Test The Crew

Après un mois de novembre riche en sorties Ubisoft avec le très bon Far Cry 4 ou encore Assassin’s Creed Unity qui aura fait couler beaucoup d’encre, c’est au tour de The Crew de faire son apparition sur PlayStation 4. L’éditeur avait surpris tout le monde en annonçant un jeu de course auto lors de l’E3 2013 alors qu’on ne l’attendait pas vraiment dans ce domaine exigeant. Bonne ou mauvaise surprise ? Réponse après une traversée des États-Unis.

Barack on arrive

Ne se contentant pas de nous proposer jeu de course banal, Ubisoft s’est mis en tête de mixer les genres en ajoutant une bonne dose de MMO tout connecté, le tout dans un monde ouvert représentant… les États-Unis. Le 4ème plus étendu pays du monde est d’ailleurs reproduit à l’échelle 1/40ème dans le jeu. De ce coté là, on peut dire que la promesse est entièrement remplie puisqu’en plus des plus grandes villes du pays (Chicago, Los Angeles, New York, Miami…), vous pourrez arpenter les nombreux paysages que composent les États-Unis. Il faut compter  une heure de conduite pour rejoindre une côte depuis l’autre au cours de laquelle vous passerez entre campagnes, forêts, montagnes et villes bien entendu. Les décors manquent quelque peu de variété entre les grandes agglomérations et on se retrouvera très souvent à faire de l’autoroute. Le cycle jour/nuit est évidemment de la partie mais on regrette vraiment l’absence de la gestion météo, disponible depuis peu dans Driveclub et qui aurait apporté un plus ici aussi.

Ubisoft s’est en tout cas entouré de spécialistes puisque The Crew a été confié aux lyonnais de Ivory Tower et Ubisoft Reflections, avec des développeurs derrières des jeux comme Need For Speed, Test Drive Unlimited ou encore Driver. Ces p’tits gars là nous on concocté un scénario digne des classiques Hollywoodiens. Votre frère, l’un des chef du gang 5-10 est assassiné devant vos yeux par des ripoux du FBI. Vous portez évidemment le chapeau et filez droit en prison. Quelques années plus tard, une agent d’une cellule secrète du gouvernement vient vous faire sortir de prison à condition que vous infiltriez ce même gang et prouviez la culpabilité des flics véreux. Votre soif de vengeance comme moteur, il vous faudra désormais franchir de nombreux paliers avant d’atteindre le haut du panier, et ce, à coup de courses de voitures en tout genre. Rien de bien excitant donc dans ce scénario qui sent le réchauffé mais il s’agit surtout d’un prétexte pour vous faire arpenter les États-Unis de long en large, plutôt qu’assister à un scénario haletant. Ne nous voilons pas la face de toute façon, le principal intérêt d’un jeu de voitures est évidemment de vous faire rouler.

Votre mission si vous l’acceptez

Les missions principales s’enchaînent assez rapidement au début du jeu et vous récompensent en fonction de vos performances, la rapidité surtout, avec un système de médailles. Une médaille d’or vous rapportant bien sûr plus d’expérience et de billets de banque que celle en bronze. L’expérience fera monter votre niveau alors que la monnaie sera utilisée pour acheter de nouvelles voitures ou travailler l’esthétique de vos bolides. Peu à peu, vous serez freiné dans votre progression car certaines missions principales demanderont d’avoir validé un certain niveau d’expérience. C’est donc ici qu’entrent en scène les défis, disséminés un peu partout sur votre route. Un système très intéressant qui vous permettra de joindre l’utile au nécessaire lors de vos déplacements. Sur le chemin de votre destination, vous pourrez donc tombez sur l’un de ces défis qui se lance lorsque vous passez à travers une porte. Il y a de nombreuses sortes de défis: slalom, vitesse, fuite, saut, précision… En fonction de votre temps ou de la distance de saut par exemple, vous obtenez de l’expérience supplémentaire ainsi que des pièces pour améliorer votre voiture. 

De nombreuses missions vous demandent tout simplement de remporter la course

MMO oblige, chacune des mission principale vous proposera de jouer avec votre Crew. Pour composer cette équipe de quatre, il vous suffit d’envoyer des invitations à vos amis disposant du jeu ou en proposant aux autres joueurs de la session de vous rejoindre. Malheureusement, si vous ne disposez pas d’amis possédant le jeu, il est assez difficile de trouver de l’aide d’inconnus qui bien souvent ne répondent pas à vos appels de coopération. C’est dommage d’ailleurs car le système est plutôt intéressant et parfois même nécessaire lors de certaines missions où il faut “dégommer” une cible motorisée, et où il est bien plus facile d’arriver à ses fins lorsque l’on s’y met à plusieurs. Même lors d’une course où il faut à tout prix terminer premier car si ce n’est pas vous mais l’un des membres de votre Crew, vous gagnez quand même. 

En plus de tout cela, il vous sera demandé après quelques heures de jeu de rejoindre une faction. Celle-ci vous ouvrira la porte à des courses pouvant aller jusqu’à plus d’une heure. Vous y représenterez la faction que vous aurez choisi: les loups ou les aigles pour commencer avant de pouvoir rejoindre 3 autres qui se débloquent au fur et à mesure de l’avancée dans le jeu. En fonction de vos participations à ces courses de faction et surtout de vos résultats, vous grimperez dans la hiérarchie de celle-ci. Plus vous serez bon, plus vous toucherez un “salaire” important chaque jour. Une donnée à prendre en compte compte tenu du prix des voitures et des améliorations. 

Mises bout à bout, toutes ces possibilités offrent une durée de vie très conséquente. D’ailleurs, même si la fonction de déplacement rapide est présente pour vous rendre d’un point A à un point B, un système d’antennes satellites vous masque les zones que vous n’avez pas débloqué ou que vous n’avez pas encore visité. Un système dont Ubisoft est friand que l’on a sous forme de points de synchronisation dans Assassin’s Creed ou de tours dans Watch Dogs ou Far Cry. Pour vous rendre dans ces zones, vous serez donc obligé de prendre le volant et avaler du bitume.

Echapper à des poursuivants ou à la police vous sera également demandé

Pimp my Ride

Les voitures justement, parlons-en puisque c’est un peu le sujet principal du jeu. Un peu moins de quarante bolides sont présents dans The Crew, disséminés entre les différents revendeurs, chacun présent dans une  grande ville. Un nombre vraiment faible qui devrait augmenter via des DLCs par la suite. On retrouve de nombreux types de véhicules, surtout américains avec notamment divers Muscle Cars mais aussi des Hypercars de marque Ferrari, Lamborghini ou encore Koenigsegg. Deux moyens pour vous les offrir, la monnaie du jeu tout d’abord qui vous récompense après chaque mission et défi réalisé. Si les voitures “banales” sont facilement accessibles en économisant un peu, il faudra sans nul doute passer par le second moyen, à savoir la carte bancaire et les micro-transactions. Notez qu’il faudra compter plus de 10€ pour espérer conduire rapidement l’une des voiture les plus “hype”.

Coté améliorations, comme cité plus haut, vos défis réussis seront récompensés par diverses pièces améliorant le moteur, les freins ou l’électronique de votre véhicule. L’amélioration sera intégrée directement une fois la pièce remportée. Il faudra cependant vous rendre dans l’un de vos QG débloqué au cours du scénario pour modifier esthétiquement vos voitures à la Need For Speed. Capots, ailerons, jantes, stickers… tout le nécessaire du petit fan de tuning est au rendez-vous à des prix, très irréguliers. Ces QG seront également l’occasion d’investir vos points glanés à chaque montée de niveau (1 point par niveau) dans divers bonus comme par exemple “3% de tenue de route en plus pour toutes les voitures” ou des réductions sur le prix des pièces. On y trouvera enfin le fil rouge du jeu, une voiture cachée qu’il vous faudra assembler à partir de 20 épaves trouvées un peu partout sur le territoire.

L’atelier de modification de vos voitures

Tous les 10 niveaux d’expérience, vous aurez également accès aux préparateurs, chacun étant spécialisé dans un domaine. Vous pourrez y faire poser un kit entier d’améliorations qui changera complètement l’esthétique mais surtout les capacités de votre voiture. Le pack Street configurera votre auto pour des courses urbaines avec de nombreux virages, le pack Dirt vous fournira des roues crantées et le nécessaire pour arpenter terrains de terre et autres chemins mélangés, alors que le kit Perf offrira de quoi dépasser les 300km/h. Les kits Raid et Circuit complètent les configurations prédéfinies. Ces kits, non disponibles pour tous les modèles, changent complètement le comportement d’une même voiture. Cependant, le fait que les missions indiquent quelle type de configuration est nécessaire pour y participer facilite un peu trop la tâche. De ce fait, vous aurez toujours la voiture qui correspond au terrain et donc, plus de facilité à gagner.

La Nissan 370Z équipée d’un kit Dirt

Conduire, un jeu d’enfant

La conduite, autre élément très important pour ce genre de jeu, nous laisse assez dubitatif. Si les premières heures de jeux sont laborieuses avec des voitures mollassonnes, on sent du mieux au fur et à mesure de la montée en niveau des voitures et l’ajout des kits donc nous venons de faire la présentation. Les développeurs ne sont jamais cachés que l’on serait assez loin d’une simulation et on sent vraiment que le jeu se veut accessible à tous. Si les débutants seront ravis de finir des courses en tête sans trop s’arracher les cheveux et après avoir réalisé des dépassements à la corde suivi d’un coup de nitro, les puristes regrettera cette conduite pouvant se révéler trop facile à certains moments et carrément bizarre à d’autres. Le tout se stabilise tout de même après une dizaine d’heures d’améliorations mécaniques et la conduite en devient même plaisante. Une technique très certainement utilisée pour nous jeter au visage la progression des voitures au fil des améliorations, mais qui pourrait en refroidir plus d’un au début. Il faut fouiller dans les options de jeu pour également trouver un  mode de conduite “Hardcore”, supprimant les aides à la conduite et qui pourrait se révéler être un choix judicieux durant les premières heures.

Joli coucher de soleil sur les USA

Autre point noir du jeu, les graphismes… Malheureusement, comme on s’en doutait après les phases de bêta test, nous n’avons pas eu le droit à un miracle avec la sortie du jeu. On paye certainement là l’immensité de la map. Si les voitures ne sont pas moches, elles manquent vraiment de détails et la gestion des dégâts sur la carrosserie est assez sommaire. Là où le bât blesse, c’est lorsque l’on se rend compte du clipping présent partout. La profondeur de vue est assez faible et passé les 200 km/h, les autres usagers de la circulation apparaissent parfois sans même vous laisser le temps de réagir avant l’impact en bullet time. Mention spéciale tout de même pour le coucher de soleil, qui vous éblouira comme il faut et qui rend le jeu presque beau, et aux très jolies cinématiques.

Lors de la bêta fermée, nous avions noté un vrai vide au niveau des PNJ. La chose s’est quelque peu améliorée, une circulation importante étant au rendez-vous mais le nombre de piétons reste assez ridicule. Surtout lorsque l’on traverse des mégalopoles telles que New York par exemple. C’est dommage, d’autant que la map est assez vivante à côté de ça avec de nombreux animaux en forêt, des scènes d’incendie avec les pompiers qui interviennent en ville… Impossible de se la jouer GTA en tout cas puisque les passants s’écarteront si vous leur foncez dessus. La police est également présente évidemment mais son utilité est assez faible. Si vous abîmez du matériel public devant une patrouille, une barre de dégâts se remplira jusqu’à ce que la police se mette à votre poursuite. Et là, nouveau coup dur pour ce The Crew puisque si le premier niveau de recherche est assez facile à perdre, il devient très difficile de s’en débarrasser ensuite. Même avec votre bolide sur-vitaminé à 300km/h, ils ne vous lâcheront que très difficilement et se paieront même le luxe de vous dépasser pour vous pousser à la faute. Même constat en quittant les routes et en slalomant entre les sapins, ils sont vraiment balèzes les keufs aux USA !

De quoi se croire au Paris – Dakar

Moyen : 6/10

Honnêtement, nous n’attendions pas grand chose de ce The Crew, surtout après les phases de bêta qui ne nous avait pas franchement rassuré et donc, difficile d’être déçus. Si la taille et la diversité de la map est un véritable point fort, le système de Crew ne se révèle intéressant que si vos amis jouent également au jeu. De bonnes idées cependant et un mode de tuning très sympa sont au rendez-vous. Les graphismes sont cependant une sacrée épine dans le pied du jeu d’Ivory Tower. Les sensations de conduite aussi pour les premières heures de jeu mais qui heureusement, s’améliorent vraiment par la suite. Pourtant, le mal est déjà fait.