Difficile d’expliquer ce qu’est Crusader King 3 sans être exhaustif. Il faudra être concis pour faire comprendre à la fois la profondeur du soft, mais aussi sa simplicité à être appréhendé. Car ce n’est pas un War Game ou encore moins un grand jeu de stratégie, non. C’est un RPG où on est pas plus que les autres personnages non joueurs. De plus, le soft n’a pas d’histoire à raconter. Pourtant on croisera des légendes et on vivra des péripéties plus tragiques que chez les Grecs. Crusader King c’est l’évangile selon Jean : « Je suis l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, le principe et la fin. ». Mais ça reste surtout un jeu où la liberté et le libre arbitre s’entrelacent comme peu l’ont fait avant lui. Laissez-nous donc vous raconter ce qu’est Crusader King 3.
Test réalisé sur PC grâce à une copie numérique fournie par l’éditeur
C’est un RPG.
Un Ancien Monde comme terrain de jeu, des pays par centaines, des régions par milliers où l’objectif est de faire prospérer sa dynastie. On y incarne un seigneur ou vassal, voire un bourgmestre. C’est au joueur de choisir son départ, soit via des personnages présélectionnés ou soit en choisissant n’importe lequel sur la map monde. De ce départ il faudra ensuite créer son histoire, et c’est là que le charme du jeu opère. On joue un personnage qui aura des enfants qu’on incarnera à leur tour à la mort de ce premier, afin de faire perdurer la dynastie. Bac à sable médiéval où rien n’est figé dans le marbre, les autres régions nous entourant cherchent elles aussi à faire perdurer leurs dynasties. Il n’y a pas de but dans Crusader King : on doit trouver sa voie et se laisser guider par son histoire. Il faut accepter l’idée que beaucoup de choses dépassent l’ordre du jeu, qu’on peut ne pas influer sur des décisions, afin d’apprécier son histoire qui ne sera pas que de roses et de succès.
C’est donc face à un jeu de rôle en temps réel qu’on est confronté. Des statistiques et autres traits de caractère vont modeler les personnages que vous allez incarner ainsi que ceux de vos voisins, ce qui va aiguillonner les relations avec ces derniers. Il existe plusieurs modes de vie autour desquels on peut se spécialiser : l’art martial, l’érudition, l’intrigue ou la diplomatie et l’intendance, ceux-ci orientant alors la façon de jouer. Un mode de vie est présenté en arbre de compétences : plus on approfondit celui-ci, plus les bonus à débloquer sont forts. De cette manière, votre champ d’action s’élargira. Un adepte de l’intrigue aura plus de facilité à séduire ou tuer quelqu’un alors que l’érudition simplifiera la recherche de titres ou l’acquisition de points de vertu. En plus de ça, des traits de personnalité viendront appuyer ou desservir ces compétences, mais pas que. Un personnage qui a tendance à forniquer ira assouvir ses besoins sans notre consentement. Ainsi, sangs purs et bâtards risquent de fleurir à la cour, ce qui peut être problématique pour votre lignée, voire même auprès de certaines religions qui condamnent ces actes. C’est ici que l’on touche le cœur du jeu : nous ne sommes pas totalement le maître de notre personnage, il garde un libre arbitre qui fait le sel du jeu.
Cette liberté de mouvement octroyée par les traits de caractère révèle surprise sur surprise. C’est un fait, notre personnage fait et nous, joueur, devons subir ses agissements. Ainsi, on doit résoudre les tracas de celui-ci en opérant les choix qui nous sont possibles, toujours en fonction de ses traits de caractère et ses statistiques. En somme rien de plus simple, un dirigeant paranoïaque et attaché à un chien (que nous nommerons Truffe) ne laissera pas le choix : le chien sera présent au Conseil quitte à ce qu’il urine sur un protagoniste. Alors que si ce même dirigeant est d’un naturel calme, il pourra laisser au joueur décider si oui ou non le chien doit l’accompagner. De même avec la sanction liée à la bête, doit-elle être punie ? « D’aucune manière ! » répondra le roi parano, « C’est plutôt Truffe qui a découvert un possible traître ! ». Doit-on l’amener au cachot ou l’exécuter sur place ? À l’inverse, le dirigeant paisible grondera Truffe et/ou ira s’excuser auprès de la victime. De ce fait, parfois, si ce n’est toujours d’ailleurs, des situations banales peuvent dégénérer en un rien de temps, donnant des surprises cornéliennes au joueur qui doit faire avec.
Crusader King se déroule de 867 jusqu’à… la fin de notre dynastie, ou qu’on décide d’arrêter la partie. En gardant une fourchette large, il est donc ancré de la fin du Haut Moyen-Âge jusqu’au Moyen-Âge central. Bien entendu, même s’il est dans un contexte authentique à sa base, le soft en dérive très vite pour donner sa propre version de l’Histoire. Un mal pour certains, un bien pour d’autres car effectivement, la liberté accordée à notre personnage l’est aussi pour tous les autres, créant des effets papillon en cascade. On y retrouve également différentes fois : chrétienne et musulmane ou bouddhiste, jusqu’à des moins connues comme haoussa, jaïne ou zoroastrienne. Chacune d’elles a bien entendu plusieurs mouvements qui apportent des bonus spécifiques, malus, ainsi que des lois et possibilités qui sont uniques. Notons qu’il est envisageable de réformer comme de créer une foi, peu importe la région dans laquelle on est. Enfin, la traduction globale est plus que correcte, même si quelques défauts mineurs persistent. Les différentes terminologies employées plongent dans l’ambiance sans jamais en ressortir.
La série enfin accessible pour tous !
Qu’on s’accorde, Crusader King 3 est un florilège d’informations à l’écran. Cela peut être impressionnant les premières minutes, voire même déstabilisant mais heureusement, Paradox Interactive a pensé à ça. La série est réputée pour son accessibilité très limitée, flirtant même avec un côté élitiste que certains aiment toujours prôner mais, dans ce troisième opus, le studio réussit grâce à un tuto d’une petite demi-heure à vous apprendre les principales clefs pour comprendre les systèmes de jeu. Véritable bijou de ludisme, le tuto vous garde dans une partie active tout en vous conseillant sur les étapes à faire, pas à pas. Cependant il ne vous lâche pas dès celui-ci terminé, au contraire. Il est présent, discrètement, pendant toutes vos parties ! Vous ne savez pas ce qu’est une hiérarchie de jure ? On laisse la souris sur la partie bleue pour comprendre l’ensemble. C’est un titre ? Mais c’est quoi exactement un titre ? Pareille démarche pour découvrir ce qu’est un titre sans même changer de fenêtre ! Dans la même idée, il se peut que parfois, on ne sache plus trop où donner de la tête : un fils célibataire, des places vides au Conseil, une cour en colère… Il y a de quoi vriller facilement. Encore une fois, une petite vignette subtilement cachée en haut de l’écran permet de répertorier les actions importantes, afin qu’on puisse s’atteler à ces tâches sans passer à côté. Le niveau d’aide pour le joueur est le même pour tous, les vétérans comme les débutants ont accès aux mêmes informations et possibilités. Pour ces derniers, les choix peuvent cependant être automatiquement aiguillés vers celui étant le plus pertinent.
On passera rapidement sur le côté esthétique du soft. Les régions sont colorées, la carte comporte peu de détails, on est plus face à une version tactique papier qu’une carte purement superficielle. Cependant, Crusader King 3 franchit le pas en proposant des modèles 3D de ses protagonistes, ce qui est un changement majeur. Effectivement, grâce à ce nouveau rendu, maladies, handicaps ou encore dysmorphies et tocs sautent aux yeux, mais pas que ! Les héritiers ressemblent toujours aux parents, voire grands-parents… Ces indices visuels sont un gain considérable dans la compréhension générale, afin de mieux marquer les personnages avec lesquelles on interagit. Enfin du côté de la bande sonore, seules quelques musiques et effets de fonds (bruits de taverne, de pas etc etc..) accompagneront votre aventure. Bien-sûr les musiques sont dans un thème médiéval qui colle parfaitement à l’ambiance. On s’accordera cependant pour dire que cette dernière sera coupé bien rapidement, tant la redondance se fait ressentir assez rapidement, au profit des chansons personnels. Par-ailleurs on vous invite à découvrir le #bardcore ou encore la #tavernwave, des excellentes alternatives qui restent dans la thématique.
Pour ce qui est de la durée de vie de Crusader King 3, cela ira de votre implication. De notre côté, une centaine d’heures nous ont permis de vivre une expérience hors du commun, sans les voir passer. Pour autant, maîtrisons-nous le soft ? Les points clefs expliqués au début oui, mais chaque nouvelle partie continue à faire découvrir des mécaniques qui nous avaient échappé. De plus les objectifs sont multiples en fonction de nos envies : on peut faire du très sérieux comme du complètement improbable. Doit-on préciser que ce jeu est multijoueur ? Imaginez plusieurs esprits tordus jouant sur une même carte.
Pourquoi cet homme est nu ? Qui sait.. C’est peut-être pratique ?
Verdict : 9/10
Crusader regorge de surprises. Pas plus tard que maintenant en tapant ces lignes, le Roi Mathieu de Francie occidentale a décidé de vivre nu, juste avec sa couronne… Pourquoi ? Parce que Crusader King 3. C’est un bac à sable, un générateur d’histoires… Non, plutôt un jeu de rôle qui raconte notre histoire et c’est fantastique. L’histoire est teintée de victoires mais surtout de défaites, d’actes héroïques qui se ferment sur une tragédie… Parfois, c’est simplement le malheur. Des bandits sur votre promenade habituelle pourront mettre un terme à votre règne prématurément. Mais les bandits, ne sont-ils pas l’œuvre d’un complot ? On ne le saura jamais. Ce qui est certain, c’est qu’on recommande très chaudement ce Crusader Kings 3.
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