Far Cry est de retour dans ce nouvel épisode baptisé « Primal », avec la lourde tâche de renouveler une licence qui commençait à tourner en rond, surtout depuis sa dernière apparition en novembre 2014 avec Far Cry 4. Ubisoft a fait le pari de laisser complètement de côté le pitch du tyran et de la population oppressée pour revenir aux sources… de l’humanité, avec tout ce que cela implique. Un choix audacieux, peut-être risqué, et qui on l’espère ne s’avèrera pas n’être qu’une simple « skin » du dernier Far Cry.
10000 avant Jesus Christ
Ubisoft n’a pas fait les choses à moitié et nous fait voyager dans le temps, à l’époque de l’âge de Pierre. Far Cry Primal nous propulse dans la peau de Takkar, un guerrier de la tribu Wenja devant survivre dans le monde ouvert plein de dangers qu’est Oros. Takkar se retrouvera d’ailleurs vite dans une situation périlleuse dès le début du jeu, puisqu’il sera le seul survivant de son groupe de chasseurs, attaqué par un redoutable tigre à dents de sabre. De quoi vous avertir qu’en ces terres, l’Homme n’est clairement pas au sommet de la chaîne alimentaire, en ce début de partie du moins…
Très vite, Takkar fera la rencontre fortuite d’une première alliée, Sayla, une cueilleuse Wenja elle aussi séparée de son groupe. Une première car elle sera ensuite suivie de plusieurs autres personnages spécialisés dans différents domaines (chasse, combat, maîtrise des bêtes, survie…). A travers des missions optionnelles tout d’abord, vous devrez aller à la rencontre de ces précieux alliés dispersés sur la très grande map afin de les ramener à votre village en construction. Vous pourrez alors fabriquer leur propres huttes et commencer à développer vos compétences dans chacun des domaines, grâce au système d’expérience et aux points de compétences. Différents arbres d’évolution donc, mais qui restent dans la même veine que Far Cry 4. Chacun de ces 7 spécialistes vous donnera entre 3 et 4 missions qui s’ajouteront aux 13 missions de la trame principale. Comme bien souvent dans ce genre de jeu, il ne sera pas possible de faire un « tout droit », puisque le scénario principal qui vous obligera à passer par les missions des spécialistes pour progresser dans l’aventure.
Des bûchers et avant-postes de tribus ennemies sont à conquérir afin de débloquer les indispensables points de déplacement rapide, d’autant plus indispensables qu’époque oblige, le jeu ne propose pas de véhicules. Des feux de camps, disséminés eux aussi sur toute la map, sont à découvrir afin d’y débloquer un point de réapparition en cas de mort. Pour finir avec le passage en revue de l’imposante map (comparable en taille à celle de l’épisode précédent), on retrouve les familiers « lieux inconnus » à fouiller, ainsi que diverses missions de sauvetages permettant de libérer vos confrères Wenja des terribles cannibales de la tribu Udam ou des esclavagistes de la tribu Izila, afin qu’ils rejoignent vos rangs. Des objets à collectionner sont également au programme mais cela devient une habitude dans les mondes ouverts.
Koh Lanta Primal
Tel l’ancêtre de MacGyver, Takkar devra se débrouiller avec les plantes, les peaux de bêtes, branches et autres pierres pour concevoir l’ensemble de son équipement, puisque le concept de marchands n’existait pas à cette époque. Heureusement, la cueilleuse approvisionnera à chaque nouveau soleil (chaque nouvelle journée), une cache dans laquelle vous retrouverez les principales ressources de base. Un bon moyen pour ne pas être obligé de ramasser des centaines de plantes ou d’avoir à chasser des chèvres qui vous feront tourner en bourrique tant elles bougent rapidement. Reste que vous devrez tout de même chasser des animaux bien spécifiques pour de nombreuses améliorations. On regrette qu’Ubisoft ait choisi le même système, un petit logo de l’animal pour indiquer dans quelle zone de la map se trouve telle ou telle bête. Besoin d’une peau de blaireau ? Vous serez obligés de passer de très longues minutes sur l’image de la map pour enfin repérer dans quel coin en trouver. Heureusement, des indications vous guident ensuite sur leurs peurs ou encore le moment de la journée pendant lequel ils sont de sortie.
Le crafting est donc tout de même nécessaire, sans quoi Primal ne serait pas tout à fait un Far Cry. On retrouve également les habituelles potions vous donnant des capacités supplémentaires pendant un laps de temps. L’une d’elle permet de booster votre vitesse, tandis qu’une autre masquera votre odeur de proie ou de chasseur. C’est également en mélangeant les plantes récoltées que vous pourrez regagner vos points de vie perdus. Du côté des armes, le fait que l’on se situe à l’âge de Pierre fait évidemment craindre un arsenal un peu léger. Et effectivement, vos principaux atouts se comptent sur un peu que les doigts d’une main, bien loin de ce à quoi la série nous avait habitué : Gourdin, Arc, Sagaie, Couteaux, Fronde ou encore petites compositions de type « grenade » faites d’abeilles.
Far Cry Primal est un excellent plongeon dans un univers pré-historique trop peu abordé dans le jeu vidéo
Ces armes se déclinent tout de même en différentes versions et peuvent quasiment toutes être enflammées pour mettre le feu à un village ennemi ou pour de nombreuses autres utilisations. En effet, à cette époque le feu était évidemment très important et Ubisoft a tenté de le rendre aussi indispensable dans le jeu. Un gourdin enflammé avec de la graisse animale vous permettra par exemple de vous éclairer dans les très nombreuses grottes du jeu, d’éloigner les prédateurs rodant la nuit autour de vous, ou encore afin de vous réchauffer au coin d’un feu dans les zones nordiques enneigées qui pourraient vous faire succomber de froid en y restant trop longtemps. Far Cry Primal est un excellent plongeon dans un univers pré-historique trop peu abordé dans le jeu vidéo. Anecdote surprenante, Ubisoft a d’ailleurs fait appel à des linguistes américains pour créer les dialogues avec un dialecte très ancien, à la base de toutes les langues d’aujourd’hui. Les sous-titres sont donc indispensables et sont pour une fois assez lisibles à de rares expressions près.
Zoo Primal
Que serait un Far Cry sans un bestiaire de qualité ? N’étant pas spécialistes de l’époque, nous ferons donc confiance aux équipes d’Ubisoft sur le réalisme de ces animaux d’époque, dont beaucoup nous sont connus. Oiseaux en tout genre, crocodiles, piranhas, sangliers, chèvres, tortues, loups, ours, ainsi que de très très nombreux félins de différentes races. Les tigres à dents de sabres et les mammouths géants sont évidemment les bêtes les plus emblématiques et impressionnantes du jeu. Un gros travail a été fait sur ces animaux qui agissent comme on attendrait qu’ils le fassent. Les loups rodent en meutes principalement la nuit, tandis que les félins attaquent leurs proies à la gorge par exemple. Les animations de ces animaux sont d’ailleurs particulièrement bluffantes.
Notre Takkar sera très vite surnommé le « Maître des bêtes » et on comprend aisément pourquoi. Via l’amélioration de ses compétences, notre homme pourra apprivoiser une dizaine d’animaux parmi les plus dangereux du jeu. Il suffira de lancer un appât à l’animal que vous croisez et de s’en approcher lorsqu’il le dévorera pour qu’il rejoigne vos rangs. Un système un peu facile puisque même si vous être repéré, l’animal ira manger tranquillement l’appât plutôt que de vous sauter à la gorge. Une fois apprivoisé, chaque animal pourra être appelé un à un à vos côtés à n’importe quel moment du jeu. Même s’il venait à être tuer, aucun problème pour le rappeler ensuite. Chacun de ces animaux a des caractéristiques bien précises en vitesse, force et discrétion. Ils sont à votre service et vous défendront d’eux même en cas d’attaque. Vous pourrez bien entendu les utiliser pour attaquer précisément tel ou tel ennemi que vous lui indiquerez. Votre zoo privé est également complété par une chouette que vous pouvez envoyer en exploration pour marquer vos ennemis avant une attaque, libérer un fauve dans un camp ennemi ou même tuer un ennemi par les airs. Un système permettant donc d’analyser les situations avant d’attaquer, qui s’avèrera très appréciable pour ceux qui aiment user de discrétion. D’autant que Far Cry Primal, contrairement à ses prédécesseurs, ne permet pas vraiment d’attaquer de front et de tout détruire au lance roquette et à la grenade.
Retour au XXIème siècle
Les montagnes de Kyrat dans Far Cry 4 nous avaient particulièrement bluffées graphiquement et malheureusement celles d’Oros n’ont pas eu fait le même effet sur nous. Les graphismes sont assez similaires à l’épisode précédent et les décors sont particulièrement soignés tout comme les nombreux animaux, mais l’effet « waouh » n’y est pas. Un sentiment renforcé par le fait que les développeurs ont usé d’un brouillard plus ou moins épais mais constant, qui bloque la profondeur de champ. Les visages et expressions des protagonistes ne semblent pas vraiment réalistes, contrairement à leurs postures et déplacements calqués sur la façon dont les hommes de l’époque évoluaient sur ces terrains escarpés. Une gestion de la météo très basique est au menu, mais le cycle jour/nuit permet d’apprécier de nombreux effets de lumière différents suivant le moment de la journée.
Pour ceux qui se poseraient la question, Ubisoft a abandonné le mode multijoueur « joueur contre joueur » présent dans Far Cry 4 et qui n’avait pas grand intérêt. On regrette par contre que le mode coopération est également passé à la trappe, même si le niveau de difficulté de base de Primal ne semble pas justifier la présence d’un acolyte… C’est une fonctionnalité qui reste tout de même appréciable dans ce genre de jeu pour s’amuser entre amis.
Verdict : 8/10
L’annonce d’un épisode au temps de l’Age de Pierre nous avait véritablement conquis après un Far Cry 4 qui manquait quelque peu d’originalité. Ubisoft n’a pas déçu et a su renouveler la licence d’une très belle manière. C’est un jeu différent et surprenant qui nous est proposé grâce au saut dans ce lointain passé. La durée de vie est évidemment de bonne facture grâce aux nombreuses missions secondaires et même si le jeu aurait pu être plus bluffant graphiquement, Far Cry Primal reste d’un très bon titre auquel on prend plaisir à jouer.
Retrouvez notre session de streaming de Far Cry Primal ci-dessous.
Yalta Mornes contrées
28 février 2016 at 19 h 47 minLa note de PS4France correspond à mes impressions: la réalisation du jeu est sans faille. On appréciera l’ergonomie de l’interface bien optimisée grâce aux Far Cry précédents, et enrichie de nouveautés qu’apporte l’artisanat propre à cet opus.
Les combats en jettent : ça saigne dur, et on y conserve « la main » jusqu’au bout, à la différences des Assassin’s creed où d’inutiles séquences de combat préprogrammées, dont l’unique effet est de frustrer le joueur, se lancent sans qu’on le veuille .
Ici, les combats sont réalistes et intenses, les armes variées, les approches de l’ennemi multiples…pas à dire, l’intérêt tactique des combats et leur férocité ne vous décevront pas.
D’autant que l’IA se défend: les animaux ne sont pas mus par de stupides mouvements de défense, chaque espèce a ses forces et faiblesses, caractéristiques que l’on retrouve chez les tribus ennemies.
Autre point fort: les graphismes! Dépaysement garanti au milieu de cette forêt primaire qui en met plein la vue. Au début, les phases de nuit, plus dangereuses que les diurnes, vous rendront fébriles, mais dès qu’on se renforce, ce sentiment de vulnérabilité s’estompe. L’exploration des grottes se révèle très délicate et vous réalisez que vous n’êtes pas grand chose dans cet âge de pierre; sans cesse plongé dans le noir il vous faudra trouver les tas de bois susceptibles de s’embraser pour éclairer les parfois vastes chambres souterraines, si tant est que vous ayez de la graisse animale sur vous. Franchement, ce que j’ai pu galérer et passer du temps à tâtonner au début! Un conseil, retardez vos incursions dans les grottes jusqu’à ce que vous soyez bien équipé.
Maintenant, Ubisoft ne nous décoiffe pas avec cette déclinaison préhistorique: les mécaniques de jeu sont presque identiques à Far Cry 3 et 4: des libérations d’otages en veux-tu en voilà, de la prise de camps ennemis et de multiples compétences à améliorer. Au moins, sur ce dernier point, c’est un peu mieux, car certaines compétences à débloquer sont inédites et propres à l’univers du Mésolithique. Que le scénar soit passé à la trappe ne me dérange pas, c’est en accord avec la dimension primitive du jeu.
Au stade où j’en suis, j’ai dompté un loup et c’est bien sympa de le jeter sur l’ennemi pour s’occuper des copains, un petit plus tactique encore appréciable. Bref, ce n’est pas la révolution mais les amateurs de Far Cry apprécieront l’efficacité de Primal, on s’y laisse prendre et juste une partie de chasse représente un pur bonheur. Les meilleures joies sont dans les petits riens. Je crois que Primal a de quoi longtemps me tenir en haleine. A vos sagaies et vos flèches !
Graphismes: 18/20 Renouvellement: 14/20
Action de jeu: 17/20 Prise en main: 17/20 Note globale: 16.5