Il existe de ces jeux qui font vibrer la corde sensible de la nostalgie. Il peut aussi bien s’agir de remakes ou remasters de titres sortis durant notre enfance/adolescence, que d’autres totalement nouveaux qui adoptent un ton nous rappelant nos débuts sur les jeux vidéo. Si les Pokémon jouent sur ce premier plan et cela fonctionne très bien, on le sait, Eastward appartient quant à lui à la seconde catégorie. Développé par Pixpil et édité par Chucklefish, Eastward a su piquer notre curiosité lors de sa première annonce officielle et au fil des communications. Son Pixel Art a capturé l’attention de votre fidèle servante et, bien entendu, elle est partie à l’aventure avec John et Sam pour en découvrir plus. Alors, une nouvelle pépite indépendante pour cette année 2021 ?
Test réalisé sur PC grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
« C’est toi et moi, contre le monde »
Depuis bien longtemps, les jeux vidéo ont prouvé que les valeurs et figures familiales étaient importantes. Qu’ils soient parents par le sang, Émilie et Corvo dans Dishonored par exemple, ou par l’affection, comme c’est le cas de Joel avec Ellie dans The Last of Us, le média met bien souvent en scène un père et sa fille (de substitution ou non). Et Eastward ne déroge pas à la règle : en découvrant Sam, une jeune fille aux cheveux aussi blanc que Ciri de la licence The Witcher, dans un endroit reclus, John décide de la sauver et de la prendre sous son aile. Pour autant, si on pourrait y voir un happy ending, il ne s’agit là que du synopsis de la scène d’ouverture. L’aventure Eastward débute sur une note bien moins positive : John et Sam sont réfugiés sous terre, dans un village nommé l’île-Cocotte. D’après les habitants et le Maire, le monde extérieur, au dessus de leur tête, aurait été ravagé et n’aurait rien à offrir aux Hommes. Pourtant, Sam est persuadée du contraire et compte bien prouver qu’à la surface il y a « du bleu dans le ciel et du vert en bas », afin de ne plus passer pour une menteuse, une « fabulatrice » comme la surnomment les villageois.
Ainsi, Eastward s’ouvre réellement lorsque John et Sam entament leur périple dans le monde du dehors. Un voyage initiatique à la découverte de soi et d’autrui puisque les origines de Sam sont aussi une question importante dans le jeu. L’objectif ultime est d’en savoir plus sur le MIASME, soit une sorte de poison rongeant le monde, afin de parvenir à l’éradiquer totalement. Cette quête les mènera ainsi dans différentes régions du monde et à la rencontre de nombreuses personnes, qu’elles soient alliées ou ennemies. Attention tout de même, certains PNJ semblent répondre à des critères un peu clichés parfois. Une mission qui prendra une bonne trentaine d’heures au total, et qui ne perd pas de sa superbe tout du long. Ce temps de jeu n’est qu’une estimation : en effet, cela dépendra de votre temps à résoudre les casse-têtes dans les donjons et à résoudre certains combats.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, soit la question du gameplay, notons tout de suite que nous avons procédé à notre test sur une version PC du soft. Eastward s’avère que très peu gourmand et ne prendra pas une très grande place sur votre espace de stockage. De plus, nous n’avons été victimes d’aucun bug technique ou de problèmes d’aliasing/clipping. Le jeu tourne avec une belle fluidité et sans accroches. Devant sortir également sur Nintendo Switch, on pense sincèrement que la dernière console de chez Nintendo sera tout aussi convaincante. Son aspect portable permettra de transporter le monde d’Eastward partout où vous le voudrez, c’est un grand plus que l’on vous envie si vous craquez pour cette version du jeu.
Un hommage et bien plus
Dès les premiers visuels, nous avions tous pu nous en rendre compte : Eastward est influencé par de plus anciennes licences, telles que The Legend of Zelda (avant Breath of the Wild, vous l’aurez compris). Ainsi, le titre se nourrit d’un système et d’un schéma parfois aperçu ailleurs, mais il parvient à le faire avec une bonne dose d’originalité et de nouveauté. Dans la plupart des cas, John et Sam se rendent dans une nouvelle zone, qu’il s’agisse d’un petit village ou d’une grande ville. Une fois sur place, ils rencontrent plusieurs personnes, dont le caractère et la psychologie est toujours différente. Par la suite, ils acceptent des missions diverses et doivent ainsi se rendre dans des lieux faisant office de donjons. Là, nous devons parcourir les chemins tortueux de ces lieux, tout en résolvant des casse-têtes et en combattant les créatures présentes. Du côté des casse-têtes, il n’y a rien de bien compliqué : il faut, par exemple, utiliser une bombe pour ouvrir un chemin ou bien naviguer sur des eaux en faisant avancer le radeau grâce à la poêle de John. On vous garde toute la surprise, il y a bien plus à découvrir. Ce n’est en rien difficile mais il faudra parfois se creuser les méninges afin de découvrir le bon passage et progresser dans le donjon. Évidemment, le scénario autour du MIASME est également alimenté au fil des heures de jeu. Le titre fonctionne donc selon des schémas linéaires, dans des mondes fermés mais ce n’est pas si dérangeant tant on comprend que cela sert l’aventure. On aurait tout de même apprécié un peu plus de liberté d’actions et mouvements, par moments, afin d’explorer encore plus les environs.
Niveau combat, Eastward propose du challenge sans trop en demander aux joueurs, tout de même. Le bestiaire est assez varié et tous les monstres répondent à un pattern bien précis. De ce fait, une fois que l’on connaît les attaques d’une créature, on parvient à la vaincre assez facilement par la suite. Il en va de même pour les boss finaux des donjons : ils peuvent demander un petit temps d’adaptation, le temps de saisir leurs mouvements et attaques, mais il n’y a rien d’insurmontable. L’écran « Game Over » ne devrait pas apparaître autant que cela sur votre écran, rassurez-vous. Eastward fait donc dans l’efficace, sans plonger dans le ridiculement trop simpliste. La difficulté générale est bien dosée dans l’ensemble. Il conviendra donc à la fois aux habitués du genre ainsi qu’aux nouveaux venus, grands et petits. D’ailleurs, on ne pourrait que vous le recommander si vous cherchez une expérience de jeu sympathique et reposante.
On notera par ailleurs que le soft de Pixpil propose une myriade de mini-jeux, très plaisants à faire. Par exemple, au début de l’aventure, vous devrez envoyer des sortes de ronces dans un puits alors que des créatures tournent dans les environs et pourront vous gêner. Dans une autre ville, vous devrez conduire des animaux mutants dans leur enclos en les poussant avec la poêle de John. Ces mini-jeux offrent un petit temps de pause à l’aventure principale, tout en permettant de s’assurer une maîtrise du gameplay et des armes mises à disposition. En plus de cela, on peut compter sur une autre activité : la cuisine. À plusieurs reprises, nous sommes faces à des plaques de cuisson afin de mijoter des petits plats pour John et Sam. En associant différents ingrédients, nous parvenons à cuisiner un repas, permettant d’augmenter la santé des personnages ou bien de les soigner. Les recettes à découvrir sont assez nombreuses. D’ailleurs, si l’on ne désire pas vous donner plus de détails, sachez que la séquence de cuisine est un très gros clin d’œil à l’une des licences citées précédemment et vous fera esquisser un petit sourire, comme ce fut le cas pour votre fidèle servante.
La nostalgie : une corde sensible
Vous l’aurez vu avec les différentes images dans cet article, Eastward adopte un style bien particulier car il concentre sa direction artistique sur du Pixel Art. D’ailleurs, les gabarits des personnages ne sont pas sans rappelés ceux de certaines licences de notre enfance. Et si beaucoup de jeux indépendants optent pour ce style visuel (Dead Cells, Eldest Souls et bien d’autres), Pixpil parvient ici à sublimer le tout grâce à des jeux de lumière maîtrisés et une palette de couleurs aussi chatoyantes qu’inquiétantes en fonction des séquences. Évidemment, il faut accrocher à ce type de direction artistique et nous avons bien conscience que le Pixel Art n’est pas pour tout le monde. Pourtant, Eastward en est un beau représentant et on espère qu’il deviendra une référence dans ce style. On a été surpris par la diversité des environnements et des régions visitées qui est plutôt importante. On se plaît ainsi à découvrir ce que le monde d’Eastward tient à nous montrer et à nous offrir, de chapitre en chapitre et de zone en zone. De notre côté, nous avons souvent eu un sentiment d’impatience et d’enthousiasme lorsque John et Sam descendaient du train et débarquaient dans une nouvelle région. L’excitation de la découverte et de la nouveauté est bien présente. Petit plus, par ailleurs, pour l’interface qui se révèle être très légère dans l’ensemble et complètement absente lors des séquences narratives. Un mot : charmant.
Du côté de la bande sonore, c’est tout autant un plaisir. Aux commandes, Joel Corelitz. Le musicien et compositeur a notamment travaillé sur l’OST de The Unfinished Swan ou encore Death Stranding (les morceaux : « Cargo High » et « Demens »). En plus de produire pour Halo Infinite, il a composé pour Eastward et c’est une belle réussite. Les morceaux proposent du lo-fi, rappelant évidemment les jeux 8 et 16Bit de l’époque. Là encore, la nostalgie fonctionne parfaitement et nos oreilles sont aussi satisfaites que nos yeux. Ainsi, tous les joueurs nostalgiques des anciens The Legend of Zelda ou encore Pokémon retrouveront probablement leur âme d’enfant avec Eastward. Pari réussi, Pixpil !
Verdict : 8/10
Que ce soit via sa direction artistique à la sauce Pixel Art, ses mélodies justes faisant vibrer la corde de la nostalgie ou encore grâce à son gameplay maîtrisé, Eastward rempli totalement le contrat : il est plaisant à traverser, fun à jouer et à découvrir. L’univers d’Eastward séduira les amoureux du genre et les plus nostalgiques, alors que le scénario saura tout autant capter l’intérêt. Convenant aussi bien aux petits qu’aux grands, Eastward est un jeu indépendant que l’on vous conseille de faire sur PC ou bien sur Nintendo Switch. Une petite pépite qui nous a séduits et qui se savoure en cette période de rentrée.
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