Darkest Dungeon, un Rogue-like très difficile aux mécanismes RPG au tour par tour, avait remué la communauté de joueurs PC en janvier 2016, puis celle adepte des machines Sony grâce à un portage PlayStation 4 et PS Vita sorti huit mois plus tard. Désormais, les possesseurs de la Nintendo Switch peuvent s’essayer au jeu et tenter de vaincre le mal, du mieux qu’ils peuvent. Revenons sur ce portage.
Test effectué sur Nintendo Switch à partir d’une version numérique fournie par l’éditeur.
Un manoir hanté, des araignées à la morsure infectieuse, des semi mort-vivants, des abominations sans nom mais aussi des bandits, des chevaliers, des bouffons, des soigneurs… Bienvenue dans l’univers sombre et gothique de Darkest Dungeon, un jeu pas comme les autres qui vous mettra à rude épreuve, durant une trentaine voire quarantaine d’heures selon votre avancement et le mode de difficulté choisi (« radiant » : facile et plus rapide, « darkest » : normal et « stygian » : difficile).
Plongez au cœur des ténèbres
C’est grâce à des graphismes très Comics, aux traits fins, que le joueur est tout de suite plongé dans cette histoire sombre, voire gothique. La bande-son (musique et bruitages) joue également sur l’aspect pesant de certaines ambiances, avec notamment les croassements des corbeaux qui présagent de mauvais augures, le son de cloche tonitruant lorsque vous êtes dans le hameau, et les différents bruitages à l’intérieur du manoir qui mettent vite mal à l’aise.
Mais quel est le scénario de ce jeu de niche, kickstarté avec succès ? Propriétaire du Darkest Dungeon, un homme à la concupiscence avouée et à la richesse sans nom fait un jour la découverte de runes antiques dans sa propre demeure. Devenu obsessionnel quant à la révélation de ces écrits, il découvre rapidement leur signification… et lâche ainsi, involontairement, les ténèbres dans son propre manoir.
Votre mission est donc de sauver la vieille battisse en éradiquant le mal à travers différentes quêtes aléatoires et à l’aide de plusieurs personnages, catégorisés selon des classes : le voleur, le bouffon, le chevalier, le lépreux etc. De vrais mécanismes RPG, donc, qui permettront aux joueurs de s’essayer à différentes compositions d’équipe… s’ils parviennent à les maintenir en vie !
Pour l’heure, rendez-vous au hameau
Avant de vous lancer dans une quête, l’étape de préparation est primordiale afin de s’assurer la victoire et le maintien en vie de son équipe. Pour ce faire, rendez-vous au hameau, nommé selon votre guise, qui sera votre QG, votre havre de paix tout au long du jeu.
C’est ici même que vous monterez votre équipe, améliorerez les techniques de combat (la guilde) de vos personnages, changerez et perfectionnerez leur set d’équipement (la forge) leur permettrez de réduire leur stress grâce à diverses activités (dans l’abbaye ou le sanatorium ou encore à la taverne). D’autres bâtiments sont également là pour vous aider dans votre aventure, notamment la diligence qui vous permettra d’embaucher de nouvelles recrues, la tente de la spécialiste de la survie pour acquérir de nouvelles compétences de campement, le cimetière résumant les personnages morts au combat, mais aussi la roulotte de la vendeuse nomade pour des items plutôt efficaces.
Tout est susceptible d’être amélioré grâce à des legs retrouvés durant vos missions (sauf le cimetière). Par exemple, pour la diligence, il est possible d’améliorer le réseau augmentant ainsi le nombre de recrues disponibles, ou encore le quartier des héros agrandissant la capacité de la liste de vos héros et les recrues expérimentées accroissant votre taux de chance d’acquérir des personnages plus performants.
Pire qu’une équipe FIFA !
Si le choix de votre équipe est primordial, ce n’est pas pour rien. Il faut effectivement bien choisir les personnages qui vous accompagneront dans votre quête, car certains sont susceptibles de mourir sans possibilité de résurrection en cours de route, ou d’être affligé d’un mal handicapant. Pour autant, rassurez-vous si certains meurent, la diligence du hameau vous permet d’incorporer de nouveaux éléments, de classe différente, dans votre réserve de personnages. L’intérêt étant d’ailleurs de trouver ses classes favorites.
D’autant plus que certains héros fonctionnent très bien ensemble, comme le chevalier et le voleur. Mais à l’inverse, d’autres ne voudront pas s’associer. C’est le cas notamment du chevalier qui refusera de partir en mission avec le lépreux. Tout est donc une question de management.
En fonction de leur spécificité et de leur rôle au sein de votre équipe, il faut impérativement choisir avec attention leur positionnement. Possédant une arme à distance, il est, par exemple, plus judicieux de placer le voleur en deuxième ou troisième position. Votre soigneur en troisième ou dernière position. Certaines classes avec des attaques de mêlée ou de corps à corps seront donc en première place.
Se préparer aux mieux
Le temps de préparation n’est pas à négliger. Une fois l’équipe montée, il vous faudra sélectionner votre stuff.
Moyennant plusieurs pièces d’or que vous gagnerez durant les quêtes, vous devrez faire l’acquisition de nombreuses provisions avant de partir en mission. Le marchand vous propose alors différents items. Les antidotes permettent de soigner une infection au cours du combat, alors que les bandages soignent le mal « saignement ». Saignement et infection sont causés par les attaques des ennemis, et vous enlèvent plusieurs points de vie par tour, si les personnages ne sont pas soignés immédiatement. Sans oublier les repas qui vous feront regagner un petit peu de vie. La pelle, quant à elle, sert à déblayer un amas de débris sans perdre de point de vie.
Le Darkest Dungeon ne reniant pas son appellation, les ténèbres sont partout et se cachent dans chaque recoin. Pour s’armer contre l’obscurité des lieux, rien de mieux qu’un bon stock de torches. Les torches permettent aux personnages de rester dans la lumière, et donc de ne pas subir de stress supplémentaire dû à l’obscurité. Sachez que si une torche est sur le point de s’éteindre, alors que vous débutez un combat, les ennemis seront plus forts mais vous infligerez plus de dégâts pour de meilleurs récompenses sur les dépouilles de vos adversaires. Faire attention à la lumière et à son stock de torches est absolument primordial.
De la difficulté vers l’exigence
La catégorisation du jeu en tant que « Rogue-like » est tout à fait pertinente. Son exigence étant son essence même. Si le choix de votre stuff et de vos personnages avant d’embarquer dans une quête est primordial et doit être fait avec attention, c’est parce qu’il n’est pas sûr du tout que vous reveniez indemne des ténèbres. La mort des personnages étant définitive, pour rappel. Les joueurs PC, PS4 et PS Vita ont d’ailleurs souvent ressenti le besoin de recommencer plusieurs parties, afin de bien maîtriser les mécanismes RPG et Rogue-like du titre.
En entrant dans le manoir, dans les ruines ou autres lieux adjacents au Darkest Dungeon, vos personnages ressentent du stress, manifesté par un halo noir et blanc ainsi qu’un chiffre. Ce stress, lorsqu’il arrive à son paroxysme, peut engendrer des maux plus ou moins néfastes pour vos personnages, tels que l’égoïsme, la frayeur, la paranoïa, altérant ainsi leur comportement et votre contrôle d’eux-mêmes. Bien souvent, un aventurier atteint d’égoïsme décidera, de lui-même, de passer son tour, vous privant ainsi de l’une de ses attaques. Il pourra même en mourir si ses points de vie tombent à zéro. Ce stress est inévitable mais bien évidemment contrôlable, grâce aux torches et autres actions.
A l’inverse, ce mal affligeant votre personnage peut se révéler être un véritable atout pour vous. Si bien souvent vos personnages seront atteints de maux néfastes, certains révèlent une nature beaucoup plus positive pour la suite des événements. Par exemple, au cours d’une mission, Buron, « l’homme d’armes » atteint de 45/200 points de stress, a acquis « Vigueur », ou une autre fois « Courage » permettant ainsi de redonner foi aux autres personnages et amoindrir leur taux de stress de 20%. Tout cela reste, en revanche, parfaitement aléatoire.
Une fois revenu au hameau, il vous faudra traiter vos personnages en fonction de leur taux de stress, et moyennant finance dans différents lieux comme le sanatorium, qui traite les maux, ou l’abbaye par exemple. Chaque personnage ayant son lieu favori, il faudra procéder au bon choix pour rendre son rétablissement efficace. Dans le seul but de faire baisser son taux de stress, pour qu’il soit de nouveau opérationnel pour une prochaine mission. Tout est donc une question de gestion des finances, de management d’équipe et de maîtrise des mécanismes du jeu.
De légers défauts sur Switch
Darkest Dungeon, s’adressant aux joueurs avertis, se décline sous plusieurs plateformes. Disponible sur PC, Playstation 4 et PS Vita, et désormais sur Switch (depuis le 18 janvier, soit 2 ans après les autres versions). À chaque portage, le gameplay s’est adapté aux touches des manettes et aux différents supports. Si sur PS Vita, le jeu n’était pas mis en grande valeur, sur Switch le portage reste parsemé de petits défauts, parfois handicapants. Rien d’insurmontable pour autant, mais le combo clavier-souris reste probablement la configuration la plus adaptée et agréable pour ce jeu.
Pour explorer les différents lieux, vous naviguerez dans la carte, de pièces en pièces. Parfois, certains choix directionnels s’imposent à vous. Il suffit alors de bouger son joystick du Joy-Con pour faire son choix. Alors que sur PC, un seul clic était nécessaire, cette manipulation peut s’avérer problématique sur Switch. Par exemple, en poussant le joystick vers la droite, cela mènera parfois votre équipe à gauche de la dite pièce… sans aucune logique apparente. Le tactile, bien que pratique dans certains cas, n’étant pas non plus d’une grande aide. Il est facile de se perdre entre ces deux manières de jouer : full joystick et full tactile, puisque certaines actions ne peuvent être menées, dans un cas comme dans l’autre.
Il reste que le portage est très bon même si le système de touches ne répond pas parfaitement à sa propre logique. Le choix de réaliser ce portage sur Switch est très pertinent, puisque le mode portable de la console permet facilement de réaliser une quête d’un quinzaine ou vingtaine de minutes dans les transports en commun par exemple, ou autres.
Verdict : 7/10
Si les jeux classifiés Rogue-like, tels Rogue Legacy et Binding of Isaac, vous hérissent les poils sur les bras et que vous ne voulez pas en entendre parler, passez votre chemin ! Darkest Dungeon, aussi exigeant que jouissif par moment, s’adresse à des joueurs avertis qui n’ont pas peur de la difficulté et aiment réfléchir à chacun de leur mouvement pendant un combat au tour par tour. Le portage Switch n’étant pas évident à prendre en main au début, il reste tout de même très bon en définitive, et bien adapté à de courtes parties en mode portable notamment.
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