Ayant connu ses premières lettres de noblesse à la fin des années 1990, nombreux sont les créateurs qui désirent faire revivre le genre horrifique tel qu’il était à l’époque dans le monde du jeu vidéo. Resident Evil, qui reste aujourd’hui encore l’un des maîtres en la matière, est à ce titre souvent pris comme source d’inspiration… pour le meilleur ou pour le pire. C’est notamment le cas de Dawn of Fear, un jeu développé par le studio espagnol Brok3nsite et édité par Good Game Publishing, dont la volonté semble de nous ramener à « l’aube de la peur ».
Test réalisé sur PS4 à partir d’une copie numérique fournie par l’éditeur
« Wow… What a mansion ! »
Dans cette aventure horrifique, vous incarnez Alex, un jeune homme qui apprend par le biais de son avocat que sa belle-mère vient de se suicider. Étant lui-même le dernier membre en vie de la famille, il se rend donc dans son ancienne demeure afin de faire tout le nécessaire pour l’enterrement de celle-ci. Malheureusement, son retour ne se passera pas comme prévu : beaucoup de choses semblent avoir changé et des événements étranges se produisent. Premier constat, Dawn of Fear ne mise décemment pas sur l’originalité vis-à-vis de son contexte. Néanmoins, c’est le genre de choses que l’on peut assez facilement pardonner dans une production telle que celle-là. Encore faut-il que le peu qui ait été réalisé à ce niveau ne soit pas complètement raté, ce qui est clairement le cas ici. En effet, l’absence totale de doublage, l’inutilité des quelques documents récupérables, le ridicule de la mise en scène des rares cinématiques mais aussi la qualité déplorable des dialogues rendent l’expérience aussi risible qu’exaspérante du début à la fin.
Dawn of… Bug ?
Inutile de s’attendre à davantage d’originalité du côté du gameplay étant donné que le titre de Brok3nsite ne fait que reprendre la formule du premier Resident Evil, mais en beaucoup moins bien. Toute l’aventure se déroule au cœur d’un manoir de taille suffisamment raisonnable pour qu’aucune carte ne soit nécessaire, ce qui n’aurait de toute façon pas été d’une grande aide supplémentaire puisque la construction de la progression au sein du jeu est on ne peut plus linéaire. Impossible de se perdre ni même de tourner en rond : vous ne ferez que passer de pièce en pièce afin de récupérer clés et autres items nécessaires à votre avancée dans le jeu. Aucun challenge si ce n’est une ou deux énigmes sympathiques. Autant dire qu’on s’ennuie très rapidement face à un tel manque de dynamisme, le tout apparaissant de surcroît comme étant désespérément vide.
Nous venons d’ailleurs d’évoquer le fait que l’expérience ne proposait aucune forme de challenge. En réalité, ce n’est pas tout à fait vrai. Se retrouver confronté à un gameplay tel que celui de Dawn of Fear, c’est un véritable défi en soi. De la prise en main ultra rigide et capricieuse du personnage aux innombrables bugs en tout genre, en passant par la gestion catastrophique des plans de caméra fixe, il y a effectivement de quoi trembler de peur et surtout de rage. On passe littéralement son temps à mourir à cause de contrôles imprécis, de bugs de collision, de changements d’angle de vue si brusques qu’on ne sait plus où l’on se trouve ou encore d’un manque cruel de dynamisme du personnage face aux ennemis. Parfois, des bugs plus importants encore surviennent. Dans notre cas, nous avons par exemple été forcés de redémarrer la console qui refusait subitement de détecter la DualShock 4 (branchée ou non) et avons dû recommencer l’affrontement final pour cause de mort… au beau milieu d’une cinématique.
De cette manière, l’aventure qui est fondamentalement très courte puisque pouvant se boucler en moins de deux bonnes heures a tendance à s’éterniser inutilement, ce qui est évidemment loin de plaider la cause du jeu. C’est d’autant plus frustrant que les sauvegardes se font à partir de bougies réparties dans le manoir et dont l’utilisation est limitée, ce qui vous forcera parfois à refaire en boucle les mêmes portions. Et le système de sauvegarde n’est que l’une des nombreuses références à Resident Evil, qui sont si récurrentes et parfois si peu subtiles que les limites du plagiat ne sont pas très loin. Construction des lieux, déroulement des événements, fonctionnement des énigmes, combats de boss, tout ne fait que rappeler l’œuvre de Capcom… jusqu’à la réutilisation de Moonlight Sonata à un moment donné.
Le décor est demandé à l’accueil
Ce ne sera pas une surprise, le jeu s’en tire guère mieux sur le plan technique. À vrai dire, c’est même tout le contraire. Graphiquement assez moche et très peu inspiré, il multiplie les bugs d’affichage tous plus impressionnants les uns que les autres et se permet même à certains endroits quelques lags et ralentissements. À aucun moment l’atmosphère n’a le moindre effet. Si on ne lui retirera pas le fait qu’il parvient à proposer deux ou trois plans plutôt réussis, cela est très loin de suffire. Toutefois, pour finir sur une note un peu plus positive, on notera tout de même le fait qu’il propose des thèmes musicaux assez intéressants. Il est simplement dommage qu’ils ne soient absolument pas adaptés au contexte et à l’univers du jeu dans certains cas.
Verdict : 1/10
Resident Evil est souvent pris comme source d’inspiration par d’autres créateurs, pour le meilleur ou pour le pire. Avec Dawn of Fear, c’est incontestablement pour le pire. Le jeu de Brok3nsite constitue l’exemple même de l’hommage raté et totalement dénué d’ambition. De son scénario à son gameplay, le jeu nous propose un univers sans queue ni tête qui n’a pas la moindre personnalité. Pire encore, l’expérience est continuellement ternie par des bugs plus ou moins importants qui ne font que renforcer le cauchemar d’un jeu qui n’avait déjà rien pour lui. À fuir absolument.
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