Kickstarter s’impose au fil des ans comme une alternative de choix en matière de financement pour les développeurs, leur permettant d’obtenir un budget toujours plus important pour leur jeu. C’est dans cette optique que les gars de chez Dreadlocks Ltd ont saisi l’opportunité de pouvoir faire financer leur jeu à l’aide de cette plateforme participative. Dex, RPG en 2D, vous place dans un univers cyberpunk à la Blade Runner, où drogue et amélioration cybernétique sont légions. D’abord sorti sur PC, le jeu rejoint désormais la ludothèque PS4 via le PlayStation Store, donnant ainsi l’occasion à plus de joueurs de s’essayer au concept plutôt original du titre. Dex est-il un opus sur lequel on peut compter en attendant Deus Ex: Mankind ? La réponse tout de suite !
Replicant ou pas replicant ?
Une jeune fille ordinaire se retrouve un jour réveillée par un hacker, juste avant qu’une troupe d’élite appartenant à une entreprise (la méchante de l’histoire, forcément) fasse intrusion chez elle… la poussant vers le fuite pour sauver sa vie. Voici comment débute le jeu, la jeune fille en question étant l’héroïne de cette aventure. L’introduction, bien que convenue, permet d’avoir un didacticiel assez bien rythmé et vous familiarise vite avec ce qui constituera la base du titre. L’univers et l’écriture des dialogues sont les gros points forts du jeu, bien que le scénario ne brille pas par son originalité. En effet, une multinationale qui dirige dans l’ombre le monde, avec une milice privée, des gangs qui font la loi dans la rue, rackettant et brutalisant les citoyens qui oublient leurs malheurs dans la drogue et l’alcool, tandis que la police locale se voit complètement dépassée n’a rien de nouveau.
Cependant, la qualité d’écriture des dialogues et l’humour cynique et sarcastique des personnages sont de très bonne facture. On se surprend à grincer des dents et à sourire à plusieurs reprises. RPG oblige, Dex n’est pas avare de quêtes annexes et nombreux sont les PNJ qui nécessiteront vos services, que ce soit pour retrouver une personne disparue, régler des comptes avec un client ou un créancier, ou même pour récupérer des objets volés en plein territoire de gang.
Malheureusement, l’opus ne passe pas à côté du syndrome Fedex, et vous allez devoir à de nombreuses reprises faire des allers-retours entre un point A et un point B pour accomplir votre mission. Harbor Prime, la ville dans laquelle se situe l’action dépeinte par le jeu, est une cité clairement inspirée par la mouvance cyberpunk, où de nombreuses personnes cherchent à améliorer leurs conditions d’humains afin de devenir plus intelligents et performants physiquement. Harbor Prime est divisée en plusieurs quartiers, que l’on peut aisément rejoindre à l’aide d’un système de voyage rapide disponible sur la map. On sent clairement l’influence de Blade Runner sur le design de la ville.
Faites parler les poings
Le système de combat du titre est assez basique : on y retrouve le combat au corps à corps et à distance, avec des armes à feu. Ce dernier est tellement peu intuitif et lent, que la plupart du temp, on se contentera des pistolets pour attirer nos opposants vers nous, et user de nos poings ainsi que des roulades pour en venir à bout. Bien qu’un peu lourd au début dans ses animations, le système s’avère aisé à prendre en mains et les coups des ennemis deviennent assez faciles à anticiper. La garde s’active d’une simple pression sur la gâchette, et la roulade de fait à l’aide du joystick droit : un maping des touches plutôt bien pensé. Lors de la campagne Kickstarter, les développeurs ont longuement décrit la possibilité de se la jouer furtif, en privilégiant la discrétion au combat… Force est de constater qu’une fois le didacticiel passé, cette furtivité ne sert à rien du tout. On peut en effet se cacher dans un carton afin de ne pas être vu par l’ennemi, mais après plus d’une dizaine d’heures de jeu, l’intérêt ne s’est toujours pas dévoilé, car les rondes des ennemis ne sont pas adaptées pour ce style. L’IA des ennemis ne brille d’ailleurs pas par sa réactivité. La plupart du temps, les adversaires se contentent de foncer vers vous, tête baissée. Quand ils entendent un bruit, ils essayent rarement de se diriger vers la source de ce qu’ils ont entendu. Et pour en revenir à la furtivité, une fois le système de combat maîtrisé, engager un duel est beaucoup plus rapide que de s’essayer à la discrétion.
Un autre système important de gameplay est celui du hacking, qui permet d’obtenir des informations nécessaires à l’avancée dans certaines quêtes, ou bien encore de désactiver alarmes et caméras pour limiter le nombre d’opposants à combattre, afin d’être plus serein lors de l’exploration de certaines caches d’ennemis ou de repères de gang. Ces phases de hacking sont assez proche d’un shoot’em up, où l’on contrôle une sorte de vaisseau qui peut tirer flèches énergétiques et lasers en vue de détruire des vagues d’ennemis voulant notre peau. Plutôt intéressantes, ces phases reviennent régulièrement et requièrent une certaine dextérité pour les non-initiés aux Shmups.
Un autre élément que nous n’avons pas encore abordé est l’évolution du personnage, qui se fait en premier lieu par le gain de niveaux, vous octroyant ainsi des points de compétence à répartir dans diverses statistiques. La plus importante est sans doute celle du crochetage qui vous permet d’accéder à des zones facilitant la complétion de certaines quêtes, ou encore d’obtenir un équipement de meilleure qualité. Evidemment, la capacité de hacking et celle de combat au corps à corps sont primordiales pour progresser. Ces aptitudes vous permettent notamment d’obtenir de nouvelles compétences, comme une balayette pour mettre l’ennemi au sol, ou encore vous permet de doubler vos tirs en plein hacking, plutôt utile pour venir facilement à bout de la masse d’ennemis. Afin d’améliorer votre personnage, il conviendra également d’obtenir de nombreux implants cybernétiques, renforçant vos dégâts, votre défense, ou vous permettant d’acquérir des compétences temporaires comme l’invisibilité.
Un univers sombre
La direction artistique rend honneur à la vision qu’ont les développeurs d’un univers cyberpunk. Le monde semble fatigué, essoufflé, et le tout baigne dans une palette de gris peu nuancée, renforçant la déchéance du monde. On regrettera cependant le manque de variété dans la carte du monde, et au bout d’un certain nombre d’heures, on se lasse du gris omniprésent.
Techniquement, on regrettera quelques légers freezes de l’action, jamais gênants mais qui viennent noircir un tableau pourtant peu vif. Nous ne reviendrons pas également sur la qualité de l’animation qui peine parfois à convaincre, car souvent peu détaillée, notamment lorsque l’on dégaine une arme à feu. Point positif cependant, la durée de vie du titre vous tiendra occupé pendant plusieurs heures. Comptez entre vingt et trente heures pour la quête principale et beaucoup plus si vous souhaitez réaliser toutes les quêtes annexes. Ajoutez à cela trois modes de difficultés, de nombreux objets à collecter et d’implants à trouver et vous en aurez pour votre argent. La bande son du titre se veut plutôt discrète mais est de bonne facture et colle assez bien à l’univers du titre, avec beaucoup d’instruments au son froid qui baignent dans une composition électro au tempo assez lent.
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