Que celui ou celle parmi vous n’ayant jamais regardé de cartoon de sa vie lève la main ! Ces dessins animés à la direction artistique atypique a bercé l’enfance de beaucoup d’entre nous, et ce n’est pas pour rien si on les retrouve encore de nos jours, y compris à travers les jeux vidéo. Cuphead en est l’exemple le plus parlant, avec ses deux protagonistes au style décalé et pourtant tellement cool. Pourtant, s’il puise énormément dans les dessins animés à l’ancienne, le titre n’a clairement pas pour vocation de s’adresser à un public plus jeune, comme en atteste sa difficulté qui fait réagir les réseaux sociaux depuis quelques semaines maintenant. Pour autant, le jeu s’avère t-il désagréable à jouer lorsqu’il nous fait boire la tasse ?
Test réalisé sur Xbox One à partir d’une version numérique fournie par l’éditeur
Pacte avec le diable
Cuphead nous compte l’histoire de deux joyeux frangins a la trombine plutôt sympathique et à l’apparence on ne peut plus originale. Ainsi, Cuphead et Mugman, nos deux tasses sur pattes, décidèrent par un beau jour d’aller au casino. Si tout semblait bien se passer au début, ils finissent vite par découvrir qu’il s’agit ni plus ni moins d’un casino tenu par le diable en personne. Ce dernier proposera alors aux héros de jouer aux dés. S’ils gagnent, c’est avec une forte somme d’argent qu’ils pourront repartir. Dans le cas contraire, leurs âmes lui appartiendront à jamais. Attirés par la récompense proposée, et sans vraiment trop réfléchir, Cuphead et son frère accepteront donc le pari du démon, qui remportera évidemment la victoire. Dans sa grande mansuétude, et face aux prières des deux jeunes garçons, il acceptera de renoncer à son dû s’ils parviennent à récupérer en 24h certaines âmes détenues par des créatures dont ils devront se débarrasser. Chose à laquelle ils répondront évidemment par l’affirmative.
Dès lors commence l’aventure de nos deux héros qui héritent d’un pouvoir grâce à l’ancien du coin, leur permettant de tirer sur tout ce qui bouge (ou pas) avec leur index, en mimant l’utilisation d’une arme à feu. Dès les premiers instants, le titre frappe de par sa superbe direction artistique à laquelle on ne peut qu’adhérer, à moins d’être allergique aux style cartoonesque. Il faut dire que le tout a été réalisé entièrement à la main avec le plus grand soin afin d’afficher un résultat des plus authentiques. Résultat : on se croirait définitivement devant un pur cartoon des années 30, 40 et 50 en couleur au style terriblement efficace. À un tel point qu’on en oublierait presque par moment qu’il faut jouer, ce qui pose quelques problèmes quand on sait que le titre s’est taillé une belle réputation sur la Toile.
Depuis que des trailers présentant le jeu sont disponibles et encore plus depuis que Dean Takahashi a provoqué, un peu malgré lui, de nombreuses vagues de moqueries sur les internets, Cuphead s’est retrouvé étiqueté comme un jeu difficile, voire même réservé aux hardcore gamers. Il est vrai que lorsqu’on le voit pour la première fois, le titre peut sembler quelque peu impressionnant, avec des projectiles tirés ici et là, des ennemis qui apparaissent sans cesse et des boss aux proportions légèrement plus grandes que celles de nos amis Cuphead et Mugman. Mais au final, le jeu n’est pas tant difficile qu’il veut le faire croire. On ne niera clairement pas le fait que la difficulté est présente, mais on préfèrera le terme « exigeant ». Car le jeu n’est jamais injuste avec le joueur et lui offre clairement les cartes de la victoire.
Ça boss dur
Chaque boss ou ennemi possède des patterns qui lui sont propres et si certains sont relativement redoutables, notamment lorsque les réflexes ne sont pas encore bien installés, il sont tous clairement identifiables. À partir de là, il suffit de réussir à comprendre comment fonctionnent les ennemis pour éviter les attaques et projectiles au bon moment et quand attaquer. Quand on sait que tous les tirs et attaques de couleur rose peuvent être parés en appuyant sur la touche A en plein saut afin de récupérer une attaque spéciale, on comprend vite que tout est question de doigté, mais aussi de timing. Un dash effectué au moment opportun, un saut placé à l’instant fatidique, une attaque parée… Autant d’éléments qui peuvent tirer d’un mauvais coup nos fringuants frangins. D’autant que le jeu punit sans aucune pitié le moindre saut mal jaugé ou le moindre parry un peu raté.
Pour autant, il sait récompenser le joueur dès lors qu’un boss est défait. Si les affrontements peuvent sembler longs manette en mains, ils sont en général d’une durée de 2 minutes 30 maximum, ce qui reste relativement court sur le papier. Autant dire que l’on ressent une énorme satisfaction dès qu’on finit par éliminer un boss qui nous posait problème ou que l’on parvient à se tirer avec brio d’une situation délicate tout en terminant un level avec une évaluation convenable. Car oui, chaque niveau terminé sera l’occasion de faire le point sur les performances du joueur, le tout étant couronné par une note allant de S à C -. L’occasion pour les développeurs de doter le jeu d’un aspect scoring des plus sympathiques qui dopera sans nul doute la replay value du jeu pour ceux qui veulent sans cesse faire mieux.
Pour nous aider à faire face aux nombreuses créatures étranges qui croiseront notre route, nos héros peuvent compter sur l’aide du marchand qui, moyennant quelques pièces d’or sonnantes et trébuchantes, leur procurera divers types de tir, des sortilèges offrant des caractéristiques particulières une fois équipés (comme la possibilité d’avoir une vie en plus en amenuisant légèrement la puissance de nos attaques). On peut également acheter de nouvelles attaques spéciales, de quoi switcher stratégiquement en fonction du boss ou des ennemis que l’on trouvera en face de nous.
La goutte d’eau qui fait déborder la tasse ?
Alors que Cuphead devait originellement nous mettre uniquement face à des boss (au nombre de 29), les développeurs se sont permis d’incorporer quelques niveaux dits de run and gun. Concrètement, on ne peut pas faire plus explicite que l’appellation citée juste avant, puisque ces niveaux très orientés platformer ne laissent aucun répit. La meilleure solution reste alors d’avancer et de dézinguer les ennemis qui vous bloquent la route quand vous ne pouvez pas les éviter via un dash ou un saut. Ce sera d’ailleurs dans ces niveaux-là que vous pourrez récupérer les fameuses pièces (5 par niveau) permettant de débloquer améliorations et attaques spéciales chez le marchand dont on vous parlait plus haut.
Dans l’optique d’offrir une progression pas trop linéaire, des niveaux un peu particuliers feront régulièrement leur apparition, comme les mausolées, dans lesquels vous devez protéger une urne funéraire des attaques d’esprits un peu trop frappeurs. Mais ici, pas question de tirer sur les fantômes, puisqu’il sera uniquement possible de s’en défaire en effectuant un parry sur eux. Simple mais efficace. Sont également de la partie des niveaux aériens qui devraient rappeler de bons souvenirs à tous les joueurs allergiques aux shoot’em up. Heureusement, il sera possible pour les plus nerveux de compléter les niveaux en mode facile. Attention néanmoins, car pour obtenir le dernier monde du jeu (le monde 4), il faudra les compléter tous en mode normal. Mais qui sait, peut-être qu’après ça, les plus réticents seront prêts pour le mode expert, le seul dans lequel il est possible de se voir octroyer un S en gage d’évaluation de fin de niveau.
L’ensemble du jeu est soutenu par une bande-son aux petits oignons fleurant bon les années 30 et 40 avec du bon vieux jazz comme on en fait peu à forte inspiration bebop et ragtime. Autant dire que jusqu’à ce que vous posiez la manette, le jeu risque de vous donner l’envie de swinguer un bon coup. Il suffit simplement de fermer les yeux en écoutant les titres composés par Kristofer Maddigan pour se retrouver propulsé des décennies en arrière, un sacré tour de force qui a également été rendu possible grâce au talent des 13 musiciens ayant contribué à l’enregistrement des plus de 3 heures de musique que l’on retrouve tout au long du jeu. Du véritable caviar à l’image de la direction artistique.
Verdict : 8/10
Puisant ses inspirations dans l’imagerie cartoonesque et dans le jazz des années 30, Cuphead s’impose comme un titre vraiment marquant, et pas seulement de par son aspect punitif. Certes, il offre un challenge relevé, parfois même épicé, mais la victoire n’en est que plus douce. Le scoring offre une belle replay value au titre, mais il faudra véritablement maitriser la bête afin d’obtenir le rang S délivré seulement lorsqu’on joue en mode expert. Gageons qu’il saura rester dans les mémoires, et pas uniquement pour toutes les polémiques qu’il a soulevé quelques semaines avant sa sortie.
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