Qu’il est doux de pouvoir reprendre le clavier pour parler à nouveau de Death Stranding dans ces colonnes. Son monde désenchanté, son atmosphère aussi paisible qu’oppressante, ses protagonistes complexes, son scénario qui en fait parfois trop, sa réalisation impeccable… On vous a déjà dépeint cela le temps de notre test de la version PS4 peu avant sa sortie, pourtant, en reparler dans de tels termes 2 ans après nous apparaît presque comme une évidence. Et n’y voyez pas là l’intention malicieuse d’un fan un peu trop zélé du maître qu’est Hideo Kojima pour en rajouter une couche. Car après tout, si Death Stranding a au moins autant divisé les joueurs que son monde ne l’est au début de l’aventure, il n’en reste pas moins un titre marquant, qui, de surcroit, refait aujourd’hui surface dans une édition Director’s Cut, qui n’a de raté que son nom.
Test réalisé à l’aide d’un code PS5 fourni par l’éditeur
« Appelez-moi l’directeur »
Puisqu’il serait bien inutile de vous refaire un test complet du jeu, nous ne saurions que trop vous recommander la lecture de notre avis publié il y a un peu plus de deux ans de cela, afin d’aborder la lecture de cet article avec un maximum de clés en main, puisque nous ne survolerons que brièvement certains des aspects du jeu de base, pour nous concentrer sur cette Director’s Cut en elle-même.
Avec la façon dont Death Stranding Director’s Cut fut mis en avant durant ces derniers mois, tout portait à croire qu’Hideo Kojima avait joué de son extravagant penchant pour le cinéma afin d’insuffler à son dernier chef-d’œuvre un souffle nouveau. Après tout, l’homme qui se dit lui-même être composé à 70% de films aurait tout à fait pu s’inspirer du 7ème art une fois encore afin de transcender l’aventure de Sam Porter Bridges. Malheureusement, c’était sans compter le facétieux département marketing de chez PlayStation qui semble ne pas avoir trop laissé le choix au créateur en prenant la liberté d’adopter le sobriquet Director’s Cut en lieu et place d’une Definitive Edition, qui aurait été bien plus parlant. Ainsi soit-il, nous ne leur en tenons pas rigueur pour autant car l’essentiel dans tout cela, c’est que l’on puisse enfiler notre BB et notre Odradek une fois de plus.
Bon, en réalité, on ne vous chantera pas les louanges de Death Stranding Director’s Cut pour ses quelques contenus supplémentaires. Parce que, disons-le d’entrée de jeu, ce ne sont pas quelques tricks à dos de moto, une catapulte ou encore quelques tours de circuit qui changeront diamétralement l’expérience magistrale qu’est le périple de Sam Porter Bridges à travers cette Amérique brisée en attente de reconnexion. Forcément, cela ajoute un peu de consistance et on y retrouve l’amour de Kojima pour les propositions décalées. On se souvient encore de Solid Snake tapant quelques tricks sur sa planche dans Metal Gear Solid 2: Susbtance, tandis que Naked Snake s’amusait avec les singes d’Ape Escape dans Metal Gear Solid 3: Subsistence. On ne se refuse donc pas de prendre le volant pour réaliser quelques performances sur le circuit de Fragile, mais concrètement, ce n’est pas accessible aussi facilement que le stand de tir, donc l’intérêt est déjà un brin plus réduit. Ce dernier en revanche, peut être accessible depuis n’importe quelle chambre privée et offre plusieurs configurations qui, au-delà de l’aspect scoring, permettent de ne pas trop perdre la main contre un type d’adversaire bien précis.
Cette nouvelle édition de Death Stranding offre également de nouveaux équipements pour Sam, afin de l’aider dans sa quête de livreur post-apocalyptique. Une catapulte, afin de parachuter de la marchandise à distance (ou bien pour servir d’arme aux plus malins d’entre vous), un jet-pack, une rampe pour faire des tricks… Quelques propositions sympathiques, mais qui ne devraient pas forcément avoir trop d’impact sur votre façon de joueur. Attention, on ne nie pas ici l’aspect pratique de la chose, nous constatons simplement que le marketing a été un poil intense sur la chose. Alors qu’en réalité, ce qui risque probablement de vous intéresser en tant que possesseur d’une PS5 (courage si ce n’est pas encore le cas, votre tour viendra, on l’espère), ce sont les améliorations techniques qui, elles, prennent tout leur sens.
Death Stranding Immersive Edition
Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de poser les mains sur Death Stranding, le jeu nous narre les aventures de Sam Porter Bridges, un livreur de l’extrême, qui tente tant bien que mal de mener ses courses dans un monde post apocalyptique frappé par le Death Stranding : une brisure entre le monde des morts et celui des vivants. Les morts ne le restent jamais vraiment et reviennent sur Terre sous la forme d’échoués et provoquent des néantisations lorsqu’ils attrapent un humain, ce qui a pour conséquence la création d’un cratère autour duquel tout semblant de vie est éradiqué. Dans tout cela, certains élus, que l’on appelle des rapatriés, peuvent se soustraire à ce funeste destin ; tandis que d’autres sont porteurs du DOOMS et présentent quelques facultés particulières. Les survivants sont donc murés dans d’immenses complexes sous-terrain et vivent coupés les uns des autres, avec pour seul lien les courageux porteurs qui acceptent des livraisons à travers tout le pays. Et puisque rien n’est jamais simple dans les histoires conçues par Hideo Kojima, des terroristes viennent se joindre à ce maëlstrom de joyeux évènements. Eux, ne souhaitent pas vraiment que l’Amérique se réunisse sous la bannière des UCA (United Cities of America) et feront donc obstacle à notre héros.
En vérité, il est toujours un peu compliqué d’expliquer de façon concise le scénario de Death Stranding puisqu’il abrite en son sein de nombreux protagonistes qui profitent tous d’un background étoffé comme Kojima en a si bien le secret, avec leurs doses de secrets, ambitions et démons. Le tout ne serait d’ailleurs probablement pas si imposant si ces derniers n’affichaient pas les traits de célébrités telles que Norman Reedus, Mads Mikkelsen, Troy Baker, Guillermo Del Toro, Tommie Earl Jenkins, Nicolas Winding Refn, Lea Seydoux ou encore Lindsay Wagner.
Et c’est évidemment avec la plus grande délectation que l’on retrouve ce panel de personnages hauts en couleur dans cette Director’s Cut. Pourtant, elle ne leur apporte strictement rien dans la mesure ou, comme évoqué plus tôt, elle ne change en rien le déroulement de l’aventure. Nous serions bien mauvaises langue de passer sous silence quelques nouvelles livraisons qui permettent d’acquérir des équipements plus tôt dans l’aventure ainsi que la nouvelle zone de jeu offrant 2 intrigues supplémentaires. On y retrouve donc là le matériau de base, ou presque. Puisque si Death Stranding était un diamant, Death Stranding Director’s Cut en est son polissage le plus ultra.
Avec le moteur Decima Engine, déjà vu à l’œuvre sur Horizon: Zero Dawn, les équipes de Kojima Productions ne pouvaient faire que des miracles. Sur PS4, le jeu parvenait à offrir des décors somptueux, quoi qu’un peu vides, mais cela est voulu par le scénario, et un rendu visuel général de haute volée. Forcément donc, la mouture PS5 ne pouvait que rehausser le niveau. Visuellement c’est donc toujours aussi impressionnant, bien que l’on ne note pas de véritable amélioration. En revanche, l’apparition des modes performance et qualité permettent de profiter de Death Stranding Director’s Cut en 60 FPS ou bien en 4K. Pour notre part, le choix a vite été fait, la fluidité des 60 images par secondes rend parfaitement honneur à la qualité des animations et s’avère être encore plus agréable, notamment lors des scènes d’action.
Mais s’il y’en a bien une qui tire son épingle du jeu pour parfaire l’immersion dans l’aventure, c’est sans aucun contexte la DualSense, dans laquelle les développeurs de chez Kojima Productions ont puisé jusqu’au bout afin de parfaire l’expérience. Le retour haptique fait preuve d’une précision sans faille, réagissant aux moindres secousses ressenties par Sam en marchant et les gâchettes adaptatives accusent le poids des colis transportés par le livreur lorsqu’on les presse afin de lui faire reprendre son équilibre. La DualSense réagit donc à bien des actions, et elle permet toujours de calmer notre BB lors de ses moments de panique, à l’aide de la détection de mouvements. On notera d’ailleurs que le halo lumineux qui entoure le pavé tactile suit également le niveau d’alerte. Autant de détails, qui, sur le papier, semblent insignifiants, mais qui une fois manette en main, prennent tout leur sens. Un peu comme les temps de chargement, qui font la part belles aux capacités du SSD de la console, permettant de sauter du menu principal de la console au menu principal du jeu en une micro poignée de secondes. Les chargements sont évidemment bien plus courts et deviennent presque inexistants. Nous qui les avions trouvés un poil longuets sur PS4, autant dire que l’on a été servis.
Et puis, n’oublions pas que Death Stranding Director’s Cut n’est vendu qu’à 10 euros pour les possesseurs du jeu de base tandis qu’il en coutera 50 euros pour ceux qui en feront l’acquisition pour la première fois. Une tarification relativement douce à notre sens, d’autant que l’on peut également compter sur quelques nouvelles pistes musicales. La grande majorité reste tout de même tiré du répertoire de Low Roar, projet onirique et mélancolique de Ryan Karazija qui reflète à merveille l’atmosphère du jeu, en dehors du temps. C’est d’ailleurs parce qu’il est si unique, qu’on ne peut que vous recommander Death Stranding Director’s Cut.
Verdict : 9/10
À l’heure du verdict, comment décemment attribuer une note plus basse que celle donnée au jeu d’origine ? Death Stranding Director’s Cut propose une expérience encore plus immersive, en s’entichant de petits ajouts sympathiques, mais forcément anecdotiques. Que vous y ayez déjà joué sur PC/PS4 ou non, la seule bonne raison pour passer à côté de cette réédition serait d’être allergique à la poésie et la philosophie qui se dégage de l’univers post-apocalyptique mis en place par le jeu. Sa proposition unique et sa narration au petits oignons pourront en mettre plus d’un sur la touche, mais comme d’habitude, ce sont ceux qui sauront passer outre de premières heures déstabilisantes qui en ressortiront grandis. Avec une immersion encore plus prononcée grâce à la DualSense et la possibilité d’en profiter en 60 FPS, il n’y a pas de meilleur moment pour se lancer dans Death Stranding qu’avec l’édition ultime de l’un des meilleurs jeux de sa génération.
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