Dragon Quest III HD-2D débarque enfin chez nous, 35 ans après sa sortie initiale sur Famicom, la NES japonaise. Véritable pilier de la saga Dragon Quest, cet épisode incarne l’essence même des JRPG, marquant les esprits par son gameplay exigeant, mais aussi par ses graphismes intemporels. Développé par la Team Asano à qui l’on doit la naissance du style HD-2D, ces remakes arrivent à point nommé, ouvrant la voie à une trilogie. L’arrivée de Dragon Quest I et II sous forme de bundle est prévue d’ici plusieurs mois. Cependant, ce remake en HD-2D vaut-il vraiment le détour ? Convient-il aux néophytes ou aux passionnés ? Découvrez notre verdict.
Test réalisé sur PS5 à l’aide d’une copie numérique envoyée par l’éditeur
Un air d’antan
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est essentiel de comprendre en quoi la décision de refaire Dragon Quest III à la place de Dragon Quest I ou II, semble le plus pertinent. Dragon Quest III est originellement sorti bien après les deux premiers opus, cependant, il s’agit en réalité d’un préquel. Il explore les origines du récit d’Erdrick (Elric en français, Roto en japonais), personnage principal de la trilogie. Il correspond aussi à l’œuvre la plus complète et aboutie des trois opus. Il était donc cohérent de commencer par cet épisode plutôt que par ses prédécesseurs.
Rappelons aussi que la sortie de Dragon Quest III date des années 1980, début 1990. Par conséquent, les histoires développées étaient d’une autre époque. Elles brillent de préférence par leur simplicité. Ici, on va droit au but, plus simple, plus direct. Il y a un grand méchant, Baramos, que personne n’a réussi à vaincre depuis des années. Le père de notre personnage, Ortéga, fidèle héros, avait pour mission de tuer cet Archidémon. Malheureusement, il échouera en abandonnant sa femme et son enfant. À son 16ᵉ anniversaire, notre personnage est invité à la cour du roi d’Aliatan pour reprendre la mission inachevée de son défunt père. Une ode à la nostalgie avec une histoire rudimentaire, mais captivante avec sa bande sonore magistrale, son visuel en HD-2D époustouflant et l’ambiance générale de l’œuvre.
Pour ce qui est de l’aventure en elle-même, Dragon Quest III HD-2D retrouve ses lettres de noblesse avec ce qu’a toujours proposé un Dragon Quest classique. Ici, on enchaîne les moments d’exploration que ce soit à pied ou en bateau, les combats en tour par tour à la 1ʳᵉ personne, ainsi que des rencontres de boss durement menés. On enchaînera donc tout au long de cette aventure ces différentes phases, le tout saupoudré de la quête principale qui nous emmènera d’un endroit à un autre sans grande profondeur d’écriture.
Là où Dragon Quest III va se démarquer de ses prédécesseurs, ce sera par la composition de l’équipe. Même si le début de l’aventure sera fortement guidé et bridé, le joueur pourra choisir ultérieurement et complètement les différentes classes de nos camarades, au nombre de 3. À l’exception de notre personnage qui sera de la classe Héros, tous les autres membres seront customisables. Avec 8 classes disponibles et autant de jobs qui parlent à tout le monde, le nombre de possibilités est riche, offrant une grande richesse en termes de mécaniques de RPG, mais aussi en rejouabilité du titre. Par ailleurs, il ne faut pas s’attendre à se faire brider durant la sélection de son équipe en fonction des sorts de chacun. En effet, Dragon Quest offre une panoplie de sorts et de capacités à débloquer qui pourraient faire pâlir de nombreux jeux concurrents. Le jeu offre même des sorts des opus suivants, renforçant sa rejouabilité et sa volonté de toucher le plus grand public. Avec une durée de vie de 35 à 40 heures pour venir à bout de la quête principale, les perfectionnistes auront besoin d’une dizaine d’heures supplémentaires pour faire le tour complet du jeu.
Exploration, stratégie et défis
La famille des JRPG est vaste et Dragon Quest s’impose comme une référence incontournable. Sa technique est rodée, capable de donner une telle liberté aux joueurs. Après les premières heures un tantinet dirigistes sur la terre ferme, l’arrivée du bateau insuffle un vent de fraîcheur mérité. En effet, il sera désormais possible de partir à l’aventure dans l’ordre que l’on souhaite, donnant un sentiment d’être le héros de sa propre aventure. Le jeu encourage l’exploration : des coffres, des lieux secrets, et de nombreux éléments sont là pour récompenser le joueur de sa curiosité. Cependant, cette liberté est contrebalancée par des donjons dans l’ère du temps de sa sortie originale. En effet, ils s’avèrent assez pénibles et difficiles, avec une structure simpliste à base de couloirs rectilignes, le tout saupoudré d’ennemis aléatoires typiques de Dragon Quest, pouvant alourdir le système de progression.
Sans oublier le système punitif de Dragon Quest avec son système de mort. Si un personnage meurt au cours d’un combat, il ne recevra plus aucun point d’expérience et il sera nécessaire de retourner au village le plus proche à pied ou à l’aide d’une aile de chimère, pour qu’il puisse réintégrer l’équipe en vie. Heureusement qu’un sort sera disponible plus tard dans l’aventure pour éviter de devoir effectuer ces allers-retours continuellement. Mieux encore, le jeu offre la possibilité de prendre sa revanche instantanément contre un boss, évitant ces trajets frustrants en cas de mort. Cependant, cela soulève un autre point important et crucial : la notion de mana.
Tout bon JRPG possède sa notion de mana, concept plus ou moins bien pensé. Dragon Quest III n’échappe pas à la règle. Cette notion est précieuse, mais surtout traître dans cet opus. En effet, la traversée des donjons nécessite une grande quantité de mana, rendant cette ressource limitée. Les items permettant de récupérer du mana sont étonnamment rares, ainsi la possibilité de ramener une personne à la vie au sein d’un donjon devient un véritable défi. Et une perte de mana trop importante peut forcer à revenir au village le plus proche. Cela peut rebuter certains joueurs, ces allers-retours inévitables bloquant légèrement la sensation de progression dans le jeu. Cependant, cette limitation rend cette expérience digne d’un JRPG où la préparation est primordiale avant de se lancer dans l’aventure. De nombreuses d’options pratiques ont été introduites dans ce remake notamment au niveau des combats, permettant une approche plus simple pour les nouveaux venus. Les combats peuvent être accélérés, mais aussi automatisés en attribuant une tactique à chaque personnage pour que ces derniers se battent en conséquence. Une mécanique pratique lorsque l’on doit farmer des ennemis et augmenter de niveaux avant d’arriver à un donjon trop compliqué. Car oui, ce remake ne fait pas exception : la montée des niveaux des personnages est cruciale et permet d’augmenter les différentes caractéristiques de nos personnages, que ce soit son mana, ses HP ou sa chance, sa précision et autres caractéristiques de manière automatique. À n’en pas douter, Dragon Quest III HD-2D est tout aussi contraignant à l’époque sur le farming, ce n’est pas un JRPG culte pour rien.
Notons qu’il y a trois modes de difficulté à ce remake : la difficulté d’origine du jeu devient le mode de difficulté le plus élevé, soit la quête draconienne. Nous avons ensuite le mode normal, rendant le tout un peu plus facile. Et le dernier mode facile où les personnages ne peuvent jamais mourir, leur santé tombant uniquement à 1 HP. De nombreux éléments sont modulables, adaptant l’expérience au joueur. Les indications sur la carte ou tout simplement l’apparition de la carte lors des donjons sont activables à tout moment, permettant aux néophytes de pouvoir profiter pleinement, eux aussi, de l’expérience. Malgré ces ajouts, certains aspects auraient mérité un coup de modernité. En effet, on aurait pu penser qu’il aurait été temps de proposer un menu un peu plus intuitif et moins fidèle à l’opus d’il y a une trentaine d’années. Malheureusement, ce n’est pas le cas et l’expérience du menu est toujours aussi fastidieuse qu’à l’époque.
Une beauté sonore et visuelle
Outre toutes ces nouveautés techniques, rendant l’expérience plus fluide et agréable au premier venu, Dragon Quest III HD-2D remake propose des améliorations sonores et visuelles. Tout d’abord, sa direction artistique rend hommage au fameux style HD-2D fidèle à la Team Asano et à Square Enix, avec comme figure de proue Octopath Traveler ou bien Live A Live. Ici, nous faisons face donc à des décors lissés en 3D qu’il s’agisse des bâtiments ou de la carte du monde. En parallèle, les personnages sont en style pixel art que ce soient nos protagonistes, mais aussi les PNJ ainsi que les différents ennemis. La technique était déjà rodée avec de nombreux jeux précédents utilisant le fameux HD-2D, Dragon Quest III offre une expérience fluide et aux petits oignons, et ce, peu importe le support (même sur Nintendo Switch). Les environnements sont beaux, les villages sont plus vivants que jamais et les effets de lumière et de particuliers nous ont rendu admiratifs. Les donjons sont capables de nous immerger dans un nouvel univers, plus noir et plus horrifique, laissant le joueur se concentrer pleinement sur sa tactique à adopter, même si l’admiration fait aussi partie de l’expérience.
Comme tous les jeux de la franchise, Dragon Quest propose des affrontements à la première personne où on voit uniquement les ennemis attaqués, jamais nos propres protagonistes. Les sprites de combat sont magnifiques et mettent bien en valeur les dessins d’origine. Le tout rend l’action beaucoup plus vivante. Sans oublier les attaques ainsi que les sorts de nos personnages qui ont eu droit à un traitement graphique moderne pour la sortie de Dragon Quest III HD-2D.
Il suffit de quelques secondes pour se plonger dans la nostalgie de Dragon Quest à travers ses musiques. Dès les premiers instants passés sur le titre que ce soit sur le menu d’introduction, ou bien dans les différents paysages proposés, le jeu présente des versions orchestrales de Koichi Sugiyama, renforçant encore plus le charme Dragon Quest. Résultat, on obtient tous les éléments nécessaires pour favoriser la nostalgie et les heureux souvenirs des JRPG d’antan.
Verdict : 7/10
Dragon Quest III HD-2D est un remake des plus réussis, alliant rétro et modernité dans une œuvre pionnière des JRPG. Grâce à sa direction artistique somptueuse en HD-2D, sa bande sonore majestueuse et ses nombreuses améliorations techniques, le titre saura séduire un large public. Dragon Quest oblige, certaines phases seront parfois contraignantes, mais il faudra prendre son mal en patience et avancer jusqu’à la première dizaine d’heures où le jeu dévoile toute la force de l’œuvre. Avec une durée de vie solide pour un JRPG, Dragon Quest III HD-2D signe un retour triomphant, remettant au goût du jour un classique intemporel.
Laisser un commentaire