TEST | ELEX – Quand le RPG perd ses lettres de noblesse

Décidément, le genre RPG en monde ouvert a le vent en poupe ces dernières années, si bien qu’il est devenu assez difficile de se faire une place au soleil. Pourtant, un jeu de rôle ambitieux attire toujours les regards, suscitant des attentes très élevées à cause en partie des cadors du genre comme The Elder Scrolls, The Witcher, le dernier The Legend of Zelda et bien d’autres. C’était donc avec des étoiles dans les yeux que nous découvrions les premiers visuels de ELEX, la nouvelle licence des créateurs de Gothic et Risen. Hélas, nous sommes retombés très rapidement et lourdement au sol.

Test effectué sur Xbox One S à partir d’une version fournie par l’éditeur

ELEX nous invite donc à découvrir une planète nommée Magalan. Cette dernière, autrefois prospère et en plein essor technologique, a été frappée par un météore qui a absolument tout ravagé sur son passage. Les morts ont été nombreux et les survivants se sont dispersés en plusieurs factions aux quatre coins de ces terres. La catastrophe venue du ciel a pourtant apporté un élément rare et puissant : l’Elex. Cette matière possède plusieurs propriétés comme la possibilité d’alimenter des machines, d’ouvrir des portes magiques ou redonner la vie sous une forme différente. Cette association entre magie et technologie domine ce monde et divise ses habitants divisés donc en 4 factions : les Hors-la-loi, les Berserkers, les Clercs et les Albs. Le héros de cette aventure, nommé Jax, est un officier Alb très puissant dont le corps déborde d’Elex. Cela renforce ses capacités et lui octroie des pouvoirs, mais le rend insensible à toute forme d’émotion. Hélas, lors du crash de son avion, notre avatar se retrouve abandonné sur les terres de Magalan, traqué par son propre frère, vidé de ses pouvoirs et laissé pour mort. C’est alors qu’une lutte pour la survie commence et qu’il faudra choisir notre comportement avec les PNJ tout comme la faction que nous sommes désireux de rejoindre.

Malgré quelques panoramas sympathiques, Magalan manque cruellement de vie

Un RPG sans réelles nouveautés

Vous l’aurez sans doute noté, le background de cette nouvelle licence est très riche. Durant tout le jeu, de nombreuses informations nous sont communiquées à travers les multiples dialogues et quêtes. Parler avec les personnages est donc une composante essentielle du jeu et il y a hélas déjà plusieurs couacs à ce niveau. D’abord, oubliez le doublage français, il faudra se contenter de sous-titres écrits, et en tout petit… Voilà qui n’est pas très agréable étant donné les dialogues à rallonge auxquels nous assistons pendant des heures. De plus, le charisme de tous les protagonistes (notre héros compris) semble avoir été laissé au placard, si bien que la synchronisation labiale (ou le mouvement des lèvres lorsqu’un personnage parle, ndlr) n’est parfois pas effective du tout. Soyons francs, cela fait tâche sur un jeu en 2017. ELEX nous permet tout de même de choisir entre plusieurs réponses lors d’un dialogue et cela fera bouger notre barre de « froideur » qui déterminera notre comportement ainsi que notre popularité auprès des habitants de Magalan. Un grand classique du RPG donc. Ce genre d’ailleurs très à la mode offre d’excellentes perspectives à ce titre qui renferme clairement de bonnes idées masquées par des défauts parfois inexcusables.

Comme dans tout jeu de rôle qui se respecte, il est possible d’obtenir de l’expérience en tuant des ennemis et en finissant des quêtes afin de débloquer le niveau suivant. Une fois qu’il est atteint, 10 points d’attribut nous sont offerts. Nous pouvons alors les disperser à notre guise sur plusieurs catégories comme la Force, la Dextérité, l’Intelligence et autres. Passé un certain nombre de points dans ces attributs, il est possible de débloquer des compétences auprès de certains PNJ en y ajoutant un peu de monnaie bien évidemment. Nous pouvons ainsi obtenir des capacités inédites, renforcer l’endurance de notre avatar ou encore débloquer des options supplémentaires durant les conversations. Le fait d’être obligé d’aller voir un personnage pour obtenir ces habiletés est assez original et il faudra donc partir explorer les différentes villes sur la carte pour les trouver. Pour ce qui est de l’aspect RPG, il y a aussi un inventaire dans lequel nous pouvons stocker des objets trouvés durant toute l’aventure. Cela passe par des armes, des herbes médicinales, des potions ou encore toute sorte de déchets qui peuvent ensuite être vendus contre des Elexit, la monnaie du jeu. Vous l’aurez sans doute noté, ELEX pioche beaucoup d’idées dans les productions les plus populaires du genre. Cela se retrouve également dans le gameplay et c’est là que les choses commencent sérieusement à se gâter.

Il est possible d’être accompagné par un acolyte mais l’IA est totalement à la ramasse

La mocheté et les bugs au service de la difficulté

Durant les phases plus calmes d’exploration, où il est possible de courir et d’utiliser notre jet-pack pour se déplacer, nous constatons sans mal toute la lourdeur de notre avatar. Il faut souvent insister sur le stick pour le faire aller dans la direction souhaitée mais ce n’est rien comparé aux combats à la limite d’être injouables. Étrangement, nous nous retrouvons ici avec un système proche d’un « Dark Souls » avec la nécessité d’esquiver, de frapper au bon moment, tout en faisant attention à notre jauge d’endurance qui se vide un peu après chaque action. Il faut aussi utiliser des soins pour regagner de la vie car les ennemis font très mal, même en difficulté normale (voire facile). Cependant, cette lourdeur dont nous parlions plus haut rend chaque moment tendu, même contre le plus petit monstre qui arpente les terres de Magalan. Malgré la présence d’un coup lent et d’un coup rapide, les attaques mettent un certain temps à se déclencher et il n’est pas rare de frapper à côté tellement cette vue à la troisième personne n’a rien de précis. Il existe bien des armes à distance comme des arcs ou des fusils mais ces derniers se montrent vite inutiles lorsqu’un adversaire se rapproche d’un peu trop près. La cerise par-dessus le gâteau, c’est le framerate qui chute drastiquement n’importe quand et qui n’arrange rien à la pénibilité des combats. Alors, chaque sortie dans ces terres sauvages se transforme en expédition punitive durant laquelle il vaut mieux sauvegarder fréquemment et éviter les ennemis. Car si le jeu offre un vaste monde ouvert, beaucoup de zones sont synonymes de mort presque instantanée, alors vous pouvez rapidement oublier le plaisir d’explorer en début de partie. Après seulement quatre ou cinq quêtes dans l’histoire principale, il faut traverser à pied une bonne partie de la map et autant dire que cela n’a rien d’une partie de plaisir…

Même les petits combats peuvent rapidement tourner au calvaire

Si beaucoup de joueurs acceptent de plus en plus une difficulté élevée (popularisée par la saga des « Souls »), il faut cependant que le confort de jeu soit optimal pour « apprécier » de recommencer et apprendre. ELEX n’offre jamais un tel confort car en plus d’un framerate catastrophique, les graphismes sont d’une pauvreté extrême. Si certains effets de lumière semblent sympathiques et que les couleurs sont assez vives, tout le reste est à revoir. Les textures sont peu détaillées, l’aliasing est très prononcé et le clipping est omniprésent, que ce soit pour des éléments du décor comme des personnages ou ennemis. Les effets météorologiques font aussi pale figure avec une pluie grossière par exemple… Notons aussi une interface pas du tout optimisée pour la manette et qui, durant notre partie, s’est même permise de buguer à plusieurs reprises, affichant alors une carte partiellement pixelisée ou faisant disparaître tous nos objets ajoutés dans les raccourcis. L’expérience de jeu s’en trouve forcément très entachée et ELEX semble manquer cruellement de finition. Il en est de même pour les voix anglaises loin d’être convaincantes ou la bande originale qui diffuse fréquemment les mêmes thèmes en boucle. Rien n’est fait pour donner envie de se plonger dans cette aventure qui offre sans mal plusieurs dizaines d’heures de jeu pourtant. Les PNJ nous proposent de nombreuses quêtes secondaires qui nous demandent souvent de ramasser des objets ou encore de traverser la map pour enquêter sur une faction ennemie. Bref, rien de très original là encore.

L’introduction manque aussi de punch et a déjà du mal à capter l’attention du joueur

ELEX déçoit d’autant plus qu’il s’annonçait très prometteur. En s’inspirant de Dark Souls ou de The Witcher, le titre de THQ Nordic avait tout pour plaire… mais n’est pas CD Projekt RED ou From Software qui veut. Le jeu est entaché de bugs qui nuisent vraiment à l’expérience et se permet d’être difficile alors que le gameplay n’est même pas précis et encore moins agréable à prendre en main. Il est vrai que les développeurs de chez Piranha Bytes n’ont jamais vraiment brillé au niveau technique et esthétique de leurs productions mais en 2017, certaines erreurs ne peuvent plus être commises. Nous ressentons clairement la richesse du background et la volonté du jeu de nous raconter une histoire empreinte d’un monde à la mythologie développée mais tous les défauts cités plus haut nous empêchent clairement de nous plonger dans un univers pourtant bien pensé et intéressant. Si un patch day one améliore sensiblement la copie, le mal semble bien plus profond et une simple mise à jour aura bien du mal à gommer toutes les lacunes de cette nouvelle licence. Les idées sont là mais dans un genre open-world/RPG visant toujours plus haut chaque année, ELEX ne parviendra sans doute pas à se faire une place avec une qualité globale aussi médiocre. Au moins, ELEX a un atout majeur, il donne fortement envie de se replonger dans The Legend of Zelda: Breath of the Wild ou Horizon Zero Dawn, qui eux nous ont émerveillés cette année.

1 of 9

Visuels officiels fournis par l’éditeur que ne reflètent pas l’aspect visuel sur Xbox One 

Verdict : 3/10

THQ Nordic voulait sans doute jouer dans la cour des grands avec ELEX mais cet essai est bien raté. Avec son gameplay d’une lourdeur d’un autre temps, l’absence de doublages français (ça fait mal pour une grosse production européenne), son framerate catastrophique et sa difficulté abusive, cette nouvelle licence pèche dans presque tous les domaines. N’oublions pas non plus de souligner les nombreux bugs aussi bien sur l’interface que dans le jeu lui-même. Reste des composantes RPG bien implantées et un univers qui marie parfaitement science-fiction et fantasy pour relever sensiblement le niveau. Cependant, nous vous déconseillons bien de vous lancer dans cette aventure, surtout que d’autres jeux plus réussis viendront ponctuer cette fin d’année. Bref, ELEX est une horreur presque totale!