Ces dernières années, la Pologne semble avoir voulu se faire une certaine place dans le monde du jeu vidéo, et c’est visiblement loin d’être terminé. Alors que tous les regards sont actuellement tournés vers Cyberpunk 2077 et Dying Light 2, respectivement produits par CD Projekt Red et Techland, un nouveau studio fraîchement créé s’apprête à faire son entrée dans l’industrie : Layopi Games. Affichant clairement sa volonté de faire des jeux aussi mémorables que novateurs, l’équipe polonaise arrive sur le marché avec sa toute première création : Devil’s Hunt. Ce jeu d’action à la troisième personne est inspiré de l’univers du roman Equilibrium de Paweł Leśniak, où le combat entre le bien et le mal fait rage. Le moment est donc venu de découvrir si ce coup d’essai est à ranger du côté des anges… ou des démons.
Test réalisé sur PC grâce à une clé fournie par l’éditeur
Histoire infernale
Dans Devil’s Hunt, nous incarnons Desmond Pearce, un jeune homme plutôt bon vivant qui bénéficie de la fortune de son père, alors à la tête de la plus grande entreprise de Miami. Tandis qu’il profite de sa vie, il va se retrouver confronté à une série d’événements du côté professionnel, personnel comme amoureux, qui vont le conduire à commettre un acte irréparable. Envoyé tout droit en Enfer pour cela, il fait la rencontre de Lucifer, qui lui propose de conclure un pacte que Desmond finit par accepter. Désormais doté de pouvoirs spéciaux, le riche héritier est renvoyé sur Terre dans le but d’accomplir sa mission, ce qui l’amènera à se retrouver au beau milieu d’une guerre aussi vieille que le monde : celle qui oppose le bien et le mal, et donc les anges aux démons.
Avec une atmosphère rappelant sans conteste des œuvres telles que Devil May Cry ou encore la série télévisée Supernatural si l’on dépasse le simple cadre du jeu vidéo, l’œuvre de Layopi Games avait tout pour plaire. Cependant, le constat est sans appel : ce n’est définitivement pas pour son scénario que l’on retiendra ce jeu. Du moins, pas dans le bon sens du terme. Pour cause, la narration de Devil’s Hunt repose sur une écriture complètement ratée, illustrée par un doublage (en VOST uniquement) tout aussi mauvais et plombé de surcroît par un découpage des scènes plutôt anecdotique. Il en ressort un jeu dénué de profondeur dont le scénario, tellement kitsch qu’il en devient aussi drôle qu’affligeant, met en scène des personnages sans aucune prestance tout en passant à côté de l’opportunité d’exploiter un contexte aussi intéressant que celui dans lequel il se situe. Pourtant, avec une aventure s’étendant sur 13 chapitres et 9h de jeu environ, il y avait de quoi faire quelque chose… mais ce n’est qu’une opportunité manquée.
Combattre le mal par le mal
Côté gameplay, le titre parvient néanmoins à proposer quelques bonnes idées en rapport avec l’univers dépeint. En effet, sa principale spécificité repose sur la condition du protagoniste, qui se retrouve doté de certains pouvoirs à l’issue de son pacte avec le Diable. Ces derniers peuvent prendre différentes formes, et cela passe par une composante RPG mise à disposition du joueur grâce à un arbre de compétences divisé en trois branches : exécuteur, sainte et néant. Arrêtons-nous quelques instants sur son fonctionnement, qui n’est pas aussi classique que ce que l’on pourrait le croire. Dans le cas présent, il ne s’agit pas de choisir parmi ces trois catégories mais d’être les trois à la fois puisque chaque pouvoir s’adapte aux différents types d’ennemis rencontrés au fil de l’aventure, qui peuvent être des démons, des anges ou des satanistes. Ainsi, avec ses points de compétence, le joueur peut choisir différents pouvoirs dans chacune des catégories et passer à tout moment de l’une à l’autre lors d’un combat pour en bénéficier. Autre spécificité, il faut savoir que l’attribution des points n’est jamais définitive. De ce fait, il est également possible de remodeler l’intégralité de l’arbre de compétences à n’importe quel moment pour booster l’une ou l’autre des catégories en fonction de la situation à laquelle on est confronté. C’est assez rare pour être souligné, et c’est en plus relativement pratique.
L’arbre nous permet par ailleurs de débloquer différents combos qui nécessitent d’effectuer une combinaison de touches dans un ordre précis, à raison de quatre par catégorie. Si ces derniers ne sont pas extrêmement variés, cela permet toutefois de diversifier quelque peu l’allure des combats qui, il faut le dire, peuvent rapidement devenir répétitifs dans le sens où ils sont extrêmement nombreux et récurrents. Pourtant, Devil’s Hunt a le mérite de proposer un bestiaire varié et reposant sur une véritable hiérarchie : les différents ennemis rencontrés sont plus ou moins puissants et résistants en fonction de leur race et de leur genre. En prenant en compte le fait que tous ne sont pas sensibles aux mêmes pouvoirs, il faut donc se dire que le jeu est doté d’une certaine dimension tactique, même s’il n’y a rien de fondamentalement compliqué. D’ailleurs, le mode de difficulté Hardcore ne propose rien d’insurmontable en soi, si ce n’est que foncer dans le tas comme on le ferait dans un beat’em all n’est généralement pas la meilleure solution, surtout quand les ennemis s’accumulent. Quoi qu’il en soit, grâce à tout cela, le jeu parvient au moins à limiter le côté fade des combats que l’on peut ressentir au début de l’aventure en les rendant plus intéressants et dynamiques au fur et à mesure que l’on débloque les différentes compétences.
En revanche, s’il y a bien une difficulté qu’il va falloir réussir à surmonter, c’est la lourdeur du gameplay ainsi que le manque de fluidité des déplacements de Desmond, qui peuvent s’avérer très handicapants lors des affrontements les plus virulents. On peut noter une nette inspiration du système de combat proposé par des jeux tels que les Batman Arkham ou Marvel’s Spider-Man, mais force est de constater que la formule n’est pas vraiment maîtrisée : il en ressort un résultat à la fois moins efficace et dynamique, qui nous force à privilégier le dash d’esquive plutôt que le contre, qui repose sur une QTE dont la réactivité est plus qu’aléatoire. Autant dire que cela n’aide pas vraiment, surtout quand on sait que le personnage lui-même met parfois du temps à entreprendre une action demandée. Heureusement, la prise en main finit par venir avec la pratique et n’entrave pas le côté fun et défouloir que l’on peut ressentir lors des bastons, en particulier vis-à-vis des boss qui sont véritablement plaisants à affronter. On ne va pas se mentir, le tout reste très loin du niveau d’un Devil May Cry, qui a sans le moindre doute été une grande source d’inspiration, mais c’est bel et bien l’un des points positifs que l’on pourra retenir de Devil’s Hunt.
Pacte avec le classicisme
À vrai dire, c’est même le seul élément positif que l’on pourra retenir de ce jeu du point de vue du gameplay, puisqu’il est loin de briller sur tout le reste. En plus de la lourdeur que l’on vient d’évoquer, on pourra noter un cruel manque de fluidité et de dynamisme dans le déroulement et la progression de l’aventure, qui est en prime constamment coupée par un abus d’interactions et de trop nombreux bugs de collision. Même monter ou descendre un minuscule petit rebord nécessite de presser une touche pour qu’une action-cinématique soit réalisée, ce qui casse indubitablement le rythme. Plus encore, on ne pourra qu’être surpris de voir qu’un studio qui dit avoir pour ambition de proposer un gameplay novateur se contente de produire un jeu où le level design est aussi peu travaillé et intéressant : toute l’aventure repose sur le fait d’avancer au sein de zones ultra cloisonnées où tout se trouve presque intégralement sur notre chemin, collectibles compris. Même les quelques énigmes présentes ne font preuve d’aucune ingéniosité et peuvent être résolues en moins de dix secondes, ce qui leur enlève toute légitimité et même tout intérêt. Sans oublier l’ambiance terriblement vide qui se dégage de la plupart des environnements traversés.
En effet, si Devil’s Hunt s’inspire à nouveau de Devil May Cry au niveau de la bande-son en proposant à certains moments des morceaux mêlant rock, dubstep et électro, elle reste la majeure partie du temps très effacée, pour ne pas dire quasi-inexistante. De ce fait, on se retrouve à parcourir des niveaux qui semblent dénués de vie, aussi bien d’un point de vue sonore que visuel, même lorsque ce n’est pas réellement justifié. Par exemple, certains d’entre eux se déroulent dans des rues de Miami désespérément vides et inanimées, à tel point que les niveaux situés en Enfer nous apparaissent ironiquement beaucoup plus vivants. Quant aux rares fois où les PNJ nous font l’honneur de leur présence, il faut se contenter de les regarder répéter la même boucle d’animation en continu… sans faire le moindre bruit.
Une technique inégale
Pourtant, sur le plan visuel, le titre de Layopi Games parvient à tirer son épingle du jeu à bien des égards. Créé à partir du moteur de l’Unreal Engine, il nous permet tout au long de l’aventure de découvrir et de parcourir de nombreux environnements aussi variés qu’agréables à regarder, et généralement bien mis en valeur par une gestion des jeux de lumière très efficace. Ainsi, on peut lui reconnaître une certaine patte artistique, bien qu’il ne marque pas les esprits à ce niveau-là non plus. Cependant, il est difficile de passer outre l’inégalité dont il peut faire preuve sur certains effets, complètement ratés, ainsi que sur les expressions faciales inexistantes des personnages ou encore les animations plutôt datées. On notera également la présence de nombreux temps de chargement, d’un lourd clipping par moment et d’un manque de fluidité dans les séquences les plus chargées en effets visuels qui provoquent parfois des mini-freezes, même en Ultra.
Verdict : 4/10
Avec cette première expérience, le studio polonais est malheureusement loin de tenir les ambitions qu’il affiche fièrement sur son site internet. Du fait de son gameplay affreusement classique et peu recherché, de son ambiance sonore quasi-inexistante ou encore de son scénario horriblement kitsch et mal exploité, Devil’s Hunt ne sera définitivement pas le jeu mémorable que les développeurs semblaient avoir en tête. Si on en retiendra peut-être quelques éléments tels que la gestion des pouvoirs, certains combats ou encore quelques beaux environnements, on oubliera très vite le reste qui ne propose rien de novateur et de captivant, bien au contraire.
FlaW313
17 septembre 2019 at 20 h 36 minLe jeu est à peine sorti (moins de 24H), et voilà qu’un « avis » est déjà donné !!?
Sérieux, vous avez joué quoi… 30 minutes, 1 heure, est ça vous suffisez pour pondre cet « article » ???
Je ne connaissais pas « jvfrance », mais ce qui est certain, c’est que je ne reviendrais pas…
sauf si vous embauchez de vrais journalistes.
Junan
17 septembre 2019 at 23 h 57 minPour ta gouverne, cela fait au moins dix jours que l’on a reçu le jeu. Je te laisse imaginer le nombre de fois que l’on a pu finir le jeu depuis lors 😉
HanaTsu
18 septembre 2019 at 10 h 39 minSur tous les sites de test c est comme ça. On publie le test le jour de la sortie du jeu. La vie doit être particulièrement pénible pour certain .
MidoG
18 septembre 2019 at 15 h 48 minEn même temps, tu t’attendais à quoi d’un site qui fait un copier/coller de l’histoire présente sur la page steam ? rien que de lire ça, tu comprend directement ….
Raphaël DUCROS
19 septembre 2019 at 20 h 46 minPardonne moi mais je trouve le jeux très amusant et le scénario intéressant pour les joueurs aimant l’univers ange contre démon, moi en tout cas je trouve ce jeux plaisant et défoulant, pour le scénario ba c’est plus recherché que certain triple AAA, c’est un peu rigide mais ça défoule et pas mal de cutscene, le doublage certe pas terrible,.