Pour le quatrième opus de Diablo, Blizzard a fait bien des promesses. L’une d’elles parlait d’un jeu qui retournait à un univers plus sombre, qui serait proche des joueurs qui veulent tryhard et ne jurent que par Diablo 2, mais qui parlerait aussi aux nouveaux arrivants avec une nouvelle formule de monde (semi) ouvert. Bon, beaucoup de blabla pour dire que Blizzard voulait en faire l’épisode qui allait mettre tout le monde d’accord. Il est temps, après de TRÈS nombreuses heures de faire le point sur les grandes forces et les quelques faiblesses de ce Diablo 4 qui, on vous ne le cache pas, est une grande réussite.
Test réalisé sur PC à l’aide d’une version numérique fournie par l’éditeur
Premier pas dans Sanctuaire
Alors qu’on lance à peine le jeu, une cinématique ouvre le bal. Lillith est de retour et souhaite se venger d’Inarius. Une cinématique sombre et sanglante et des images impressionnantes. Dès le lancement, on sent revenir cet univers dark-fantasy qui nous manquait un peu dans l’opus précédent. À la suite de ce sympathique court-métrage, le désormais culte écran du feu de camp, destiné au choix du personnage, apparaît sous nos yeux. Barbare, Sorcière, Druide, Voleuse et Nécromancien. Les cinq classes du jeu ont toutes un gameplay différent proposant déjà une re-jouabilité et une expérience nouvelle à chaque personnage. Seulement le premier problème arrive.
L’équilibre des classes et leur intérêt sont extrêmement variables selon le niveau de progression. Là où un druide est soporifique en début de partie, le nécromancien s’estompe de plus en plus au fur et à mesure que le jeu avance. Le barbare, a par exemple, un long moment de battement en milieu de partie. Certaines classes souffrent de carence selon l’avancement du personnage. Pour autant, aucune classe n’est complètement inutile et elles sauront toutes, d’une manière ou d’une autre, attacher son joueur à un moment de la partie. Il faudra aussi choisir un niveau de monde entre les deux premiers disponibles (il est possible de changer à tout moment) pour commencer la partie. Plus la difficulté est grande plus l’expérience augmente. Dès lors de la première courte phase servant d’introduction au scénario, mais aussi de tuto, on se trouve directement projeté dans un univers à la fois passionnant et morbide. Diablo 4 impressionne de par sa direction artistique bien plus sombre qui prend soin de chaque détail. Une flaque de sang, des flammes, les décors en arrière-plan lors de dialogues, la décoration des maisons. Une liste déjà longue, mais qui pourrait continuer. Le tout est réellement sublimé par une bande son impeccable, on en vient presque à en demander plus. Une fois l’introduction finie, Sanctuaire nous ouvre grand ses portes et nous pouvons alors commencer à explorer le monde ouvert.
L’enfer nouveau
La plus grande nouveauté de cet épisode est sans conteste la possibilité d’explorer Sanctuaire dans un monde ouvert aussi vaste qu’animé. Bien que le monde ouvert soit presque devenu un phénomène de mode dans ce genre de AAA, Diablo 4 se débrouille bien et créé un réel intérêt à ce changement sans le meubler purement et simplement avec du contenu annexe et sporadique. La carte immense, séparée en cinq régions, ne cesse de proposer de nombreuses activités aussi bien en début de jeu qu’une fois la partie bien avancée. Le système de renom pousse vers l’exploration et l’accomplissement d’objectifs comme les donjons et bastions pour augmenter une jauge et passer des paliers. Certains bonus de renom étant lié au compte, il est intéressant d’avancer dans celui-ci car la plupart des bonus obtenus iront aussi sur les nouveaux personnages qui bénéficieront par exemple de dix points de compétences en plus ou encore d’un stock maximum de neuf potions dès le début de l’aventure. Les quêtes secondaires sont nombreuses, mais certaines développent une histoire prenante et feront sortir plus d’un joueur des formules classiques et redondantes comme : aller à un point A au point B, tuer X monstres ou encore escorter un PNJ.
Ce qui renforce l’appréciation du monde ouvert est clairement le sens du détail qui se prolonge dans les moindres parcelles de Diablo 4. Les effets sonores sont d’une qualité incroyable qu’il s’agisse des compétences ou des monstres, Diablo 4 arrivera avec ses effets et sa bande-son à développer une expérience auditive qui nous transporte directement dans les contrées chaotiques de Sanctuaire. Sur l’aspect visuel, cela choque encore plus lors de l’exploration. On croise de nombreux ennemis, mais ce n’est pas rare de voir un autel sacrificiel en décoration avec du sang et quelques morceaux de cadavres. Le tout ne fait que prolonger cette direction artistique sombre tout en soulignant la beauté du jeu. D’un point de vue technique, cet opus n’a clairement rien à envier aux autres productions de l’année et reste contemplatif même pour les plus petites configurations jouant en qualité basse ou moyenne.
Lors de notre sombre épopée, nous traversons pas moins de six zones importantes : les cinq régions de la carte et les enfers eux-mêmes. Les enfers ne sont traversés que durant le scénario mais, l’exploration de ces cinq régions est un réel plaisir de par les nombreux points d’intérêts qu’elles rescellent, mais aussi par leurs différences. Diablo n’a jamais eu de contrées aussi vastes. Scosglen est une région inspirée de l’Ecosse donc assez verdoyante avec des ennemis difformes issus du folklore. Les Pics brisés sont une zone glaciale dont le relief est marqué par de nombreuses chaînes de montagnes rocheuses. Les Steppes arides sont quant à elles désertiques et sans fin, où de nombreux mercenaires vont attendront, une région très « Orc » dans l’idée, avec une architecture assez rustre. Le Kehjistan est aussi une zone sableuse, mais avec une ambiance beaucoup plus orientale que les Steppes Arides, évitant toute redite. Pour finir, Hawezar est le territoire marécageux où les serpents et autres bestioles venimeuses font foule. La découverte de la carte se fait rapidement une fois la monture obtenue et l’histoire sait nous faire découvrir ces régions au fil de notre long et morbide voyage.
Pour explorer ce monde ouvert sans contrainte de niveau, Blizzard a opté pour la mécanique de scaling. Par exemple, lorsque le joueur est niveau 15, les ennemis le sont aussi. Une astuce plutôt intéressante qui nous permet librement de choisir entre faire toute la campagne directement ou de prendre quelques niveaux sur des quêtes secondaires sans que, par la suite, le joueur n’extermine la campagne en un revers de main. Le bémol vient d’un manque de sensation peut-être. On a du mal sur les premiers niveaux à sentir une montée en puissance. Malgré cela, le système permet de tenir le joueur en haleine sur une très bonne campagne. L’idée aurait été finalement excellente si elle restait cohérente jusqu’au bout. Car oui, alors que le niveau était ajusté à chaque acte de la campagne, l’acte 5 met subitement les ennemis au niveau 45. Un manque de cohérence qui handicape certains joueurs arrivant à cet acte au niveau 37 par exemple.
L’histoire d’un ange et d’un démon
L’Eternel conflit fait rage. Lillith, fille du seigneur démon Mephisto et Inarius, lieutenant de l’archange Tyraël (un nom qui n’est pas inconnu pour les joueurs de Diablo 3), ne veulent plus prendre part à cette guerre sans fin. Alors capturé par les enfers, Inarus rencontre Lillith et les deux développent une relation amoureuse et finissent par préparer doucement leur échappatoire. En montant un groupe d’anges et démons renégats, les deux amants ont réussi à mettre la main sur la Pierre-Monde, un puissant artefact qui leur permet de créer Sanctuaire. Dans ce nouveau monde loin de l’Eternel conflit, Inarius et sa bien-aimée s’unissent et de celle-ci née une nouvelle race, les Nephalem. Alors que les autres anges et démons commencent à se méfier des très puissant Nephalem, Lillith décide de protéger ses enfants et exterminent tous ceux qui les menaçaient. Inarius, dévasté par ce massacre, décide de bannir la démone dans le vide et d’utiliser la Pierre-Monde pour affaiblir les Nephalem qui, au fil du temps, deviennent l’humanité. Alors qu’il fonde la Cathédrale de Lumière pour combattre les démons et que la Guerre du pêché éclate, l’ange est capturé puis enfermé dans les enfers par Mephisto. Alors qu’Inarius arrive à s’échapper de l’Enfer, Lillith est libéré par un sacrifice macabre et souhaite se venger de l’ange en saccageant sa création, Sanctuaire.
Une introduction de l’intrigue longue mais nécessaire pour comprendre que Diablo 4 et son lore vont avoir un enjeu très important pour l’univers de la licence. Le tout se déroule quelques dizaines d’années après les événements de Diablo 3. Le scénario de ce quatrième épisode est très riche, il s’agit clairement de l’opus avec la campagne la plus longue et la plus soignée de la série. Une aventure qui regorge de mises en scène et de cinématiques époustouflantes nous plongeant au cœur même de l’épouvante qui frappe Sanctuaire. Une histoire qui est sublimée par un super doublage du personnage de Lorath, le narrateur qui guidera notre périple. Les anges ne sont pas toujours gentils, les démons pas toujours méchants, ce quatrième volet se détache de l’aspect très manichéen qui était jusqu’alors omniprésent dans Diablo. Ainsi, le joueur est en constante réflexion sur le choix de son personnage et la direction prise par celui-ci.
La conclusion de la campagne laisse de nombreuses portes ouvertes. Lorsqu’on sait que cet épisode est prévu comme un jeu service, on se doute que des mises à jour et des extensions vont certainement venir compléter les nombreuses questions sur l’avenir entre Neyrelle (camarade d’aventure) et Mephisto. Baal et Diablo sont aussi absents de cette histoire. Leur retour pourrait être amené lors d’une extension mais, cela reste rafraîchissant de ne pas être l’élu qui repousse une nouvelle fois les trois démons primordiaux. Une histoire qui parait plus subtile, plus contrasté qui est aussi deux fois plus longue que ses prédécesseurs. Bref, Diablo 4 a un scénario plus en profondeur qui se veut tenir sur un long court avec une suite que l’on attend déjà.
Aussi long que l’Eternel conflit
Blizzard a promis une rejouabilité importante pour ce Diablo 4 avec un contenu énorme dès le départ. C’est assez réussi quand on calcule que chaque classe a un gameplay très différent, mais que juste avec le choix des talents, le gameplay ainsi que l’équipement peut varier du tout au tout. Le hic vient de l’économie in-game. Les pièces ne se gagnent pas facilement et il est toujours important de recycler les objets trouvés pour avoir des compos afin d’améliorer son équipement. Ainsi, un équilibre entre recyclage et vente de l’équipement doit être trouvé, et ce, non sans peine. De ce fait, changer de build est toujours une réflexion importante sur les coûts en pièces, mais aussi en composition. Malgré cette question économique importante, cela reste bien plus modulable que le système d’ensemble d’équipements disponibles sur Diablo 3.
Une fois le premier personnage bien avancé, le second parait plus simple car de nombreux éléments y sont déjà utilisables comme le fameux bonus de renom. Il est aussi possible de ne pas faire la campagne et de directement se lancer à gagner de l’expérience sur les quêtes annexes évitant – à l’instar de Diablo 3 avec son mode aventure – de nous obliger à faire le scénario en boucle. Une fois la campagne terminée et le niveau de monde 3 débloqué, les étapes sont alors à passer petit à petit pour faire du tourment (niveau de monde 4) et donc arriver au endgame. Monter un personnage niveaux maximum (niveau 100) est cependant très long. La saison avec ses objectifs se veut être aussi un bon moyen de redécouvrir le jeu avec de nouveaux défis. Il faudra cependant attendre la seconde moitié de juillet pour en découvrir les détails et la commencer avec un tout nouveau personnage dédié.
Le Requiem final
Comme une ode à la mort, il faudra en parcourir des aventures, en subir des morts avant d’arriver au fameux endgame de Diablo 4. On peut parler d’endgame lorsque la campagne (Soit : son prologue, ses cinq actes et son epilogue) est terminée et que vous avez, en mode expert (niveau de monde 2) passé le donjon de la Cathédrale de Lumière avec ses allées remplies de monstres niveau 50 et plus. Une fois la cathédrale purgée de toute hostilité, vous pourrez débloquer le niveau de monde 3 , et là, les choses sérieuses commencent. Le contenu est extrêmement riche une fois votre partie avancée et les activités sur la carte se multiplient au point de ne plus savoir où donner de la tête. Bien heureusement, le jeu explique dans des quêtes dites importantes quoi faire et détaille le fonctionnement de chaque chose.
L’endgame est souvent la partie la plus importante d’un Diablo car après une longue période de leveling (ici extrêmement longue), on souhaite voir notre personnage prendre en puissance. Dans cette optique, ce quatrième épisode demande du temps, mais sait récompenser le joueur à la mesure de son travail. Trouver les bons aspects est, certes, fastidieux, mais une fois cela fait, votre équipement pourra être optimisé et vous serez d’une efficacité incroyable. L’équipement à de nombreuses manières d’être farmé, qu’il s’agisse de la vague de haine ou des faveurs de l’Arbre des Murmures. La première demande de collecter des points dans une durée et une zone déterminée en tuant des monstres. Ces points pourront ensuite être dépensés dans des coffres plus ou moins onéreux qui donneront de l’équipement. Le second moyen demande de faire des activités à travers la carte qui augmentera le palier de faveur. Une fois le dixième palier atteint, il faudra réclamer une cache à l’Arbre des Murmures. Tant de moyens d’obtenir un équipement puissant nous laissent le choix de farmer sans jamais sentir de redondance à chaque connexion.
Les Champs de la Haine, les zones joueurs contre joueurs, permettent de respirer dans cette longue quête de pouvoir afin de se mesurer à d’autres et d’obtenir quelques cosmétiques avec les points obtenus. Passer au niveau de monde 3 permet aussi de débloquer les paliers 4 et 5 de renom, les trois premiers étant très important à faire généralement dès la fin de la campagne. Les World Boss sont au nombre de trois et sauront faire vibrer les joueurs pour les premières rencontres. Ces derniers ont un design encore une fois très détaillé avec de belles animations. Vous l’aurez compris, Diablo 4 se veut très généreux sur son contenu plus haut niveau, mais pourtant cela ne s’arrête pas là.
Pour aller dans le détail, il faut parler du nouveau système de Parangon. Certains bonus étaient parfois anecdotiques sur Diablo 3, là où cette suite rend ce système d’arbres de compétences plus intéressants. Votre personnage jusqu’au niveau 50 débloque des points de compétences. Une fois au niveau 50, ce dernier aura tous les quarts de niveau un point de parangon à utiliser dans le labyrinthe de parangon (cela fait 4 points par niveau). Cela permettra de débloquer des emplacements pour les glyphes obtenues lors des donjons cauchemardesques (version plus compliquée des donjons classiques). Ces glyphes prennent eux aussi la place des runes légendaires de Diablo 3, car elles pourront être améliorées au fur et à mesure des donjons cauchemardesques à l’image des failles supérieures qui permettaient l’amélioration des runes légendaires. Bien évidemment améliorer les glyphes renforcera ses bonus, mais aussi les cases de parangon débloquées autour. Un système encore une fois bien complet nous permettant de rendre notre personnage de plus en plus puissant jusqu’à affronter les tourments du niveau de monde 4.
Verdict : 9/10
Diablo 4 se voulait ambitieux et plein de promesses. Eh bien, c’est chose réussie. Dynamique dans ses combats, contemplatif dans son exploration, harmonieux sur la musique et avec une campagne très bien écrite, Diablo 4 coche de nombreuses cases permettant d’accrocher les nombreux néophytes qui vont se laisser tenter par cet épisode. Malgré quelques défauts qui ne rendent pas l’aventure absolument parfaite, on passe rapidement à autre chose grâce aux nombreuses activités que propose ce nouveau volet. Généreux en contenu et voulant renouveler le genre sans pour autant le modifier complètement, Diablo 4 s’approche d’une formule ultime du hack’n’slash cherché par les puristes du genre. Un titre qu’il pourrait approcher au fur et à mesure de ses extensions et de leur qualité.
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