Série qui n’est plus à présenter, toujours développée par Codemasters, DiRT est la licence off-road de ces dernières années. Cependant elle n’est pas à confondre avec DiRT Rally, variante de la saga qui tire vers la « simulation » plutôt que l’accessibilité. À la veille de cette « nouvelle génération » de consoles, Dirt soulève la poussière avec ce cinquième opus. Épisode embarquant de nouvelles technologies graphiques avec l’arrivée, entres autres, du ray tracing, du 120ips ainsi que de la 4K pour la PS5 et les Xbox Series, il n’oublie pas pour autant de revoir son gameplay. Alors qu’il affiche des couleurs flashy, tout n’est pas rose dans ce dernier et il risque même la division au sein de sa communauté.
Test réalisé sur PC grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
« Hey salut kamikaze ! »
Cela est effectivement étrange sans être une première pour autant, mais Dirt 5 propose bien une « petite » histoire. Bien loin de la quête vengeresse de Toca Race Driver (2002), l’axe narratif du soft gravite avec son époque. Dans l’idée, ce sont des podcasts qui passent en fond dans les menus où deux présentateurs (aux noms oubliables) font un brin de causette. Ces derniers, en plus d’apporter les nouvelles des championnats, font des interviews de pilotes et organisent des rencontres entre deux conducteurs du moment. C’est ainsi qu’on constate une rivalité entre A.J, pilote où la réputation légendaire n’a d’égal que sa passion pour la conduite et sa grande humilité, et Bruno Durand, pilote hautin à la tête de tous les podiums. Bien sûr, A.J est un mec trop cool, il est même allé au mariage de l’un des animateurs ! Mais surtout il dirige l’A.J Académie, une école qui donne sa chance aux jeunes talents. Hyper, méga trop sympa ! Bruno lui, c’est un salaud, il n’aime personne, est trop sûr de lui, parle mal aux présentateurs, bref vous avez le tableau.
On s’en doute, cette académie on s’y est inscrit. Le champion A.J va se faire rétamer par Bruno, et on va devoir venger l’honneur de notre mentor. En soi, ajouter de l’histoire là où il n’y en a pas forcément besoin n’est pas un mal comme nous l’a prouvé DOOM Eternal, mais encore faut-il que cela soit logique. Dans Dirt 5 la narration est uniquement en voix-off, sans mise en scène extérieur (cinématique, présentation ou autres..). Pourquoi prêter attention à une interview d’Annie Leker qui n’existe pas, si ce n’est pour l’entendre dire « qu’elle ne travaille pas ce week-end » et que « A.J c’est un véritable mec super cool » ? Avons-nous vraiment besoin de savoir ça ? Dans le même esprit, la rivalité entre A.J et Bruno, les principaux protagonistes de l’histoire, tourne à la chamaillerie forcée voire à la joute verbale improbable. Nous restons dubitatifs sur ce point tant il n’est pas concluant.
Pas de courses sans crever des pneus
Bon, ce n’est pas là que le soft de Codemasters va soulever les foules, mais bien sur sa conduite. Force est de constater que si l’histoire fait du remplissage obligé, le contenu de la carrière est conséquent. Avec pas moins de 125 épreuves divisées sur 10 catégories, on a de quoi s’occuper plus d’une dizaine d’heures dans ce mode. Qui plus est, celui-ci fonctionne par embranchement : on peut allègrement s’alléger de faire quelques courses seulement pour arriver à la fin. Si notre compte est juste, c’est 39 tracés différents (à multiplier par deux avec la version reverse) sur dix lieux différents, à savoir Brésil, Italie, Norvège, Népal, USA, Afrique du Sud, Grèce, Chine, Maroc et 64 voitures disponibles à l’achat en jeu. Maintenant qu’on a les chiffres, quid de la conduite ? Dirt 5 partage bon nombre de qualités de ses aînés : la conduite est toujours aussi unique, à la fois souple et un brin technique. Les variantes de classes des véhicules ont chacune un feeling particulier qui nécessite un petit temps d’adaptation. Malgré ça, le soft est l’un des plus arcades de la série.Effectivement Dirt 4 avait opté pour un équilibre subtil entre accessibilité et technicité, comme l’avait fait Dirt 2 en son temps. Ce cinquième opus balaye le pilotage fin et érige une conduite plus agressive où l’erreur n’a pas d’impact. Au revoir les réglages précis, à la gestion de l’écurie pour le bord minutieux des joueurs, mais également adieu aux dégâts. Certes, hors le fait qu’ils soient esthétiques, vos accidents n’influeront pas sur les performances de votre véhicule. Des points regrettables pour les puristes mais qui permettront à de nouveaux joueurs de s’initier à la série off-road. Enfin cela n’est peut-être pas si regrettable. Effectivement l’intelligence artificielle est d’une violence monstrueuse : elle aime s’entasser, elle adore tamponner et si en prime elle réussit à vous faire valdinguer, c’est jackpot !
Dirt 5 n’est pas pour autant dénué d’intérêt pour les pointilleux. L’un des ajouts importants est la météo dynamique qui retravaille le tracé de façon visuelle et sur son feeling de conduite. Pour faire simple, en fonction de la météorologie (pluie/neige, etc.), le feeling de l’auto sur la piste ne sera pas le même. Les passages en terre sous la pluie deviendront de la boue glissante, l’asphalte sera de moins en moins adhérente au fil des tours et de la neige qui s’y accumule, la visibilité sera réduite par une brume qui s’installe tandis que les flocons aveugleront. C’est un véritable plus qui marche très bien et qui vaut le détour. Si c’est, comme on le verra, un régal pour les yeux, côté pilotage c’est également un réel plaisir manette en mains. En fonction de l’auto et de sa classe, l’adaptation est plus ou moins difficile. Si les véhicules à quatre roues motrices ne bronchent pas, les propulsions chasseront de l’arrière obligeant le joueur à maîtriser avec doigté son véhicule dans les virages.
Plein les mirettes
C’est sûrement le point impressionnant pour ce cinquième opus, la réalisation graphique particulièrement soignée jouit de la mise en avant d’effets splendides. Ceux-ci sont portés par un choix artistique et technique qui permet cela : l’aspect dynamique évoqué plus haut. On peut donc passer d’une après-midi idyllique à une soirée où la pluie est diluvienne. Cela entraîne des changements d’atmosphère importants : les néons transpercent la brume, les éclairs tranchent le ciel, la neige hypnotise le regard du joueur. Dirt 5 est spectaculaire, surtout quand les reflets viennent s’y mêler. La piste, souvent humide, réverbère la lumière du soleil dans ses creux d’eau, donnant du relief et sublimant l’ensemble. Les ambiances évoluent au gré de ces facteurs, et même s’il ne faut qu’une poignée de secondes pour passer du coq à l’âne (moins de 45 pour évoluer d’une magnifique après-midi à une nuit diluvienne), le rendu est si impressionnant qu’il est difficile de le blâmer pour ça, surtout que cela participe à l’immersion. À ce sujet, l’audio n’est pas oublié, bien au contraire. Des sons du moteur à la boite de vitesse jusqu’au claquement de la sortie d’échappement sont distincts et l’ensemble est de très grande qualité, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de l’habitacle.
Si le jeu réussi le contrôle technique haut la main, la direction artistique elle… Eh bien essaye tant bien que mal de lui emboîter le pas. Couleurs fortes voire flashy et toujours dissonantes, avec des collages (ou stickers pour d’jeuns) nul doute, c’est le courant Pop Art qui est recherché. Un mouvement qui fait écho aux opus passés, Colin McRAE DiRT 2 et 3 (2009 et 2011) surtout avec le retour de l’épreuve Gymkhana, mais délaissant ainsi Dirt 4 et son côté professionnel lissé. En ce qui concerne les pistes musicales, le soft jongle entre l’électro et le rock, sans jamais vraiment trouver sa place comparé à ses aînés. La soundtrack n’en est pas moins de qualité, avec Wolfmother, The Prodigy, YUNGBLUD, The Bloody Beetroots, etc. Mais force est de constater que ce ne sont pas ces dernières qui vont donner l’ambiance de ce Dirt 5. C’est d’autant plus dommage qu’un travail de mixage est présent pour celle-ci, les intégrant discrètement pendant les courses, tout en collant à l’aspect « spectacle à la cool » qu’il dégage.
Il est possible de personnaliser ses voitures. Avec des stickers déjà vus…
Verdict : 6/10
Ce Dirt 5 divise là où son prédécesseur a réuni les joueurs. Définitivement tourné pour les néophytes, cet opus laisse sur le carreau les puristes qui y trouveront en ce nouveau jeu un bel emballage creux. Pourtant les qualités sont présentes : le contenu conséquent, la météo dynamique, les graphismes, l’immersion.. On n’a pas grand-chose à lui reprocher, l’ensemble est soigné, mais la facette technique du pilotage se fait trop absente. Un épisode qui prend des risques sur le plan technologique, tout en évitant la casse côté gameplay. Un choix qui ne conviendra pas à tous.
Matanger
2 novembre 2020 at 21 h 35 minLEs dirt ont toujours était orienté arcade
Alors que les dirt rally non il ne faut pas comparait les deux jeux.
C’est dommage de mettre « Définitivement tourné vers l’arcade » alors que c’était déjà le cas et en plus totalement voulue donc si les joueurs veulent joué à un jeu de simu et chiant il vont vers Dirt rally ou un autre jeu qui le fait bien.