La licence de gestion Tropico existe depuis 2001 mais c’est la première fois qu’un épisode est porté sur une console Sony. Tropico 5 est donc disponible sur PS4 quasiment un an après la sortie de la version PC et quelques mois après l’opus Xbox 360. Une bonne nouvelle de voir débarquer ce genre de jeux qui existe depuis des années sur PC mais encore peu représenté sur consoles. Les développeurs de Haemimont Entertainement ont en tout cas l’expérience et le résultat devrait être à la hauteur des bons échos de la série.
Quand c’est trop, c’est Tropico
Ceux d’entre vous qui ont déjà tâté la série Tropico ne seront pas choqués par le scénario, en effet, ce cinquième opus reprend les ingrédients qui ont fait le succès de la série. Pour les autres, Tropico n’est pas un simple jeu de gestion à la Sim City, puisque l’histoire et de nombreuses références vous pousseront au sourire. Vous êtes El Presidente, un dictateur en devenir envoyé par la couronne sur une île quasiment déserte en pleine période coloniale. Votre but, développer ce morceau de terre et le faire fructifier. La campagne de Tropico 5 commence de cette façon et votre mandat a déjà une date de fin programmée. Sauf que votre ambition n’est évidemment pas de laisser la place à un autre, mais bien de rester à la tête de vos sujets. Pour ce faire, il faudra composer avec la satisfaction de la population locale et plus particulièrement les partisans de l’indépendance sans toutefois froisser trop rapidement la couronne qui vous sera d’une grande utilité financière. Le tout en gardant évidemment un œil sur la date butoir de votre mandat. Heureusement, certains objectifs vous permettront de repousser l’échéance une fois accomplis. La fin de cette première mission étant de réussir à gagner votre indépendance.
Deux maps composent la campagne et une fois la première mission terminée, vous n’aurez d’autre choix que de faire la suivante sur l’autre île, quasiment déserte également. L’enchaînement des missions suivantes pourra se faire par alternance sur l’une ou l’autre avec toutes vos constructions et caisse conservées. Des objectifs très différents permettront de faire varier les plaisirs. On retrouve tout de même à chaque fois une notion de compte à rebours qui peut être repoussé par l’accomplissement de missions annexes d’ordre politiques ou commerciales, comme l’exportation d’une certaine quantité de viande par exemple.
Politiquement véreux
Tout dictateur qui se respecte à la main mise sur tous les leviers du développement de sa patrie. El Presidente ne déroge pas à cette règle puisque si l’indépendance a engendré une constitution, vous pourrez tout de même instaurez la direction à suivre parmi 3 propositions sur chaque domaine. Concernant les élections par exemple, vous pourrez choisir entre le droit de vote réservé aux hommes, aux riches ou ouvert à tous. Une ribambelle de décrets vous permettra également d’agir, moyennant finance, sur l’amélioration de tel ou tel domaine pendant une certaine durée. Des options très -voire trop- poussées qui ne seront au final que peu utilisées et dont l’intérêt passe un peu inaperçu. Chaque décision que vous prendrez aura un effet plus ou moins visible sur l’approbation de votre peuple. Leur liberté en prenant un coup quasiment à chaque fois évidemment. Une approbation utile pour rester au pouvoir car si votre peuple vous déteste, vous ne serez pas à l’abris d’un coup d’état ou même de la perte d’élections pourtant truquées. Des statistiques dans de nombreuses catégories, comme la nourriture, la sécurité, le chômage ou le nombre d’habitations vous renseignent sur les choses à améliorer pour augmenter votre pourcentage de partisans, disséminés dans plusieurs factions (militaristes, religieux, écolos…). Si l’amélioration des conditions de vie de vos sujets fait augmenter le taux de partisans, des manifestants viendront régulièrement perturber le calme de votre ville, sans que l’on sache vraiment pourquoi. Même constat avec les attaques de rebelles, ce à quoi vous ne pourrez pas faire grand chose pour faire baisser la menace. Après vous êtes fait avoir une première fois, construire quelques casernes vous permettra de continuer à jouer comme si de rien n’était puisque les attaques seront bien souvent enrayées sans même que vous ne vous en occupiez.
Et il faut bien dire que ce Tropico 5 vous demandera d’être attentif à de nombreux points, comme les contrats commerciaux, le bonheur de vos « citoyens », le tourisme, les catastrophes naturelles ou encore les relations internationales toujours symbolisées par 2 parties (Couronne vs Indépendantistes en début de jeu). En début de jeu seulement, car au fur et à mesure que vous avancerez dans le jeu, votre époque changera au fil des missions et vos interlocuteurs également (Axe/Alliés – URSS/USA/Chine/Europe). De l’époque coloniale du début, vous passerez donc par l’époque des guerres mondiales, de la guerre froide, puis enfin des guerres modernes. Ces changements, véritable point fort, apportent une évolution graphique des constructions, des routes et véhicules mais aussi l’ouverture à un plus grand nombre de technologies et de bâtiments. Notez que le menu de construction est d’ailleurs assez facile à appréhender à la manette, malgré un très grand choix dans les différents domaines (matières premières, divertissement, tourisme, militaire…)
Les tropiques, ça gère
Les mécanismes des jeux de gestion sont évidemment tous présents, avec en premier lieu la possibilité de contrôler la vitesse de défilement du temps ou de le stopper. Les zones encore inexplorées qui se cachent sous un brouillard opaque ou l’attribution de plus ou moins de moyens à un bâtiment, qui entraînera une augmentation ou une baisse de son efficacité sont également de la partie. D’autres mécaniques sont une nouveauté dans le genre et même dans la série Tropico. Tous ne sont malheureusement pas vraiment des atouts et compliquent encore la gestion sans apporter beaucoup de valeur ajoutée. En tant que Presidente, vous commencez une dynastie et votre famille s’agrandira au fil des parties. Il vous sera demandé de choisir quel attribut votre descendance apportera (+10% de tourisme par exemple) et ensuite de la placer en tant que directeur de bâtiments. Ses attributs bénéficieront au bâtiment en question mais le résultat est vraiment flou et l’intérêt tellement faible que cette possibilité sera vite laissée de côté. Autre spécificité, tout bon dictateur qui se respecte possède son compte en Suisse et ce sera votre cas. Là encore, si cette possibilité fait sourire, d’autant qu’elle vous permettra de piocher à quelques reprises dans cette caisse noire pour régler un différent, l’intérêt aurait pu être plus important. Saluons tout de même l’arrivée pour la première fois d’un mode en ligne dans la série qui permet de jouer en coopération pour le bon développement d’une île ou de s’affronter pour gagner le pouvoir. Une très bonne idée qui nous laisse tout de même un peu sur notre faim dans le mode Versus, puisque vous pourrez choisir d’envoyer vos troupes attaquer tel ou tel type de bâtiments mais vous n’aurez pas la possibilité de contrôler vraiment ces unités. Un premier essai qui augmente tout de même une durée de vie, ne crachons donc pas dessus.
Verdict : 7.5/10
Les amoureux des jeux de gestion n’ont pas vraiment le choix sur PS4, mais l’arrivée de ce Tropico 5 est une valeur sûre, d’autant qu’elle s’accompagne de nombreux points forts. On pense notamment au très grand choix de leviers pour gérer votre île, un humour bien sympathique dans les dialogues grâce au parti pris de la dictature, le tout sur une bande son venue directement des tropiques. Ceux qui par contre ont déjà parcouru les eaux tropicales dans les précédents opus sur PC ou Xbox 360 ne seront pas émerveillés par les nouveautés apportées depuis Tropico 3.