Voilà, ça fait dix années. Dix années que Codemasters a acquis la licence Formula One à Sony, ce qui fait une dizaine d’épisodes (enfin onze si vous comptez l’épisode 2009 sur Wii) que le studio anglais fait vibrer les fans de la catégorie reine. Alors il y a eu des égalités, des évolutions et parfois des régressions mais dans l’ensemble, la série a toujours tenu bon. Donc bon, ça évolue au rythme des saisons certes, mais parfois il faut un peu plus à un jeu de sport pour se renouveler. Et si à première vue ce F1 2020 semble être à l’exactitude que l’épisode 2019, nous allons voir qu’il n’en est rien. Un nouveau mode de jeu, deux nouveaux circuits et plusieurs retouches font de cet opus l’un, si ce n’est pas le plus intéressant de la série, que cela soit pour le néophyte ou l’acharné.
Test réalisé sur PC grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
Regarder un championnat de F1 est à la portée de tous, le vivre c’est tout de suite autre chose. Alors oui, si vous êtes un curieux venu lire ce test, sachez qu’un arc narratif existe bel et bien dans ce F1 2020, qui plus est est en avance sur son temps. Donc oui, vivre l’expérience n’est plus nouveau : l’épisode 2019 offrait déjà un énorme bond en avant à l’époque sur ce point, en donnant la belle au rival, au copilote et quelques scènes coupées pour agrémenter le tout. Cette version 2020 reprend dans les grandes ces atouts tout en l’affinant, mais en cherchant à trop retirer le gras le soft en perd de sa saveur. Effectivement les scènes coupées sont plus rares, dès lors par extension la mise en situation se fait moins ressentir, nous avons eu plus l’impression de lutter contre des statistiques qu’un véritable rival par exemple. Ne nous détrompons pas, Codemasters garde cependant l’aspect « créer sa propre histoire » plutôt que « raconter une histoire », ce qui est le fer de lance du medium jeu vidéo. Or force est de constater que tout cela ne se fait pas de manière organique mais par des choix explicites qui cassent l’immersion narrative à plusieurs moments.
L’épisode pour tous
Soyons d’accord, le vrai truc de F1 2020 c’est de faire hurler le V6 devant un volant plus coloré qu’un sapin de Noël. Dans les grandes lignes le soft le fait aussi bien comme son aîné, si ce n’est mieux ! Les sensations de conduite sont exquises, la précision à la manette remarquable, ce qui nous fait très bien ressentir les différents états de la monoplace. Avant de nous acharner sur l’aspect gestion, indiquons que c’est l’opus le plus accessible de tous actuellement. Si vous avez toujours hésité à franchir le pas, par l’apparence un peu élitiste que dégage le soft, vous pouvez sauter à pieds joints dans ce F1 2020. Effectivement, un travail a été effectué pour que le plus néophyte puisse tout autant profiter que le joueur aguerri , cela grâce à de nombreuses aides de conduite. Bien sûr celles-ci sont entièrement personnalisables, c’est-à-dire que si vous souhaitez être en quasi-pilote automatique à ne devoir gérer que le strict minimum, c’est envisageable ! De plus, pendant un championnat il est possible de modifier ces options laissant ainsi au joueur le choix d’évoluer sans contrainte et à son rythme dans la prise en mains.
Car effectivement des options il y en a. Pour monter sur le podium il faudra jouer la carte stratégique plutôt que garder le pied au plancher. Pneus, température motrice/pneumatique, usures, gestion du carburant, ERS, DRS, répartition de la puissance des freins ou du séquentiel, vous aurez à gérer de nombreux points en plus des concurrents ! Ça fait beaucoup dit comme ça, mais une fois sur la piste, tout s’imbrique naturellement. Par exemple plus vous envoyez de l’essence dans le moteur plus son régime est haut aidant ainsi à une reprise forte, mais vous consommez plus et donc à terme tomberez à court de carburant. Dans la même veine, relancer trop fort en fin de virage usera plus la gomme de vos pneus que si vous avez le doigt plus léger. Ce genre de petits détails sont nombreux, heureusement Codemasters a encore une fois pensé à tout. Il est possible pendant les séances d’essais de lancer des tests sur des points précis, comme la gestion du carburant, de l’ERS ou encore l’usure des pneumatiques. Ces essais, qui sont plus des exercices, permettent d’apprendre le circuit dans un premier temps, mais surtout de vous initier à tous ces détails qui feront la différence en course, avec une simple réglette de couleur ou des portes à franchir. Comme ci cela ne suffisait pas, vous pourrez compter sur les commentaires des stands pour vous signaler si vous abusez trop ou pas assez de la voiture. À noter que dans le mode carrière ou mon écurie, vous devrez en plus de ça gérer l’usure générale du moteur, ce qui rajoute un peu de tactique à l’ensemble non négligeable.
Mais cela se complique encore un peu plus dans le mode carrière ou le petit nouveau « Mon écurie ». L’un comme l’autre sont presque à l’exactitude, c’est à dire progresser dans une saison (de 10/16/22 courses en fonction de votre préférence) pour grimper l’échelle du classement. La différence intervient sur le fait que « Mon écurie » vous met à la tête de votre propre écurie, donnant plus d’options à gérer que la classique carrière. Pour rappel, le mode Carrière vous propose de vivre la vie d’un pilote que vous devrez créer physiquement via un éditeur de personnage simple, et vous laisse le choix de rejoindre directement la F1 ou bien faire un passage par la F2. L’objectif final étant d’obtenir le titre mondial. Ce second choix augmente considérablement la durée de vie, car ce groupe est réellement singulier à conduire et n’a rien à voir avec la Formule 1. De plus en fonction de vos résultats en F2, vous serez plus ou moins plébiscité par les différentes écuries F1. Meilleurs seront ces derniers plus vous aurez de chance de rallier Ferrari ou Mercedes immédiatement. Enfin c’est véritablement ici que les choses sérieuses vont commencer, votre ambition d’être le numéro un prendra plusieurs saisons à se réaliser. Pendant ces dernières vous gagnerez de l’argent afin de développer votre pilote (limiter l’usure, ou obtenir plus de choix pendant les interviews), et aussi les monoplaces de votre écurie grâce à l’onglet Recherche et Développement. Du châssis aux ailerons en passant par la chaîne motrice et la longévité, chaque secteur vous proposera des recherches pour améliorer les statistiques.
Du côté de « My Team » ou « Mon équipe » en drapeau tricolore, ou encore « Mon écurie » par le rédacteur relou, fait que vous devrez gérer en plus votre écurie. Vous êtes donc pilote et propriétaire de cette dernière et devez respecter des finances, faire des choix drastiques et garder un œil sur diverses petites activités. Ainsi à la création vous devrez choisir en premier lieu un sponsor qui donne une prime de signature et des revenus mensuels plus des bonus en fonction de ses objectifs, puis ensuite un bloc moteur parmi les quatre de l’année (Renault/Ferrari/Mercedes/Honda) aux caractéristiques et prix propres, et enfin votre coéquipier franchement déboulé de la F2. C’est à ce moment que les choses sérieuses commencent. À la différence du mode Carrière classique, vous devrez occuper le temps libre entre deux weekends de course, en sélectionnant par exemple d’accorder une table ronde avec le secteur de l’aérodynamisme ou de faire une œuvre de charité. Ces choix donnent des bonus ou malus, voire les deux, aux secteurs en question, à la finance ou encore à votre popularité. Il faut donc choisir avec parcimonie ce que vos équipes vont faire en semaine. Autre point important, vous devrez vous occuper des structures de recherche et développement en les améliorant. Dans l’ensemble cela reste relativement simpliste, n’espérez pas y trouver un Motorsport Manager, mais une agréable nouveauté et une parfaite alternative au déjà plaisant, mais très classique mode carrière.
Pour ce qui est des monoplaces F1, F2 ou encore rétro, nous remarquons peu d’évolution comparée à l’opus précédent. Le point qui a surtout retenu notre attention est la différence d’appui d’une équipe à l’autre, vous ne maîtriserez par une Mercedes comme une Renault, la première s’accrochant fermement au bitume alors que la seconde est un brin plus délicate à prendre en mains. Mais dans l’ensemble rien d’insurmontable et c’est agréable de sentir des variations d’une auto à l’autre. Bien sûr, dans le mode Mon écurie vous ressentirez cette évolution directement au volant de votre F1, au fur et à mesure de vos recherches.
Le brouhaha du circuit
Côté de la technique, c’est du pareil au même, nous avons beau chercher de l’évolution, elle se fait si discrète, pour ne pas dire absente, qu’il est difficile de se prononcer dessus de nouveau. Graphiquement F1 2020 est toujours aussi agréable sans accuser le poids d’une année, mais de l’aliasing se fait remarquer au troisième plan de l’écran, celui le plus éloigné. En soi, ce n’est pas si grave tant la netteté du premier et second plan font oublier cette ombre du tableau. Finalement le plus gros défaut de ce F1 2020, visuellement parlant, est qu’il est du pareil au même que le jeu précédent, ce qui est tout l’inverse de la piste sonore. En effet, la bande-son est presque complètement revue pour les moteurs qui hurlent vraiment maintenant, c’est en tout point beaucoup mieux que l’opus 2019. Petit bémol pour le bloc Honda, un peu timide, mais qui risque de bonnes manufactures sonores.
Du contenu en veux-tu en voilà !
Toujours présent, le contenu est au rendez-vous. Comme ci le mode carrière et « Mon écurie » ne suffisait pas, F1 2020 compte en plus six championnats à thèmes, douze épreuves rétros en plus de pouvoir faire chaque grand prix dans la catégorie de son choix. Le multijoueur répond lui aussi présent, avec les immuables épreuves classées/non classées ainsi que les ligues et l’épreuve hebdomadaire. À signaler par ailleurs qu’il est possible maintenant de débloquer des célébrations de victoire et autres cosmétiques par le biais de ces modes, histoire d’être le plus beau sur le podium. Enfin, notons le retour de l’écran partagé, ce qui est à poser d’une pierre blanche tant ce dernier a été réclamé ces précédentes années.
Les pilotes sont présents, ceux de la F2 aussi.
Verdict : 9/10
Difficile de dénicher de vrais défauts à ce F1 2020, si ce n’est la réalisation à l’identique en comparaison à celui de l’année passée. Hormis cela, les grands amateurs comme les joueurs plus expérimentés y trouveront à boire et à manger à la sauce de leur choix. L’ajout du mode « mon écurie » est une avancée significative, à la fois pour cet épisode, mais également pour l’avenir. Le fait de pouvoir complètement gérer son écurie, des infrastructures aux différents sponsors, apporte des enjeux supplémentaires aux courses, qui sont de fait encore plus savoureuses et surtout qui écrivent votre histoire. Même si celui-ci n’est pas poussé pour l’instant, voire rudimentaire sur certains aspects, nul doute qui si Codemasters force cet aspect c’est bien tout un nouveau pan de possibilités qui s’ouvriront aux joueurs dans les prochains opus. En l’état, ce F1 2020 est d’excellente facture et nous ne pouvons que vous encourager à l’essayer.
Laisser un commentaire