Sorti en 1989 sur Amiga et Atari ST, le jeu de football Kick-Off est encore à l’heure actuelle l’un des plus marquants de tous les temps. Incroyablement exigeant, minimaliste au possible, mais aussi terriblement addictif, le titre édité par Anco avait même eu droit à une suite encore meilleure l’année d’après, ainsi qu’à une version basée sur la gestion de l’effectif, sobrement appelée Player Manager. S’en suivirent des itérations toutes plus moyennes les unes que les autres, année après année, jusqu’à l’arrêt total de la licence en 2002. Mais c’était sans compter la résurrection que s’apprête à connaître le premier opus, 27 ans plus tard, et exclusivement sur les consoles Sony.
Dino Dini, britannique de nationalité italienne, est ce que l’on pourrait appeler un passionné. A tel point qu’en développant le tout premier Kick-Off, il est comme rentré dans une espèce de spirale infernale. A l’instar des artistes connus pour une seule chanson au succès fulgurant (Desireless, Alan Théo, Larusso…), Dino Dini n’a finalement jamais rien programmé d’autre que des jeux de foot. L’ironie du sort étant que l’homme en question n’est pas un fan de ce sport à la base… Ce qui pourra donc sembler étrange au vu de la ferveur avec laquelle il revient cette année sur le devant de la scène. L’origine de cet enthousiasme ? Kick Off Revival, la version PlayStation 4 du tout premier opus, entièrement refaite pour l’occasion mais se voulant extrêmement fidèle au titre originel. Sur le papier, l’intention est louable. En effet, Dino Dini avoue lui-même avoir eu envie de faire ce remake depuis de longues années, histoire aussi de voir si les joueurs seraient réceptifs à un jeu de football bien différent de ce à quoi ils sont habitués. Exit donc les FIFA et autres PES, c’est une expérience résolument old-school que nous propose ce Kick-Off.
Visuellement d’abord, car si les sprites sont bien plus modernes que les anciennes versions, les joueurs sont tout de même tous basés sur le même modèle, à savoir sans visage mais avec une coupe de cheveux identique. Les amateurs de baby-foot apprécieront. Plus important encore, une seule caméra est disponible en jeu, la vue aérienne. Bien moins permissive qu’une vue TV, celle-ci est hélas bien trop proche de l’action pour qu’on puisse y voir quoique ce soit quand ça va vite. Et croyez-nous, ça va vite ! Oui car si Kick Off Revival ressemble le plus souvent à une partie de flipper qu’à un vrai match de soccer, c’est aussi et surtout dû à son gameplay si particulier. En effet, ici, point de complications, de gestes techniques ou de célébrations de but manuelles, non. Tout se fait à l’aide d’un seul et unique bouton, à savoir la touche Croix. Cette dernière vous permettra donc de faire une passe, de tirer, de changer de joueur, et même de tacler… Un choix original qui s’avère être catastrophique in-game. D’autant que si vous n’avez jamais joué à un Kick-Off, il sera primordial (et sans doute choquant) d’apprendre la chose la plus fondamentale du gameplay proposé par Dino Dini : la balle ne colle jamais aux pieds du joueur. Autrement dit, contrairement à n’importe quel FIFA ou PES, ici vous ne dirigez « que » le footballeur, pas le ballon.
Vous l’aurez compris, le tout donne vite la nausée, à mesure que l’on enchaîne les matchs et que l’arbitre ne cesse de siffler des fautes au moindre contact. Enfin, l’arbitre… Encore faudrait-il qu’il y en ait un sur le terrain. On nous a affirmé qu’il arriverait via une mise à jour dans quelques temps (sans plus de précision). Ce sera également le cas des cartons (jaunes et rouges), des tirs au but, de la possibilité de manier le gardien (automatique, pour l’instant), ou encore de la traduction du jeu… Un moindre mal, donc. Mais alors que contient le jeu si vous l’achetez dès à présent sur le PlayStation Store ? Eh bien, sachez que pour la modique somme de 9,99 € vous n’aurez pour ainsi dire droit à pas grand-chose (la version boîte vendue une vingtaine d’euros, pourvue d’un t-shirt blanc en guise de bonus, se passe de commentaires, croyez-nous). En effet, de base, le jeu, non content d’être en anglais, ne propose qu’un seul terrain, une seule caméra, 20 équipes toutes plus identiques les unes que les autres (uniquement des teams nationales), aucune licence, aucun commentaire audio, aucune météo, ni même aucun menu permettant de régler quoique ce soit. A vous, donc, les joies du mixage audio absolument affreux d’origine (préparez-vous à saigner des oreilles à chaque but tant le bruit de la foule est atroce pour les tympans) !
Enfin, précisons tout de même que c’est la version 1.01 du jeu qui nous offre tout ce contenu (!), en plus des drapeaux de corner et des filets améliorés. Car si vous aviez eu le malheur de toucher à ce Kick Off Revival avec un peu d’avance, vous auriez déchanté encore plus vite. La version 1.0 ne proposait qu’une seule musique qui se répétait en boucle, des bugs à foison, et aucun autre mode de jeu que du 1 VS 1 (online ou en local). Fort heureusement, le patch Day One a su apporter un mode Coupe d’Europe (hors-ligne uniquement)… Voilà de quoi vous occuper environ une après-midi !
VERDICT : 2/10
Quelle déception que ce Kick Off Revival ! Nous lui accordons deux points, juste pour récompenser la musique du menu principal. Disponible à 10€ en téléchargement, ou à 20€ en version boîte, le constat est plus qu’alarmant. Son contenu véritablement honteux, son gameplay risible au possible, sa durée de vie inexistante, ainsi que sa bande-son hachée en font un titre à éviter absolument. On nous promet de belles améliorations dans les mois à venir, certes. Mais la version de 1989 était vendue finie, elle !
Sebosaure
27 juin 2016 at 19 h 17 minMerci pour le test. 😉 Je m’attendais à un meilleur titre, vais donc attendre un peu.