Quasiment deux ans après sa première présentation lors de la conférence PlayStation de l’E3 2016, Detroit: Become Human s’apprête à sortir en exclusivité sur PS4 ce 25 mai. Développé par le studio français Quantic Dream et son fondateur David Cage, cette nouvelle création compte bien suivre l’exemple des derniers succès du studio que sont Beyond: Two Souls et Heavy Rain. De ce que l’on a pu voir jusqu’ici, la patte Quantic Dream semble être au rendez-vous mais reste à savoir si la recette fonctionne toujours avec ce nouveau sujet de fond qu’est l’intelligence artificielle.
Test réalisé sur PS4 Pro à partir d’une version numérique fournie par l’éditeur
I am a machine
Comme les précédentes créations du studio, Detroit: Become Human se classe dans un genre à mi-chemin entre le jeu vidéo et la création cinématographique, à laquelle il emprunte le style de narration et des graphismes de haute voltige, tout en laissant au joueur la liberté de faire ses choix. Avant de revenir plus amplement sur ces différents points, attardons-nous sur le scénario qui a de quoi séduire sur le papier.
Pour cette nouvelle exclusivité PS4, les développeurs ont choisi un thème qui fait tout autant rêver que semer le doute et la peur : l’intelligence artificielle (IA). Un domaine technologique que beaucoup considèrent comme la prochaine révolution industrielle. Plus, il s’agit même d’un sujet sociétal et politique qui déchaîne les passions entre les différents groupes technologiques et les pouvoirs décisionnaires. Il y a quelques semaines seulement, la France dévoilait même un plan pour être leader dans le domaine de l’IA. Detroit: Become Human, qui tient son titre du nom de la ville américaine où se déroule l’aventure, est en avance sur notre temps puisque le jeu place ses événements en 2038, alors que le monde entier ou presque a plongé à pieds joints dans l’intelligence artificielle, poussant le vice jusqu’à concevoir des androïdes, humanoïdes même. Dans ce futur pas si lointain, CyberLife, la société à l’origine de cette prouesse, fournit des robots pour toutes les tâches imaginables : androïdes ménagers, techniciens, policiers, soldats et même protitué(e)s.
Dans ce décor, vous avez peut-être déjà fait la connaissance de l’un des héros du jeu, à l’occasion de la démo actuellement disponible sur le PS Store. Connor, donc, est le dernier modèle en date (RK800) de CyberLife. Il a été conçu pour seconder la police sur diverses scènes de crime grâce à sa capacité d’analyse. Vous aurez également le loisir de contrôler Kara, androïde conçue pour s’occuper du ménage et des enfants. Enfin, et certainement le visage le plus connu du jeu (reconnaissable immédiatement par les fans de la série Grey’s Anatomy), Markus, un robot assistant de vie. Ces trois personnages employés à Detroit dans des vies et des domaines complètement différents n’ont à priori rien à voir ensemble, mais on vous laissera bien évidemment découvrir de quoi il retourne. Voilà donc vos trois personnages, que vous contrôlerez tour à tour et dont vous devrez façonner l’avenir par vos choix.
L’effet papillon
Comme beaucoup de jeux du genre sortis ces dernières années, la promesse nous est faite par Quantic Dream que nos choix influent sur le cours du scénario. Une promesse pas toujours tenue par les jeux habituels au final, mais nous pouvons d’ores et déjà vous dire qu’elle l’est totalement dans ce Detroit: Become Human. Au cours des premières missions, nous avons constaté effectivement que nos choix avaient des conséquences à court terme, mais vous vous rendrez ensuite compte après plusieurs heures de jeux que certains choix, qui semblaient même parfois minimes, influent également à long terme sur l’ensemble de l’aventure. Sans rentrer dans les détails, il se pourrait donc que vous ne fassiez pas la connaissance de certains PNJ ou que vous passiez à côté de possibilités.
Dans la première mission, où Connor doit sauver la vie d’une enfant otage d’un androïde, récolter certains indices permet de débloquer des possibilités lorsque vous faites ensuite face au preneur d’otage. Bien souvent, celà vous permet même d’avoir le luxe de choisir comment amener les choses. Lors de la découverte de l’un de ces indices, un cadenas vous indique d’ailleurs que votre trouvaille pourra être utilisée, souvent à votre avantage. Mieux encore, vos relations sur le long terme avec les personnages que vous rencontrez régulièrement auront également des conséquences à plusieurs embranchements et sur le final du scénario, et ce, pour vos trois androïdes.
A chaque fin de mission, une arborescence récapitule les choix que vous avez fait et vous indique le pourcentage de joueurs et d’amis PSN ayant fait les mêmes que vous. Une fonction qui n’est pas nouvelle mais qui a toujours son petit effet. Parler du jeu avec un ami est également grisant d’autant que certaines scènes, très surprenantes pour l’un, seront banales pour l’autre suivant ses choix. Lors de notre premier run, nous avons terminé l’aventure en un peu plus de 11h de jeu. Une durée plutôt satisfaisante d’autant que la rejouabilité fait partie intégrante du titre et que certains détails vous sauteront aux yeux en ayant fait toute l’histoire une première. fois… Même si, lorsque vous recommencez, vous avez tendance à consulter très régulièrement l’arborescence pour vous obliger à faire des choix différents et l’aventure s’en trouve bien moins fluide. Les développeurs annoncent une quarantaine d’heures pour compléter les différents scénarios. Pour ceux qui ne voudraient pas recommencer l’aventure entièrement mais simplement revivre certaines missions de façon différente, il est possible de vous y replonger à partir de n’importe quelle sauvegarde automatique. Idéal lorsque vous regretterez quelques heures de jeu plus tard, parce que cela arrivera, certains de vos choix, parfois faits sous une contrainte de temps pour vous décider.
Le scénario de Detroit: Become Human est en tout cas très prenant et se montre même surprenant par moment même si certains passages sont au contraire attendus et que la trame principale et les rôles des différents protagonistes se dessinent assez rapidement.
La DualShock 4 dans tous ses états
Accessoire indispensable de la PS4, on aurait presque oublié que la DualShock 4 disposait d’un pavé tactile mais également de fonctions gyroscopiques, des éléments plutôt peu utilisés dans les jeux actuels de la console. Les ingénieurs de Sony ont dû être heureux de découvrir que toutes les possibilités offertes par le pad de la PS4 sont ici utilisées pour interagir avec des éléments ou lors des QTE, ces enchaînements d’actions demandées au joueur dans un temps imparti. Le stick droit est particulièrement utilisé pour tout un tas d’actions vous permettant d’interagir avec des objets ou indices, la plupart du temps découverts en maintenant la touche R2, qui analyse l’environnement. Si le pavé tactile vous servira principalement à feuilleter les magazines que vous trouverez, les mouvements de manette dans un sens ou dans l’autre vous seront demandés un peu plus souvent.
Comme déjà remarqué dans d’autres jeux du genre et ceux de Quantic Dream, certaines actions banales, comme s’asseoir puis se lever quelques secondes plus tard, polluent quelque peu le cours du jeu lorsqu’elles se présentent mais, heureusement, il se s’agit pas de la majorité. Mention spéciale aux QTE lors des scènes d’action qui amènent du rythme par rapport aux phases d’exploration. Les développeurs ont d’ailleurs incorporé deux niveaux de difficulté pour ces réalisations en laissant plus ou moins de temps pour faire les enchaînements. Même avec la difficulté la plus haute, nous n’avons en revanche absolument pas été dépassés.
Belle mécanique
Depuis son annonce, Detroit: Become Human nous a gratifié de trailers mettant en avant la qualité graphique du jeu. Une qualité que l’on retrouve indéniablement dans la modélisation des visages des différents personnages, véritable point fort du studio que l’on avait déjà pu apprécier lors des précédentes productions. Pour une harmonie parfaite, nous vous conseillons d’ailleurs les dialogues en anglais puisque l’animation labiale est calquée sur ceux-ci. Nous avons également été conquis par les environnements intérieurs du jeu, tandis que ceux en extérieur nous ont laissé sur notre faim. La faute à une luminosité utilisée à outrance et, surtout, à un flou prononcé en arrière-plan, à quelques mètres seulement de notre personnage. Si le combo PS4 Pro / TV 4K est évidemment recommandé pour apprécier au mieux les graphismes du jeu, le mode multi-échantillonnage permettant de proposer des graphismes supérieurs avec la console et une TV HD est également de la partie.
Techniquement, le jeu est en tout cas parfaitement au point. Seules certaines scènes poseront quelque peu problème au niveau de la caméra et du déplacement. Tandis que l’impossibilité de courir lorsque cela nous chante est parfois frustrant.
Verdict : 9/10
Avec Detroit: Become Human, le studio français Quantic Dream ne nous aura une nouvelle fois pas déçu. La réalisation et le scénario à rebondissements dignes d’un film hollywoodien sont exacerbés par ce sujet de l’IA qui passionne et questionne. Des questions, philosophiques parfois, auxquelles vous devrez d’ailleurs répondre lors de vos choix. Des prises de décision qui ont de réelles conséquences sur votre aventure et sur la vie des trois androïdes que vous contrôlez tour à tour. L’avenir nous dira si les événements de Detroit auront une chance de se réaliser, dans la vraie vie cette fois.
Laisser un commentaire