Disponible depuis le mois de mai 2016 sur PC, puis sorti sur PlayStation Vita en décembre de la même année, Demetrios – La Grande Aventure Cynique débarque enfin avec ses gros sabots sur PlayStation 4 et Xbox One. Sorties respectivement le 1er et le 2 août dernier, ces deux versions ne sont pas très différentes de celles parues en 2016. Mais puisque vous êtes sûrement nombreux à ne pas connaître ce jeu complètement déjanté, laissez-nous vous présenter la bête au travers d’un test en bonne et due forme.
Test réalisé sur PS4 Pro à partir d’une version fournie par l’éditeur
Si l’on y regarde de plus près, il est assez aisé de voir à quel point le genre « Aventure/Point n’ Click » a su se refaire une beauté ces dernières années. Alors que les mauvaises langues pensaient le style complètement disparu durant les années 90, force est de constater que de plus en plus de (petits) studios semblent s’y mettre à leur tour. Bien évidemment, difficile de ne pas parler du retour fort réussi des plus gros poids de cette industrie si particulière. À savoir Grim Fandango Remastered, Day of the Tentacle Remastered, ou encore Full Throttle… estampillé Remastered lui aussi. Mais en parallèle à ça, nous avons eu l’occasion de voir émerger quelques outsiders de-ci de-là. Thimbleweed Park notamment (réalisé par les anciens de chez LucasArts cela dit), le très sympathique Darkside Detective qui vient de sortir sur PC, ou encore certains point n’ click dits « d’action » (The Walking Dead, The Wolf Among Us, etc). Demetrios – La Grande Aventure Cynique, tout en étant clairement inspiré par Les Chevaliers de Baphomet (ou Broken Sword en VO), se rapproche lui d’un titre qui nous avait beaucoup plus à sa sortie, nommé Randal’s Monday.
Tire sur mon doigt !
En effet, le moins que l’on puisse dire est que les deux softs partagent la même ambiance, mais aussi et surtout le même humour. Oui car, au cas où vous vous poseriez activement la question, Demetrios est un jeu complètement débile, mais entièrement assumé. Comprenez par là que son créateur, Fabrice Breton, en plus d’être français (cocorico !) est un amateur de blagues vaseuses à n’en plus finir. Cela tombe bien puisque l’auteur de ses lignes est probablement le plus grand fan possible d’humour gras, voire pipi-caca. Vous adorez les jeux de mots capillotractés, les allusions grivoises et autres bruits de pets ? N’en dites pas plus, vous êtes au bon endroit ! Pour autant, il est important de noter que Demetrios n’impose rien. En effet, le jeu vous laisse le choix d’inclure toute la panoplie de l’humour beauf, de ne laisser que quelques vannes par-ci par-là, ou encore de n’en proposer aucune. Ainsi, chacun vivra l’aventure comme il le voudra (même s’il ne fait aucun doute que le jeu a été pensé pour être bien lourd). On rappellera en revanche que le jeu est extrêmement vulgaire, et qu’il faudra donc faire avec. Pour notre part, nous étions la plupart du temps pliés en deux sur notre canapé, à nous tordre de rire. Mais il est évident que cela ne sera pas le cas de tout le monde. Toujours est-il que ce jeu n’intéressera de toute manière que les amateurs du genre, donc l’un dans l’autre…
Demetrios – La Grande Aventure Cynique, c’est l’histoire de Bjorn Thonen, un antiquaire raté vivant au coeur de la capitale française. Le jeu démarre à la manière d’une bande-dessinée (ou de Comix Zone pourquoi pas) alors que notre « héros » rentre très alcoolisé chez lui. Peu après, il recevra un appel énigmatique ayant pour but de l’informer qu’il court « un grave danger ». Et en effet, le pauvre Bjorn va non seulement se faire cambrioler, mais aussi violemment assommer. De là, il vous/nous/lui incombera de mener l’enquête durant une douzaine d’heures, tout en résolvant des énigmes totalement tirées par les poils pubiens, en parlant à de nombreux PNJ hauts en couleur, et en essayant de temps en temps de coucher avec Sandra, la jolie voisine de palier aux cheveux blonds.
Tu bluffes Martoni !
L’avantage de ce Demetrios provient surtout du fait que l’intrigue reste prenante tout au long du jeu. En effet, alors que ce dernier ne paye vraiment pas de mine, il est vraiment important de rappeler que le titre n’est pas un « faux jeu », loin de là. Oui, on nage en plein délire scato-cynico-gerbo-ridicule, mais ce n’est pas pour autant que le jeu de Cowcat Games (la structure créée par Tristan Breton) en oublie d’être avant tout un point n’ click. Cela pourrait presque sembler étrange, mais les mécaniques de gameplay sont respectées à la lettre et l’on en finirait presque par comparer Demetrios avec certains ténors du genre. Que ce soit par le biais des cookies (il y en a 3, bien planqués, à trouver par écran) qui vous permettent de déverrouiller des indices si vous séchez. Que ce soit de par ses lignes de dialogues (au nombre de 15 000) qui ont toutes leur importance. Que ce soit via des mini-jeux apportant la fraîcheur nécessaire au soft (on peut pêcher à la truite ou encore jouer à diverses attractions dans une véritable fête foraine)… Le jeu ne déshonore nullement ses aînés et fait même preuve d’ingéniosité. Le véritable tour de force vient, lui, du mélange entre gameplay réussi et humour potache à 500%. Rarement le jeu proposera une once de répit, on se prend des vannes foireuses à la figure toutes les 2 minutes grosso modo. Pour autant, on continue de prendre son pied, notamment lorsqu’on galère un minimum à trouver telle ou telle solution, et que l’on finit par comprendre la logique du jeu (oui, parfois il suffit de mélanger certains objets de votre inventaire qui normalement ne vont pas du tout ensemble).
Bien évidemment, comme chaque jeu du genre, mais surtout comme tous ceux qui jouent à fond la carte de la dérision, Demetrios propose des petits bonus très appréciables. Par exemple, outre les fameux cookies à dénicher tout au long de l’aventure, on notera la présence d’un système hilarant de Game Over. Comprenez par là que, dans chaque chapitre du jeu, il vous sera possible de mourir de diverses manières. Bien évidemment, rien n’est obligatoire. Disons juste que s’il y a bien un jeu dans lequel c’est extrêmement fun de mourir, c’est celui-ci. D’ailleurs, aucune pénalité ne vous sera comptée (bien au contraire, puisqu’on vous encourage à tout essayer) et vous reprendrez la partie sur l’écran où vous étiez restés au moment de mourir (le jeu opère ici une sauvegarde auto bien pratique). Ne vous prenez donc pas la tête et mourez volontiers d’un arrêt cardiaque en tournant une roue à la fête foraine. Sauf si vous préférez vous jeter dans votre cage d’ascenseur alors que cette dernière est vide, vous faisant tomber comme une crêpe quelques mètres plus bas. Ou, si le coeur vous en dit, vous pourrez également finir en prison pour « avoir chié sur la photocopieuse du commissariat ». Le choix est large, et nous vous invitons à en faire l’expérience par vous-même.
Pourquoi on t’appelle Bob le Moche ?
À côté de ça, il faut bien avouer que l’aspect visuel du jeu pourra rebuter bon nombre de joueurs. Si le tout a été dessiné à la main par son créateur (d’abord en 4K, puis recompressé en 1080p pour ne pas perdre en netteté), Demetrios – La Grande Aventure Cynique ne vous bluffera pas de par ses graphismes et autres effets, semblant venir d’un autre âge. Pour l’anecdote, le jeu de Cowcat Games a été réalisé à partir de l’outil Game Maker Studio, très utilisé pour ses capacités à travailler les jeux vidéo en 2D (en opposition avec Unity qui, lui, permet de bosser en 3D). Le tout reste tout de même très coloré et fin, ce qui permet une lecture des textes et des décors optimale. Finalement, comme tout parti pris artistique, celui de Demetrios plaira ou ne plaira pas. Pour notre part nous avons été séduits, sans toutefois être subjugués par les décors ou encore par le design des personnages. Ceci dit, l’aspect visuellement grossier de l’ensemble est cohérent si l’on prend en compte les autres segments du jeu dans lesquels la grossièreté est mise en avant. À commencer par l’humour du soft, mais aussi par sa bande-son. En effet, les compositions entendues dans Demetrios sont la plupart du temps sommaires. Pour autant, là encore, difficile de pester contre ce point, tant l’ensemble est homogène et a le mérite de ne pas nous casser les oreilles en pleine réflexion. Enfin, sachez que le jeu de Fabrice Breton comporte 37 succès Microsoft/37 trophées PSN (dont un Platine), et qu’il est possible d’y jouer en 6 langues distinctes (tout du moins en ce qui concerne les textes puisque le jeu ne comprend hélas aucun doublage) : Français, Anglais, Espagnol, Italien, Allemand, et Russe.
VERDICT
Vendu 9,99€ (ou 7,99€ si vous êtes abonnés au PlayStation Plus), Demetrios – La Grande Aventure Cynique est selon nous un excellent jeu bénéficiant d’un très bon rapport qualité/prix. Son humour, sa durée de vie, son intrigue et son gameplay en font une valeur sûre du genre Aventure/Point n’ Click. Malgré tout, et même si le jeu est étrangement évalué PEGI 12, nous préférons préciser une nouvelle fois que le jeu n’est pas à mettre entre toutes les mains. Les dialogues et les références y sont crues, parfois vraiment gratinées, et il est clair qu’il faudra faire partie du public visé si vous voulez ne serait-ce qu’en apprécier la saveur. Pour vous donner une idée, disons qu’elle a un goût de vomi mais que, comme tout plouc qui se respecte, on prend un malin plaisir à le ravaler (et nous n’avons même pas honte en plus !).
Laisser un commentaire