Vous savez, Conan est à mes yeux une énigme. Il est à la fois la figure emblématique du guerrier dans les jeux de rôles, mais aussi la grande inconnue de la culture pop. Car oui, ce héros à la force titanesque, aux muscles saillants et aux traits faciaux parfaits, est très souvent cité, si ce n’est pas même représenté, dès que l’occasion se présente dans le spectre des médiums culturels de notre époque. Mais qui est-il vraiment ? À cette question je n’ai pas la réponse, plongez-vous dans un Wiki pour en faire votre vérité. Une chose est certaine, Conan le Barbare résiste au temps, et depuis l’année passée, il revient en force sur le marché du jeu vidéo. Le très récent Conan: Exiles sorti en mai 2018, proposait aux joueurs de survivre dans un action-aventure en sandbox multijoueur exploitant l’univers du barbare. Esclavagisme, violence et nudité au rendez-vous. Cette année, c’est Conan: Unconquered qui offre aux joueurs PC la possibilité de construire et surtout de défendre sa cité face à des hordes d’ennemis. Et oui, comme vous l’avez remarqué, la nudité n’est plus vraiment de la partie. Mais restez hein ! L’érotisme n’est jamais loin chez Conan.
Test réalisé sur PC grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
Un peu d’huile de massage sur l’histoire..
A posteriori du gameplay, l’histoire n’est ici qu’un contexte à offrir quelques bulles de lecture aux fanatiques du Barbare, et qui ne sont pas déplaisantes à parcourir. Conan: Unconquered vous proposera cinq missions à parcourir en suivant une trame narrative, et comme nous l’avons dit, ça ne va pas très loin. En gros : Nathok dit « Le Voilé » réunît les nomades du coin pour former son armée, en plus des âmes qu’il entraîne la magie l’accompagne, dans le but de conquérir la totalité de la région. Conan, qui suivait un groupe de soldats, est également à la recherche d’un peu d’argent, rentre en contact avec ce groupe, et après une courte démonstration est engagé, et suit les directives du général Almaric. Un fond creux, qui vient à être rattrapé par une forme singulière. Chaque mission se débloque à condition de la réussite de la dernière, et bien que vous n’ayez qu’un court descriptif de celle-ci, une BD se déverrouille également afin d’approfondir et d’imager l’histoire proposée. Ainsi, à chaque fin de mission une dizaine de pages, entièrement illustrées, s’ajoutent par chapitre, offrant une totalité d’une centaine de pages à découvrir. Si cela peut paraître anecdotique, cela est une véritable plus-value pour le côté cross-médiums de ce héros, et qui plus est très agréable à lire.
Oooh j’en ai plein les mains, ça glisse..
Si vous êtes adeptes du cuir, de la peau et du fouet, bienvenue chez vous. Installez-vous face à la roue de torture, tirez les lanières pour vous détendre, vérifiez la stérilité de vos accessoires, car vous allez recevoir. Conan: Unconquered est un vieux briscard, un gros morceau qui ne pardonne pas l’erreur, avec ses règles particulières. S’inscrivant comme un RTS et s’orientant vers la survie, le but du jeu sera simple, tenir X vagues. Bien entendu un laps de temps vous sera accordé entre deux vagues, et la nouvelle nuée de monstres sera toujours plus difficile que la précédente. Tout le cœur du gameplay tient autour de la défense, de la construction, l’expansion de votre territoire et de la gestion de vos ressources. Ceci à pour but d’offrir une expérience de jeu non pas unique, mais exigeant, semblable à « They Are a Billions », les zombies en moins et l’huile pour le corps en plus. Il faudra donc maîtriser trois axes pour espérer arriver aux termes des vagues.
Bien que les cartes soient générées aléatoirement, les parties se déroulent de façon uniforme. L’une des premières étapes est la sélection de votre héros, deux sont disponibles au lancement du jeu, et un supplémentaire en DLC. Si Conan est un va-t-en-guerre qui est capable d’encaisser et faire des dégâts de zone, Valéria n’a pas son pareil pour infliger des dommages ciblés, alors qu’à l’inverse Kalanthes est avant tout un soutien pour les troupes. Une fois ce choix effectué, vous êtes largué à côté de votre forteresse, objectif à garder en un morceau, sur carte emplie d’un brouillard de guerre. Votre premier objectif sera de faire une reconnaissance pour trouver des lieux de ressources, et des bonus gardés par quelques ennemis. Une fois le repérage effectué, les premières constructions sont à prévoir. Chaque bâtiment vous coûtera bois ou pierres, ou métaux, voir les trois à la fois en plus d’une valeur pécuniaire, comme à l’accoutumée du genre. La principale différence vient du gain de ces ressources, qui n’est pas en temps réel, mais tous les X secondes. À comprendre donc que dans Conan: Unconquered toutes les 30 secondes vous recevrez le montant que vos industries produisent, forçant ainsi au joueur de planifier à l’avance ses dépenses. Car oui, ici il n’est pas question de dépenser de façon superflu, il faut savoir intégrer au bon moment afin de prévenir au mieux du besoin. Dans un ordre général, l’industrie vient à souffrir de coût de maintenance qu’il faudra pallier par la construction d’habitation. Comme la difficulté des vagues d’ennemis est croissante, vous devrez toujours avoir plus de soldats et de défenses. Vous vous déploierez donc de plus en plus sur la carte, en essayant d’optimiser au mieux votre espace, mais en fin de compte vous devrez toujours repousser vos lignes, ouvrant toujours un peu plus votre mur d’enceinte.
Car oui, les ennemis très nombreux ne font pas dans la dentelle ! Il n’est pas rare que plusieurs centaines de nomades, ou autres créatures foncent à l’assaut de votre ville. Pour vous aider à résister, plusieurs solutions s’offrent à vous. La première, et la plus logique : vous renommer en Cohen le Barbare et construire un mur d’enceinte pour bloquer l’envahisseur. Tour, brasero, tour à baliste, tour solaire, piège à point, piège à gaz, vous aurez de quoi défendre votre position grâce à cet arsenal. La seconde, créer une la pléthore d’unités pour partir à l’assaut de ceux qui vous assiège. Simple troufion, archer ou javelotier, cavalerie, prêtresse, vous aurez accès à un choix relativement restreint, mais suffisant pour ce qui vous attend. Bien entendu la meilleure option reste un mélange des deux solutions, pour éviter de perdre à la fois trop de soldats ou d’avoir à repayer des constructions coûteuses. Pour vous aider, une pause active est disponible, et permet de dicter vos ordres sans précipitation et précisément à vos unités. Ce plus, bien que rare dans le genre du RTS, se montre ici d’une très grande utilité, vu que les ennemis toujours en surnombre ont à la différence du joueur, un ribambelle de possibilité. Du javelotier, à la catapulte, aux nécromanciens voir jusqu’aux créatures mystiques, ils représentent tous une menace à traiter d’une manière particulière. La pause rendant cela possible.
Enfin, terminons par l’arbre de recherche, qui vient simuler votre niveau d’évolution. En échange d’une construction et d’un certain montant, vous débloquerez des technologies offrant plus de puissance, ou de ressources, voir carrément des nouveaux bâtiments et unités. Élément stratégique à ne pas négliger, il viendra souligner le build que vous souhaitez faire pendant votre partie. Et autant prévenir que guérir, vous ferez de très nombreux essais avant de trouver un premier build relativement viable. Mais les occasions d’essayer seront nombreuses, car en plus de proposer un mode coopératif, l’accent est mis sur le challenge. Effectivement, un compteur de point en haut à droite de votre écran cumule le fruit de vos actions comme : survivre à une vague, tuer un petit ou gros monstres/soldats, gagner de l’expérience, etc. De plus, en fonction de la difficulté choisie, un multiplicateur sera apporté dans le résultat final de la session. Une fois la partie terminée, votre score affiché, vous pourrez défier vos amis, ou n’importe qui possédant le jeu de jouer sur la même carte, avec les mêmes conditions, voir s’ils arrivent à faire plus de points.
Tailler son corps et se badigeonner d’huile
Sans être techniquement renversant, Conan: Unconquered reste dans les clous du RTS affichant un grand nombre d’unités. Les modèles 3D sont réalisés correctement, et assez détaillés pour être agréables à l’œil, et sont agrémentés d’effets comme le reflet de la lumière sur les métaux ou la chitine, ou encore d’un ombrage appliqué sur les corps. Les bâtiments sont également corrects, mais fixes, entendons à cela qu’il est impossible de tourner les bâtiments et que ces derniers n’ont aucune animation. Les effets de particules, comme l’eau et le feu sont eux aussi convaincants, singulièrement pour le feu qui se propage. Même si l’ensemble est bien, nous regrettons un manque de vie flagrant, qui donne un sentiment de vide pendant l’entre-deux vague assez prononcé. Notons également que les trois héros actuels sont entièrement doublés, les unités quant à elles devront se contenter de « Oh ! » « Aaaah ! » « Ouuuaaah ! » « Wouhou! »
Le feu, le poison sont autant d’éléments à surveiller, faisant des dégâts sur la durée, ils sont à couper rapidement.
Verdict : 5/10
Sans être une véritable réussite, Conan: Unconquered vient à convaincre là où il était attendu. Un RTS où il faut survivre à des vagues de plus en plus violentes. Il réalise même le pari de faire revenir les joueurs après une défaite frustrante, ce qui n’est pas rien. Si vous n’avez jamais fait « They Are a Billions » et que vous êtes fan de l’univers de Conan (je doute qu’un Être aussi extraordinaire puisse exister), vous risquez de scotcher quelques heures, à condition d’aimer le fouet en cas d’erreur. Si vous avez cependant déjà tâté du jeu susnommé, vous risquerez de trouver ce Conan: Unconquered un peu fade, que cela soit solo ou avec un copain. Après si vous cherchez un petit RTS pas trop cher en cette période de vache maigre, avec de la difficulté et quelques règles à « l’ancienne », le jeu peut-être fait pour vous. Mais n’attendez pas grand-chose d’autre que : roter du sang les premières parties et essayer d’avoir un score toujours plus haut.
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