À l’heure où les joueurs ne contiennent plus leur grogne de voir ressortir encore et toujours les mêmes jeux en version dite remasterisée, il est une licence qui continue paradoxalement d’être réclamée chaque année. Crash Bandicoot, c’est son nom, est effectivement une saga mythique. Il faut dire que ce n’est pas tous les jours que sortent des platformers nous mettant dans la peau poilue d’un péramélidé à poils roux. Voici donc Crash Bandicoot N.Sane Trilogy, la nouvelle compilation signée Activision.
Test réalisé sur une version PS4 Pro fournie par l’éditeur
Vous avez bien lu, oui. C’est effectivement Activision qui édite cette trilogie, pour la simple et bonne raison que l’éditeur américain est depuis belle lurette l’unique propriétaire de la licence Crash Bandicoot. D’où la présence du marsupial rouquin dans les jeux Skylanders par exemple. Et en parlant de Skylanders, il faut dire que la transition est toute trouvée puisque ce n’est autre que le studio Vicarious Visions, papa de Skylanders, qui était en charge de développer cette N.Sane Trilogy. Toutefois, soyez rassurés, Vicarious Visions est une structure ayant déjà oeuvré sur bon nombre de jeux estampillés Crash Bandicoot, que cela soit sur GameBoy Advance, GameCube ou encore PlayStation 2.
À vos ordres, mein fourrure !
Crash Bandicoot N.Sane Trilogy a donc le mérite de proposer non pas un, mais trois jeux complets. Pour faire les choses bien, Activision n’a pas choisi trois titres au hasard. Ce sont tout simplement Crash Bandicoot, Crash Bandicoot 2: Cortex Strikes Back, et Crash Bandicoot 3: Warped qui vous sont servis sur un plateau d’argent. Autrement dit les trois premiers opus, et on ne va pas se mentir, les plus emblématiques. Ce sont d’ailleurs les seuls jeux de cette saga (avec le célèbre Crash Team Racing) à avoir été développés par Naughty Dog, le studio créateur de cette mascotte PlayStation, mais aussi d’Uncharted et de The Last of Us. Pour autant, et c’est là l’une des principales qualités de cette « folle trilogie », nous n’avons pas affaire ici à un simple portage (coucou Heavy Rain), ni même à un remaster (contrairement à WipEout Omega Collection par exemple). Non messieurs dames, Crash Bandicoot N.Sane Trilogy est ce que l’on appelle un remake pur et simple. Comprenez par là que les trois jeux ont été refaits en partant de presque rien. Certes, la structure des niveaux est restée inchangée depuis vingt ans (les jeux originels étant sortis respectivement en 1996, 1997, et 1998), mais l’aspect visuel, lui, a entièrement été revu. Que ce soit la végétation, le sol, les ennemis, les textures, les ombres, la gestion de la lumière, des couleurs, ou même tout simplement Crash lui-même, le constat est plus que flatteur.
Pour autant, et même si la claque est réelle lorsque l’on a connu les titres d’origine, force est de constater que le tout aurait pu être encore plus travaillé. En effet, il est assez rare de voir des remakes (voire même des remasters) tourner à « seulement » 30 images/seconde (à plus forte raison sur PS4 Pro). The Last of Us Remastered, Rise of the Tomb Raider, Tearaway Unfolded, Oddworld New n’ Tasty, Gravity Rush Remastered, Assassin’s Creed: The Ezio Collection… Tous ces titres-là profitent justement du fait de ressortir pour apparaître en meilleure forme, et ainsi proposer un framerate bien plus appréciable. On a donc eu beaucoup de mal à comprendre comment des jeux sortis originellement sur la toute première PlayStation ont pu gagner à peine 5 images/seconde supplémentaires dans cette histoire. Toutefois, ne boudons pas notre plaisir et apprécions comme il se doit cette flopée de changements visuels, l’ensemble rendant tout de même bien mieux qu’à l’époque. On pestera en revanche contre des temps de chargement bien trop longs, et surtout beaucoup trop nombreux ! Là encore, nous sommes en droit d’espérer un patch correctif qui pourrait sans nul doute régler aisément ce souci.
Orange is the new Crash
Côté bande-son, ce remake n’est pas non plus en reste. En effet, si Josh Mancell, compositeur mythique de la saga, n’a pas été contacté par Activision pour cette occasion, il faut bien avouer que le travail des équipes de chez Vicarious Visions est de qualité ! Les musiques d’antan ont été réorchestrées tout en gardant leurs mélodies d’origine. Le mixage sonore s’en trouve sublimé, et on prend plaisir à écouter les divers thèmes distillés tout au long de ces trois aventures. Les bruitages ont également été retravaillés, pour le plus grand soulagement de nos oreilles. Hélas, en parallèle à ça, il faut bien noter que si le jeu est intégralement doublé dans notre langue, la prestation des comédiens français nous a laissé de marbre. On retrouve par exemple le vocalement très connu Martial Le Minoux dans le rôle du Dr Neo Cortex. Vous avez déjà probablement entendu la voix de cet acteur lorsqu’il interprétait notamment Clank, le Professeur Layton, Pey’j (Beyond Good & Evil) ou encore Murphy (Rayman 3). Sa prestation dans cette N.Sane Trilogy est correcte, mais nous ne saurions en dire autant de ses acolytes. La voix de Coco Bandicoot ou encore du Dr Nitrus Brio étant particulièrement insupportables. Quand on voit que la version US a le mérite de proposer John DiMaggio (Bender dans Futurama, Jake dans Adventure Time…) et Mary Elizabeth McGlynn (voix et chanteuse dans les jeux Silent Hill), la comparaison n’est pas vraiment flatteuse pour nous…
Encore une fois, le jeu n’étant pas aussi bavard que ce que l’on pourrait penser, nul doute que les fans de la première heure (dont nous faisons partie) passeront bien vite outre ce détail d’ordre sonore avant de se replonger pleinement dans ce qui s’avère être le sel du jeu. Vous l’aurez compris, c’est évidemment son gameplay qui a toujours fait la force de cette licence ô combien appréciée des joueurs. Exigeant ce Crash Bandicoot ? Oh que oui ! Et si les différents levels de Crash Bandicoot 2: Cortex Strikes Back et Crash Bandicoot 3: Warped pourront parfois paraître simplistes, il n’en est rien concernant le tout premier opus. Celui-ci est en effet un vrai calvaire, dans la plus pure tradition des die & retry actuels. Mais ne vous y trompez pas, cette difficulté parfois frustrante n’est absolument pas à placer dans la colonne des défauts. Remercions plutôt Vicarious Visions d’avoir tenu à maintenir le challenge old-school de l’époque ! Oui vous aurez parfois envie de casser votre manette contre un coin de table, mais c’est (aussi) ce qui fait le charme de la chose, non ? D’autant que le jeu n’est pas si méchant que ça. Que ce soit dans le 1, le 2 ou le 3, les sauvegardes automatiques peuvent être activées/désactivées à volonté. Idem pour les sauvegardes manuelles (on notera d’ailleurs le souci du détail apporté à cette fonctionnalité, incarné ici par une icône de memory card PS1). Mieux encore, nous pouvons désormais mourir autant de fois que l’on veut dès lors que l’on est dans un niveau bonus. Une feature qui a de quoi soulager, surtout lorsque l’on sait à quel point les vies sont précieuses. Et non, pas de vies infinies ici !
I‘m in love with the Coco !
En parallèle à tout ça, il faut bien avouer qu’il est une fonctionnalité que l’on n’avait pas vue venir (oui, bon, Activision l’avait révélée quelques jours auparavant, mais vous serez gentils de faire comme si vous n’étiez pas au courant)… Grande nouvelle, donc ! Pour la première fois dans l’histoire de la licence, le joueur peut incarner Coco Bandicoot, la petite soeur du marsupial au short bleu, et ce, dans l’intégralité des 3 jeux. Tout du moins les levels hors combats de boss, cela va sans dire. Et si le gameplay ne change pas d’un iota manette en mains dès lors que l’on joue la blondinette à queue de cheval, l’ajout est des plus appréciables. L’effet fan-service fonctionne, et c’est tout ce qu’on lui demande (en plus, Coco porte les mêmes baskets que son grand frère, avouez que c’est mignon non ?). Dans le même ordre d’idées, Vicarious Visions a pris soin de cacher quelques easter eggs bien placés, et ce n’est pas pour nous déplaire. L’un d’eux est d’ailleurs visible sur l’une des images présentes dans ce test.
Enfin, concernant la durée de vie de cette trilogie vendue une trentaine d’euros en moyenne, sachez qu’il vous faudra entre 20 et 30 heures pour en faire le tour à 100%. Les trois jeux sont assez courts en soi, mais certains levels sont à s’arracher les cheveux. Dites-vous donc qu’il vous faudra vous armer de patience si vous souhaitez obtenir toutes les gemmes, toutes les reliques, tous les diamants, et pour réussir à battre les chronos des développeurs (chaque niveau peut-être refait en mode contre-la-montre dès lors que vous l’avez fini au moins une première fois au préalable). Ce à quoi vous pouvez ajouter 75 trophées PSN (25 par jeu) divisés en trois listes bien distinctes. Là encore, nous ne pouvons que saluer l’initiative, qui plaira sans nul doute aux chasseurs de trophées qui verront là l’occasion d’ajouter non pas un, mais trois récompenses Platine à leur collection.
VERDICT
Crash Bandicoot N.Sane Trilogy a de quoi séduire un maximum de joueurs. Ce remake a en effet le bon goût de proposer les 3 jeux les plus mythiques de la saga Crash Bandicoot, et ce, par le biais d’un remake de toute beauté. Le plaisir procuré, lui non plus, n’a pas pris une ride. On notera toutefois que l’imprécision des sauts et la hitbox toute relative des affrontements pourront en faire rager certains (voir notre vidéo-test). On pourra également pester en écoutant les doublages français qui ne sont pas d’origine et qui sont plus gênants qu’autre chose… Mais tout ceci est bien maigre en comparaison de toutes les qualités qu’a apporté dans son short notre ami rouquin ! À commencer par sa soeur Coco, sa bande-son réorchestrée, sa durée de vie plus que correcte, son challenge permanent, ou même tout simplement son prix de vente, étonnamment bas. Comme quoi, même en 2017 il n’est pas toujours nécessaire d’en faire des caisses pour se faire remarquer.
sylvain tremblay
4 juillet 2017 at 18 h 57 minsi c’était un remake de mario il aurait une note de 10
Marine D'
26 juillet 2018 at 23 h 36 minJe me suis perdue sur votre site, mais grâce à votre l’outil « recherche », j’ai pu taper Crash Bandicoot, que j’ai redécouvert l’été dernier. J’ai parcouru les articles et là, je suis tombée nez-à-nez (enfin, nez-à-écran), à l’article Test « L’orange, c’est la santé ! », publié le 2 juillet 2017, date de mes 26 ans. Cet article est donc, de manière la plus CQFD possible, le meilleur de tous les articles, puisque la couleur orange est effectivement la plus belle du monde et nous permet, à tous, de sentir un bien être absolu tant dans le corps que dans l’esprit.
N’oubliez pas, la lune rousse est parmi nous demain ! 😉
A bientôt,
Marine D’