Cela fait déjà un an que les joueurs ont pu se plonger dans la peau de Jesse Faden, la dernière héroïne créée par Remedy Entertainment. Control ayant rencontré un certain succès auprès du public, les créateurs d’Alan Wake ou encore de Quantum Break ont décidé de prolonger l’aventure grâce à l’ajout de deux extensions, La Fondation et EMA, dont la deuxième sert notamment à mettre en place ce qui a été présenté par le studio comme étant le Remedy Connected Universe. L’heure est donc venue pour nous de revêtir à nouveau notre costume de directeur du Bureau Fédéral de Contrôle, car le devoir nous appelle.
► Retrouvez également notre test de Control
Test réalisé sur PlayStation 4 à partir d’une version numérique fournie par l’éditeur
Appelez-moi la directrice !
Vous pensiez que l’histoire de la nouvelle protagoniste imaginée par Sam Lake était terminée à l’issue de l’aventure principale sortie en août 2019 ? Détrompez-vous. Jesse Faden n’a peut-être pas choisi son poste de directrice du Bureau Fédéral de Contrôle (BFC), mais elle n’a désormais plus d’autre choix que de l’assumer. Pour paraphraser l’une des répliques les plus cultes de l’univers de Spider-Man : « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités ». Et si Jesse a largement contribué à faire reculer la présence du Hiss au sein des locaux de l’Ancienne maison, le boulot est encore loin d’être terminé. D’ailleurs, deux extensions sont là pour en témoigner : La Fondation, sortie le 26 mars 2020, et plus récemment EMA, arrivée le 27 août dernier.
Au cours de la première, la jeune femme est contactée par le Comité qui lui demande de se rendre de toute urgence dans une nouvelle zone de la bâtisse appelée « La Fondation ». En effet, l’intégralité de l’Ancienne maison serait mise en danger par une mystérieuse structure endommagée s’y trouvant et ayant provoqué une fuite du plan astral. Dans la seconde, elle capte cette fois-ci un message provenant d’un homme bien connu et apprécié des joueurs : le fameux Alan Wake. Ce dernier l’incite à se rendre dans une zone jusqu’alors condamnée du bâtiment, le Secteur des Enquêtes, où il évoque la présence d’une inquiétante « Troisième Chose » sur laquelle la directrice entend bien faire la lumière.
Un RCU aux fondations légères
Sur le papier, tout cela semble tout à fait intriguant, en particulier si l’on a adhéré à la campagne principale du jeu. De ce fait, c’est avec une joie non-dissimulée que l’on replonge dans cet univers atypique imaginé par Remedy afin d’en résoudre les derniers mystères. Malheureusement, manette en mains, le résultat n’est pas forcément aussi enthousiasmant qu’escompté. Sans pour autant être mauvaises ni même désagréables à parcourir, ces deux extensions souffrent d’un manque cruel d’imagination et d’approfondissement faisant que l’on a surtout la sensation de jouer à des quêtes annexes totalement indépendantes qui n’apportent rien de bien important à l’univers du jeu. Pourtant, et en particulier dans le cas de La Fondation, on y retrouve des personnages dont le sort restait encore à découvrir. Il est donc dommage de voir le tout être aussi expéditif à l’arrivée.
C’est d’autant plus décevant avec EMA que celle-ci était destinée à mettre en place le Remedy Connected Universe (RCU), sorte de MCU (Marvel Cinematic Universe) version jeu vidéo, qui vient tout juste d’être officialisé par le studio. Certes, ce DLC crée bel et bien des liens tangibles entre les univers de Control et d’Alan Wake, mais la narration peu développée passant essentiellement par d’innombrables documents qui cassent le rythme peine furieusement à convaincre, quand bien même les clins d’œil se multiplient. De cette manière, par-delà l’excitation d’avoir des nouvelles d’Alan Wake après des années d’absence ainsi que de probables indices sur la direction que pourrait prendre un potentiel Alan Wake 2, on ressort de cette première incursion dans le RCU avec une légère moue.
Développement (in)contrôlé
Malheureusement, le résultat n’est guère plus convaincant au niveau du gameplay. Si chacune des extensions a le mérite d’introduire de nouvelles zones dont l’exploration complète se fera naturellement, la structure même de celles-ci et la manière de les parcourir sont en tout point identiques à ce que l’on a déjà pu voir dans la campagne. De fait, et bien que chacune puisse être terminée en 4 ou 5h de jeu environ, on a rapidement l’impression de tourner en rond et de refaire encore et encore des choses que l’on ne connaît déjà que trop bien. C’est plus particulièrement le cas dans EMA qui est constitué d’un enchaînement de couloirs et de zones de combats, puisque La Fondation a au moins le mérite de proposer un équilibre parfaitement maîtrisé entre phases de plates-formes, d’exploration, d’énigmes et de combats.
Ce n’est d’ailleurs pas le seul point sur lequel le premier DLC surpasse le second. En effet, en plus des quelques missions principales, chacun propose une petite série de quêtes secondaires permettant de prolonger très légèrement la durée de vie. Dans le cas de La Fondation, cela donne notamment lieu à la découverte de nouveaux objets altérés, dont l’un bénéficie au passage d’une mise en scène musicale comme seul Remedy sait les faire. En revanche, on ne peut pas en dire autant pour EMA qui multiplie les quêtes annexes dénuées d’intérêt et totalement bâclées. Une vraie déception quand on pense à toutes les possibilités qu’il y avait grâce à l’incorporation de l’univers d’Alan Wake dans celui de Control.
Précisons tout de même que chacun des DLC intègre quelques maigres nouveautés qui n’en sont pas moins intéressantes pour autant. On peut par exemple noter l’ajout de deux nouveaux pouvoirs servant à la progression dans La Fondation tandis qu’une nouvelle arme appelée Fragmentation fait son apparition pour lutter contre les ennemis du Secteur des Enquêtes. D’ailleurs, pensez-bien à fabriquer cette dernière pour pouvoir en profiter car si vous comptez sur le studio pour vous annoncer sa présence en cours de jeu, vous allez terminer EMA en passant totalement à côté – oui, c’est du vécu. N’oublions pas non plus la présence de nouveaux types d’ennemis, assez similaires à ceux du jeu de base, ou encore de divers défis accessibles via une borne d’arcade.
Deux salles, deux ambiances
Pour finir, quelques mots sur la technique et la direction artistique de ces extensions ne seront pas superflus. Comme on pouvait s’y attendre, aucune ne révolutionne particulièrement ce qui avait déjà été fait dans le jeu de base. Néanmoins, cette fois encore, La Fondation a le mérite de proposer un minimum d’innovation grâce à une zone dont les environnements et l’ambiance varient de la campagne. Elle bénéficie par ailleurs d’une photographie et d’une mise en scène soignée, Remedy n’hésitant pas à varier les plans. De son côté, EMA se contente du minimum syndical en s’ancrant dans la continuité directe de l’histoire principale, à la différence qu’elle se montre largement plus paresseuse en termes de mise en scène. Heureusement, cette dernière propose des séquences plutôt réussies jouant habilement sur l’obscurité, une mécanique qui aurait gagné à être davantage exploitée et approfondie. Pour le reste, pas de miracle, on retrouve globalement les mêmes atouts et les mêmes problèmes que ceux soulevés dans notre test du jeu l’été dernier. En dehors d’une légère amélioration de la synchronisation labiale, aucune nouveauté majeure n’est à noter.
Verdict : 6/10
Avec Control, Remedy a mis en place un univers aussi vaste qu’atypique dont l’exploitation via des extensions était plus que prévisible. De surcroît, en annonçant la mise en place d’un univers partagé avec Alan Wake et ses potentielles futures licences, le studio avait toutes les cartes en main pour nous proposer de réjouissantes expériences. Malheureusement, le résultat final est plutôt mitigé. Tout en étant agréables à parcourir, La Fondation et EMA s’avèrent être des compléments paresseux à bien des égards. Loin d’être indispensables, ces DLC auraient mérité de bénéficier d’un soin plus approfondi sur leur narration et leur gameplay, dont les spécificités restent relatives. À réserver à ceux qui souhaitent réellement prolonger leur expérience sur Control, voire à ceux qui souhaitent profiter d’une mise en bouche sur une potentielle suite à Alan Wake dans le cas de la deuxième extension.
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