Alors que Dishonored 2 a marqué l’actualité pré-E3 en juin avec une annonce avant l’heure, Bethesda et les développeurs lyonnais d’Arkane Studio ont décidé de proposer un rattrapage à ceux qui auraient raté le très bon Dishonored, sorti en 2012 sur les consoles de la génération précédente. Cette Definitive Edition qui comprend les trois DLCs du jeu vient de sortir sur PS4 et nous honore aujourd’hui de sa présence.
Dishonored 1.1
Comme bien souvent pour les Definitive Edition et autres remasters, il est légitime de poser la question des nouveautés par rapport à la version originale du jeu. En ce qui concerne Dishonored, étant donné que l’on part d’un titre acclamé par la presse et les joueurs, on ne prend pas vraiment de risque sur la qualité finale. Sur son site officiel, Arkane nous annonce des graphismes “entièrement remasterisés” pour l’occasion sauf que… un récent comparatif entre la version Xbox 360 d’il y a 3 ans et la nouvelle sur PS4 nous a mis la puce à l’oreille il y a quelques jours. Et malgré toute la bonne volonté du monde, force est de constater que Dishonored PS4 est très loin de ce que l’on est en droit d‘attendre d’un jeu de cette génération. Les graphismes remasterisés sont loin de sauter aux yeux et même le framerate de 30 fps n’a malheureusement pas bougé d’un iota.
A ceux qui ont déjà accompli l’aventure sur PS3 ou Xbox 360, vous aurez tout de suite compris que l’intérêt de réinvestir une quarantaine d’euros dans ce portage s’avère très limité, à moins que vous regrettiez de tout votre être de ne pas avoir fait les 3 DLCs ici inclus. Car pour le reste, on se trouve face à un jeu que l’on peut qualifier d’identique à sa première version.
En revanche, si vous ignorez tout du monde de Dishonored, vous devriez envisager ce rattrapage en vue de l’arrivée de son petit frère en 2016. En effet, si l’on est loin des graphismes d’un The order 1886, Dishonored avait fait sensation à sa sortie en 2012.
Bienvenue à Dunwall
La comparaison avec The order 1886 qui nous plonge au cœur de “L’ordre” n’est pas anodine puisque Dishonored s’inspire du même courant steampunk et de l’époque victorienne bien qu’ici, la ville de Dunwall où se déroule l’aventure est fictive. La paisible ville est rongée par la peste et envahie par les rats dévorant les cadavres, lesquels n’ont rien de braves bêtes de compagnie. Au milieu de ce chaos, vous êtes le garde du corps personnel de l’impératrice. Pas pour longtemps malheureusement puisque cette dernière est assassinée sous vos yeux et sa fille enlevée avant que vous ne soyez accusé du crime, destitué, condamné et… déshonoré. Voilà le point de départ d’un scénario qui vous emmènera des ruelles aux toits de Dunwall, en passant par ses égouts, en quête de vengeance et à la recherche de la petite Emily…
Histoire de rajouter un peu de piquant et d’originalité, vous serez très vite contacté dans votre sommeil par l’Outsider, qui n’est autre qu’un esprit occulte vous confiant des pouvoirs qui vous seront bien utiles. Au total de cinq, ceux-ci vous aideront tout au long de l’aventure, de façons très différentes les uns des autres. Acquis d’office, le Clignement vous transporte rapidement/instantanément vers un point que vous désignez et permet ainsi de surprendre vos adversaires ou d’atteindre des points normalement inaccessibles. Ensuite, la Vision des Ténèbres permet de voir les ennemis à travers les murs, la Nuée Vorace invoque des rats affamés, le Pli Temporel ralentit le temps, la Possession vous permet d’incarner un animal déjà rencontré et enfin la Rafale vous aide à renverser vos adversaires ou ouvrir des portes récalcitrantes. Ces pouvoirs s’acquièrent en troquant des runes que vous devrez trouver tout au long du jeu et qui font office de monnaie d’évolution puisque chacun des pouvoirs dispose de deux niveaux. Rien de très original à première vue sauf que combinés à l’épée qui est l’arme principale de notre héros, les différentes arbalètes, le pistolet ou encore les grenades et autres gadgets, nous avons la parfaite panoplie de l’espion tueur aux pouvoirs magiques. Si à première vue, on pourrait croire que les développeurs se sont égarés à trop vouloir en faire, cette impression se dissipe après les premières heures de jeu.
Dishonored fait partie des jeux où l’on ne vous guide que très peu dans le gameplay. Si les différents objectifs de mission sont très clairs et représentés lors de votre progression, vous comprendrez très vite que les moyens pour y arriver sont immensément différents et que vous disposez d’une énorme liberté d’action. Il est évidemment possible de foncer dans le tas mais vous vous rendrez très vite compte que vous ne tiendrez pas bien longtemps et que vous ne gagerez pas grand chose à agir de la sorte. La première raison est qu’en plus de disposer de munitions (létales ou non) en quantité limitée, votre jauge de vie descendra assez vite et vous ne trouverez pas de fioles pour la recharger à tous les coins de rue. Ensuite, l’intelligence artificielle des ennemis ne vous fera pas de cadeaux et oublier de passer accroupi ou être mal caché rimera bien souvent avec l’arrivée d’une horde d’ennemis résistants. Choisir de tuer tout ce qui bouge ne fera qu’augmenter le nombre de rats en circulation, qui s’attaqueront également à vous. Enfin, votre “score” à la fin de chaque mission incite clairement à choisir des moyens plus ingénieux pour passer obstacles et ennemis.
Au fil du jeu, vous vous rendrez compte des énormes possibilités pour arriver à vos fins, combinant vos diverses armes, vos pouvoirs et surtout différents chemins disponibles pour atteindre votre objectif. Car là encore, les développeurs ont misé sur la liberté et lorsque vous comprendrez que votre pouvoir Cligotement vous permet d’accéder à peu près n’importe où, vous découvrirez des possibilités immenses pour tenter des missions sans verser une seule goutte de sang. C’est bien dans cette liberté, que l’on découvre au fur et à mesure de la progression, que réside le principal atout du jeu.
La rejouabilité est importante si vous souhaitez améliorer la furtivité d’une mission ou bien explorer de nouveaux moyens pour la compléter. Ajoutons à cela les collectibles Charmes d’Os, qui vous procureront des capacités spéciales comme par exemple une meilleure résistance aux explosifs. Quant aux missions, elles ne sont pas linéaires dans leur déroulement du fait de nombreux objectifs facultatifs et autres missions secondaires qui composent l’aventure. Ajoutons à cela la présence des trois DLCs et on peut chiffrer l’ensemble à plusieurs dizaines d’heures de jeu grâce à l’addicitvité du titre qui pourrait rendre fou les maniaques du score parfait. Sans parler des très nombreuses lettres et bandes audio disséminées un peu partout et qui vous plongeront dans l’histoire de Dunwall et de ses habitants.
Copié/Collé ?
Si le très riche gameplay est le principal atout de Dishonored, le level design et le style des graphismes sont autant de points positifs que l’on retrouve dans la Definitive Edition malgré le saut d’une génération de console qui aurait pu être bien plus flagrant. On retrouve également la difficulté du titre, bien aidée par le fait que recommencer une même mission modifiera le comportement des ennemis par exemple. On aurait cependant aimé des améliorations du côté des points faibles du titre original qui, même s’ils ne sont pas insurmontables, sont quelque peu frustrants dans le cas d’un remaster.
Des bugs tout d’abord comme par exemple des ennemis qui reviennent à eux voire disparaissent complètement dès que vous avez le dos tourné malgré une flèche paralysante. De longs temps de chargement entre les missions ou après avoir perdu la vie rythment également de manière négative votre progression dans le jeu.
Un mot enfin sur les 3 DLCs avec le premier, Dunwall City Trials qui est un enchaînement de 10 niveaux que l’on pourrait qualifier d’entrainement pour super-assassin. Armes et pouvoirs définis à l’avance, il vous faut essayer de réaliser le meilleur des scores en utilisant des passages secrets tout en évitant les pièges. Des défis qui amènent donc un vent de fraîcheur par rapport au jeu de base. Les deux DLCs suivants abordent Dishonored d’une façon complètement différente puisque vous contrôlez un autre héros, Daud, dans une histoire parallèle à celle du scénario principal avec des variations du point de vue du gameplay.
Verdict : 8/10
Vous l’aurez compris, et ce n’est pas une surprise, Dishonored Definitive Edition reste un très bon jeu pour ceux qui seraient passés à côté de la licence en 2012. Pour les autres, l’investissement demandé n’est pas réellement à la hauteur des ajouts apportés et c’est quelque peu dommage. La correction de certains bugs et une réelle et nette avancée graphique aurait pu faire tendre la note vers la perfection.
City J
12 septembre 2015 at 18 h 03 minA acheter d’occasion pour quelques euros 😉