Après nous avoir proposé un F1 2015 malheureusement plutôt décevant, Codemasters revient cette année avec un objectif pour le moins clair : se réconcilier avec les amateurs du sport automobile. Détenteur de la licence officielle depuis 2009 (soit pas moins de 7 jeux !), le studio compte ici améliorer la première expérience « next-gen » qu’il a pu nous livrer sur PS4, Xbox One et PC. Un challenge qui ne devrait pas poser de gros problèmes aux développeurs anglais, ces derniers ayant d’ailleurs renforcé leurs rangs en avril dernier avec l’embauche massive des équipes à l’origine de DRIVECLUB. Observons donc le résultat sans plus tarder.
Un parcours ludique et complet
Grand absent de la précédente saison, le mode carrière signe son retour appréciable dans ce F1 2016. Visiblement à l’écoute des joueurs, Codemasters propose de nouveau ce procédé classique dans les jeux du genre. Et il n’est pas question de fournir ici le strict minimum : plusieurs options sont en effet identifiables dès le départ, dont certaines que nous détaillerons par la suite.
Très vite, nous sommes invités à créer notre pilote en herbe à l’aide d’un éditeur restreint, ne limitant la personnalisation qu’à des éléments prédéfinis. Une fois son physique, son numéro et son casque sélectionnés, le choix de l’écurie s’impose. Chose étonnante : il est directement possible de rejoindre les plus grands constructeurs (Mercedes, Red Bull Racing, Ferrari). Un moyen de passer aux choses sérieuses sans avoir l’obligation de grimper les échelons. De notre côté, nous avons préféré être plus réalistes en signant pour commencer avec Renault Sport.
Avant le début de la course, le jeu retranscrit une ambiance bien fidèle aux compétitions, en introduisant dans un premier temps notre agent dans une loge luxueuse. Une fois son discours terminé, un ordinateur de bord (semblable à ce que proposent les MotoGP) récapitule les informations personnelles et objectifs de notre futur – légendaire ? – pilote. Sans plus tarder, le titre nous projette alors en plein dans les stands, sur le circuit de Melbourne, où plusieurs données supplémentaires sont identifiables. De la même manière qu’un véritable direct TV, le parcours en temps réel des concurrents ainsi que la température, la météo et le chronomètre ne manquent pas de s’afficher sur l’interface.
Il nous est alors expliqué, au-delà des didacticiels, que notre personnage peut collecter des points de ressource afin d’améliorer ensuite les performances de sa monoplace. Ces derniers s’obtiennent à l’issue de l’épreuve finale, selon votre classement et comportement sur la piste, mais aussi en accomplissant les 3 défis concoctés par votre écurie :
- Reconnaissance du circuit demande de rouler sur toutes les portes de passage disséminées sur l’ensemble de la piste. Il est essentiel d’avoir une vitesse de pointe minimale et de « toucher » le lieu avec au moins la moitié de la voiture pour être comptabilisé.
- Gestion des pneus requiert quant à lui une attention toute particulière sur la manière d’aborder les mouvements du véhicule. Le but est d’user le moins possible les pneus, ce pour quoi il sera préférable de lâcher tranquillement l’accélérateur au lieu de freiner brusquement.
- Sprinter est, comme son nom le suppose, l’événement où la vitesse prime. Le minimum de carburant et les pneus les plus rapides sont équipés afin de viser le meilleur temps dans des conditions de qualification idéales.
Plutôt que de se limiter à des tours de circuit, F1 2016 propose l’idée ludique et intéressante qui est d’entamer les différentes épreuves de préparation. Les sessions jusqu’alors rapides se voient ici rallongées en durée de vie.
Remplir les missions de l’écurie n’est pas seulement synonyme de gains à vrai dire, la satisfaction de votre équipe étant désormais mesurée et indiquée à l’aide d’une jauge dans l’ordinateur. S’il faudra bien entendu remporter le Grand Prix pour convaincre son écurie, il est aussi dans votre intérêt de battre votre coéquipier sur un maximum de performances pour se démarquer aux yeux de vos sponsors. Arriver en tête de ce long week-end, c’est aussi assister à la cinématique de la remise des trophées, introduite dans F1 2015, qui renforce l’immersion des retransmissions télévisées. Convaincant, ce mode solo ne se verra finalement qu’entaché par des doublages français médiocres.
Le plaisir de conduire encore et encore
En pleine course, installé dans son cockpit, F1 2016 est une véritable partie de plaisir en termes de sensations pour une simulation. Améliorée depuis le dernier épisode, la physique des véhicules se montre encore plus exigeante, notamment sur les virages à emprunter avec une certaine dextérité. Bien que le jeu soit de toute évidence à conseiller avec un volant (retours extrêmement positifs avec un Logitech G29), et en vue à la première personne, la conduite à la manette permet déjà d’obtenir un résultat assez jouissif. Sur les routes, le poids du bolide se fait ressentir dès le démarrage du moteur et oblige à se comporter sérieusement pour espérer percer dans les temps.
Il ne faut pas croire pour autant que le titre ne soit réservé aux adeptes de ce sport. Cela dépend en soi des options sélectionnées tant elles sont abondantes, à commencer par les sept niveaux (rien que ça !) de difficulté attribuables. Les aides ne sont pas en reste, entre l’assistance aux virages et au freinage, l’usure des pneus, le carburant voire la gestion des dégâts plutôt réussie. Pros et novices y trouveront alors leur compte, car la jouabilité peut sensiblement être redéfinie selon chaque préférence. Les courses peuvent vite devenir corsées par exemple si des arrêts au stand, conseillés d’ailleurs avec divers commentaires via le micro de la manette, s’imposent pour un ravitaillement au bout d’un nombre conséquent de tours. Notons au passage qu’F1 2016 accepte toujours le « rewind » (retour en arrière), pratique en cas de mauvaise manipulation.
Au risque de se répéter, d’autres nombreux paramètres permettent de changer radicalement la façon de piloter son véhicule fétiche. En dehors des tracés, c’est la mécanique qui est effectivement personnalisable pour le plus grand bonheur des conducteurs pointus, en quête de la meilleure configuration possible en contre-la-montre. Nous pouvons y modifier l’aérodynamique, la suspension ou encore la transmission. Ces choix peuvent influencer vos performances, même s’il faut avouer que l’interface risque de rebuter beaucoup de joueurs. Dans tous les cas, une forte communauté est toujours bien décidée à chercher les réglages parfaits, notamment sur les forums du site officiel de Codemasters.
De l’autre côté de l’écran ceci dit, il est regrettable de constater que l’intelligence artificielle soit toujours aussi maladroite. Selon la difficulté abordée, les adversaires peuvent vous rentrer dedans impunément, entraînant un accident (qu’il faut s’empresser d’annuler en rembobinant l’action) ou une pénalité plus ou moins sévère alors que vous n’êtes en rien fautif. Ce défaut se fait davantage ressentir lors du premier virage de la course, souvent capital pour la suite et donc très tendu, où il est important de garder ses distances de sécurité.
Techniquement en recherche de preuves
Concernant l’aspect graphique, F1 2016 ne change pas comparé à l’opus sorti l’année dernière. Globalement, le visuel reste correct grâce à des effets de lumière renforcés et un souci du détail honorable, comme la distorsion de l’air derrière le pot d’échappement. Le travail effectué sur la carrosserie des monoplaces est particulièrement appréciable avec une caméra moins rapprochée. Il en est de même pour la météo, assez prononcée durant les épreuves pluvieuses. Mais les décors restent tout de même bien décevants à côté des autres grosses productions automobiles, et il faut avouer que la différence est loin d’être flagrante pour les textures ou les personnages. Espérons que la suite saura apporter des améliorations, en phase avec la maîtrise de la puissance des consoles actuelles.
Nos sessions de tests – essentiellement sur PS4 – ne nous ont pas spécialement gênées d’un point de vue technique, le jeu tournant à 60fps pour un rendu confortable en course. Il est néanmoins important de prendre en compte le retour des différents joueurs, car plusieurs d’entre eux se sont plaints de baisses de framerate ou d’un aliasing plus ou moins prononcé par moments, sur toutes les plateformes. Un fait variant selon les utilisateurs, qu’il convient de mentionner afin d’éviter de potentielles mauvaises surprises.
L’ambiance sonore ne nous a pas aussi grandement marqué dans cet opus. Les bruits de moteur sont bien plus forts et imposants que F1 2015 mais il manque toujours une certaine touche de tonus vis à vis des véritables engins, comparé à Project CARS par exemple. Le studio reste quand même sur la bonne voie pour nous proposer au fur et à mesure un résultat fidèle. Mention spéciale à la soundtrack, discrète mais efficace.
Du multijoueur online en évolution
Revenons enfin sur le contenu de la dernière itération de Formule 1, la carrière n’étant (heureusement) pas l’unique manière de profiter du titre. Il faut déjà savoir que le solo détaillé en début de ce test ne concerne en majorité que sa version « basique », les plus vaillants pouvant se tourner vers la Carrière Pro, désactivant l’ensemble des aides et assistances avec une difficulté des plus élevées. Un challenge dur mais divertissant pour son réalisme.
Nous retrouvons de nouveau le Championnat du Monde qui permet de se glisser dans la peau des différents pilotes de cette année. Ces courses se déroulent dans les véhicules les plus rapides qui soient, et permettent d’éviter tout l’aspect évolutif d’un pilote conçu de A à Z, pour se concentrer sur l’expérience professionnelle : Lewis Hamilton, Nico Rosberg, Sebastian Vettel, Daniel Ricciardo et d’autres têtes connues figurent au casting.
Est également présent, le pointilleux mode contre-la-montre qu’il n’est plus nécessaire de détailler. A l’instar des précédents opus, il est possible de concevoir sa configuration unique et de la sauvegarder pour n’importe quel véhicule sur un circuit spécifique, dont le très récent tracé de Bakou qui fait son entrée avec la mouture de 2016. Un tableau de classement permet de se comparer au monde entier ou à ses amis.
Ce n’est presque plus une surprise, le jeu atteste – à nos plus grand regrets – de l’absence de compétitions à plusieurs en local. Mais le multijoueur en ligne est en revanche le plus poussé de la licence, avec la création de sessions selon les options souhaitées et permet de concourir sur les circuits pour un total de 22 joueurs; une première pour la licence. Pour notre part, nous avons apprécié le sérieux de certains adversaires dans des parties privilégiant les réglages pro, encore plus tendues qu’en versus contre l’intelligence artificielle. Le titre désactive de toute manière les collisions entre les joueurs afin d’éviter toute injustice, une bonne chose vu que le retour en arrière est logiquement impossible.
Verdict
Avec F1 2016, le studio Codemasters prouve qu’il est capable d’apprendre de ses erreurs en proposant l’expérience de ses licences de Formula 1 la plus complète à ce jour. Absente l’année dernière, la fameuse carrière signe un retour des plus remarqués grâce à une immersion toujours plus orientée vers les retransmissions télévisées. Exigeant, l’opus a la bonne idée de proposer de nombreux réglages, options et aides afin d’adapter au mieux les attentes de chacun. Que vous soyez débutants, confirmés, en recherche de vitesse, ou plutôt de technique, le jeu saura donner suite à vos envies au travers de son modèle de personnalisation réussi en solo, et de son multijoueur en ligne jusqu’à 22 personnes sympathique en simultané. Un contenu conséquent, qui n’efface pas pour autant certains défauts de la saison précédente comme des graphismes pas assez exploités, une ambiance sonore encore plutôt discrète et une intelligence artificielle perfectible. Il ne nous reste plus qu’à espérer que les développeurs ne se reposent pas sur leurs lauriers l’année prochaine, en continuant sur un état d’esprit d’écoute et d’évolution.
Test réalisé sur PS4 à partir d’une version éditeur
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