard que lui aussi est présent sur la scène des jeux massivement multijoueurs.
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