Il y a deux ans, à l’été 2013, nous découvrions sur PC et PlayStation 3 le MMORPG dénommé Final Fantasy XIV : A Realm Reborn. Vu comme un affront par certains puristes de la saga Final Fantasy, fleur des RPG solo par excellence, il n’en restait pas moins un très bon jeu de rôle massivement multijoueur qui avait le mérite d’être parfaitement jouable avec une manette. Malgré cela, la version PS3 étant bloquée à 30 images / seconde et subissant quelques soucis techniques dus à la machine, Square Enix décida en avril 2014 de proposer aux gamers l’équivalent de la version PC, mais sur PlayStation 4 cette fois-ci (et ce gratuitement pour les joueurs ayant déjà craqué sur la version old-gen). Un peu plus d’un an s’est donc écoulé depuis, et c’est avec plaisir que nous accueillons cette fois-ci la toute première extension du jeu de base, Heavensward.
Avant toute chose, revenons tout de même sur plusieurs points qui nous semblent primordiaux. Tout d’abord, sachez que l’extension qui fait aujourd’hui l’objet de ce test nécessite bien évidemment le jeu de base, A Realm Reborn. Cela peut sembler évident mais à l’heure où les DLC et les stand-alone se partagent le marché, nous avons jugé cette information pertinente. Sachez toutefois que vous pouvez d’ores et déjà vous procurer le package comprenant le jeu de base ainsi que son extension, sobrement appelé « Édition Intégrale ». Autre point important, en proposant l’extension Heavensward, Square Enix part du principe que vous avez largement eu le temps de terminer le jeu de base entre avril 2014 et juin 2015 (voire même depuis 2013 pour ceux ayant eu la version PC dès le début ou encore la version PS3). Accomplir toutes les quêtes de l’Épopée (la trame principale) et atteindre le level 50 (maximum possible dans le jeu de base), voilà les conditions qui s’avéreront donc nécessaires pour débuter Heavensward. Sans quoi le contenu de l’extension ne sera tout simplement pas débloqué. Enfin, il est également important de rappeler que Final Fantasy XIV reste un MMORPG payant. Comptez entre 10,99 € et 12,99 € par mois afin de goûter aux joies de la balade en Eorzéa. A noter que l’édition intégrale comprend 30 jours d’essai gratuit, afin de vous donner envie (ou non) de poursuivre l’aventure une fois le délai dépassé. L’extension Heavensward nécessitera, elle, la coquette somme de 49,99 €. A ce prix-là, il semble évident que Square Enix a mis les petits plats dans les grands afin de nous proposer une véritable continuité, et à fortiori un contenu digne de ce nom pour quiconque aurait déjà retourné le jeu de base dans tous les sens (ce qui demande déjà en soi des centaines d’heures).
En effet, là où DC Universe Online (autre MMORPG sorti sur le combo PC / PS3, puis PS4), malgré de nombreuses qualités, avait dû passer inévitablement au modèle économique Free-to-Play (jouable gratuitement mais nécessitant un abonnement pour le joueur cherchant une expérience un peu plus riche en contenu), force est de constater que l’abonnement mensuel payant de Final Fantasy XIV : A Realm Reborn n’a jamais fait baisser le taux d’affluence du bébé de Square Enix. En effet, les serveurs sont pleins à craquer de jour comme de nuit. 4 millions de joueurs ont même été comptabilisés à ce jour, rien que ça. La preuve irréfutable qu’un contenu riche et un suivi conséquent sont toujours préférables à, par exemple, un Buy-to-Play sortant sur PS4 et Xbox One mais ne proposant rien de véritablement intéressant. Heavensward, donc, arrive à point nommé. Car si les mises à jour (et le suivi d’une manière générale) de A Realm Reborn furent nombreuses depuis la sortie du jeu (une vingtaine d’ajouts en tout et pour tout), beaucoup de joueurs attendaient de voir débarquer une véritable extension, nostalgiques qu’ils étaient d’une époque où les add-on florissaient sur les jeux de rôle PC. Après un scénario, il faut bien le dire, en demi-teinte dans le jeu de base, nous étions quelque peu impatients (et un peu inquiets aussi) de découvrir ce à quoi nous allions avoir droit en terme d’intrigue, ou plutôt de contexte, dans ce nouveau pan de l’histoire Eorzéenne. Soyez rassurés, le background d’Heavensward s’avère être, selon nous, un brin plus prenant et intéressant que celui de A Realm Reborn. Pour ne rien vous spoiler des tenants et aboutissants du scénario mis à disposition, sachez simplement que vous prendrez part ici à une guerre opposant les dragons de Dravania aux chevaliers d’Ishgard. Ishgard parlons-en, car c’est justement la nouvelle cité mise en avant au travers de cette extension. Une bonne nouvelle en soi car au vu des sublimes villes principales disponibles dans le jeu de base (Gridania, Ul’dah et Limsa Lominsa), on était en droit d’espérer une zone tout aussi réussie. Rassurez-vous, c’est le cas, et les nombreux étages d’Ishgard vous séduiront à coup sûr. Neuf nouvelles zones sont au rendez-vous dans Heavensward, toutes plus atypiques les unes que les autres. On notera surtout le fait que ces dernières soient en moyenne deux fois plus étendues que celles parcourues dans A Realm Reborn. Quiconque aura déjà foulé les terres d’Eorzéa par le passé aura compris en lisant ces lignes que le voyage s’avère toujours aussi agréable.
Une transition toute trouvée pour nous permettre de vous parler des montures faisant leur apparition dans Heavensward. On notera notamment le Chocobo Noir, le Grand Chocobo, ou encore le Griffon, trois montures volantes des plus plaisantes qui vous permettront d’aller partout, survolant les zones de part en part (sauf la cité d’Ishgard) à l’exception des anciennes zones. Comprenez par là que seules les paysages de l’extension seront accessibles avec ces montures. Un brin frustrant… Cela dit, nous sommes surtout là pour parcourir Heavensward, et ce pendant de très longues heures, ne boudons donc pas notre plaisir. Mention spéciale à la Mer de Nuages, environnement vertical qui a particulièrement attiré notre attention de par son design enchanteur, rappelant parfois Bastion, Final Fantasy XIII-2 ou encore la ville de Columbia présente dans l’excellent Bioshock Infinite. Vous nous en direz des nouvelles. Et puisque nous mentionnons le contenu présent dans Heavensward, beaucoup d’entre vous se demanderont ce qu’il en est côté durée de vie. En effet, il est préférable de savoir où l’on met les pieds avant de débourser la cinquantaine d’euros nécessaire à l’achat de cette extension. Néanmoins, et même si les développeurs annoncent une durée moyenne de 50 heures, force est de constater que c’est un point plus ou moins sujet à changer selon le joueur concerné. En effet, si les plus pressés seront sans doute prêts à abandonner toute vie sociale dans le but de rusher Heavensward au plus vite, nous serons en revanche nombreux à vouloir explorer le moindre recoin disponible, sans parler des quêtes annexes présentes en masse (et bien plus intéressantes que par le passé, selon nous). Mais ce n’est pas tout, puisque, comme les trailers avaient pu le laisser deviner, l’extension dont nous vous parlons aujourd’hui comprend d’autres ajouts. Premièrement, sachez que le level maximum a changé, passant ainsi de 50 à 60. Si certains diront que dix niveaux ne constituent pas nécessairement un énorme cap à passer, nous pouvons vous assurer qu’il vous faudra parfois prendre votre mal en patience afin d’atteindre ce nouveau palier. Il est d’ailleurs utile de préciser que les ennemis nous ont semblé globalement plus difficiles à vaincre, qu’ils soient petits ou gros. Plus résistants dans l’ensemble, mais également plus agressifs, n’hésitant pas à vous rouer de coups, notamment s’ils sont accompagnés d’un collègue qui passait par là. On décompte également huit nouveaux donjons jouables à quatre joueurs. Les habitués de A Realm Reborn ne seront donc pas dépaysés le moins du monde.
Une bonne occasion, donc, de tester la sixième et nouvelle race faisant son apparition avec Heavensward, les Ao Ra. Tout droits venus d’un monde mélangeant Narnia, Skyrim ou encore Dragon Ball Z, ces êtres charismatiques peuvent être créés de deux façons : en incarnant les Xaela, des guerriers aux écailles noires, ou bien les Raen, pourvus d’écailles blanches. Au rayon des possibilités que proposait A Realm Reborn, vous vous en souvenez probablement, les jobs étaient un pan important du jeu de base. Afin d’enrichir encore et toujours son offre, Square Enix a eu la bonne idée d’ajouter trois nouveaux jobs à la liste déjà existante. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces derniers risquent fort de faire plaisir aux joueurs. En effet, que l’on incarne un Chevalier Noir (tank un peu mou maniant l’épée à deux mains pour faire bien mal), un Machiniste (DPS utile pour quiconque aime les armes à feu et plus généralement infliger de gros dégâts, notamment à distance), ou encore un Astromancien (heal utilisant un globe géant pour guérir et protéger ses alliés), on ne pourra s’empêcher de penser que l’on la classe absolue. Un constat que l’on ne peut décidément pas enlever au nouveau bébé de Square Enix tant le character et level design imposent encore une fois le respect. Plus belles encore que celles présentes dans A Realm Reborn, les nouvelles zones apportées par Heavensward sont, elles, à tomber par terre. L’ambiance est encore une fois excellente, et ce ne sont pas les musiques de Nobuo Umetasu qui viendront nous faire mentir. La nouvelle cinématique d’introduction du jeu (visible en laissant le menu principal tourner durant quelques minutes) est par ailleurs sublime et donnera le ton à ceux qui s’attendaient probablement à une extension moins travaillée. Tournant sur PC et PS4 à 60 images / seconde, le jeu est toujours aussi agréable à prendre en main, et ce, que ce soit à la manette DualShock 4 ou au combo clavier / souris (disponible également sur PS4).
Vous le savez sans doute, les logements ont fait leur apparition il y a de cela quelques mois dans le jeu de base, permettant ainsi au joueur de se sentir chez lui en Eorzéa, c’est le cas de le dire. Eh bien sachez que l’extension dont nous vous parlons aujourd’hui place la barre encore un peu plus haut en terme de personnalisation. Amis charpentiers, fans de Minecraft et de Valérie Damidot, vous serez probablement ravis d’apprendre que Heavensward vous permet de modifier l’apparence de votre lieu d’habitation, et ce, de la manière dont vous le souhaitez. De quoi satisfaire un grand nombre d’architectes en herbe. Un point rapide sur le PvP également, pour lequel Heavensward ajoute quelques nouvelles arènes inédites ainsi que de nouvelles règles imposées selon l’affrontement. Nous n’avons cependant pas pu tester ces nouveautés lors de nos sessions de test, et ce pour des raisons techniques. En revanche, les amateurs de combats épiques mettant en scène de grosses bestioles pas très amicales ne seront pas en reste. En effet, Heavensward a le bon goût de proposer deux nouveaux primordiaux. Le premier, Bismarck, semble être un mix entre un espadon et un dragon… ou presque. Il a pour but de protéger la tribu des Vanu Vanu et, accessoirement, de vous déchirer en plusieurs centaines de morceaux. Sympathique programme, nous pouvons vous l’assurer. Le second, Ravana, ne sera pas spécialement plus affectueux. Sorte de scarabée géant ayant fusionné avec un homme-crabe de South Park et un Jedi, le bougre maniera face à vous pas moins de quatre épées. A noter que les deux primordiaux susnommés sont jouables à la fois en Normal et en Difficile. C’est d’ailleurs également le cas d’Alexander, véritable donjon sur pieds que les fans de Final Fantasy reconnaîtront aisément. Là encore, on peut décemment s’attendre à ce que le challenge soit au rendez-vous. Alexander sera disponible en mode Normal dès le 7 juillet, puis en Difficile dès le 21 juillet. Ces dates, fournies par Square Enix, sont bien évidemment susceptibles de changer entre temps, mais nous espérons toutefois que les délais seront tenus.
Pour autant, tout n’est pas rose en Eorzéa. En effet, si Final Fantasy XIV s’impose sans souci comme le meilleur MMORPG console, il faut bien noter que quelques détails ont tendance à gâcher l’expérience de jeu, et ce, depuis 2013. Premièrement, c’est peut-être un détail pour vous, mais comme dirait France Gall, pour nous ça veut dire beaucoup : le manque de voix n’est toujours pas corrigé. Oui car si vous n’êtes pas un habitué de A Realm Reborn, autant vous le dire tout de suite, les personnages du jeu ne parlent pas. Ici, tout n’est que textuel. Tout ? Pas exactement. Certaines quêtes de l’Épopée (la trame principale, comme précisé plus au-dessus) sont doublées dans la langue que vous aurez choisie (cette dernière est modifiable à tout moment via le menu Options). Toutefois, nous vous déconseillons fortement de choisir le doublage français tant celui-ci fait du mal à nos petits tympans. Néanmoins, le jeu ne bénéficie pas suffisamment de réels doublages pour que l’on puisse juger le soft sur ce point. Dommage, vraiment, car l’aspect remplissage des milliers de lignes de dialogues apparaissant au cours du jeu plombent tout de même sacrément l’ambiance. C’est bien simple, la majorité des joueurs ne lit pas ce qui s’affiche et se contente d’aller là où on lui dit de se rendre. Par ailleurs, et c’est un deuxième point somme toute fâcheux qui reste malheureusement présent dans Heavensward : l’interface est toujours aussi mal fichue. Les textes sont bien trop petits, même en les réglant sur la taille maximale (précisons par ailleurs que nous avons utilisé un écran de 120cm pour réaliser ce test), et l’ATH bien trop brouillon (mention spéciale pour l’inventaire et la map qui provoqueront des lésions cérébrales à tour de bras). Certes, ce dernier est modifiable, mais à quel prix ? Comprenez par là que même l’interface permettant de régler ladite interface à notre guise est illisible, voire même gênante. Un défaut de taille quand on sait qu’un MMORPG s’apprécie sur la durée. Démarrer FFXIV est donc synonyme de joie chronophage, de plaisirs longuets, et d’expérience nécessitant des mois d’implication de la part du joueur. Pas facile de s’intéresser à un jeu durant si longtemps alors que l’on subit, véritablement, l’interface du titre. Nous espérions donc que les tares du jeu de base se verraient quelque peu corrigées via cette toute nouvelle extension. Il est frustrant de voir qu’il n’en est rien. Cela dit, l’espoir est d’autant plus permis que nous parlons ici d’un jeu très régulièrement mis à jour, et globalement très suivi par son équipe de développement. Affaire à suivre, donc. A noter que les temps de chargement, eux, sont toujours aussi rapides sur PC et PS4. Enfin, sachez que l’extension pèse environ 50 Go sur la dernière-née de chez Sony, contre 30 Go sur PC, et 20 Go sur PS3.
Verdict : 8/10
Si le monde des MMORPG console est aussi rempli qu’un puits de pétrole en Auvergne, force est de constater que Square Enix ne se repose pas sur ses lauriers pour autant. Deux ans après son apparition (et un an après son portage PS4), Final Fantasy XIV: A Realm Reborn nous comble aujourd’hui de bonheur en proposant Heavensward, sa première extension, pouvant être considérée à elle seule comme un jeu à part entière. Entre son contenu conséquent, son aspect technique toujours aussi travaillé, et les détails qui y fourmillent (on pense notamment à la création d’aéronefs), on voit mal comment les amateurs de jeux massivement multijoueur et de la licence Final Fantasy pourraient ne pas craquer encore une fois. Une référence, tout simplement. Reste à savoir si vous êtes prêts à y passer beaucoup de temps, et inévitablement beaucoup d’argent.
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