Après Shadow Warrior 3 et un coup de main sur Trek to Yomi, Flying Wild Hog passe à l’Ouest américain sur fond de chasse aux vampires et autres saletés avec Evil West. Dès ses premières présentations, l’inspiration des deux derniers God of War ainsi que de classiques TPS comme Gears of War fut des plus palpables côté gameplay, de quoi assurer un bon défouloir en perspective car ici, point d’ail et de croix pour affronter le Mal mais plutôt du gros calibre et un gantelet qui a de quoi faire voler quelques canines en beauté. En selle pour un test sanglant.
Test réalisé sur PlayStation 5 grâce à une copie numérique fournie par l’éditeur
Pas de quartier avec les Rentier
Evil West prend donc place dans un Ouest américain fictif où des créatures surnaturelles et maléfiques existent. Si le commun des mortels ne peut y faire face, heureusement, il y a l’Institut Rentier ou IR pour les intimes, organisation qui a pour but de protéger le peuple de vampires et autres monstres guère charmants. Le héros est Jesse Rentier, élevé à la dure par son père, directeur de l’IR, afin de pouvoir un jour prendre les rênes de l’entreprise mais Jesse préfère davantage le terrain plutôt que la paperasse. Accompagné par Edgar Gravenor dans ses folles aventures, sa nouvelle mission s’annonce plus compliquée que jamais à cause d’un vampire qui mène des expériences ayant pour but de réellement dominer la chaîne alimentaire, Peter d’Abano, accompagné par sa fille adoptive Felicity qui a un sérieux grain dans la tête. La quête de Jesse va alors chambouler l’IR mais pas que : le sort des États-Unis est en jeu.
Vous l’aurez compris à la lecture de ces lignes mais le scénario d’Evil West ne vole pas bien loin et si l’ambiance est de bonne facture, ne vous attendez pas à ressentir divers états d’âme lors de vos sessions de jeu. Cela dit, l’intention du titre de Flying Wild Hog n’est point-là, comme le prouvent les dialogues qui prêtent davantage au (sou)rire avec des personnages qui sont tellement habitués à des situations macabres qu’ils préfèrent souvent en parler avec humour et cynisme. Il suffit de voir le premier niveau pour s’en rendre compte, avec Jesse et Edgar qui font sauter un pont afin de capturer un vampire et le balader ensuite dans un cercueil tout en ne le respectant aucunement. Les personnages sont caricaturaux à souhait et cela leur va bien, notamment Jesse qui utilise un langage bien fleuri à la moindre occasion.
Il y a bien quelques passages un plus sérieux et dramatiques, avec quelques petites surprises ici et là mais on est davantage proche d’un film de série B qu’autre chose, ce qui n’est pas un mal quand c’est assumé, ce qui est le cas ici. Cependant, l’univers est surtout développé dans des textes et photographies qu’on trouve ici et là, c’est dommage car il y a tout de même des idées intéressantes dans le lot qu’on aurait aimé voir de nos propres yeux pour ainsi dire. Malgré tout, on suit l’histoire d’Evil West avec un minimum d’intérêt et les cinématiques sont assez bien fichues, que ce soit côté dialogues ou mise en scène. Parfois, cela suffit pour prendre du bon temps et le gameplay n’y est également pas étranger.
West of War
En jouant à Evil West, on ressent dès les premières minutes qu’un certain God of War de 2018 est passé par là. En effet, que ce soit dans la structure, certaines animations et les combats, la volonté de Flying Wild Hog de se rapprocher de l’aura de l’œuvre de Santa Monica Studio est bien là et ce n’est pas mal, on a vu bien pire comme maître à dépasser. Bien qu’Evil West reste un élève qui a encore quelques leçons à retenir, il a de quoi être content de son travail car son expérience de jeu est des plus sympathiques. Les affrontements, qui composent une majeure partie du titre, procurent de bonnes sensations avec un mélange réussi entre tir à la troisième personne façon Gears of War (et tant d’autres) et combat au corps-à-corps violent. Jesse Rentier est une armée à lui tout seul : il a un revolver, un fusil, un lance-flammes, une arbalète et surtout, un gantelet créé par l’IR qui lui permet de cogner et lacérer tout ce qui bouge. Sans oublier une pléthore de joyeusetés électriques. Ce n’est pas de trop face à des ennemis plus ou moins redoutables.
Si certains monstres servent plus de chair à canon qu’autre chose, d’autres demandent un minimum de subtilité et d’adresse à cause de leurs mouvements et coups spéciaux, ce qui fait d’Evil West un jeu pas si bourrin qu’il en a l’air. Parfois, il se rapproche même d’un DOOM dans le sens qu’il faut constamment bouger et jongler entre les différentes attaques possibles afin d’espérer survivre, tout en jouant des esquives et parades. En tout cas, Jesse se contrôle de manière agréable et le feeling se veut dynamique, avec une variété d’ennemis convenable, ce qui fait qu’on ne se lasse que rarement lors des combats. Il y a peu de véritables boss mais ils sont au taquet.
En outre, Evil West a un système de niveaux et d’argent afin de faire évoluer Jesse ainsi que son équipement. Cela reste basique mais efficace, avec divers points à dépenser afin de par exemple augmenter la santé de notre cowboy chasseur de vampires, enchaîner les patates électriques, augmenter les chargeurs des armes, créer une onde de choc, etc. Il y a pas mal d’aptitudes funs qui permettent justement de renouveler quelque peu l’expérience lors des bastons, ce qui est toujours bon à prendre dans un jeu de ce genre.
Malheureusement, pour le reste, Evil West a encore du chemin à faire avant d’égaler ses pairs car une fois que les balles ont fini d’être tirées, on se contente bêtement d’avancer d’une arène à une autre. Il faut dire que l’exploration des niveaux est assez limitée, avec des couloirs petits en général et peu de zones secrètes à trouver. Certes, il y a bien des coffres à piller, de la monnaie à ramasser, un tantinet de plates-formes et des énigmes qui se résolvent sans trop réfléchir mais on revient clairement quelques années en arrière côté level design, avec juste des détours qui prennent parfois que quelques secondes. On déplore également l’impossibilité par moments de revenir en arrière donc si vous avez oublié quelque chose, il faut alors recommencer un niveau en entier. Ce n’est peut-être pas là où souhaitait briller Evil West mais quitte à proposer des expéditions entre chaque combat, autant bien le faire. De plus, le soft est assez court et malgré 16 niveaux, il demande 8-10 heures pour être complété, un peu plus si vous souhaitez vraiment tout faire et jouer en difficulté maximale. Une durée de vie plus étoffée n’aurait pas été de refus. À noter qu’il est possible de jouer à 2 en coopération mais seul l’hôte peut avancer dans le scénario.
L’Ouest gothique
Avec Evil West, ne vous attendez pas à voir le réalisme et l’immersion d’un Red Dead Redemption 2 mais la production de Flying Wild Hog s’en sort raisonnablement, notamment grâce à sa direction artistique et sa variété des décors. Anciennes mines enneigées, bayou macabre, exploitation pétrolière, anciennes ruines mystiques, canyon chaleureux, villes abandonnées… Le sentiment de voyage est bien présent et le fait d’altérer la réalité d’autrefois avec des éléments vampiriques ainsi qu’une technologie légèrement en avance sur son temps donne à Evil West une atmosphère palpable. Si certains designs de monstres se rapprochent davantage d’un nanar que d’une belle œuvre horrifique, il y a malgré tout de solides trouvailles dans le lot et côté gore, on est servis avec des tripes à l’air, des os qui volent, des litres de sang partout, etc. Les personnages sont à la fois simples et classes, avec des tenues élaborées avec soin.
Côté technique, sur PS5, on a opté pour le mode performance afin d’avoir une action fluide et en dehors de rares ralentissements, cela reste hautement profitable. Les graphismes ne sont pas mauvais également malgré le côté cross-gen mais il faut souligner qu’en mode performance, la résolution maximum est 1080p et on a donc un aspect flou sur les bords pas toujours correct. De plus, certaines textures laissent à désirer et le motion blur est mal dosé, bien trop prononcé et ce n’est pas paramétrable malheureusement. Enfin, on a quelques animations avec moins de grâce que d’autres et comme on vous le disait, la touche God of War est peut-être un peu trop visible ici et là. Jesse se prend souvent pour Kratos, surtout quand il monte des chaines/cordes ou ouvre des coffres. Ce n’est qu’un détail mais tout de même apparent. La DualSense aurait pu être davantage exploitée mais il y a quelques vibrations et effets qui font leur effet (jeu de mots volontaire, oui, oui). La technique n’est donc pas parfaite et pour les animations, c’est à revoir.
Finissons avec la bande-son d’Evil West qui, sans être marquante, fait le nécessaire. Les musiques sont exactement comme ce qu’on peut imaginer pour un titre mélangeant Far West et gothique, avec des sons tantôt oppressants mais pas trop, tantôt d’ambiance avec de la guitare acoustique donnant envie de se prendre une bière dans un saloon. Aucune mélodie ne risque d’entrer dans les mémoires mais une fois dedans, cela nous immerge comme il faut. Enfin, pour les voix (anglaises uniquement), elles collent au côté nanar de l’ensemble mais les acteurs se sont donnés à cœur joie, notamment lors d’échanges avec des mots déconseillés aux plus jeunes. Cela dit, les voix font un peu étouffées en général, on ne sait pas si c’est par choix ou non mais cela pourrait déplaire à certains.
Verdict : 7/10
Evil West ne réinvente rien mais il propose tout de même une aventure riche en action qui mérite un tant soit peu le détour. Grâce à son univers et la dose d’adrénaline qu’il procure, il a de quoi faire plaisir aux amateurs d’hémoglobine virtuelle qui veulent tuer du vampire à coups de flingues et de gantelet surpuissant. Dommage que certains défauts plus ou moins conséquents soient de la partie, notamment le level design d’un autre temps car Flying Wild Hog tient une bonne base avec Evil West.
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