Vous voyez dans les films d’horreur cette jeune femme, dans la fleur de l’âge, avec un corps parfait, bien souvent blonde (nous n’inventons rien), qui va à la rencontre des problèmes au lieu de fuir alors que vous lui criez « cours, cours ! » derrière votre écran ? Avec Close to The Sun, cette jeune femme est brune, voilà tout. Non, trêve de plaisanterie, le jeu de Storm in a Teacup a récemment débarqué sur consoles (PlayStation 4, Xbox One et Nintendo Switch), après déjà quelques mois d’existence sur PC, et bien sûr nous n’avons pas manqué à l’appel. Direction l’Hélios de Nikola Tesla, en compagnie de Rose Archer.
Test réalisé sur PlayStation 4 grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur via message pneumatique.
L’Hélios – L’enfer a un nom !
Catégorisé, malgré lui, par certains sites et plateformes de vente de jeux numériques comme un jeu d’action, Close to the Sun est bien plus que cela. Certes, il nous embarque dans une aventure avec pas mal d’action, mais le soft est davantage horrifique, aux accents survival-horror, en vue à la première personne avec un soupçon de walk-simulator. Ça fait beaucoup dit comme ça, n’est-ce pas ? Néanmoins, pas de panique, nous allons tout vous expliquer et sachez, pour le moment, que le tout est très cohérent. En ce qui concerne la direction scénaristique, le studio Storm in a Teacup est allé pêcher à plusieurs endroits pour concocter le titre, mais nous y reviendrons. Pour l’heure, intéressons-nous davantage à l’histoire de Close to the Sun.
Nous incarnons une jeune journaliste, Rose Archer, qui vient tout juste de recevoir une lettre somme toute inquiétante de la part de sa sœur, Ada. Cette dernière, s’étant plongée corps et âme dans la science et en ayant fait son métier, a embarqué sur le navire l’Hélios, du fameux Nikola Tesla afin de faire avancer les recherches de celui-ci. Malheureusement, rien ne se passe comme prévu et tout vire au cauchemar en une fraction de seconde. Le navire étant désormais quasiment désert et surtout mis sous quarantaine à cause d’un mal encore inconnu à nos yeux. Suite à la lecture de la lettre, Rose entreprend ainsi immédiatement le voyage pour monter à bord de l’Hélios afin de sauver sa sœur et comprendre ce qui se trame.
[…] À chaque fois, ils [jump-scare] sont bien pensés et font monter la pression d’un coup, bien mieux que de courir en vitesse hyper élevée sur un tapis de cardio’ […]
C’est via 10 chapitres, aux titres très intéressants puisque mélangeant des références mythologiques, que Close to the Sun se déploie sous les yeux des joueurs, pour une durée de vie d’environ 4 à 5 heures. Il est possible de pousser cette estimation davantage si l’on se lance à la recherche des multiples collectibles (documents, plans, etc.) et si l’on examine chaque recoin de la vingtaine de lieux luxueux du navire, mais la moyenne n’excède pas la dizaine. Sachez tout de même que le soft s’adresse à un public averti, tant certaines séquences ou certains visuels peuvent choquer. Pour une trentaine d’euros (29.99€, tarif conseillé), ça semble somme toute assez correct, bien que cela puisse en rebuter certains. Et encore, à ce stade, vous ne savez pas grand chose de Close to the Sun…
Un savant mélange
Si de prime abord, après avoir tapé le nom du jeu dans Google et regardé quelques visuels, la comparaison avec la licence BioShock est évidente, il n’en est pourtant pas une pâle copie. En effet, le soft de Storm in a Teacup mélange les genres et les influences. À commencer par le côté très Firewatch décelable dès le début du jeu : tout comme Henry du titre de Campo Santo, Rose possède une oreillette lui permettant de communiquer avec sa sœur, Ada, ainsi qu’avec un autre scientifique. Ce sont ces derniers qui nous guident tout au long de l’aventure, nous apportant des informations essentielles quant au scénario et en nous aidant dans les différentes zones de jeu. Bien entendu, on attend invariablement le moment où Rose sera réunie avec sa sœur et fera la rencontre de cet autre scientifique, Aubrey. Hormis l’oreillette, il y a bel et bien un aspect walk-simulator dans Close to the Sun puisque le joueur sera amené à explorer plusieurs lieux et pièces de l’Hélios à la quête d’indices et d’objets essentiels à l’aventure. D’ailleurs, le gameplay est assez lent et lourd dans l’ensemble. Mais cela rend le tout encore plus immersif pour le joueur.
Par ailleurs, Close to the Sun fait la part belle aux énigmes, sans pour autant être d’un niveau de difficulté très élevée. Pour avancer de zones en zones ou de pièces en pièces, il faudra bien souvent fouiller les notes et documents disséminés ici et là afin de trouver un code permettant de débloquer un mécanisme. Ou bien, il faudra enclencher des leviers d’une certaine manière et dans un certain ordre pour débloquer un passage et éviter les coups de courant mortels. Pour donner un exemple probant ne figurant pas sur notre vidéo découverte (disponible à la fin de l’article), une fois dans l’appartement d’Ada, nous sommes amenés à trouver les recherches de cette dernière. Caché dans un coffre, le mécanisme de déverrouillage demande d’aligner des symboles en fonction d’une certaine forme. Les objets étant disposés sur les meubles de la pièce, il faudra faire preuve d’observation et de mémoire pour déchiffrer le code. En soi, cela n’a rien de vraiment compliqué, le soft mettant surtout en exergue le sens de l’observation des joueurs plutôt qu’une bonne logique.
Et jamais deux sans trois, n’est ce pas ? Nous mentionnions précédemment l’aspect survival-horror de Close to the Sun et autant dire que sur ce point les développeurs n’y sont pas allés de main morte. Ce qui est plutôt intéressant dans le jeu est le fait que l’horreur est présente mais savamment dosée. Oui, la plupart des zones sont peuplées de cadavres et de traînées de sang mais ils n’en ont pas trop fait. Il y a bien entendu quelques jump-scares mais assez peu finalement. Ils parviennent d’ailleurs à déconstruire nos attentes : il nous est arrivé plusieurs fois de nous dire « ah, là, je sens que quelqu’un va apparaître dans l’encadrement de la fenêtre ! », et en réalité il ne se passait rien. Le jump-scare était un peu plus loin. À chaque fois, ils sont bien pensés et font monter la pression d’un coup, bien mieux que de courir en vitesse hyper élevée sur un tapis de cardio’. On peut également compter sur des course-poursuites, façon Outlast, alors qu’un psychopathe nous court après avec un couteau plein de sang dans les mains. Et ce n’est pas tout, mais on vous laisse la surprise. Ainsi, si oui Close to the Sun montre l’horreur durant quelques séquences, c’est davantage via l’ambiance créée, qui est savamment dosée, que l’on ressent le côté survival-horror. Petite nature que nous sommes, on a réfléchi à plusieurs fois avant d’ouvrir certaines portes, autant vous le dire.
Côté commandes, Close to the Sun est relativement simple à prendre en main, bien que pas très intuitif au début du jeu. En effet, ne comptez pas sur votre joystick gauche pour courir, mais plutôt la gâchette L2. À l’inverse, l’interaction avec les éléments du décor se fait avec la touche Carré. R2 servant principalement à zoomer. Comme de coutume, ce sont les deux joystick qui nous permettent de nous déplacer et de mouvoir la caméra. Simple, comme bonjour. Pour le reste, vous n’avez pas besoin de plus. Et c’est tant mieux et surtout primordial. L’important réside davantage dans le scénario et principalement dans l’ambiance, qui créé un véritable sentiment d’immersion. Dans ce sens, Firewatch était tout aussi simple dans son système de commandes.
Tesla n’est pas au rendez-vous
Malheureusement, le tableau n’est pas parfait car le soft souffre tout de même de quelques problèmes. À commencer par un downgrade important sur les versions consoles. En effet, à sa sortie sur PC, nous avions pu jeter un coup d’œil sur un peu de gameplay grâce à une vidéo de Morrigh4n, et autant dire que c’était convaincant à l’œil. L’Hélios étant un navire luxueux, aux pièces aussi extraordinaires que glauques, la version PC rendait très bien la splendeur des lieux. Alors qu’ici, même sur PlayStation 4, il y a un effet de flou constant sur les personnages et les décors, un peu comme pour le récent portage The Witcher 3 sur la console de Nintendo. La seule explication que nous avons pu trouver, après réflexion : la version du portage sur PlayStation 4 se rapproche bien plus de celle de la Nintendo Switch plutôt que de celle sur PC. Dommage, surtout quand on sait que la console de chez Sony en a quand même sous le capot ! On aurait ainsi aimé une version se rapprochant davantage du rendu PC, bien que les développeurs peuvent encore se rattraper à coups de patchs et mises à jour. Ce qui serait vraiment bienvenu et tout à fait possible, sachant que le jeu ne pèse seulement que 11 Go sur PlayStation 4 (en version dématérialisée, vous l’aurez compris).
D’autre part, certaines séquences souffrent de baisses de framerate plutôt importantes. C’est souvent le cas quand l’énergie mortelle répandue sur le navire, représentée par des nuages bleutés, apparaissent à l’écran. Ou bien durant les courses-poursuite. Ce qui pénalise un peu la progression du joueur, l’obligeant à recommencer à plusieurs reprises la séquence, ou casse très clairement le sentiment d’immersion jusque là bien présent et presque parfait. Au risque de nous répéter, c’est vraiment dommage d’avoir des problèmes techniques de la sorte surtout quand le jeu parvient à nous plonger dans une ambiance particulière, très bien développée, et surtout avec un scénario intéressant à parcourir. Même si l’on parvient à faire abstraction de ces quelques problèmes, pour boucler l’histoire de Rose et Ada, grâce à la qualité du travail scénaristique et sonore, qui est d’ailleurs très juste et favorise le sentiment d’angoisse, ils reviennent malheureusement nous déranger par moment.
Verdict : 6/10
Close to the Sun a tout pour plaire sur le papier : une histoire intéressante et originale, une ambiance carrément angoissante qui nous accroche du début à la fin, des personnages charismatiques (avec un très bon doublage). Et manette en mains, ça le fait… moyen ! Malheureusement, le portage du titre de Storm in a Teacup sur PlayStation 4 a encore quelques petits problèmes techniques à régler et aurait pu faire bien mieux dans l’ensemble, notamment au niveau graphique, souffrant tout de même et surtout malgré lui de la comparaison avec la monture PC qui semble beaucoup plus convaincante.
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