Sorti depuis à peine deux mois, l’excellent Deus Ex: Mankind Divided se voit déjà offrir un premier DLC par Eidos Montréal et Square Enix. Faisant partie des deux contenus téléchargeables annoncés avant la sortie du jeu, System Rift, qui nous intéresse aujourd’hui, sera accompagné dans quelque temps de Criminal Past histoire de conclure l’épopée d’Adam Jensen comme il se doit. Vendu pour un peu plus 12 euros, ce premier DLC nous propose un nouvel arc narratif en parallèle de l’histoire et se déroule toujours dans la ville de Prague.
Le retour du DLC manquant
Tout comme Le Chaînon Manquant pour Deux Ex: Human Revolution, System Rift ne s’incorpore pas directement dans la campagne solo de Mankind Divided. Pour y jouer, il faut passer par le menu principal et s’attaquer au mode Histoire de Jensen. Un choix qui reste, comme auparavant, totalement incompréhensible pour notre part, car il aurait été très simple de faire autrement et de pouvoir y accéder durant l’aventure principale. Le DLC débute alors que Jensen regarde un match de baseball dans son appartement de Prague et se voit déranger par l’appel d’une vieille connaissance, Franck Pritchard. Ce dernier lui demande de l’aide dans une enquête qu’il mène pour un de ses clients concernant l’entreprise Santeau et l’oriente alors vers la banque Palisade qui garde et protège des informations concernant cette organisation. Après quelques réticences, Jensen se décide à aider son vieil ami – si l’on peut dire – et se rend alors dans un quartier de Prague inédit et créé pour l’occasion, afin de cambrioler l’installation Palisade Blade 1 qui s’y trouve et récupérer les données demandées.
Son périple l’amène à croiser quelques nouveaux personnages, lui proposant quelques petites quêtes ou plutôt objectifs annexes au passage, mais surtout une fameuse hackeuse du nom de ShadowChild, un pseudonyme qui ne devrait pas vous être inconnu si vous avez touché au mode Breach de Mankind Divided. Enfin, et comme ne s’incorporant pas dans l’arc narratif principal du jeu original, des points d’augmentation nous sont offerts en début de partie – au nombre de treize – afin de monter quelque peu notre personnage en prévision des péripéties qui nous attendent. Là encore, on a le choix entre orienter Jensen vers l’action ou l’infiltration, voir même mixer les deux. Le petit plus étant que, comme il s’agit là d’une sorte de stand alone et que l’on commence sans les augmentations que l’on possède dans notre partie canonique, on peut s’employer à essayer de nouvelles combinaisons de pouvoirs pour Adam, histoire de varier les plaisirs.
Prague mon amour
Il nous est donc proposé de parcourir un nouveau quartier de Prague dans ce System Rift et s’il est très petit par rapport aux autres que l’on peut visiter dans le jeu de base, il n’en reste pas moins aussi réussi artistiquement. Un peu plus anxiogène et étroit, il recèle aussi quelques secrets à trouver, toujours des appartements et boutiques à visiter – légalement ou non – et une zone gardée dans laquelle notre héros n’est pas le bienvenu, car les augmentés n’y sont pas vraiment appréciés. Le fil conducteur principal nous y emmène sans surprise et c’est là que l’on peut toujours s’apercevoir que le level design de System Rift est aussi soigné que celui de Mankind divided. Le quartier offre beaucoup de possibilités de déplacements avec les bouches d’aération, les murs à exploser pour se faire un raccourci, les passages par les toits ou encore tout simplement par les portes verrouillées à l’aide de codes à trouver ou à pirater. En fonction des points d’augmentation que vous avez placés lors de vos débuts dans cette nouvelle aventure, vous pencherez alors pour l’une ou l’autre de ces possibilités de déplacement.
Le bâtiment Palisade Blade 1, que l’on doit donc cambrioler, propose aussi un level design extrêmement soigné qui ne devrait pas surprendre les fans de la première heure. Les possibilités d’approche sont toujours aussi nombreuses et on peut choisir de se la jouer ni vu ni connu ou de débarquer les armes à la main et défourailler tout ce qui se trouve sur notre passage. Bien entendu, nous ne pouvons que vous conseiller l’approche discrète, car offrant plus de diversité dans son approche, notamment par les nombreux chemins plus ou moins cachés que l’on peut emprunter, mais aussi et surtout parce qu’elle offre plus de challenge. D’ailleurs, ce dernier point est l’une des réelles bonnes surprises de ce DLC, même après avoir fini la campagne solo en difficile, il nous est arrivé de tomber sur des situations très délicates à gérer dans ce System Rift. Notamment lors de sa dernière partie et avec les caméras, drones et autres robots pouvant détecter notre chaleur corporelle alors même que nous étions hors de vue et caché. Il y a bien une parade disponible, mais elle n’est que temporaire, car il s’agit de points de couverture spécifiques dégageant de la chaleur et dès que l’on s’en détache, on redevient une cible de choix. D’autres petites surprises sont au programme, et pour ne pas vous gâcher le plaisir, nous vous laissons la joie de la découverte.
Globalement, System Rift est donc dans la parfaite continuité de ce qu’offrait Mankind Divided, la nouvelle zone, quoiqu’assez petite, offre un artistique superbe, en témoigne ce panorama que l’on peut voir de Prague lorsque l’on se trouve du côté du fleuve. Se déroulant de nuit, les éclairages offrent toujours satisfaction et si on peut regretter certaines redites dans l’architecture, on reste plutôt satisfait d’avoir le droit à un nouveau quartier et de ne pas évoluer dans des environnements déjà vus. La partie gameplay n’est pas en reste et le level design toujours aussi inspiré offre pléthore de possibilités d’approches pour aborder telle ou telle situation. Du bon Deus Ex en résumé.
La DLC est passée
Si l’aventure proposée se veut plutôt agréable donc, elle n’apporte pas grand chose scénaristiquement parlant, si ce n’est une bonne introduction au mode Breach. Quelques informations sur la banque Palisade ou encore sur Santeau filtrent ici et là si on peut dire, mais pas grand chose de bien captivant. On a la joie de retrouver Pritchard, aka Nuclear Snake, toujours aussi bavard et égocentrique, mais nous avait-il seulement vraiment manqué ? On espère alors que le prochain DLC ira plus loin et offrira un scénario plus élaboré et pourquoi pas quelque chose en rapport avec les Illuminatis. On ne peut par contre pas reprocher à System rift ses dialogues et son écriture, narrativement c’est encore du bon boulot qui a été effectué, mais cela sonne plutôt creux, car il n’y a pas assez de substance pour y trouver quelque chose de très recherché. System Rift pêche aussi par sa durée de vie, seulement deux heures sont nécessaires pour finir la mission principale, les quelques quêtes et objectifs annexes, ainsi que pour tout fouiller de fond en comble. Bien entendu, il est toujours possible d’y retourner pour tenter de nouvelles approches, mais cela reste tout de même assez court. Le fait aussi que System Rift ne s’imbrique pas directement dans la campagne principale est un problème, car ce que l’on y fait ne prête à aucune réelle conséquence, si bien qu’on ne sent pas aussi concerné que durant notre cheminement dans Mankind Divided. On aurait aussi pu avoir le droit à une nouvelle arme, un nouveau gadget ou encore une augmentation inédite, pour marquer le coup, mais les développeurs en ont décidé autrement.
Verdict
Deus Ex: Mankind Divided – System Rift est un bon premier DLC, qui, sans révolutionner outre mesure l’expérience de base, est une bonne continuité de cette dernière. Reste qu’il n’apporte rien au niveau du scénario et n’est pas si intéressant que cela de ce point de vue, même si rencontrer ShadowChild et comprendre le pourquoi du comment du mode Breach est un plus appréciable. Et ce n’est pas le retour de Pritchard qui va masquer le manque de profondeur du DLC… On est tout de même ravis de retrouver un gameplay et un level design toujours aussi raffinés, ainsi qu’un nouveau – petit – quartier de Prague. Néanmoins, pour un peu plus de douze euros, on aurait pu s’attendre à plus de la part d’Eidos Montréal.
Laisser un commentaire