Bandai Namco, que l’on connaît surtout pour ses nombreuses adaptations d’animes et de mangas, est également l’éditeur occidental de la saga Dark Souls de FromSoftware, qu’on ne présente plus. Depuis sa création, bon nombre de jeux se sont inspirés de sa formule avec plus ou moins de succès, comme le récent The Surge 2, Nioh et bien d’autres encore. Étonnamment, Bandai Namco a dévoilé il y a un certain temps Code Vein, un nouveau challenger « Souls-like » mais contrairement à la sombre épopée de FromSoftware, il possède une direction artistique anime/manga tout en ayant un fort côté edgy. Suffit-il de copier une formule à succès tout en changeant radicalement d’aspect pour obtenir un bon jeu ? Après avoir bu des litres de sang et décimé moult monstres, nous vous confions notre odyssée à travers les ruines de Code Vein pour vous confirmer si elle vaut le coup d’être vécue ou s’il vaut mieux éviter d’être mordu au cou. Ou ailleurs.
Test réalisé sur PlayStation 4 grâce à une version numérique fournie par l’éditeur
Vampire Diaries
Tout d’abord, Code Vein nous propose de créer un personnage selon nos désirs les plus fous dans les jeux et histoire de commencer sur de bonnes bases, l’éditeur est de très bonne qualité. S’il est quelque peu avare au niveau des détails du visage et de la corpulence, on peut changer bon nombre de choses en ce qui concerne les cheveux, la tenue, les couleurs, les accessoires, etc., de quoi proposer un héros/une héroïne plus ou moins unique. Suite à cela, l’aventure commence et les choses ne démarrent pas très bien pour notre protagoniste. En effet, il – dans le cas présent, c’est Sebalt, votre fervent serviteur (qui n’a pas beaucoup d’imagination) – ne possède aucune mémoire, ne sait pas parler (c’est pratique, ça, tiens) et il se retrouve dans un monde sombre, violent et désolé. De plus, il est un Revenant, à savoir un humain revenu à la vie qui doit se nourrir de sang à la manière d’un vampire afin d’éviter de perdre son humanité et devenir un terrible monstre. C’est plutôt mal parti donc. Heureusement, il rencontre rapidement des alliés et il se rend compte que son sang est particulier, de quoi possiblement changer la donne, donnant espoir aux Revenants.
Code Vein n’est guère original du côté de son récit mais il a au moins le mérite d’en proposer un qui se laisse suivre avec un certain plaisir. Bien qu’il n’échappe pas à certains clichés surfaits des animes/mangas, notamment du côté fan service avec des femmes ayant souvent une forte poitrine, ce qui a tendance à dénoter avec l’ambiance triste et macabre de l’univers, son histoire (même si basique) offre de bons moments et on souhaite découvrir le pourquoi du comment jusqu’au bout. Si l’on regrette également le héros muet, défaut dans bon nombre de jeux proposant de créer son personnage, ainsi que quelques passages qui n’ont ni queue ni tête, les personnages sont plutôt bien écrits et on s’y attache facilement, notamment aux proches du héros. Code Vein est entouré de mystères et d’événements malsains, nous aidant à plonger avec aisance dans son univers qui invite à l’exploration et à la survie. Cela tombe bien, ce sont les caractéristiques majeures de son gameplay.
Code Souls
Si vous avez joué aux Dark Souls, Bloodborne, Nioh et autres jeux du genre, Code Vein ne vous surprendra aucunement, puisqu’il s’inspire jusqu’à la moelle de la fameuse formule concoctée par FromSoftware, un peu trop même parfois et pas toujours en bien. Explications : le titre propose un grand monde constitué de zones interconnectées, où il faut découvrir les moindres secrets, trouver les bons chemins à emprunter ainsi que survivre face à des ennemis et pièges placés avec plus ou moins de délicatesse. On avance à tâtons dans des ruines, grottes, villes abandonnées, guettant le danger au moindre pas, tombant par hasard sur des items et équipements permettant de gagner en puissance, le tout en affrontant des tas et des tas de monstres qui reviennent sans cesse à la vie dès que l’on se repose à un checkpoint. Pour l’exploration pure et dure, il est possible de marcher doucement, courir, grimper/descendre des échelles et par moments, il faut faire des sauts périlleux tout en évitant de tomber dans le vide afin de progresser dans de nouvelles zones. L’exploration se veut plutôt simple mais alléchante, grâce à un level design somme toute réussi. On se retrouve assez facilement dans les décors en explorant minutieusement et au pire des cas, il y a même une mini-carte qui permet de se repérer avec plus d’aisance mais nous n’avons jamais accès à une carte complète, pour ceux qui auraient peur d’une trop grande facilité. Il y a également de bonnes idées dans le lot, comme un labyrinthe de brume où il faut se repérer à l’aide de flammes. L’aspect Souls-like est en tout cas bel et bien là, pour ceux qui aiment le genre, il y a de quoi s’amuser dans Code Vein, même s’il est imparfait sur certains points. Notamment vis-à-vis des combats.
Les combats de Code Vein représentent l’autre moitié importante du gameplay, en plus de l’exploration. Si on peut dire que le level design et l’envie d’explorer les nombreux décors du soft font plaisir, le résultat n’est pas tout à fait le même pour les affrontements. Pourtant, il y a de quoi être enchanté au départ : possibilité d’attaquer rapidement ou fortement, sorts et coups spéciaux qu’on débloque au fil du temps (boule de feu, téléportation et attaque sautée vers l’ennemi, augmentation temporaire de défense, etc.), esquives sautées ou roulades, parades, coups dans le dos qui activent une cinématique spéciale assez jouissive selon l’arme sélectionnée, différents types d’armes… Sur le papier, c’est fort alléchant mais on se rend vite compte que le plaisir est loin d’être optimal. Le principal défaut de Code Vein, c’est son bestiaire qui n’est pas assez varié et dans un tel titre, cela porte un coup assez dur. On affronte souvent les mêmes ennemis de base (parfois, juste les coloris et les tailles changent), pire, même, certains boss reviennent de temps en temps, à quelques différences près. De ce fait, on n’a pas ce sentiment de devoir apprendre les coups d’un nouvel ennemi aussi souvent qu’on le souhaiterait. En outre, il y a un certain manque de sensation et de précision dans les coups, fait qui a déjà été relevé par bon nombre de joueurs durant les démos mais qui n’a pas grandement été modifié pour la sortie finale. Le jeu aurait gagné à avoir des animations et réactions de monstres plus poussées, surtout que les attaques de base du héros sont constituées de très peu de coups différents, donnant une certaine impression de lassitude de temps à autre. Malgré tout, les combats de Code Vein ne sont pas inintéressants pour autant : la difficulté est bien au rendez-vous avec des coups qui font mal, des réflexes qu’il faut constamment garder et les ennemis sont judicieusement placés sur la carte, surprenant ici et là, forçant à rester constamment sur ses gardes. Les boss offrent également une bonne part de challenge et il ne sera pas rare de les recommencer quelques fois, malgré la présence d’un allié contrôlé par l’ordinateur qui se révèle fort utile. Aussi, on possède au final bon nombre de possibilités d’attaques et de défense grâce à tout ce qu’on peut débloquer, offrant ainsi de la variété et sauvant de peu les affrontements de Code Vein, même s’ils pourraient être bien meilleurs. Il suffit de peu cela dit pour obtenir un système de combat vraiment performant.
Qui dit Souls-like dit également hub principal et Code Vein n’y échappe pas. Lorsque l’envie vous prend, vous pouvez accéder à la base centrale du jeu qui permet bon nombre de choses. En plus de pouvoir vous relaxer après une dure journée de labeur, autant en vrai que dans le jeu lui-même, il est possible de discuter avec différents personnages, leur offrir des cadeaux avec ce que l’on trouve lors de l’exploration afin d’améliorer les relations et obtenir des items spéciaux en retour, écouter de la musique, se prélasser dans une source chaude afin de revoir les cinématiques du jeu et observer les personnages sous un tout nouvel angle (mais ils portent tout de même des serviettes), acheter des armes, armures et objets, s’entraîner et on en passe. La base est agréable et donne envie d’y retourner souvent, ce qui est un bon point. Pour ce qui est de la progression de niveaux, là encore, c’est comme dans un Dark Souls : plus on tue d’ennemis forts et plus on obtient de l’expérience, ce qui permet d’augmenter de niveaux ou bien de débloquer des compétences. D’ailleurs, pour ces dernières, il y en a un bon paquet, puisque chaque personnage que l’on croise peut vous mordre afin que vous puissiez accéder à une partie de ses pouvoirs, permettant d’obtenir, comme on l’a dit précédemment, plus de liberté durant les combats. Pour ce qui est des armes et des protections, on a des classiques du genre, à savoir épée, épée lourde, grand marteau, lance, fusil, etc. L’originalité de Code Vein à ce niveau, ce sont certaines armures qui permettent d’obtenir des coups inédits, même si l’utilisation reste la même pour toutes. Par exemple, on peut avoir un manteau dont les manches se transforment en têtes de loup mécanique et un autre permet d’invoquer de nombreuses lames sortant du sol ou du corps de l’ennemi. C’est frais et fort sympathique à utiliser, même si la parade n’est pas forcément aisée à réussir. Enfin, sachez que si vous rencontrez trop de soucis, il y a bien la présence d’un mode en ligne permettant d’invoquer un autre joueur tant que vous n’avez pas fini une zone à 100%, de quoi venir à bout de Code Vein malgré les difficultés dans une aventure qui demande tout de même un minimum d’investissement. Le titre de Bandai Namco demandant au moins 15-20h pour être bouclé mais tout dépend de chaque joueur et du nombre de fois qu’il recommence chaque niveau/boss. En ce qui concerne le gameplay, Code Vein applique à la lettre la formule Dark Souls mais il ne réussit pas à échapper à quelques travers l’éloignant de peu de l’excellence. C’est dommage mais le jeu n’en reste pas moins fun, que cela soit bien clair, notamment grâce à un sentiment de montée en puissance bien présent et une bonne variété de compétences. Ses défauts sont bien présents mais loin d’être majeurs.
Ô la belle rouge
L’autre point sur lequel était attendu Code Vein est son aspect visuel. Après tout, un Souls-like avec une ambiance anime/manga, c’est pas commun et ça a le mérite de rafraîchir quelque peu. Est-ce réussi ? En partie, oui. Le jeu de Bandai Namco utilise l’Unreal Engine 4 avec bon goût, les décors, plutôt variés, bénéficiant de modélisations de bonne factures, de jolis effets de lumière et de textures réussies, même s’il y en a tout de même quelques unes qui restent assez grossières, notamment lorsqu’on rencontre beaucoup de rochers. Naturellement, le sang n’est pas en reste avec beaucoup de litres qui coulent à flot. De plus, la direction artistique est vraiment réussie, mélangeant avec plus ou moins de brio (certains designs en font tout de même un peu trop) modernité, fantastique et macabre, il n’est pas rare de s’arrêter pour admirer le paysage, malgré certains lieux anecdotiques. En général, c’est joli et en plus, ça tourne bien, le soft tournant souvent à plus de 30 images par seconde mais il faut tout de même noter qu’il y a quelques baisses de framerate, surtout lorsqu’il y a beaucoup d’ennemis attaquant en même temps, ce qui peut gâcher la fête lors de certains combats. Du côté des personnages, c’est un quasi sans faute, le design global est alléchant et le rendu anime/manga se fond à merveille avec le reste. Cependant, comme on l’a souligné avant, il est tout de même dommage de voir des filles qui ont souvent des poitrines fortement exagérées, surtout qu’elles sont souvent en tenues assez… suggestives, pour rester poli. Cela n’apporte rien et ne colle pas vraiment avec l’ambiance dépeinte par Code Vein, surtout que les hommes échappent à ce fan service. Notons au passage que le jeu possède une introduction animée par le studio Ufotable, fort jolie.
Enfin, du côté de la bande-son, il y a de quoi être ravi lorsqu’on entend les notes de musiques retentir. Lors de l’exploration, on n’entend que des bruits d’ambiance mais lorsque plus d’un ennemi attaque, une musique épique se lance et les affrontements contre les boss proposent de jolis morceaux orchestraux, de même pour certaines cinématiques qui sont accompagnées de belles mélodies. Malheureusement, on entend souvent un peu trop les mêmes musiques, tout comme pour le bestiaire, cela manque de variété. Même les boss, qui devraient avoir droit à leurs propres musiques afin qu’ils puissent tous se démarquer comme dans une certaine autre série, possèdent en règle générale la même musique, belles certes mais cela reste décevant. Du côté des voix, on a joué avec le doublage anglais et il se veut de bonne facture, les acteurs jouant bien leurs rôles mais rien de marquant pour autant. Un peu comme le reste du jeu, d’ailleurs.
Verdict : 7/10
Pour une nouvelle licence qui se veut Souls-like, Code Vein débute plutôt bien. Le jeu possède bon nombre de qualité motivant à aller jusqu’au bout de l’aventure, proposant du challenge, de l’exploration alléchante, une montée en puissance digne de ce nom et des combats brutaux. Hélas, divers petits travers viennent entacher le tableau, certains étant plus importants que d’autres, la qualité du bestiaire et le feeling des coups en tête de liste. Avec davantage de temps et d’attention, nous aurions pu avoir un excellent challenger et un nom à retenir d’emblée. Pour le moment, Code Vein reste malgré tout un titre fort sympathique qui devrait quand même ravir les amateurs du genre, sous peine qu’ils adhèrent à la direction artistique et à certains choix douteux.
Laisser un commentaire