Sur une très bonne route depuis l’épisode de 2016, Codemasters continue de faire évoluer son jeu vidéo officiel de la Formule 1 en se basant davantage sur des données réalistes et le feedback des fans. Cette année, l’opus est d’autant plus intéressant, car les équipes de développement ont du faire face à divers challenges : Comment améliorer encore la licence ? Et comment intégrer les nouvelles réglementations sans faire fuir les joueurs ? Cette dernière question fait notamment écho à l’ajout du halo de sécurité, visuellement jugé contraignant pour beaucoup. Comme chaque année, nous avons chaussé notre console de pneus et enfilé nos gants pour vous livrer un verdict à toute vitesse.
Test réalisé sur PS4 Pro à partir d’une copie physique envoyée par l’éditeur
Pilote mais aussi ingénieur
En tant que pure simulation, l’idée d’impliquer au mieux le joueur a toujours été une préoccupation pour Codemasters lors de son travail sur la série des F1. Si les jeux ont clairement subit des améliorations visuelles et de gameplay au cours du temps, le mode carrière est sans aucun doute la plus grande évolution notable. Dès le démarrage du titre, nous sommes invités à personnaliser notre pilote, de la tête au numéro en passant par le casque, afin de mettre au plus vite une touche personnelle à sa partie. Petit nouveau point notable d’ailleurs, un surnom vocal est désormais sélectionnable parmi une longue liste de choix, comme « L’Ingénieur ». Une sauvegarde, liée à une seule et même carrière, est créée à la suite de ces paramètres. F1 2018 permet ainsi de paramétrer plusieurs fichiers de données, pour permettre l’existence de nombreuses carrières en parallèle.
Parlons plus en détails de l’aventure, que vous connaissez déjà bien si vous avez touché à l’un des deux précédents opus. Continuant sur les bons points des épisodes 2016 et 2017, ce F1 peaufine la formule qui fonctionnait déjà à merveille : s’inscrire auprès d’une écurie, rencontrer ses agents, concourir aux week-end de Grand Prix tout en participant au développement de sa monoplace. Installé dans les quartiers de votre sponsor, derrière un ordinateur de bord, vous découvrez rapidement vos objectifs de course et les face-à-face de votre rival à compléter afin d’espérer augmenter votre réputation. Se classer dans les meilleurs pilotes pour les essais, les qualifications et la course ne peut qu’être bénéfique pour votre image auprès de votre écurie mais aussi de celles adverses, qui n’hésiteront pas à vous proposer un contrat plus alléchant par la suite. En plus de tout cela, votre attitude auprès des médias importe maintenant avec l’ajout des interviews, l’une des plus grosses requêtes de la communauté afin de correspondre à la réalité du sport. L’option reste pour le moment assez limité, avec quelques questions où 4 réponses sont possibles, mais demeure intéressante puisqu’elle peut influencer votre statut en la jouant fair-play (l’équipe avant tout) façon Mercedes ou la mise en avant (moi en priorité sur le reste) façon Ferrari par exemple. Certains choix peuvent aussi donner indirectement des conseils aux équipes d’ingénieurs sur les pièces à retravailler, en indiquant si votre monoplace était stable ou non.
La Formule 1 ne s’est jamais limitée aux simples courses pour un pilote, et il est toujours sympathique de voir que Codemasters évite la répétitivité en intégrant une fois encore les programmes d’entrainement lors des séances d’essai. Avant d’entrer en phases de qualification, ces exercices permettent d’apprendre de manière judicieuse chaque portion du circuit, en passant notamment des portes à la suite, réduisant l’usure des pneus et l’utilisation du carburant. Par rapport aux années précédentes, il est aussi bon de noter une gestion beaucoup plus marquée de l’ERS. Il s’agit, si vous ne le savez pas, de l’énergie cinétique que les monoplaces utilisent afin d’augmenter drastiquement la puissance en chevaux du moteur. C’est d’ailleurs pour cela que nous parlons de véhicules au système hybride, remarquables de part leur sonorité moins impressionnante (ce que reprochent encore aujourd’hui plusieurs fans). En accomplissant vos entraînements de manière rigoureuse, vous obtiendrez un nombre de points à utiliser pour le centre de recherche et développement. Entre ça, l’usure des pièces selon la difficulté, et les nombreux réglages et configurations disponibles, l’expérience est plus que complète.
La conduite du perfectionniste
A ce stade du test, vous êtes sans doute entrain de vous dire « c’est bien beau tout cela, mais qu’en est-il de la conduite ?! ». Après F1 2017, il était difficile d’imaginer à quel point le gameplay pourrait encore être perfectionné. Et pourtant, sans exagérer sur nos termes, Codemasters l’a fait avec des sensations des plus alléchantes. Sur PS4 Pro, Xbox One X et un très bon PC, le résultat saute aux yeux dès le début grâce à une fréquence d’images constante à 60fps. Puis il y a la caméra, avec des petits tremblements afin de retranscrire les suspensions de la monoplace et la haute vitesse, qui comprend son lot de vues lointaines et rapprochées. Plus étonnant, le halo de sécurité est au final rapidement oubliable sur certaines vues, d’autant plus que la barre centrale en titane peut être effacée dans les options pour ne pas déstabiliser les habitués du sport. Nous n’oublions surtout pas l’excellente gestion des vibrations, nous alertant de manière instantanée sur les sorties de piste et aggravant la sensation d’échec en cas de crash. Un travail de simulation réussi avec brio.
C’est sur, il y a les débutants puis les puristes du volant, mais F1 2018 reste accessible à tous types de pilotes. Il est important de le rappeler parce le jeu comprend des aides intégralement personnalisables. En soit, les professionnels ne vous en voudront jamais de les utiliser car le gameplay sans assistance est complexe rien que dans l’anti-patinage et les pannes de moteur. Puis, comme toute simulation, vous risquez de vite prendre vos habitudes et désactiver progressivement le freinage semi-automatique aux virages et les autres aides visuelles aux trajectoires afin de profiter de sensations réalistes. Encore, nous ne parlons pas des Grand Prix sous la pluie, où la conduite en vue cockpit peut être extrêmement tendue sur des tracés avec des pentes comme la Belgique.
Ce qui nous permet de nous plonger davantage dans l’expérience, ce sont aussi bien entendu les améliorations graphiques. Il est appréciable de constater que les développeurs ont vraiment travaillé sur le décor et les spectateurs. En observant les circuits en vue aérienne, avant chaque épreuve, vous remarquerez clairement que les textures possèdent bien plus de détails qu’avant, les arbres et l’herbe en ligne de mire. Il en est de même pour les jeux de lumière, qui font honneur aux belles monoplaces de cette saison. Les équipes ont ceci dit encore du mal à optimiser les cinématiques, qui souffrent de ralentissements à l’inverse des phases in-game 100% fluides. Autre déception, qui traîne depuis un moment, l’intelligence artificielle est malheureusement encore frustrante. Si les bots réagissent de manière stratégique par moments, en préférant se décaler lors de duels perdus d’avance, l’ensemble a toujours du mal à paraître crédible lorsque trop de véhicules s’affrontent. Cela s’exprime notamment avec des pénalités encore mal dosées, où vous avez l’impression d’être souvent mal-aimé alors que vous étiez pourtant dans les règles (sans parler bien entendu des ralentissements excessifs et collisions volontaires). Espérons que 2019 saura l’occasion d’améliorer cet aspect, qui restera difficile à gérer dès le premier virage de la course.
Plus qu’une course, un marathon
F1 2018 ne lésine pas non plus au niveau de son contenu. Nous avons parlé en détails de la carrière, en tant que point culminant de chaque épisode, mais un tas d’options sont envisageables lorsque vous vous lancez dans le titre. Il y a les championnats, retravaillés pour l’occasion afin de proposer des événements pour les voitures modernes… mais aussi retro ! De retour depuis 2017, 8 vielles monoplaces (en comptant le DLC Day One) s’ajoutent pour un total de 20 machines de légendes de divers constructeurs. Un choix d’autant plus savoureux cette année, si vous souhaitez retrouver les sonorités et réglementations de l’époque tout en profitant de la plus récente expérience de gameplay possible. Il en est de même pour les défis, mettant à l’épreuve vos talents de conduite à divers niveaux de difficulté avec des objectifs moins conventionnels : dépasser un certain nombre d’adversaires, rattraper son retard, être dans les temps pour le tour, etc. Pour une partie rapide, dans la précipitation, il y a la course express qui sélectionne pour vous le pilote et le tracé, ainsi que l’indispensable contre-la-montre pour espérer surpasser le monde et vous-même, avant tout.
Enfin, l’expérience multijoueur se peaufine avec un système de profil complètement revu. Au-delà des championnats online, les parties se font en classées ou non-classées où il sera important d’être courtois. Inspiré de l’ingénieux fair-play de Gran Turismo Sport, F1 2018 récompense votre bonne tenue et fait en sorte de vous mêler en priorité à d’autres pilotes tout aussi respectueux, afin d’éviter les mauvaises aventures des précédents opus (où nous avons été confrontés à des mauvaises connexions entre autres). Dans un soucis de compétition, votre statut s’élève logiquement au travers de niveaux, à gagner avec du temps et de la conviction. Et si l’envie vous prend, il reste les épreuves communautaires où le monde entier est convié à revivre des moments historiques de Grand Prix pour se classer dans un tableau des scores, quelque soit vos assistances et la difficulté de l’intelligence artificielle.
Verdict: 9/10
Décidément, Codemasters ne se repose plus depuis l’épisode de 2016 en nous offrant une expérience encore plus aboutie ! S’il est facile de clamer « c’est le meilleur cette année », force est de constater que les équipes ne se sont pas reposées en réussissant avec brio à éviter toutes les récentes controverses du sport. Dans la plus grande des simplicités, F1 2018 comprend des graphismes rehaussés aux consoles actuelles, un rendu fluide in-game, avec l’une des meilleures jouabilités trouvables dans les simulations automobiles. Rapide et nerveux, la Formule 1 possède ici sa fidèle adaptation grâce à des paramétrages à en perdre la tête, ainsi que des modes de jeux complets, la carrière en ligne de mire. Espérons maintenant que les développeurs pourront maintenant se concentrer sur d’autres features très demandées comme le multijoueur local, le support de la VR et – pourquoi pas – les commentaires TV en direct. Rendez-vous l’année prochaine, où plusieurs changements de pilotes/écuries sont déjà prévus.
Michaël
2 septembre 2018 at 17 h 11 minSuper jeux de simulation de course de voiture. Quel beau travail de codage.