Ah, DOOM ! Franchise qui aura marqué toute une génération, à tel point que l’on parlera pendant très longtemps de DOOM-like pour les autres titres s’inspirant de près ou de loin de ce dernier. Tout était parfait dans le meilleur des mondes jusqu’à ce sombre jour du 3 août 2004, date de la sortie de DOOM 3 aux US (et le 13 du même mois chez nous). Sans être mauvais, le parti pris n’était pas du goût de tous et encore moins des fans de la première heure. Au vu de son succès commercial, cela n’empêchera pas id Software de nous proposer une réédition 8 ans plus tard sous la dénomination de Doom 3 BFG Edition. Malgré son lot d’ajouts et de modifications, ce dernier s’encastrera la tête droit dans le mur avec des retours négatifs aussi bien de la part des fans que des critiques. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et DOOM s’est vu renaitre avec son reboot en 2016. S’en est suivi le très sympathique DOOM Eternal, remake plus ou moins direct de DOOM II: Hell on Earth. Fort du retour en puissance de la franchise, DOOM 3 revient sur le devant de la scène et tente une toute nouvelle approche : celle de la VR. Exclusif à la PlayStation 4, que vaut finalement cette nouvelle édition près de 20 ans suivant la sortie du jeu original ?
Test réalisé sur PS4 grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
Mars, et ça repart
Pour comprendre le cas DOOM 3, il faut déjà savoir ce qu’est DOOM à son origine. Sorti en 1993, DOOM se voulait être un FPS nerveux et labyrinthique, le tout enrobé dans un séduisant contexte à mi-chemin entre l’horreur et la science-fiction. Avec un second opus améliorant la formule seulement 1 an après, une communauté se formera autour de la franchise et c’est ainsi que l’on verra naître de nombreux mods et projets de fans, dont certains sortiront même dans une extension avec la bénédiction d’id Software. Dix longues années après la sortie de DOOM II: Hell on Earth, voilà que pointe le bout de son nez DOOM 3 en 2004. Evidemment, le titre génère un engouement certain et se veut attendu au tournant. Malgré un succès commercial, DOOM 3 divisera la communauté. Pas faute de proposer la panoplie complète du Doom’s Guy, de la tronçonneuse en passant par le BFG 9000, la nouvelle direction prise dans ce volet peine à faire l’unanimité. Gameplay plus lent, environnements de type couloirs, omniprésence d’une intrigue dont tout le monde se moque et l’utilisation de la lampe torche, nouvelle feature vous incitant à switcher entre votre arme et ledit objet pour progresser dans des endroits sombres… Clairement, DOOM 3 s’adonne plus au genre du survival-horror, le côté FPS rapide et nerveux d’antan étant mis beaucoup plus en retrait.
DOOM 3 ? Kezako ? En pleine colonisation de la planète Mars, l’UAC se lance dans un gigantesque projet de fouilles archéologiques. Vous, soldat fraîchement arrivé dans le complexe, êtes assigné à la tâche de retrouver un scientifique disparu dans une aile du laboratoire. Pas de chance, au moment où vous parvenez à mettre la main sur le bougre, des événements paranormaux se manifestent et la base est prise d’assaut par de viles créatures pendant qu’une majeure partie des employés sur place se changent en zombies carnassiers. En plus de pacifier les environs à bon coups de calibre .12 et de BFG 9000, il vous faudra mettre la main sur le docteur Malcolm Betruger, celui que tout désigne comme responsable du chaos. Un speech qui n’a jamais volé très haut dans la série mais qui est amplement suffisant pour ce que DOOM veut nous offrir, à savoir un shooter bien gore et bourrin. Néanmoins, ce scénario qui tiendrait sur un timbre-poste parvient à nous tenir en haleine une bonne dizaine d’heures. Et si cela ne vous suffit pas, sachez que les extensions « Resurrection of Evil » ainsi que « The Lost Mission » sont également de la partie, ce qui pousse la durée de vie à une bonne trentaine d’heures. Il est à noter que le multijoueur présent avec l’ajout de « The Lost Mission » dans DOOM 3 BFG Edition n’est pas inclus dans ce portage mais cela ne manquera pas à grand monde, à n’en pas douter.
Le salut par la VR ?
DOOM n’en est pas à son premier coup d’essai en matière de réalité virtuelle. On se rappellera DOOM VFR, une première tentative sympathique mais loin d’être une expérience pleinement satisfaisante (surtout si vous ne disposiez pas du AIM Controller), notamment dû à sa durée de vie faiblarde comme beaucoup d’expériences VR à ses débuts. DOOM 3 VR Edition vous propose ici de revivre l’intégralité de la campagne sous le prisme du casque de Sony. Et bien il faut avouer que ça marche plutôt bien dans l’ensemble. Certes, le titre n’est pas exempt de défauts mais la sauce prend suffisamment pour que l’on passe un bon moment – même pour une personne ayant détesté le jeu original. Effectivement, la VR permet de (re)découvrir le titre sous un jour nouveau. Là où DOOM 3 était devenu un énième shooter couloir sans saveur, la réalité virtuelle nous plonge dans ce monde sale et macabre instantanément et gagne même quelque peu en nervosité, chose dont le jeu de base manquait trop souvent de par ses environnements exigus et le caractère lent de son gameplay assumé. Pour vos déplacements, DOOM 3 VR Edition vous laisse le choix entre un pivotement de votre personnage cranté ou fluide selon votre degré de tolérance à la VR. Cependant, pour les afficionados du déplacement à coups de téléportation pour ces mêmes raisons, le titre se montre moins généreux puisqu’il ne vous proposera qu’un mode traditionnel dans lequel le joystick vous permettra d’avancer comme dans un FPS standard. Cela peut clairement rebuter les personnes sensibles à la « Motion Sickness ». Si le titre peut être joué à la DualShock, nous ne saurions que trop vous recommander l’acquisition du AIM Controller si vous désirez apprécier DOOM 3 VR Edition à sa juste valeur. Dans tous les cas, il faudra composer avec le bug du « Aim Drift », problème récurrent sur les shooter VR.
Si l’expérience fût dans son ensemble convaincante, DOOM 3 VR Edition comporte aussi son lot de défauts, le plus flagrant étant sa technique datée. Cette édition VR n’est nulle autre que la version BFG sorti en 2012, elle-même basée sur celle de 2004. Autant dire que la scène vidéoludique a bien évoluée en 17 ans et il est regrettable que cette version VR n’ait pas bénéficié de plus d’attention. Ce qui peut choquer le plus dans cette réédition VR c’est le non-respect de l’échelle de grandeur, concernant notamment la taille des personnages non-joueurs comparé à l’environnement. Cela peut paraître à bien des moments disproportionné. Un petit lifting graphique n’aurait pas été de refus, certains modèles paraissant vraiment cheap en 2021. Heureusement pour le titre, le flou émis par la résolution du casque permet de produire un petit effet cache-misère – à condition de ne pas coller les murs et les PNJ de trop près, au risque de déceler des textures baveuses et des modèles 3D grossiers. Perturbantes au début, on finit par s’y faire tant elles ne sont pas nombreuses mais les premières transitions entre les cinématiques et les phases de gameplay risquent de vous sortir un peu de l’ambiance. C’est surtout vrai au début mais, fort heureusement, elles se raréfient au fur et à mesure de votre progression. En parlant de cinématiques, il est regrettable que ces dernières ne soient pas passables. Acceptable à la découverte du jeu, cela le devient beaucoup moins quand vous êtes déjà connaisseur. Inconsciemment, on cherche à matraquer les boutons en vain. On notera également l’absence totale de sous-titres, ce qui aurait été fort utile à certains moments notamment quand le mix audio des dialogues défaille un peu.
Verdict : 7/10
Malgré quelques soucis notables que nous détaillons plus haut, il faut bien avouer que l’expérience fût suffisamment bonne pour nous faire passer un bon moment. Si vous aussi vous étiez un déçu de l’épisode de 2004, alors peut-être que ce portage VR pourra vous réconcilier avec le titre si vous acceptez de l’appréhender comme tel. Merci à la faible résolution du casque (ironie) de cacher les nombreuses imperfections techniques de ce titre maintenant vieux de 17 ans. On aurait apprécié plus de soin apporté à ce niveau-là. Néanmoins, et pour 20 euros, DOOM 3 VR Edition nous offre ici une expérience satisfaisante et une durée de vie très honnête puisqu’en plus du jeu original, cette édition regroupe également les addons « Resurrection of Evil » et « The Lost Mission », ce qui vous donnera de quoi vous amuser pendant près de 30 à 40 heures selon le mode de difficulté sélectionné.
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