La côte de popularité de la Formule 1 ne cesse de croître dans le monde entier, et plus particulièrement en France où les Grands Prix réunissent chaque semaine de plus en plus de personnes devant la télévision. Si la saison semble déjà jouer sur le plan sportif, le jeu des chaises musicales commence entre les différentes écuries. Si nous ne pouvons que suivre ce phénomène IRL, il est possible de devenir un acteur à part entière dans F1 Manager 22, un jeu de gestion dédié à la Formule 1 qui vous met dans la peau d’un responsable d’écurie. Un incontournable pour tous les fans de ce sport mécanique ?
Test réalisé sur PS5 grâce à une version numérique fournie par l’éditeur
« Lewis, c’est Toto »
Qui n’a jamais rêvé de prendre les rênes d’une écurie de Formule 1 ? Si nous avions eu le droit il y a maintenant quelques années à Grand Prix Manager, nous n’avons pas eu de nouveau jeu de gestion dans l’univers de la Formule 1 depuis un moment. Frontier Developments, déjà à la baguette pour d’autres jeux de gestion de qualité (Jurassic World Evolution, Planet Coaster ou encore Planet Zoo), vient réparer cette anomalie avec F1 Manager 22. Annoncé il y a maintenant quelques mois, cet opus a débarqué quelques jours avant le Grand Prix de Spa-Francorchamps qui avait vu le Néerlandais Max Verstappen triomphé. Disponible sur consoles et PC (sauf Nintendo Switch), F1 Manager 22 est donc l’équivalent de Football Manager appliqué au domaine automobile. Une chose est certaine avec ce nouveau jeu, il sera nécessaire de s’y connaître un minimum sur le fonctionnement d’une écurie pour ne pas être noyé par la masse d’informations qui vous sera proposée dès le lancement du jeu, même si aux premiers abords le menu principal semble des plus simplistes.
En effet, vous ne trouverez pas 10000 modes de jeu différents : nouvelle partie, charger partie et paramètres. Aucun autre mode de jeu n’est donc disponible ; n’espérez pas donc jouer en ligne ou en local avec d’autres amis. Lors de la création d’une nouvelle partie, il vous sera demandé, une fois votre identité déclinée, de sélectionner l’écurie que vous souhaitez manager. La sélection se porte donc sur les 10 équipes de la saison actuelle, ces dernières ayant chacune des notes attitrées pour chaque composante : les pilotes, les ingénieurs, les mécaniciens, etc. Les notes données sont cohérentes et vous avez donc deux choix : gravir les échelons en sélectionnant une écurie en développement ou faible (Alpine ou Alfa Roméo) ou alors partir d’une base sereine et viser ainsi la tête de la course (Ferrari ou Red Bull). Cependant, et contrairement au mode de jeu Mon écurie présent dans F1 22, il sera impossible de créer sa propre écurie, et donc de personnaliser votre voiture de A à Z. Peut-être un point à exploiter pour les futures montures.
Enfin nommé comme responsable de l’écurie choisie précédemment, vous êtes désormais lâché dans la nature et à la tête d’une équipe qui n’attendait que vos services. À moins que vous ayez choisi l’option avec le tutoriel. D’une durée d’environ 2h, il sera nécessaire la première fois que vous lancerez une partie afin d’avoir des bases solides pour la suite de votre aventure qui s’annonce éprouvante, et surtout très longue mais nous y reviendrons plus bas. Si vous passerez la majeure partie de votre temps autour des divers tracés du championnat du monde, il sera également nécessaire de travailler en dehors de la piste sur un tas de points pas forcément connus par les amateurs du genre : le contrat des divers composants de votre écurie (pilotes, ingénieurs, stratèges…), votre usine de fabrication des pièces pour vos voitures ou encore la conception des futures pièces qui viendront améliorer les statistiques des monoplaces. L’interface pour gérer l’ensemble de ces tâches est très intuitive, que ce soit sur consoles ou sur PC, du moins pour cette partie.
Un système de jeu complet avec un côté pay-to-win fidèle à la réalité
Lors de votre embauche, le conseil d’administration vous donnera bien entendu des objectifs à réaliser, aussi bien pour le classement des pilotes que pour celui des constructeurs. Pour les réaliser, il sera nécessaire de mettre en place des actions afin de pouvoir répondre favorablement à leurs attentes. Toutefois, vous serez limité par le budget imposé pour chaque saison. Toutefois en réalisant quelques objectifs, il sera possible de gagner de l’argent et donc de transformer vos voitures. Parce que, rappelons-le, il y a deux voitures par écurie, donc lorsque vous fabriquez un aileron, il faudra sélectionner la voiture et donc le pilote qui profitera de ce gain de performance (l’interface vous montrera par ailleurs les différences en termes de performances entre l’ancienne et la nouvelle pièce). Le titre s’appuie donc sur des mécaniques identiques à la réalité, ce qui est pour le coup profitable et très enrichissant personnellement pour mieux comprendre les coulisses de la Formule 1. Le pay-to-win est bien sûr de mise, et il sera nettement plus complexe de remporter une course en tant que Fernando Alonso qu’en tant que Sergio Perez, la faute à la différence de performance, de budget et des personnes qui travaillent dans l’écurie (précisons-le tout de même, il n’y a pas de microtransactions dans F1 Manager 22). Si le titre dispose de nombreuses fonctionnalités, il est toutefois à noter qu’il n’y a aucune gestion des interviews et des relations avec la presse, un aspect primordial en termes d’image.
Autant vous dire qu’avec autant de choses à gérer à côté, ainsi que tout l’aspect réglementaire qui est assez lourd à connaître et à comprendre, le titre est dédié aux fans hardcore de la Formule 1. Ainsi, si vous ne regardez que les premiers tours chaque week-end du Grand Prix, vous serez très rapidement dépassés par la complexité de la gestion même si le jeu vous prend en main pendant quelques courses. Autre point très important, il est primordial de prendre son temps lors des courses et notamment en ce qui concerne la vitesse de la simulation. Il est très risqué de jouer les courses en rythme x8 ou x16, tant le jeu demande d’être d’une précision chirurgicale à tous les instants afin de réussir à remonter sur les pilotes de tête en adaptant les réglages de chaque monoplace. Parce que oui, même si le titre n’est pas parfait techniquement, il tient cependant correctement la route pour proposer un rendu graphique de toutes nos actions à l’écran.
« Box, Box »
Pour la saison 2022, nous avons le droit de profiter de 22 Grand Prix (contre 23 proposés initialement, celui se déroulant en Russie ayant été annulé pour les raisons géopolitiques que nous connaissons tous) et tous sont bien entendu présents dans ce F1 Manager 22 avec une modélisation à l’identique. Il ne sera donc pas que possible de regarder des points se suivre sur la carte du tracé, un rendu graphique est également possible pour toujours plus de réalisme. Si ce dernier n’est malheureusement pas au niveau d’un F1 22, il fait le travail pour un premier opus, quoi qu’il mériterait une évolution en bonne et due forme. Si la modélisation des pilotes est tout au plus correcte, c’est au niveau des collisions que les problèmes arrivent avec des accrochages très peu réalistes. Si en vue pilote, le réalisme semble être au rendez-vous, on se rend compte en vue à la troisième personne de la rigidité du moteur graphique et des animations. A noter que durant nos sessions, nous avons rencontré plusieurs bugs dont certains qui nous obligeaient à fermer le jeu et à le relancer. A voir si un patch correctif sera déployé pour corriger ces bugs.
Si vous ne connaissez pas grand-chose à la Formule 1, sachez qu’un événement dans cette discipline se traduit par trois jours de compétition. Le vendredi : essais libres 1 et 2 où les pilotes tentent de faire le meilleur temps tout en réglant la voiture pour optimiser les performances ; le samedi = essais libres 3 et qualifications (ou course sprint dans certains cas) où le but est tout simplement de réaliser le meilleur temps sur un tour lancé et le dimanche : la course. Pour chaque événement, vous avez la possibilité de vivre le moment présent ou alors de laisser le contrôle à l’ordinateur si vous souhaitez avancer plus rapidement dans la saison. Nous vous conseillons de simuler les séances d’essais libres et de prendre le relais sur les qualifications ainsi que la course afin d’optimiser vos chances de victoire. Pour ce qui est de la stratégie en pleine course, tout est fidèle à la réalité : choix des pneus, choix des stratégies en ce qui concerne les changements de pneumatiques, stratégie d’attaque, de défense, utilisation de l’énergie électrique… Tant de possibilités qui rendront l’expérience authentique avec même par moment des pits-stops interminables et vous aurez envie de renvoyer l’ensemble des mécaniciens pour faute professionnelle (Charles Leclerc sort de ce corps).
Attention toutefois, le jonglage entre les différents pilotes n’est pas forcément intuitif sur consoles et nous vous préconisons pour une expérience plus fluide et moins complexe la version PC qui permet de gérer de façon optimale nos deux stars. Il est toutefois possible en cas de difficulté de mettre en pause la simulation et d’effectuer l’ensemble de vos réglages. Si vous souhaitez gagner du temps, il sera également possible de modifier la vitesse de la course ou des qualifications. En parlant des pilotes, sachez qu’il sera possible de les conserver en prolongeant les contrats ou alors de les remplacer à partir d’un large panel de remplaçants puisque les licences de la Formule 2 et de la Formule 3 sont inclus avec toutes les notes associées (généralement, cette catégorie est destinée aux jeunes pilotes prometteurs). Avec tant de réglages à peaufiner ou de détails à régler, F1 Manager 22 est un titre exigeant qui vous demandera un maximum d’implication de votre part afin de tirer tout le potentiel de vos pilotes, des voitures et de votre équipe technique tout en prenant en compte les modifications réglementaires qui vous tomberont dessus. Le titre n’est donc pas à mettre entre toutes les mains et est avant tout destiné à l’élite et aux fins connaisseurs de cette discipline.
Une bonne gestion des pneus en course est obligatoire pour espérer un bon résultat
Enfin, il nous semble très important de détailler toute la partie sonore du titre qui, même s’il n’est pas une simulation de course, dispose d’excellents atouts. Si le générique de la saison est joué à chaque lancement du titre en utilisant notamment le thème composé par l’excellent compositeur Brian Tyler, le reste de la bande-son est globalement une réussite. Les musiques dans les menus sont discrètes et ne deviendront pas lassantes malgré le nombre d’heures que vous passerez sur les interfaces. Le gros point fort de la bande-son vient du sound design en course : bruit des moteurs extrêmement réalistes, voix des ingénieurs très proches de la réalité, réactions des pilotes identiques aux courses du dimanche (notamment le fameux Copy) ou encore les autres sons qui accroit l’immersion globale (bruit des feux, foule qui s’adapte au spectacle…). Seul point noir, les voix françaises qui sont tout simplement insupportables : entre ton surjoué et dialogues récités sans aucune conviction, nous n’avons pas été convaincus par ces dernières. En même temps, difficile de remplacer l’excellentissime Julien Fébreau que nous entendons chaque week-end sur la chaîne cryptée.
Verdict : 7/10
F1 Manager 22 est sans aucun doute une bonne surprise et l’un des jeux de gestion de cette année 2022. Particulièrement addictif et globalement complet malgré l’absence de quelques thématiques, le titre développé par Frontier Developments va devenir à coup sûr une licence annualisée qui part avec des bases très solides. Si les connaisseurs se sentiront comme à la maison, les néophytes seront rapidement dépassés par les événements en raison de sa trop grande précision qui n’est malheureusement pas automatisable. Doté d’un moteur de jeu tout juste convenable, le titre a encore quelques belles perspectives d’évolution qui devraient sans aucun doute convaincre les consommateurs d’acquérir le très probable F1 Manager 23. Mattio Binotto n’a qu’à bien se tenir, la relève est bientôt présente.
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