Kickstarté avec succès en 2014 pour une sortie en janvier 2016 sur PC, Darkest Dungeon a su tirer son épingle du jeu grâce à un marketing allant dans le sens des joueurs et à un accès anticipé de qualité qui aurait pu être confondu aisément avec un jeu complet. Courant janvier 2016, les joueurs PC ont d’ailleurs pu constater que les gars de Red Hook Studios en avaient encore sous le pied, grâce à quelques nouveautés ainsi qu’un rééquilibrage complet du jeu. Depuis, et au fur et à mesure des mises à jour, le jeu n’a cessé de s’améliorer, offrant ainsi la possibilité de redécouvrir le titre à chaque nouvelle partie. Le plus sombre des donjons arrive enfin sur PS4 et PS Vita, ouvrant ses portes à la communauté Playstation, et permettant ainsi à un nouveau public de se confronter à une exploration de tous les dangers. Voyons ensemble si ce portage est à la hauteur des attentes des joueurs.
Un donjon, deux donjons, trois donjons…
Pas de marche arrière, sans doute est-ce cela qui définit le mieux ce qu’est Darkest Dungeon. Vous allez vouloir revenir sur vos pas, et certaines de vos décisions vous paraîtront bien amères au fur et à mesure que vos unités périront… RPG axé Rogue-like, le titre de Red Hook Studios ne vous laissera pas indifférent. En premier lieu parce que son univers Dark Fantasy est très bien retranscrit grâce à une patte graphique des plus léchées, au subtil accent anglais du narrateur et à l’habillage musical du titre.
Mais contextualisons un peu le tout. Vous voilà désormais héritier d’un village baptisé le Hameau dans lequel l’ancien propriétaire, avide de trésors, a laissé s’échapper une horde de monstres qui entoure désormais notre havre de paix. Notre objectif sera évidemment de purifier le tout par l’épée, faire parler le glaive, et faire couler le sang corrompu. Après un bref didacticiel, le jeu vous fait découvrir le Hameau, lieu où vous pourrez recruter de nouveaux compagnons d’infortune, permettre à certains de se reposer, améliorer vos équipements ou vos compétences, le tout moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes que vous allez récupérer au fur et à mesure de vos pérégrinations dans les donjons. De temps en temps, des événements auront lieu ici vous permettant de bénéficier de réductions sur le coût de repos des guerriers, ou encore, des troupes d’élite feront leur apparition. Ces événements, apparus au mois de mai sur la version PC du titre, rajoute un véritable plus, faisant légèrement baisser la tension d’un titre exigeant.
Le choix des compagnons est un élément crucial avant de partir explorer les différents donjons du soft. En effet, après votre première expédition, vous remarquerez rapidement qu’en plus d’apprendre à gérer le système de combat (sur lequel nous reviendrons plus tard), vous allez devoir prendre en compte plusieurs éléments, à commencer par le stress. L’univers glauque du jeu est clairement oppressant pour vos unités. Ainsi, lors de chaque exploration, les ennemis, et le donjon lui-même, infligeront de l’anxiété à vos personnages. Une fois la jauge remplie, si vous êtes chanceux, votre unité deviendra vertueuse, sa barre de stress diminuera drastiquement et elle bénéficiera de certains bonus de statistiques. Rassurez-vous, cela arrive rarement. La plupart du temps… elle subira le contrecoup du stress et n’en fera plus qu’à sa tête. Elle pourra ainsi refuser d’être soignée, parfois même d’attaquer, se moquera ouvertement de ses alliés, ce qui augmentera la jauge de ses coéquipiers. Le stress est un élément de gameplay du jeu à ne surtout pas oublier. La seule solution pour faire baisser rapidement ce mal est de permettre à vos combattants de se reposer dans les diverses habitations du Hameau prévues à cet effet. Sauf que là encore, ce n’est pas si simple. En plus du stress, il faut prendre en compte les manies et les maladies. Ces dernières ont une influence directe sur les statistiques de vos personnages, faisant baisser leur précision ou leurs dégâts par exemple. Les manies, quant à elles, modifient le comportement des personnages. Ils pourront ainsi ne vouloir que le fouet pour faire diminuer le stress, ou bien, en pleine exploration de donjon, se mettront à voler les trésors se trouvant sur leur route. Ces manies peuvent, là encore, être enlevées moyennant des pièces d’or.
C’est à vous, je vous prie.
Abordons maintenant l’exploration des donjons. Rogue-like oblige, les donjons sont générés de manière aléatoire. Ainsi, chaque partie se déroule différemment. Plusieurs objectifs sont proposés par le jeu, mais ils ne sont pas vraiment variés. Le jeu vous demandera parfois de découvrir 90% des pièces du donjon, de gagner tous les combats, de ramasser des objets ou bien de battre des boss. Pour autant, ce ne sont pas les objectifs qui nous poussent à aller plus loin dans le plus sombre des donjons, mais bien l’envie de persévérer et de voir jusqu’où nous sommes capables d’aller. Le soft fait également varier la durée des explorations (courtes, moyennes et longues) pour plus de plaisir. De plus, lors des donjons de moyenne ou longue durée, il vous sera proposé de monter un feu de camp quand vous le souhaitez, et ce afin de restaurer vos unités, améliorer temporairement les stats ou faire diminuer le stress. Chaque complétion de donjon vous permet d’obtenir de l’or, des équipements et de l’expérience. Évidemment, plus le donjon est long, plus les récompenses à la clé sont importantes.
Les (nombreux) combats se déroulent au tour par tour, sur des bases assez classiques. En réalité, une fois les premiers affrontements passés, on se rend vite compte de la profondeur de jeu. Ainsi, il est nécessaire de rapidement mettre en place une stratégie pour venir à bout des monstres, car plus le combat est long plus vos personnages verront leur barre de stress augmenter. De plus, le positionnement des ennemis est à prendre en compte. En premier lieu car tous vos combattants ne pourront pas attaquer les ennemis trop éloignés, mais également car certains adversaires ne peuvent plus attaquer si on les déplace, ce que permettent de faire certaines compétences. Ce système fonctionne également pour vous. En effet, ce sera à vous de bien positionner vos combattants et de bien connaitre leurs capacités. Ainsi, un croisé ou un lépreux en dernière position ne vous sera d’aucun intérêt car il ne pourra pas du tout attaquer. À noter également que lorsque les monstres vous prennent par surprise, votre groupe prend peur et casse sa formation.
Certaines de vos unités devront également se charger de soigner vos troupes, tandis que d’autres pourront utiliser des buffs afin de les rendre plus puissantes, ou encore infliger des malus comme le saignement ou l’infection afin de venir à bout plus rapidement des adversaires. Bref, un système de combat plus profond et addictif qu’il n’y parait, même s’il sera parfois la raison d’un rage quit de votre part. En effet, même si avant de lancer une attaque vous connaissez le pourcentage de précision, la fourchette de dégâts, la probabilité d’infliger un malus etc, si le jeu décide que vous ne passerez pas, vous ne passerez vraiment pas. La RNG du titre (ou la « chance », l’aléatoire) est parfois mal calibrée et peut vous faire rater coup sur coup plusieurs offensives. Ainsi, le stress des personnages qui monte rapidement.. pourra avoir tendance à vous irriter. Ce problème semble néanmoins avoir été atténué sur la version PS4 du titre, et le jeu semble moins violent avec le joueur. Une bonne chose apportée à ce portage, donc.
L’amour du crash
En termes de durée de vie, le jeu s’avère très complet et il vous faudra bien une quarantaine d’heures pour en voir le bout, si ce n’est plus. Un mauvais choix dans la gestion de vos compagnons ou trop de pièces d’or dépensées pour améliorer vos unités (ou les déstresser) et il sera difficile à un certain niveau de pouvoir redresser le tir. De toute façon, vous recommencerez de nombreuses fois le jeu. Même s’il n’y a pas de niveau de difficulté à proprement parler, ou de réelle replay-value, le jeu ne vous laissera sûrement pas indifférent et vous retenterez à de nombreuses reprises d’atteindre le plus sombre des donjons.
Amis mélomanes, sachez que vos oreilles seront flattées par la bande-son du jeu. Habilement composée, elle s’avère être un véritable reflet de l’univers du jeu, sombre et torturé. Chaque donjon dispose de sa propre ambiance et les musiques de combats sont suffisamment oppressantes et prenantes pour vous laisser accrocher au jeu. Stuart Chatwood, que vous connaissez peut-être pour avoir composé les musiques de huit jeux estampillés Prince of Persia, a ici fait un travail remarquable sur l’OST. De son côté, la patte graphique, comme précisé plus haut, est vraiment détaillée et l’animation des attaques, bien que minime, est largement suffisante pour un jeu du genre.
Sur le plan technique, le jeu tient la route, ne subit aucune baisse de framerate, mais le contraire aurait été gênant. La version PS4 cependant… a le malheur d’être victime de nombreux crashs (quatre en 2 heures de jeu, ça commence à faire beaucoup) et il semble qu’il en soit de même sur PS Vita. Dommage, car cela nuit vraiment à l’immersion, et même si nous ne doutons pas de la réactivité des développeurs à ce sujet, pour le moment tout cela est vraiment dérangeant, malgré les deux premiers patchs d’ores et déjà diffusés depuis la sortie du titre.
Verdict
Darkest Dungeon était très attendu par la communauté Playstation, et à raison. Clairement un des meilleurs jeux sortis sur PC cette année, les joueurs ne voulaient clairement pas passer à côté. Le titre réussit tout ce qu’il entreprend, que cela soit le système de combat plus profond qu’il n’y parait, la bande-son extrêmement soignée, ou encore sa patte graphique, véritable miroir des ambitions dark fantasy des développeurs. Le jeu vous emporte dans un univers sombre et torturé, dans lequel vous reviendrez toujours avec un véritable plaisir. Alors certes, la version PS4 subit pour le moment des crashs, mais cela sera très vite corrigé par les développeurs de chez Red Hook Studios à n’en pas douter. De plus, ces derniers ont réussi à rendre agréable manette en main un gameplay pensé à la base pour le PC.
Test effectué avec une version éditeur sur PS4
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