Développé conjointement par The Pixel Hunt, Figs et ARTE France, Enterre-moi, mon amour est une fiction interactive disponible sur iOS et Android. Si dans sa forme, ce dernier vous rappellera à n’en pas douter un certain Lifeline, le jeu s’inspire aussi et surtout d’un article du Monde.fr de décembre 2015, lequel reconstituait à travers ses conversations WhatsApp, le périple d’une réfugiée syrienne aujourd’hui en Allemagne : Dana S.
Enterre-moi, mon amour nous fait donc vivre le périple vers l’Europe, non pas de Dana mais de Nour, une jeune migrante syrienne dont le récit s’inspire bien entendu de celui de Dana, mais aussi d’autres témoignages qui rendent son exil d’autant plus crédible et touchant… Tout comme ce fut le cas pour l’article du Monde.fr, il s’agit ici aussi de suivre les diverses étapes de son voyage à travers une discussion WhatsApp qu’elle tient avec son mari, Majd, resté lui en Syrie pour s’occuper de ses parents. D’ailleurs, pour être original jusqu’au bout, dans ce jeu, le joueur n’incarne par Nour, le personnage principal, mais Majd.
Si dans les faits, le jeu se résumera essentiellement à lire ce que Nour voudra bien raconter de son voyage, il est aussi question de guider cette dernière dans son périple à travers certains choix de réponses, qui pour le coup auront une incidence sur la suite des événements. Car oui, et contrairement aux jeux qui nous proposent un système de choix « moraux », de nombreuses fins sont ici proposées en fonction justement de ces réponses. Plusieurs embranchements sont donc possibles, pour un total de 19 fins différentes. Vous l’aurez compris, si Enterre-moi, mon amour se termine plutôt rapidement (à l’instar de Lifeline par exemple), il y a de fortes chances que vous relanciez une partie afin de découvrir l’une des nombreuses conclusions disponibles.
Mais le vrai tour de force du jeu, c’est sa manière de traiter un sujet actuel, maintes fois abordé dans les médias, et de le personnifier -voire l’humaniser- à travers ses personnages, Nour en tête. Car il n’est pas question ici de « migrants » ou autres « flux migratoires », mais bien d’un parcours personnel qui pourrait être celui de n’importe quel individu confronté à ce drame qu’est le chemin de croix d’un réfugié. Notons également la présence d’un carnet de voyage, proposé sous la forme d’une carte répertoriant les différentes étapes du parcours de Nour, nous permettant d’en apprendre plus sur chacun des lieux traversés et sur les événements récents qui s’y sont déroulés.
VERDICT
Impossible d’attribuer une note à Enterre-moi, mon amour tant il ne répond pas aux critères habituellement pris en compte dans l’évaluation d’un jeu vidéo. Reste qu’on tient là un titre majeur de l’année, à la manière de A Normal Lost Phone pour ne citer que lui (également sorti sur smartphones), et qu’il serait dommage de rater cette expérience aussi marquante qu’enrichissante ! Vendu à peine 3,49 € sur l’App Store et Google Play, Enterre-moi, mon amour est un passage obligé pour qui s’intéresse de près ou de loin au monde qui l’entoure.
Note : un prologue à l’histoire est disponible gratuitement à cette adresse : http://enterremoimonamour.arte.tv/prologue
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