Manger 5 fruits et légumes par jour, voilà un adage que l’on connaît bien depuis maintenant de nombreuses années. Pour autant, avouons qu’il n’est pas toujours facile de faire la part des choses lorsque le PAF (Paysage Audiovisuel Français, ndlr) nous montre notamment à longueur de journées des émissions culinaires. Dans cette optique, le tout frais Fat Princess Adventures a tout du jeu vidéo dans l’air du temps. En effet, ici point de chipotage sanitaire ou de quelconques prises de tête éthiques : manger c’est bien, grossir c’est mieux ! Après tout, le seigneur Karadoc ne disait-il pas lui aussi que « le gras, c’est la vie » ?
En juillet 2009, alors que bon nombre de jeux PlayStation 3 se cherchaient encore, les développeurs américains de chez Titan Studios débarquaient sur le PlayStation Store via leur tout premier titre, Fat Princess. Axé sur le multijoueur online (et reprenant les bases du mode Capture de Drapeau affilié habituellement aux jeux de tir), le titre avait su convaincre à la fois les critiques et le public. Fort de son ambiance à la fois colorée et gore, de son gameplay fun, rapide et addictif, et de son tarif plus qu’abordable, Fat Princess s’est donc finalement vu réédité sur PSP, puis sur PS Vita. C’est donc tout naturellement que les fans de cette exclusivité Sony s’attendaient à un éventuel retour fracassant sur PlayStation 4. Qu’ils se réjouissent, car Fat Princess Adventures est désormais disponible sur le PlayStation Store, tout juste un an après son annonce à la PlayStation Experience 2014. Cependant, comme le suffixe « Adventures » le laisse supposer, n’imaginez pas une seule seconde que ce tout nouveau jeu est une suite au premier Fat Princess.
Pour tout vous dire, ce serait même plutôt un spin-off. Comprenez par là que le petit jeu axé sur le multijoueur online s’est depuis transformé en (petit) hack n’slash jouable en solo. « Morbleu ! », s’écrieront certainement les habitués du premier opus, « Qu’ont-ils fait à la licence ? Pourquoi tant de haine alors que notre quotidien ne devrait être fait que de sucre, de calories, et de digestion difficile ? ».Eh bien permettez-nous de vous rassurer sur toute la ligne. Non, Fat Princess Adventures n’est plus jouable en multijoueur compétitif. Oui, le jeu propose une histoire et une progression à base de quêtes. Mais non seulement le titre est jouable en coopération à 2, 3, ou 4 joueurs en local et / ou en ligne, mais surtout l’ambiance du jeu de 2009 a été conservée, voire améliorée. L’humour est omniprésent du début à la fin et l’on rigole énormément, notamment grâce aux doublages français rappelant étrangement Le Donjon de Naheulbeuk. Un vrai régal pour les connaisseurs.
L’ambiance du titre est donc exceptionnelle. Reprenant les codes de films tels que Shrek ou encore La Véritable Histoire du Petit Chaperon Rouge, Fat Princess Adventures nous plonge dans un délire permanent, mettant en scène des princesses boulimiques, des poulets explosifs, une sirène obèse fan de Barry White, ou encore un show télévisé style Top Chef se terminant en pugilat. Il faut dire aussi que Fun Bits, le studio ayant développé cette « suite », n’est autre qu’Atomic Operations, qui n’est autre que Titan Studios. Autrement dit, les créateurs de la licence Fat Princess. Ainsi, maîtrisant leur sujet sur le bout des doigts, les papas de la bouffie nous proposent ici un jeu ultra-fun, addictif, et irrésistible en coopération.
Concrètement, comme tout hack n’slash qui se respecte (Sacred 2, Dungeon Siege…), cette nouvelle exclusivité digitale se veut accessible tout de suite. On attaque avec la touché Carré, on saute avec Croix, on se déplace avec le joystick gauche, et on gère son inventaire avec le pavé tactile. Des tonnes d’ennemis tenteront de nous barrer la route durant notre périple et finiront irrémédiablement en un gigantesque bain de sang (dont vous pouvez toutefois régler l’intensité dans le menu Options). Dans 80% des cas, les adversaires laisseront tomber au sol un objet ô combien précieux en passant de vie à trépas : une part de gâteau. Ça n’a l’air de rien, dit comme ça, mais ce met vous permettra avant tout de récupérer les petits cœurs de votre barre de vie, perdus dans la bataille. Seulement voilà, les développeurs ont eu la bonne idée (ou la mauvaise, c’est selon) d’ajouter une feature des plus originales à tout cela. En effet, ingurgitez les sucreries laissées à l’abandon alors même que votre santé est au maximum, et vous aurez tout le loisir de vivre les joies de l’obésité. Ainsi, outre le mode Surpuissance (appelé Awesome Mode en VO, autrement plus classe) activable avec la touche R2 dès lors que l’on a tapé sur suffisamment de nains de jardin pour laisser éclater notre rage, le mode « Gros » (oui, c’est son nom) vous fera hurler de rire à coup sûr. Imaginez plutôt : vous êtes un preux chevalier tentant tant bien que mal de veiller sur votre princesse, et ce de la manière la plus classe et noble possible, lorsque tout à coup, vous vous sentez ballonné comme jamais. Le mode Gros a été activé et vous êtes maintenant en train de courir en slip après des poulets, mettant des mandales au passage à qui veut bien vous barrer la route… Avouez que ça a du chien !
On regrettera cependant la gestion de l’inventaire, via le pavé tactile de la DualShock 4, qui s’avère vraiment trop basique. En effet, chose assez rare dans un hack n’slash pour être soulignée, nous n’avons absolument aucun moyen de revendre notre loot. Autrement dit, faire un tour chez le marchand d’améliorations ne vous fera opter, comme son nom l’indique, que pour des améliorations. L’artisan en question ne rachète rien, et c’est fort dommage. Car ce ne sont pas les objets qui manquent dans Fat Princess Adventures. Armes, armures, bagues, bâtons magiques… Il est assez étonnant, voire frustrant, de voir que l’on ne peut rien faire de tout ce bazar, si ce n’est emmagasiner. On va encore nous prendre pour des collectionneurs atteints du syndrome de Diogène. Pour autant, force est de constater que ce « blocage » s’explique assez facilement. Oui car le jeu vous permet de changer de classe à volonté à chaque point de passage si vous le souhaitez. Ainsi, vous n’aurez aucun mal à tester l’aventure en tant que Guerrier, là où vous aviez du mal à vous faire aux sorts du Mage, au combat à distance de l’Archer, ou aux tactiques pour le moins insolites de l’Ingénieur. A noter en revanche qu’en jouant à Fat Princess Adventures à 4 joueurs, il vous sera impossible de faire participer deux personnages de classes identiques. Ainsi, chacun fait sa part du travail, ou devrions-nous dire sa part du gâteau ! Nous vous le disions un peu plus haut, l’inventaire s’avère donc finalement cohérent dans son approche puisque, s’il nous est impossible de jeter quoique ce soit, cette feature nous permet surtout d’avoir du stuff attitré aux 4 classes directement sur nous, afin de pouvoir jouer correctement dès lors que l’on aura envie de switcher nos rôles. Pas folle, la guêpe !
Si les graphismes du jeu ne sont pas là pour vous décoller la rétine, on aura tendance à esquisser un sourire à chaque nouveau décor parcouru, tant les couleurs et les effets de lumière sont agréables à l’oeil. Pour un « petit » jeu, avouons que le constat est loin d’être négatif, même si, a contrario, les cut-scenes sont d’une laideur absolue. La PlayStation 3 elle-même n’en serait pas réellement fière. Mais c’est surtout du côté de la durée de vie que le bât blesse malheureusement. Car si l’aventure de nos preux chevaliers se laisse parcourir avec beaucoup de plaisir, il sera hélas clairement décevant de voir arriver les Crédits aussi rapidement. Pas plus d’une dizaine d’heures pour faire le tour du soft, c’est peu. D’autant qu’on voit mal les joueurs recommencer le titre de A à Z pour le simple fait de retenter le périple en Difficile ou pour débloquer les trophées PSN qui leur manquent… Bien sûr, on pourra toujours tenter de déverrouiller les costumes personnalisables du jeu, histoire de rejouer à l’ensemble vêtu d’une nouvelle tenue, mais est-ce réellement suffisant ? Nous avons jugé que non. D’autant que son tarif a de quoi freiner les plus téméraires. Une vingtaine d’euros pour une aventure si courte, c’est cher, très cher ! A vous de voir, donc, si vous préférer jouer la sécurité et attendre une promotion sur le PlayStation Store (voire carrément son éventuelle gratuité via les jeux du PlayStation Plus), ou bien si vous êtes plutôt du genre à être en manque absolu de délires médievo-humoristico-déjantés.
VERDICT : 6/10
Fat Princess Adventures est un bon petit jeu, voire même un bon jeu tout court. Charmeur, il saura vous enchanter de par ses couleurs, son ambiance, et plus généralement son univers. Son doublage français a de quoi rendre jaloux certains titres AAA et son humour omniprésent vous fera sans nul doute passer des soirées somme toute sympathiques en compagnie de vos amis. Hélas, sa durée de vie un brin faiblarde, couplée à son tarif légèrement abusif pourrait vous couper votre envie d’aventure aussi sec. Dommage, car le fun est présent du début à la fin, et nous faire autant rire en si peu de temps, ce n’était pas de la tarte.
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