Alors que Minecraft ne cesse d’attirer de plus en plus de joueurs, et se place toujours dans le classement des jeux les plus joués, Square Enix a commencé à proposer une alternative, il y a déjà quelques années, avec la licence Dragon Quest Builders, dont le premier opus (notre test) est sorti en 2016 sur PlayStation 4 et Nintendo Switch. Ils reviennent en 2019 avec un second titre pour la licence, mélangeant à la fois le fameux univers de Dragon Quest et des mécaniques de jeu tirées de Minecraft. Ce second opus convainc-t-il autant que le premier, voire peut-être plus ? Arrive t-on à se détacher du modèle Mojang ?
Test réalisé sur PlayStation 4 et Nintendo Switch grâce à des copies numériques envoyées par l’éditeur
Destruction et reconstruction
Il y a du pain sur la planche dans Dragon Quest Builders 2, et c’est peu de le dire… Dans ce second opus, la trame narrative est tout à fait intéressante et justifie très bien le jeu puisque les Héritiers de Kaos ont pour projet machiavélique d’éradiquer tous les bâtisseurs. Prônant la destruction avant tout, ils veulent tuer tous les bâtisseurs et créateurs afin de modeler un monde plongé dans le chaos et le Mal. Et leur plan fonctionne à merveille au début puisqu’ils ont réussi à capturer et emprisonner tous les bâtisseurs du monde entier. De plus, se comportant telle une véritable secte clairement dictatoriale sur les bords, ils ont inculqué au monde entier, sous forme de croyance religieuse, que la création était un péché punissable de mort et que les bâtisseurs étaient des ennemis. C’est le monde à l’envers, oui ! Heureusement, vous êtes là pour changer la donne.
Le joueur incarne un tout jeune bâtisseur, nommé et personnalisé à notre guise (homme/femme, couleur de cheveux et de yeux, à vous de choisir), qui parvient à s’enfuir lors d’une tempête en mer. Échouant sur les rives de l’île de l’Éveil, le joueur fait la rencontre d’autres personnages, à commencer par l’amnésique et fougueux Malroth, qui se révélera être un véritable atout tout au long de votre aventure (nous y reviendrons). Résumée en quelques lignes, la trame narrative de Dragon Quest Builders 2 est la suivante. Square Enix n’en fait ni trop ni pas assez quant à l’intrigue de ce second opus, et ça fait du bien. Pas de fioritures au rendez-vous. Cela suffit amplement pour se lancer dans cette nouvelle aventure mêlant à la fois combat contre les Héritiers de Kaos et construction à gogo pour modeler un monde à notre image.
Dragon Quest Builders 1.1 ?
Peu importe la licence, quand un studio de développement sort un second opus pour l’une de ses licences phares, la question qui revient assez souvent est la suivante : « Est ce une version améliorée du premier titre ou bien un tout nouveau jeu ? ». Dans le cas de Dragon Quest Builders 2, la réponse est « oui » et « non ». Oui, Dragon Quest Builders 2 propose toujours de construire des infrastructures, à votre guise et selon les demandes des PNJ présents dans le monde, sinon, ça ne s’appellerait pas Dragon Quest Builders 2. Mais les développeurs ajoutent de nouveaux éléments qui prouvent leur volonté de peaufiner et d’agrémenter positivement le jeu : on pense notamment à l’ajout du mode multijoueur permettant de visiter le monde des autres joueurs et de partager nos meilleurs clichés. Ou encore de collaborer jusqu’à quatre joueurs. En outre Dragon Quest Builders 2 intègre également un mode photo, avec des paramètres et réglages corrects. Pas au niveau de ceux de God of War ou encore Days Gone, mais ça fait tout de même l’affaire. Et les deux se combinent à la perfection. L’objectif étant d’ailleurs de partager ses meilleurs clichés avec les joueurs du monde entier. Square Enix rend d’ailleurs ce paramètre de partage très ludique, puisqu’il y a différents concours, selon des thématiques précises, et des classements comme « les meilleures photos du jour », « les meilleures îles du jour » ou encore « meilleures photos de tous les temps ». Apprêtez-vous à être éblouis par les créations des joueurs, c’est du haut niveau !
Après avoir échoué sur l’île de l’Éveil, notre jeune bâtisseur va faire la rencontre de Malroth, mentionné plus tôt, mais également de Lulu, une jeune femme un peu excentrique. Ensemble, ils font le pari de survivre et surtout de s’améliorer. L’objectif principal pour le joueur étant de faire de son personnage un véritable bâtisseur, lui qui n’est pour le moment qu’au début de sa carrière. Pour ce faire, vous ferez de nombreuses rencontres sur différentes îles et devrez accomplir plusieurs missions et objectifs. Par exemple, sur la deuxième île, à savoir Verchamps, vous devrez aider un groupe de villageois à rendre à la ferme du lieu sa gloire d’antan. De ce fait, vous devrez apprendre beaucoup de choses, à commencer par l’agriculture en plantant et récoltant des légumes. Ou encore en reconstruisant la ferme pour lui donner meilleure apparence, car les lieux sont ravagés par des créatures et un Mal qui ronge les plantations. On va pas se mentir les missions sont assez gentillettes en soi et ne proposent pas de véritable challenge. Elles sont plutôt longues. Mais cela a un côté très reposant. Quand on sait que dans la plupart des AAA, on tire avec des armes à feu sans cesse, sur tout le monde, planter des légumes de temps en temps peut faire du bien et calmer les nerfs. Les bienfaits du jardinage, tout ça tout ça…
Ce qui est relativement intéressant est le fait que, malgré les directives données par les PNJ, le joueur est assez libre en termes de construction. Par exemple, pour la ferme citée plus haut, l’un d’eux vous demandera de construire une salle, afin que les personnages puissent se reposer. Il ne vous demandera que d’utiliser quelques items particuliers, comme des paillasses, entre autres. Vous serez alors tout à fait libres d’utiliser du bois souple, ou dur, pour former le sol et les murs, ou même poser des objets décoratifs, en dehors des paillasses demandées. Cela permettra d’ailleurs de faire évoluer la salle basique en chambre rustique par exemple. Les PNJ vous en seront alors très reconnaissants. D’ailleurs, pour chaque objectif terminé ou missions réussies, les PNJ déposent des cœurs au sol, matérialisant ainsi des points de reconnaissance. Ces points de reconnaissances sont très importants car ils permettent d’améliorer les caractéristiques et faire grimper le taux de motivation de tous les personnages attitrés par le lieu en question.
Si la construction est l’essence même de Dragon Quest Builders 2, le jeu intègre, comme son aîné, un système de combat. Ainsi, les joueurs pourront affronter différentes créatures aux quatre coins du monde afin de gagner des points d’expérience et monter en niveau. Chaque niveau gagné améliore les points de vie de notre personnage. Le bestiaire, comprenant des mobs basiques et des boss, est d’ailleurs assez conséquent et dépend essentiellement de l’environnement dans lequel on se situe. Par exemple, les mains de boue se trouvent nécessairement dans les marécages. Cette composante n’est pas le nerf de la guerre du jeu, vous l’aurez compris, mais a tout de même le mérite d’être présente permettant ainsi de varier le gameplay et l’approche que nous pouvons avoir des lieux visités. Ce qui est intéressant est le fait que Square Enix ait bien équilibré les compétences de chacun des personnages : si Malroth est incapable de construire quoi que ce soit, il est très important pour les combats et il est celui qui infligera le plus de dégâts. En dehors de cela, il pourra lui aussi récolter des ressources, quand vous aurez vous même démarré votre collecte. La collecte par Malroth est encore assez hasardeuse, par moment, mais Square Enix donne un peu plus d’ampleur aux personnages secondaires et c’est important pour une licence de cette trempe.
Alors, on craque ?
Ce qui est relativement bien avec ce second opus est le fait que celui-ci peut convenir à tout le monde et à tous les âges. Il n’y a pas besoin de connaître la licence Dragon Quest comme le fond de sa poche ou même d’avoir joué au premier opus pour se plonger dans cette nouvelle aventure. Au tout début, vous aurez d’ailleurs le droit à un tutoriel récapitulant tout le système de commandes, via différentes petites missions. C’est simple, efficace et bien équilibré que vous soyez un nouveau venu ou un féru de jeux de construction. Par ailleurs, le gameplay est tout aussi facile à prendre en main, surtout sur PlayStation 4. On oubliera pas également les ajouts apportés par rapport à son aîné : le mode multijoueur, le mode photo, des compagnons redoutables pour vos ennemis, la possibilité de nager pour trouver des éléments cachés sous les eaux, et bien d’autres surprises.
En ce qui concerne la technique, la version PlayStation 4 de Dragon Quest Builders 2 ne présentait pas de clipping ou d’aliasing flagrant à l’écran. D’ailleurs, le jeu s’est doté d’une mise à jour durant notre phase de test, ce qui montre l’implication des développeurs. Positif ! Côté bande-sonore, les musiques reprennent dans l’ensemble les grandes lignes des compositions phares de la franchise. Les puristes reconnaîtront sans aucun souci les thèmes crées par le maître Koichi Sugiyama. Elles peuvent tout de même se montrer assez répétitives par moment, surtout quand vous peaufinez depuis des heures votre nouvelle construction. Il en va de même pour les dialogues qui, bien qu’installant le contexte et permettant de suivre vraiment ce qui se passe dans le monde de Dragon Quest Builders 2, peuvent se montrer assez longuets sur les bords. On est là pour construire, après tout ! En parlant de construction et de l’aspect technique du soft, il est assez difficile pour nous de chiffrer le temps de jeu : tant on peut facilement se laisser emporter, à vouloir parfaire notre construction, quitte à y passer énormément de temps. Les perfectionnistes se reconnaîtront.
Que vaut la version Switch ?
Qu’en est-il cependant de la version Switch ? Nous allons faire le point dans les quelques lignes qui suivent. L’histoire, est, bien entendu, la même entre ces deux versions : avec ces personnages charismatiques, ses pointes d’humour et l’univers de Dragon Quest. Les changements observés dans la version Switch se situent donc au niveau de la technique. Nous avons aussi bien testé le soft en version portable qu’en version docké. Le nouveau titre de la licence se prête parfaitement au mode portable en terme de gameplay. Il est plaisant d’emporter l’univers de Dragon Quest où l’on souhaite et de construire à notre guise entre deux trajets en transport en commun. Cependant, on notera que le jeu tourne moins bien sur Nintendo Switch que sur PlayStation 4, avec une baisse de framerate notable qui pourra en déranger certains, que ce soit en version portable ou en mode docké. Les graphismes restent tout de même jolis et les couleurs assez vives ressortent bien sur le petit écran de la Switch et/ou sur un téléviseur de taille standard. On notera cependant des temps de chargements supérieurs à la version PlayStation 4, notamment au démarrage du jeu.
Au niveau de la jouabilité, la prise en mains est tout à fait adaptée au mode portable de la Nintendo Switch. Pour le mode docké, on ne pourrait que vous recommander d’y jouer avec une manette, plutôt qu’avec les Joy-Con, pour assurer des heures et des heures de jeu dans un confort maximal. On regrettera tout de même la non prise en charge du tactile qui aurait pu nous faire gagner en confort et en rapidité. En effet, trier son inventaire, sélectionner les items ou encore construire avec une simple pression sur l’écran aurait pu améliorer le gameplay. Certains joueurs auraient probablement apprécié de déplacer leur personnage grâce au tactile de la console, comme dans Soldats Inconnus : Mémoires de la Grande Guerre, qui offrait une toute autre vision du titre par rapport aux versions PlayStation 4, Xbox One et PC. On attribuera néanmoins un plus à la vue FPS du titre qui facilite grandement les phases de construction et permet de gagner une précision non négligeable. Cela aurait été encore plus facile à prendre en main si le tactile était importé dans le titre.
Le mode multijoueur est également disponible sur Nintendo Switch après un certain gain d’expérience (comptez entre 8h et 10h pour y accéder). Vous pourrez ainsi unir vos forces avec trois autres bâtisseurs en ligne ou en local. Pour le mode online, un abonnement au Nintendo Switch Online sera nécessaire, de même pour partager vos photos avec le monde entier. Du côté du mode local, l’écran splitté ne sera pas de la partie. Plusieurs Nintendo Switch seront nécessaires afin d’accueillir jusqu’à 4 joueurs dans le même monde. Dragon Quest Builders 2 pourra donc s’installer dans vos soirées gaming, même à plusieurs, et promet de bons moments avec votre entourage. Cependant, la trame narrative ne pourra pas être avancée à plusieurs, ce qui est regrettable car proposer aux joueurs de jouer l’histoire à plusieurs aurait été bien vu.
Verdict : 7/10
Avec ce second opus de Dragon Quest Builders, on voit très bien la volonté de Square Enix de redynamiser la licence Dragon Quest, dans son ensemble. Une stratégie qui paye. Si le premier opus avait déjà rencontré un vif succès à sa sortie, il est fort probable que ce second titre attirera tout autant les petits comme les grands. Les ajouts apportés au niveau du gameplay sont vraiment les bienvenus et apportent un peu plus de profondeur au soft, qui vous promet de nombreuses heures de jeu, seul ou à plusieurs. Autant dire qu’on ne boude pas son plaisir. A vos marteaux… craftez !
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