Après SoulCalibur VI, c’est au tour de Dead or Alive d’accueillir son sixième épisode. Premier épisode vraiment consacré à la génération du moment, le jeu de la Team Ninja possède-t-il ce qu’il faut pour se mesurer à Tekken 7, Street Fighter V, Dragon Ball FighterZ et on en passe ? La légendaire série japonaise a-t-elle sa place dans le marché actuel ou mérite-t-elle de faire un petit tour sur le bistouri ?
Test réalisé sur PlayStation 4 à partir d’une version physique fournie par l’éditeur
Jamais 5 sans 6
C’est reparti donc pour le sixième tournoi Dead or Alive avec Dead or Alive 6. La fameuse compétition organisée par la DOATEC, de nouveau sous l’œil vigilant d’Helena, attire une fois encore les plus grands combattants de la planète afin de satisfaire des spectateurs avides de sang, de sueur et de plastiques plus ou moins généreuses, autant du côté des femmes que des hommes. Comme ses frères aînés, Dead or Alive 6 propose un petit mode histoire mettant en avant les nouveaux personnages – pas très intéressants et fortement clichés, au passage – ainsi que le clan Mugen Tenshin, qu’on ne présente plus.
Hélas, si vous vous attendiez à une révolution côté scénario, vous pouvez d’ores et déjà abandonner tout espoir : le jeu propose une histoire vue et revue, aussi peu passionnante et grotesque que dans le cinquième volet. Bien que certaines interactions entre tel ou tel personnage restent intéressantes et/ou amusantes à suivre, on a affaire à une succession de scènes n’ayant que peu de logique avec des personnages qui se rencontrent par le plus grand hasard, des motifs quasiment inexistants et des dialogues n’ayant que peu de sens la plupart du temps, le tout avec certains protagonistes insupportables. Diego et NiCO, les personnages inédits, ne resteront sans doute pas dans les annales. C’est le charme de la série pour certains mais il est tout de même regrettable de revoir un tel niveau d’écriture, surtout que les combats sont très faciles dans ce mode, hormis le boss de fin absolument pété qui risque de vous donner des crises de colère. De plus, au bout de même pas 2 heures, c’est bouclé. On a vu mieux dans les plus vieux jeux. Ça semble mal parti pour Dead or Alive 6 mais rassurez-vous, comme d’habitude, cet opus excelle ailleurs.
I’m (still) a Fighter
Dead or Alive 6 a toujours su se montrer à la fois simple et profond dans son gameplay. Ici, c’est toujours autant d’actualité : on garde des bases similaires, avec les déplacements en 3D, une touche pour les coups de poing, une pour les coups de pieds, une pour la prise – défense – et la dernière pour les projections. S’il est très simple d’enchaîner des combos basiques et de mélanger plusieurs touches pour faire des attaques inédites, il faut avoir un bon sens du timing, la série étant réputée pour ses contres qui peuvent changer la donne. Dans ce sixième opus, tout fonctionne une fois de plus à merveille grâce à des animations toujours aussi réussies (bien qu’inchangées), des déplacements et exécutions de coups rapides. Les combats vont à 100 à l’heure, les impacts se font ressentir, donnant un gameplay fortement plaisant, malgré une base qui n’a pas forcément évolué depuis Dead or Alive 5, qui a introduit des coups ultimes ainsi que davantage d’interactivité avec les décors (d’ailleurs, ce point est un poil moins réussi dans cette suite mais cela reste amusant). Pour ce qui est du roster, celui de base se veut plutôt bon avec 24 personnages disponibles et de la variété au programme, malgré un certain manque de combattants inédits. On regrette cependant que la majorité des coups restent inchangés, ce qui pourrait gâcher le plaisir chez certains.
Malgré tout, Dead or Alive 6 introduit une nouveauté qui devrait ravir les débutants ainsi que ceux qui sont avides de nouveautés : une barre spéciale. Séparée en deux parties, elle permet de soit faire une super prise, permettant d’échapper à une attaque d’une meilleure manière que la simple prise au prix d’une partie de la barre, soit un enchaînement de coups spéciaux permettant d’étourdir vite fait l’adversaire. Aussi, quand la barre est totalement remplie, on peut exécuter un coup ultime comme dans Dead or Alive 5, avec en guise de réussite une jolie animation se terminant avec un effet de zoom sur les visages ou autres parties du corps, ce qui augmente l’intensité des combats. Si au départ, on peut avoir peur que cette barre spéciale gâche l’expérience Dead or Alive, elles est au final très appréciable et bien introduite, apportant un peu de neuf et n’étant pas utilisée à outrance. Ceux qui l’utilisent trop risquent de vite revenir sur terre, tant c’est punissable !
Du coup, en dehors du mode Histoire, comment on se bat dans Dead or Alive 6 ? Outre les habituels modes du genre, à savoir Versus, Arcade, Contre-la-montre et Survie, on peut aussi s’affronter en ligne, bien entendu. Nous n’avons pas pu tester beaucoup de combats encore mais le netcode semble plutôt bon. Cependant, actuellement il n’y a que le mode Match de classement, empêchant de se faire de simples parties entre amis. Cela sera bientôt rajouté via une mise à jour mais il est dommage de ne pas voir cela d’entrée. Le mode le plus intéressant reste Quête DOA, proposant plus de 100 combats à effectuer avec chaque fois des objectifs à accomplir, comme par exemple effectuer tel ou tel coup, finir en un temps limité, etc. Ni trop simple, ni trop compliqué, il est plutôt amusant et devrait vous occuper durant un bon moment, faisant vite oublier l’expérience du mode Histoire.
Miroir, ô miroir, dis-moi, dis-moi que je suis la plus belle
L’une des autres qualités de la série Dead or Alive, c’est sa plastique généreuse grâce à des graphismes ayant souvent impressionnés. Hélas, le bilan se veut plutôt mitigé pour Dead or Alive 6. Qu’on soit d’accord, en mouvement, le jeu garde une certaine beauté grâce à ses personnages toujours aussi bien modélisés et détaillés, bénéficiant d’effets de saleté, sueur et même un peu de sang cette fois, accentuant le réalisme. Les vêtements se déchirent aussi selon les attaques spéciales, bien que cela ne soit pas très marqué, c’est un petit détail appréciable. Par contre, du côté des décors, si certains se révèlent beaux et amusants (on a par exemple une parodie de Jurassic Park), d’autres proposent peu de folie et de vie tout en affichant des textures à peine dignes de la génération précédente ainsi qu’une luminosité insuffisante. Ça pique un peu après des jeux comme Tekken 7 ou Injustice 2 et quand on voit Mortal Kombat 11 arriver. Heureusement, le tout reste très fluide, notamment dans le mode privilégiant l’action plutôt que les graphismes (honnêtement, ça ne change pas grand chose sur la PlayStation 4 d’origine, si ce n’est une légère meilleure résolution mais au détriment de quelques chutes de FPS) ainsi que diverses interactions possibles, permettant soit d’endommager davantage les adversaires, soit changer carrément de décor. On regrette tout de même l’absence de certains stages iconiques, dont une plage ainsi qu’un lieu enneigé, tandis que certaines arènes reprennent directement des éléments de l’épisode précédent sans ingéniosité. C’est serviable et parfois, ça peut enchanter mais on s’attendait tout de même à bien mieux de ce côté-là, certains moments nous faisant presque penser à Dead or Alive 5: Last Round, qui n’est pourtant qu’un portage d’un jeu issu de le génération précédente. Aussi, la présentation des menus est plutôt morne, digne d’un jeu mobile.
Parlons bien, parlons costumes : grande caractéristique de la série, cet opus risque de décevoir ceux qui ont toujours aimé le côté un peu sexy chez les personnages. Souhaitant davantage s’axer sur le côté « Fighter », les costumes de base et ceux qu’on peut débloquer se veulent plutôt simples et rarement portés sur l’érotisme, pourtant marque de fabrique de la licence. De plus, pour en avoir davantage, il faut accomplir beaucoup de quêtes dans le mode Quête DOA, là où ils se débloquaient plus facilement par le passé. Enfin, vous vous doutez bien, qui dit Dead or Alive dit également DLC. Ces derniers sont déjà prévus par dizaines, que ce soit du côté des personnages – Nyotengu et Phase 4 ne sont jouables que dans le mode Quête DOA à certaines occasions – ou du côté des costumes, justement, de quoi rouspéter à nouveau. Aussi, malgré l’introduction d’une personnalisation des combattants, cela reste très limité actuellement, puisqu’on peut à peine changer quelques coupes de cheveux et mettre des paires de lunettes. Dans le genre, un certain Tekken se débrouille bien mieux depuis de nombreuses années.
Enfin, la bande-son de Dead or Alive 6 se veut de qualité avec des musiques de plusieurs genres collant parfaitement à chaque scène, menu, arène, personnage et on en passe, sans oublier les habituels doublages japonais et anglais qui sont restés les mêmes. Point noir cependant du côté des jeunes personnages féminins, aussi insupportables dans leurs manières que dans leurs voix. Si vous souhaitez faire une pause durant les combats, vous avez accès à une bibliothèque remplie d’anecdotes, un menu Musique permettant de se détendre un court instant ainsi qu’un mode Cinéma permettant d’apprécier les ralentis enregistrés ou de matchs ordinateur contre ordinateur, afin de profiter du sympathique mode photo permettant de prendre de beaux clichés. Enfin, cela dépend des décors. Hélas, niveau contenu général, on reste finalement bien en deçà de Dead or Alive 5: Last Round, notamment en ce qui concerne les arènes et modes bonus.
Verdict : 7/10
Loin d’être une véritable révolution dans la série, Dead or Alive 6 fait ce qu’il sait faire de mieux : proposer des combats simples mais diablement efficaces. Grâce à une meilleure accessibilité, cet opus devrait attirer plus de monde tout en contentant les joueurs habitués aux combats proposés par la Team Ninja depuis un bon moment, la profondeur étant toujours présente. Hélas, si le gameplay est toujours aussi réussi, un certain manque d’ambition dans les autres aspects, notamment dans le rendu des arènes ainsi que l’affreux mode Histoire, l’empêche de figurer dans le top des meilleurs jeux de combat de la génération, la concurrence se montrant particulièrement agressive. S’il reste bon, le prochain épisode se doit de frapper plus fort, sous peine de lasser même ses plus fervents défenseurs.
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