Il n’y a pas longtemps, nous nous accordions à une réflexion : si la dernière génération a eu son lot de concepts et de nouveautés, singulièrement grâce à la scène indépendante, celle actuelle est sacrément pauvre à ces niveaux. Ce n’est pas ce mois d’avril qui nous contredira avec le remake de Resident Evil 3, Final Fantasy VII Remake, Trials of Mana et Gears Tactics (XCom jusqu’à la moelle). L’originalité se fait de plus en plus rare. Pour pallier cela, un apport de licences vendues exclusivement aux marchés japonais ou d’Amérique du Nord commence à arriver chez nous. Dans ce lot se trouve la série Disaster Report pour la version US, ou SOS : The Final Escape de son titre original, qui propose de vivre et surtout survivre pendant un cataclysme. Tout un concept que nous retrouvons dans Disaster Report 4: Summer Memories.
Test réalisé sur PS4 grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
Il ne faut pas longtemps pour cerner ce Disaster Report. Assis dans un bus bondé, notre personnage en pleine méditation s’interroge. Est-il homme ou femme ? Et si un terrible tremblement de terre devait arriver, est-ce qu’il serait plutôt un opportuniste ou sauverait-il son prochain? De quoi alimenter des conversations intérieures… mais pas le temps, voilà qu’une grabataire lui croise le regard, armé d’un sourire narquois aux lèvres pour le détrôner du siège. Toupet du septième âge ! Une boite de dialogue s’ouvre et laisse le choix : allez vous offrir votre siège… gentiment ? En vous excusant ? En la regardant silencieusement ? En la maudissant ? Mais attendez. Est-ce vraiment un choix ?
Héros du quotidien dans une situation extraordinaire, Disaster Report 4: Summer Memories vous propose de vivre le pendant et les jours qui suivent un séisme. Un contexte atypique pour le jeu vidéo, qui cherche à se marginaliser en optant par une approche narrative et non survivaliste comme à l’accoutumé. Vous allez enchaîner les rencontres en vaquant d’un lieu à l’autre dans différentes zones de la ville. De la mère de famille et ses enfants en HLM au rentier dans sa tour à profiter du cataclysme, le panel est large et permet une grande variété de protagonistes plus ou moins marquants, ce qui n’est pas déplaisant. Cependant, ne vous attendez pas à creuser des profils psychologiques, cela restera des rencontres fortuites sur le moment, vous permettant juste de progresser dans l’aventure. Tous ont des petits tracas, une question à laquelle répondre ou une aide à demander. Il faudra effectivement faire des choix, beaucoup de dialogues proposent plusieurs façons de répondre, en partant du Béni-oui-oui pour arriver à l’aller simple en enfer. Le hic, cela reste qu’une façon de répondre n’est pas un choix mais une obligation de direction. Faussement libertaire, le soft s’ancre dans une expérience narrative linéaire sans jamais chercher à approfondir ses sujets. Mais tout n’est pas à éviter, au contraire, dans ces choix de réponse vous y trouverez parfois des choses à vous en décrocher la mâchoire. Ça ne change rien à l’aventure, ou si, juste l’expression de votre personnage mais au moins, ça a la décence de surprendre à chaque boite de dialogue.
Pas vraiment de chihuahua
Plus archaïques que notre grand-mère chapardant une place du bus, les mécaniques de gameplay se confortent à la pression de trois touches. Les mauvaises langues diront quatre si nous comptons le bouton pause, mais la réalité veut que croix, R1 et carré seront les seuls avec de l’importance. Disaster Report 4: Summer Memories enchaîne les tableaux dans lesquels le joueur doit trouver les actions à réaliser, et les faire dans le bon ordre pour passer au suivant. Rien de bien compliqué, ce qui nous donne un jeu s’inscrivant plus dans la contemplation que la recherche frénétique ou l’exploration hâtive. Non, le jeu prend son temps, vous martelez X dès que possible pour prendre un objet, parlez à un personnage, puis parfois quand le sol tremble vous maintiendrez carré pour ne pas perdre l’équilibre. Vous avez aussi un sac à dos pour ranger vos sandwichs triangles si la faim se fait sentir. Figurez-vous que même le stress et vos besoins rudimentaires devront êtres soulagés. Toutefois, nous ne savons pas si les deux vont de paire. Parfois le jeu a un coup de sang, la musique s’emballe et vous comprenez que vous devez courir pour rejoindre un point ou que la situation est urgente. Vous enchaînerez les mésaventures mais jamais sans véritablement vous lasser. Ce qui est étrange, voire paradoxale, dans sa grande simplicité : Disaster Report 4 a cette petite chose qui fait accrocher. Il faudra compter un peu moins d’une dizaine d’heures pour terminer le jeu. Ce qui est relativement court, accordons-nous. Néanmoins deux ou trois heures supplémentaires auraient rendu le jeu longuet et moins intéressant. Si vraiment vous souhaitez prolonger l’expérience, des collectibles sont cachés dans les niveaux, des tenues et coupes de cheveux. Surtout ! Et nous y tenons. Des boussoles ! Elles ne servent à rien, hors indiquer faussement les points cardinaux (que vous n’utiliserez pas, rassurez-vous). Or ,un véritable génie d’imagination est déployé pour leur donner diverses formes. De la Loli ou chef d’orchestre en passant par le trèfle, vous en aurez pour votre recherche.
Diaporama d’une catastrophe
Peut-être que cela vient du calme dont émane le jeu, avec finalement très peu de musiques ou de sons ambiants. Le chant des grillons ou le piaillement des oiseaux s’accorderont avec le vent pour vous donner l’ambiance générale. C’est posé et ça prend son temps à une époque où la surabondance d’effets aussi bien sonores que visuels explose, Disaster Report 4: Summer Memories prône un calme déconcertant. À noter qu’il garde certains travers, d’abord graphique puis technique. Nul besoin d’être un expert pour constater que non, le jeu de Granzella ne décalque pas la rétine, loin de là, c’est même franchement daté. Pire que ça, l’optimisation vire au désastre pour les PlayStation 4, avec un framerate catastrophique saupoudré de drops insupportables et de textures lentes à s’afficher. Des soucis qui entachent véritablement l’expérience générale et, malheureusement, ce n’est pas la variante VR des niveaux qui sauve les meubles.
En effet, le jeu est disponible en VR. À force de jeu vous débloquerez les niveaux à explorer en VR, mais sous certaines conditions. D’abord, vous n’êtes pas libre d’aller où vous le voulez, vous sélectionnez puis vous vous déplacerez automatiquement vers le point souhaité. Ensuite les niveaux sont vides, aucun personnage et donc aucune interaction ne seront disponibles. Au final, vous refaites uniquement le niveau en VR, sans une once de gameplay.
Dès que ça tremble, il faut s’accroupir !
Verdict : 5/10
Difficile de se prononcer pour ce Disaster Report 4: Summer Memories. L’expérience est indubitablement singulière et ne s’adresse pas à n’importe qui. Si vous souhaitez être dépaysé ou cherchez un jeu narratif, foncez. Vous allez vivre une aventure humaine, qui prend son temps et qui est à contre-courant de notre époque. Si à l’inverse vous cherchez un jeu de survie ou un jeu d’action-aventure digne de ce nom, passez votre chemin, vous n’y trouverez ni l’un ni l’autre. Cependant, si vous avez une PlayStation 4 classique (Slim/Fat) ou Switch, méfiance quant à l’aspect technique, cela peut véritablement ruiner l’expérience de jeu.
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