Les zombies ont toujours été des créatures mises en scène dans les médias, que ce soient dans les séries télévisées (The Walking Dead), comics, livres et même jeux vidéo (The Last of Us, World War Z). Aussi bien fascinantes, pour certaines raisons, que révulsantes, ces créatures du mal sont souvent liées à un monde post-apocalyptique dont les codes sociétaux se retrouvent tout bonnement chamboulés, et ce drastiquement, les humains devant alors apprendre à vivre dans ce nouveau contexte. Et c’est d’ailleurs ce que vous propose de faire le soft de Silent Games, Dead Age, sorti il y a quelques années sur smartphones (Android et iOS) et Steam, venant de s’offrir un portage sur PlayStation 4.
Test réalisé sur PlayStation 4 grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
Walking Dead-like
Imaginez-vous vous réveiller suite à un accident ou un trauma, n’avoir aucune notion d’où vous êtes, voir les gratte-ciels de ce qui fut jadis votre ville en feu et d’étranges créatures au physique effrayant, grommelant et marchant lentement tout en faisant claquer leurs dents dès que leurs yeux ont croisé votre regard… Bien que votre cerveau va machinalement vous repasser la scène d’ouverture de la série The Walking Dead, imaginez-vous vivre ce moment et vous aurez ainsi une idée de ce que propose Dead Age au tout début de l’aventure. Ça donne le ton, n’est ce pas ?
Incarnant Jack, un jeune étudiant (seul ce profil est disponible lors de la première partie), le joueur se rend très vite compte que le protagoniste se retrouve catapulté dans un monde gouverné par les mort-vivants. D’ailleurs ces derniers n’ont pas hésité à planter leurs crocs dans la famille de Jack, le laissant pour seul survivant et rescapé de cette malencontreuse rencontre avec les zombies. Heureusement, il est très vite recueilli par d’autres survivants et rejoint ainsi leur camp afin qu’ils l’aident, et inversement. Bien entendu, ils seront amenés à rencontrer différentes personnes, leur accordant ainsi la possibilité de lier des amitiés fortes ou bien de, malheureusement, nouer des relations conflictuelles avec d’autres groupes. Au fur et à mesure de l’aventure, Jack devient le chef du camp, et ce malgré lui. Ce qui insinue que le joueur se retrouve à la tête d’un groupe de rescapés et devra tout faire pour les aider à survivre, sans trop de dégâts collatéraux et morts de personnages. Ainsi, le tout repose très clairement sur Jack, et donc le joueur, laissant un défi de taille à relever.
Les différentes planches (comme celle disponible ci-dessous) plantant le scénario nous ont invariablement fait penser aux Livre dont vous êtes le héros (la mécanique des dés en moins, bien évidemment) tant l’écriture s’adresse directement au joueur et le rend réellement maître de sa propre aventure. Ayant passé de nombreuses heures en compagnie de ces ouvrages, cet aspect de Dead Age n’est donc pas pour nous déplaire. Et si le scénario de Dead Age peut se résumer en ces quelques lignes, tout l’intérêt du soft réside ailleurs. En effet, comme tout bon survival-RPG qui se respecte, il suffit de quelques éléments pour planter le décor avant de laisser ensuite place à la survie pure et dure. Et comme vous le savez déjà, c’est le gameplay qui est le nerf de la guerre dans ces cas-là. Pour autant, on notera tout de même que les dialogues des personnages, ponctuant l’aventure et les différentes rencontres, sont plutôt bien écrits et transmettent comme il se doit la tension ressentie par ces derniers au vu de ce nouveau contexte.
Un savant mélange
L’aventure de survie Dead Age débute réellement une fois arrivé au campement du groupe de rescapés. Et là, il y a du travail ! Le campement, disponible via une image 3D interactive, est votre nouveau QG et vous permet de préparer vos survivants au mieux et d’organiser les prochaines expéditions. Une fois dans ce menu, il est possible de planifier ou de se plonger dans plusieurs tâches : partir à l’aventure, accéder aux options, voir les défis (pour plus de récompenses) ou aller à la cantine pour discuter avec les différents membres du groupe. Par ailleurs, la gestion de votre équipement et de celui des autres survivants est primordiale puisque chacun devra être équipé des vêtements ou armes nécessaires pour la prochaine expédition et les nombreux combats à venir. Les joueurs amateurs de jeux de gestion y trouveront à coup sûr leur bonheur. Mais les développeurs vont un peu plus loin en proposant de façonner les personnages à notre guise. En effet, chacun d’entre eux peut embrasser une carrière diverse. Par exemple, le médecin du groupe se verra attribuer une mission journalière, se résumant bien souvent à fabriquer de l’équipement médical pour le reste du groupe. À l’inverse, le chasseur devra se mettre en quête de rations et ressources diverses. Comme vous l’aurez compris, tout le soft est régi par un système de craft qui se veut d’ailleurs assez simple mais très bien pensé : les ressources, glanées ici et là durant les missions d’expédition ou différentes quêtes permettent de fabriquer des armes, des objets de soin ou de procéder à des échanges avec des marchands venant régulièrement vous rendre visite. À savoir que le joueur doit donc gérer trois catégories d’objets importants : la nourriture, le matériel et les outils.
Tout au long de l’aventure, nous sommes donc amenés à réaliser la quête principale ainsi que des missions diverses données par les autres personnages lors des discussions à la cantine. Dans certains cas, quelques unes d’entre elles possèdent un timer, soit par exemple « aller sauver les rescapés aperçus sur l’autoroute avant X temps ». Cela permet de varier l’expérience et surtout d’ajouter davantage de tension à l’aventure. Bien entendu, libre à chacun de réaliser ces quêtes ou de les laisser de côté, mais cela aura nécessairement un impact sur vos relations avec les personnages et la suite des événements. En effet, plus vous aurez de personnages au sein de votre campement, plus la survie sera facilitée à condition de s’occuper d’eux comme il se doit. Que ce soit via les missions d’expéditions ou diverses quêtes, Jack et son groupe sont amenés à visiter différents lieux des environs, assez sommaires mais bien réalisées. Il convient de savoir que chaque lieu est constitué d’une vingtaine de zones dans lesquels les combats se montreront de plus en plus difficiles tant les ennemis sont plus nombreux et agressifs à chaque fois. À tout moment, il est possible de retourner au campement – et c’est recommandé si l’un de vos personnages est sur le point de mourir – mais il faudra alors tout recommencer.
En ce qui concerne les combats, ils sont régis par un système assez simple, soit celui du tour par tour. Durant sa phase, le joueur est donc amené à sélectionner une action, que ce soit une attaque au corps à corps (mains nues ou avec une arme), une compétence spécifique au rôle du personnage ou l’utilisation d’un objet de l’inventaire. Notez que certaines attaques sont plus ou moins efficaces sur l’ennemi en question. Et on en profite pour remarquer que le bestiaire est plutôt diversifié, ce qui permet au soft d’être moins redondant bien qu’un sentiment de répétitivité s’installe assez rapidement malgré cela. Avec une dimension quelque peu rogue-lite, incorporant ainsi le fait que la mort est permanente, les combats deviennent de plus en plus intéressants stratégiquement parlant et collent ainsi parfaitement à l’ambiance voulue d’un survival. Heureusement, à l’issue de chaque combat, le joueur reçoit plusieurs récompenses : matériaux, ressources, items de soins, armes, etc. Par ailleurs, les phases d’exploration sont ponctuées par de mini-événements, comme le fait que votre groupe tombe sur une cargaison militaire, découvre un camion dont le coffre peut receler divers objets, et il sera possible d’en récupérer le contenu si les compétences de vos personnages le permettent. Oui, parce qu’à la fin de chaque mission, les rescapés obtiennent des points de compétence que le joueur doit répartir selon plusieurs arbres. C’est ainsi que nous sommes amenés à dessiner les spécificités et le rôle de chacun dans l’aventure. Ce n’est certes pas original en soi mais ça fait le café. De ce fait, entre les séquences dans le campement, les moments de dialogue et partage entre les personnages, la pluralité des missions, les différentes phases de jeu (combat, mini-événements, etc.) et la diversité des lieux, Dead Age parvient à offrir une expérience de survie assez complète.
Les limites de l’expérience
Vous avez dû vous en rendre compte grâce aux captures d’écran disponibles ci-dessus, Dead Age n’est pas d’une la claque visuelle de l’année. En effet, en dehors des phases typées comics qui ont su attirer notre œil dès le début et nous indéniablement fait penser aux planches de Walking Dead, les séquences de combat ne sont pas belles visuellement. On a d’ailleurs cette impression d’être revenu à une charte graphique datant des années 2000, tout au plus. Même si l’on ne pardonne pas réellement le fait que les développeurs n’aient pas insufflé d’améliorations graphiques via ce portage sur PlayStation 4, on comprend tout de même pourquoi le soft est tel qu’il est visuellement. Rappelons que Dead Age est disponible sur smartphones, soient iOS et Android, et il a probablement été pensé originellement comme un jeu mobile avant tout. Ce qui justifie à moitié l’aspect visuel du soft, notamment pour les graphismes des séquences de combat contre les hordes de zombies. De ce fait, on ne pourrait que vous conseiller de découvrir le soft sur une autre plateforme de jeu, d’autant plus si les graphismes sont un critère très important à vos yeux. À l’inverse, les images interactives et séquences narratives nous ont clairement plu tout au long de l’aventure. Du coup, on a clairement cette impression d’un soft divisé en deux visions artistiques : l’une rendant l’univers assez plaisant et attractif alors que l’autre en montre les limites.
Et si nous avons parlé de l’aspect graphique, un autre point a attiré notre attention. La bande son de Dead Age est relativement plaisante et cohérente avec les différentes phases et séquences de jeu, oui. Mais une fois encore, on se heurte aux limites du soft : elle ne brille malheureusement pas de génie. On aurait aimé que le tout soit encore plus stressant tant les mécanismes de jeu de Dead Age parviennent à instaurer cette idée de tension constante propre au jeu de survie. Au final, que ce soit la direction artistique ou la bande originale, ça fonctionne mais il y a comme un sentiment de frustration à la fin de l’aventure. On aurait aimé mieux. C’est dommage de voir que l’enrobage est de moindre qualité surtout quand on sait que le jeu propose un gameplay assez intéressant et prenant. D’autant plus que les jeux de survie dans un monde post-apocalyptique, avec des zombies, ce n’est pas ce qui manque et la compétition est donc rude. Dead Age a ce petit quelque chose qui parvient à convaincre, notamment et principalement grâce à son gameplay, mais in-extremis.
Verdict : 6/10
Avec Dead Age, Silent Games propose un jeu survival-RPG somme toute assez basique et ne révolutionnant malheureusement pas le genre. Bien que les mécanismes de jeu soient franchement intéressants et collent plutôt bien à l’ambiance du soft, l’enrobage final via la direction artistique, les graphismes et la bande son ne font pas de Dead Age un must-have du genre. D’autant plus que nous ne pouvons que vous conseiller d’y jouer sur smartphones ou sur PC plutôt que sur consoles. Ça fonctionne assez bien, et le soft saura attirer les amateurs de ce type de jeu on en doute pas, sans pour autant passionner les foules.
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