Principal concurrent à Mario et Sonic, c’est entre les mains de Naughty Dog que Crash Bandicoot a fait ses lettres de noblesse dans les années 90. Malheureusement, si elle n’a jamais quitté le cœur des joueurs, l’ancienne mascotte de Sony aura définitivement perdu de sa superbe après le départ du studio californien. Mais après un retour fluctuant sous forme de remake en 2017 et en 2019, Activision a décidé de relancer la machine avec un opus cette fois-ci totalement inédit. Développé par Toys for Bob, Crash Bandicoot 4: It’s About Time se veut ainsi être le descendant direct de la trilogie originale. Un pari aussi risqué qu’ambitieux dont nous avions impatiemment envie de découvrir le résultat. OODIBIGAH !
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Test réalisé sur PlayStation 4 à partir d’une version numérique fournie par l’éditeur
« Tu l’as battu combien de fois ce clown déjà ? »
Décembre 1998. Pour la troisième année consécutive, Naughty Dog agrémentait sa licence phare d’un nouvel opus avec Crash Bandicoot 3: Wraped, qui fera office de conclusion à la trilogie. Une nouvelle fois, on y voyait Crash et Coco Bandicoot, aidés par Aku Aku, mettre un terme au plan machiavélique de leur ennemi de toujours, le Dr Neo Cortex, et de ses acolytes, le Dr Nefarious Tropy et Uka Uka. Tous trois finissaient alors enfermés dans une prison interdimensionnelle de laquelle ils mettront vingt-deux ans à s’échapper. Car en effet, et c’est là toute la particularité de Crash Bandicoot 4: It’s About Time, ce nouvel épisode s’inscrit dans la continuité directe des événements survenus dans la trilogie originale développée par Naughty Dog. De ce fait, il fait table rase de tous les événements ayant pu se produire dans les jeux sortis après coup, quand bien même ceux-ci étaient considérés comme canoniques, afin d’essayer de faire retrouver au célèbre marsupial sa gloire d’antan.
De la même manière qu’à l’époque, le titre développé par Toys for Bob opte ainsi pour un scénario relativement traditionnel. Après avoir réussi à s’échapper de leur prison, les trois antagonistes décident de reprendre leur terrible dessein mais à une toute autre échelle cette fois-ci : leur but n’est plus de conquérir le monde mais l’ensemble du multivers, dont ils ont réussi à percer les barrières. Les trois héros, avertis de ce nouveau danger, doivent donc de nouveau partir à l’aventure afin d’y mettre un terme pour la énième fois. Heureusement, cette simplicité n’empêche pas à l’histoire d’être accrocheuse et d’offrir quelques rebondissements bienvenus en cours de route. Mieux encore, elle s’avère être aussi adorable que bourrée d’humour, tout en faisant preuve d’un respect exemplaire envers le travail de Naughty Dog. En clair, le travail du studio à ce niveau-là est une franche réussite et cela ravira sans le moindre doute les fans de la première heure.
Le pouvoir des Bandicoot
S’il repose sur un format classique dans sa structure, le scénario propose toutefois une nouveauté de poids : l’intégration de personnages inédits. En plus des six déjà cités précédemment, les fans pourront retrouver quelques-unes des figures bien connues de cet univers telles que N. Brio, Polar, Tawna, N. Gin ou encore Dingodile. Mais en parallèle, quatre nouveaux personnages font également leur apparition : Lani-Loli, Akano, Kupuna-Wa et Ika-Ika. Et autant dire que leur rôle est de la plus haute importance puisque par-delà le fait d’être cruciaux dans la quête de Crash et Coco, ils incarnent littéralement la principale nouveauté de gameplay de ce Crash Bandicoot 4. En effet, chacun d’eux prend en fait la forme d’un masque quantique doté de pouvoirs spéciaux. Une fois portés, ils peuvent donc être utilisés par le marsupial lors de diverses séquences au level design spécifiquement étudié pour.
Par la simple pression d’une touche lors des phases prévues à cet effet, Crash ou Coco (on peut incarner l’un ou l’autre à tout moment) peuvent ainsi profiter de leurs différents pouvoirs afin de progresser dans leur environnement et de surmonter les nombreux obstacles se dressant sur leur route. Cela va de la capacité à faire apparaître ou disparaître certains éléments du décor jusqu’à la possibilité de ralentir le temps, de générer un puissant tourbillon d’énergie ou encore d’inverser la gravité pour passer du sol au plafond. En somme, il s’agit là d’une flopée de nouvelles mécaniques de gameplay qui sont disséminées de manière extrêmement judicieuse et équilibrée au sein de l’ensemble des niveaux, ce qui permet d’offrir au jeu une réelle plus-value par rapport à ses prédécesseurs. Bien sûr, ce ne sont pas les seuls ajouts intégrés à cet opus puisque nos héros peuvent désormais profiter de leur capacité à courir sur les murs, se balancer sur une corde ou encore rider sur des rampes.
Pour le reste, les développeurs se sont contentés de réutiliser les codes qui ont fait les beaux jours de la série et que l’on avait déjà pu reprendre en main à travers Crash Bandicoot N. Sane Trilogy en 2017. Courir, sauter, glisser et tourbillonner, voilà les principaux moyens qui seront mis à contribution afin d’esquiver pièges et ennemis et de rejoindre le bout des niveaux en un seul morceau. De plus, pour les plus courageux et les plus téméraires, il reste possible de réaliser un certain nombre de défis annexes au sein de chacun d’eux, à savoir briser toutes les caisses, récupérer 80% des fruits Wumpa, trouver la gemme cachée ou encore mourir moins de trois fois. Une tâche qui est, comme vous vous en doutez probablement, très loin d’être aisée mais qui permet de débloquer quelques bonus sympathiques en plus d’apporter un immense sentiment de satisfaction personnelle une fois accomplie.
La rage de vaincre… ou juste de survivre
Crash Bandicoot 4 a été vendu par Toys for Bob comme étant un réel hommage aux jeux de Naughty Dog, et ils n’ont clairement pas menti sur ce point. Comme nous avons pu le voir, cela se vérifie notamment au niveau du scénario et du gameplay, mais aussi et surtout de tout ce qui touche à la question de la difficulté. Crash est peut-être un marsupial, mais vous l’affublerez sans doute de beaucoup de noms d’oiseaux au cours de vos sessions de jeu tant la difficulté de certains niveaux est particulièrement relevée. Cela commence dès le début de l’aventure, qui reste évidemment abordable malgré tout, et ne cesse de s’accentuer jusqu’aux derniers niveaux, qui n’ont alors plus rien à envier aux plus difficiles que l’on devait affronter dans le premier opus de la franchise. C’est même tout le contraire. Souvent très tortueux, le titre peut imposer des timings se jouant au millimètre et à la milliseconde près, ce qui ne laisse aucune place à la moindre hésitation.
Heureusement, l’une des nouveautés de cet épisode est l’apparition d’un Mode Moderne, qui troque le traditionnel nombre de vies limité (toujours disponible via le Mode Rétro) contre un simple compteur de morts qui vous permet de réessayer à l’infini sans perdre votre progression dans le niveau. Néanmoins, vous l’aurez compris, cela ne rend pas forcément le jeu plus facile pour autant. Pas plus que l’ajout d’un marqueur permettant de déterminer la position de notre personnage lorsqu’il est en l’air n’empêche à la perspective de nous jouer de mauvais tours à de très nombreuses reprises. À noter qu’en cas de mort répétée au même endroit, le jeu peut parfois vous donner un petit coup de pouce en vous octroyant un masque de protection Aku Aku, en faisant disparaître un ennemi trop gênant ou en vous offrant un point de contrôle intermédiaire.
Du contenu à n’en plus finir
Autre élément de taille à noter à propos de ce nouvel opus : il s’agit très probablement de l’un des plus généreux de la série en termes de contenu. Comptez environ une quinzaine d’heures pour venir à bout de la campagne principale et de ses 43 niveaux, mais dites-vous bien que cela ne représente qu’une petite moitié du jeu. En effet, au cours de votre progression, vous débloquerez par exemple les lignes temporelles d’autres personnages, qui sont en fait des niveaux supplémentaires vous donnant l’occasion d’incarner Tawna, Cortex et Dingodile. Chacun d’eux dispose d’un gameplay unique et personnalisé qui vous permet de parcourir des portions inédites de niveaux déjà traversés. En cours de route, au moment où leur chemin croise celui de Crash, vous reprenez alors le contrôle de ce dernier dans une portion déjà connue mais légèrement remaniée puisque légèrement plus difficile.
Mais ce n’est pas tout. Sachez que tous les niveaux constituant l’histoire sont également rejouables dans le Mode N. Versé, un mode miroir extrêmement original offrant la possibilité de les revivre avec une direction artistique visuelle et auditive entièrement revisitées pour chacun d’eux. Plus encore, si vous parvenez à traverser certaines portions de niveaux sans mourir, vous pourrez mettre la main sur des cassettes flashback. Il s’agit de niveaux bonus particulièrement difficiles dans lesquels on assiste à l’entraînement de Crash et Coco dans les salles de test de Cortex au cours des années 90. Pour finir, les fameux défis de contre-la-montre sont évidemment de la partie et permettent aux plus courageux d’essayer de débloquer le précieux sésame, à savoir la relique de platine, en battant le record de vitesse dans chacun des niveaux disponibles.
Et histoire de ne pas faire les choses à moitié, Toys for Bob a également pensé à ceux qui voudraient s’amuser – ou rager – entre amis ou en famille. Ainsi, Crash Bandicoot 4 embarque avec lui plusieurs modes multijoueurs uniquement accessibles en local et permettant à deux, trois ou quatre joueurs de coopérer ou de s’affronter. Dans le premier cas, il s’agit du mode « Passer et jouer » qui consiste tout simplement à passer la manette à son partenaire à chaque point de contrôle atteint et/ou mort subie. Dans le second cas, il s’agit des modes « Course de points de contrôle » et « Combo caisse » qui, comme leur nom l’indiquent, font s’affronter les joueurs sur des épreuves de rapidité et de combo. En résumé, si vous êtes complétiste et surtout assez vaillant pour tenter de décrocher le 100% (voire le 106%, qui fait son grand retour), vous aurez largement de quoi faire avec ce jeu à la rejouabilité exemplaire.
Une patte crashtoonesque pour un univers singulier
Enfin, que serait Crash Bandicoot sans l’univers si caractéristique qui l’accompagne ? S’il s’est largement inspiré de ce qui a déjà pu être fait par le passé, le studio a également souhaité apporter sa petite patte personnelle à l’univers visuel du jeu. Cela se ressent et le résultat est clairement au rendez-vous. Véritablement somptueuse, la direction artistique de ce nouvel opus parvient à rendre hommage à la série de la plus belle des manières tout en se distinguant par son côté cartoon ultra-coloré plus appuyé et surtout très particulier. Le nouveau design de Crash et Coco pourra en dérouter certains au début mais cela devrait rapidement passer. Quant aux environnements, quand bien même la plupart ne sont pas bien novateurs vis-à-vis de ce qui a déjà pu être fait, ils n’en restent pas moins dépaysants, variés et magnifiques pour autant. De la jungle tropicale aux montagnes enneigées en passant par les milieux marins, désertiques, spatiaux et futuristes, le mot d’ordre est une nouvelle fois au voyage.
Cela vaut également pour la mise en scène des niveaux qui s’inspire très largement du travail réalisé par Naughty Dog à l’époque. Oscillant entre la vue traditionnelle de dos, la vue en contre-plongée ou encore la vue latérale, le titre gère parfaitement le positionnement de ses plans de caméra pour nous permettre de profiter du décor tout en ayant suffisamment de visibilité sur le parcours. De quoi pouvoir s’immerger complètement dans l’ambiance, elle-même renforcée par une bande-son efficace composée de thèmes dynamiques, entraînants et accrocheurs mais suffisamment discrets pour ne pas taper sur le système. En bref, en dehors de quelques petits ralentissements à noter lors de certaines cinématiques, Crash Bandicoot 4 s’en sort aussi bien sur la partie technique que sur tout le reste.
Verdict : 9/10
Douze ans après la dernière aventure originale de Crash Bandicoot sur consoles de salon, Activision et Toys for Bob se sont lancés dans un pari aussi risqué qu’ambitieux : celui de faire revenir le célèbre marsupial orange sur le devant de la scène vidéoludique avec un épisode rendant hommage à la trilogie originale des années 90. Un défi qui avait de quoi en inquiéter plus d’un après les nombreuses années d’errance qu’a connu la série. Mais pour notre plus grand bonheur : le pari est relevé haut la main. Avec Crash Bandicoot 4: It’s About Time, Toys for Bob nous livre sans aucun doute l’un des meilleurs opus sortis à ce jour et nous prouve par la même occasion qu’il n’est jamais trop tard pour faire revivre l’icone de toute une génération. Que ce soit à travers son histoire, son gameplay ou encore sa direction artistique, cette nouvelle aventure apparaît à chaque minute qui passe comme étant une véritable lettre d’amour au travail de Naughty Dog. Et on peut le dire… il était temps !
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