Qui aurait cru que la licence de Nippon Ichi Software ayant vu le jour sur PSP il y a 7 ans de cela reviendrait sur PS4 et PSVITA ? En effet, la saga Cladun ne date pas d’aujourd’hui, malgré tout la franchise ne s’est pas déclinée en une myriade d’épisodes. Ainsi, depuis Cladun X2 sorti en 2010 sur PSP et en 2011 sur PC, il aura fallu attendre quelques années avant de voir ce dungeon-crawler sur fond de J-RPG revenir sur nos consoles. Reste à voir si cette formule typiquement nippone tient toujours la route.
Test réalisé sur PS4 à partir d’une version éditeur
Mon donjon, c’est le plus beau de tous les donjons
Si Cladun Returns se veut prendre l’apparence d’un Action RPG, on s’aperçoit bien vite qu’en ce qui concerne l’aspect jeu de rôle, le titre souffle le chaud et le froid. En effet, si le scénario s’ouvre sur un dialogue entre notre protagoniste et Yukimura laissant sous entendre que le jeu proposera une histoire à la hauteur de nos espérances, il n’en sera finalement rien. Et bien que le tout se déroule durant l’époque Sengoku, cette dernière ne sert malheureusement que de toile de fond. Pourtant on retrouve, dans ce qui fait office de hub principal, de nombreux PNJ prêts à faire un brin de causette avec nous. Mais on imagine difficilement que cela intéressera les joueurs de savoir que le mari d’une mère de deux enfants est un incorrigible paresseux qui passe ses journées à flemmarder de façon nonchalante… Beaucoup de propos tenus par ces personnages ne serviront pas le scénario et on se prend alors vite à identifier quels sont ceux qui offrent un minimum d’interactivité afin de ne pas perdre de temps dans des dialogues inutiles. Notons cependant qu’ils sont très courts (à l’inverse de nombreux RPG typiquement nippons), mais que le reste du jeu rattrape cela par le biais de tutoriels fort bavards.
Les joueurs peu amateurs de jeux de rôle japonais risquent de ne pas trop être touchés par l’aura que dégage ce Cladun Returns: This is Sengoku!. Cependant, il n’est pas exclu qu’un public non-initié puisse trouver son bonheur dans ce titre. Il faut toutefois prendre en compte certains aspects rédhibitoires pour certains, comme le fait que le jeu ne soit pas localisé en français et demande une certaine maîtrise de la langue de Shakespeare. En effet, les nombreux éléments de gameplay propres au jeu demandent déjà à eux seuls un temps d’adaptation non négligeable. En plus de cela, Cladun Returns se présente comme un jeu relativement facile d’accès, mais seulement au premier abord. En plein donjon, les possibilités sont pour le moins basiques : attaquer, sauter, se protéger, utiliser de la magie ou des attaques spéciales utilisant des SP. Pourtant, dès lors que l’on quitte le champ de bataille les choses se corsent, puisqu’il va falloir gérer ses troupes avec précision.
On retrouve ici un ingénieux système nommé Magic Circle qui nous permet de lier notre personnage à d’autres que l’on aura créés ou recrutés durant nos escapades au sein des donjons. Grâce à ce système, les personnages que l’on placera dans le Magic Circle deviendront des sortes de boucliers invisibles dans les donjons. Concrètement, si l’on est amené à prendre des dommages, ce sont leurs barres de vie qui seront impactées avant la nôtre. Une fois ces dernières réduites à zéro, celle de notre personnage actif sera alors sans défense et encaissera les dégâts reçus. L’autre avantage du Magic Circle réside dans les artefacts que l’on peut équiper en fonction du Mana que possède le personnage actif. Chaque artefact nécessite une certaine quantité de mana pour que ses effets puissent être actifs, il faut donc bien gérer la façon dont on les équipe afin d’optimiser au maximum les caractéristiques de notre protagoniste.
Donjons et rageons
La customisation est au cœur même du jeu, et on a rarement vu plus permissif à ce niveau là. Si les premières minutes de jeu ne permettent guère de laisser notre créativité s’exprimer comme il se doit, c’est par la suite que l’on pourra donner l’apparence que l’on souhaite à nos personnages, et même créer soit même les animations de leurs déplacements. Mieux encore, on pourra même, avec les objets adéquats, personnaliser les moindres armes et équipements que l’on possède. Le tout demande que l’on s’y intéresse un minimum et que l’on y aille à tâtons afin de prendre ses marques, mais les plus motivés pourront donner naissance à l’attirail de leurs rêves. Dessiner sur une grille de pixels à l’aide d’une manette n’est peut-être pas la chose la plus intuitive qui soit, mais la démarche est appréciable, d’autant que le rendu général du jeu, tout en pixel-art, est relativement réussi.
Toujours au niveau de la personnalisation, il est également possible de composer ses propres musiques afin de jouer dessus. Autant dire qu’à ce niveau-là, il faudra une sacré maîtrise de l’outil de composition pour donner naissance à quelque chose de potentiellement acceptable. Mais encore une fois, l’effort est louable et on sent l’envie des développeurs de laisser le joueur customiser son expérience au maximum. Pour notre part, nous avons préféré nous contenter de l’OST de base du jeu, plutôt réussie et bien fournie, contenant des thèmes japonisants que l’on pourra apprécier en version moderne, mais également en version 16-bits. Les puristes du retrogaming seront donc aux anges, tandis que les joueurs moins sensibles à ce genre trouveront leur compte dans les versions actuelles. Notez qu’il suffit de passer par le menu Options pour modifier cela, on peut donc passer d’un style à l’autre comme bon nous semble.
Cladun Returns voulait en revanche offrir une expérience multijoueur solide, avec de la coopération et du versus… Tout du moins sur le papier. Car malheureusement, le tout semble encore bien bancal, et ce, plusieurs jours après la sortie du titre. Pour notre part, nous avons tenté de jouer à plusieurs en ligne et s’il était possible de se rejoindre, dans le hub dédié au multijoueur nos tentatives pour accéder à un donjon en multi furent vaines. Dommage, tant la promesse semblait sympathique. Cependant, il est à noter que les donjons en coopération se contentent de mettre simplement les joueurs face à un boss. Proposer de véritables donjons à l’instar de ceux que l’on explore en solo aurait permis de varier l’expérience proposée, mais pour cela, encore faudrait-il pouvoir réussir à jouer avec ses amis…
Heureusement, le contenu solo est assez conséquent pour pouvoir occuper les joueurs de longues heures durant. En effet, en-dehors des donjons qui permettent de faire avancer l’histoire, on notera la présence des donjons EX, dont la difficulté est plus élevée qu’à l’accoutumée, ainsi que des tri-geon et neo-geon. Mais dans l’ensemble, le principe restera le même, puisqu’il s’agira de venir à bout d’interminables donjons, vous l’aurez sans doute deviné.
VERDICT
En-dehors de son accessibilité incertaine, liée à sa difficulté et au système de Magic Circle, Cladun Returns risque de diviser les joueurs de par son aspect graphique tout en pixel art, pourtant fort réussi et de très bon goût. D’autant que si le jeu arbore un habillage 16-bits, son OST, elle, se décline en deux versions que l’on pourra choisir en fonction de son humeur et/ou de ses goûts. L’expérience se veut sympathique, avec une personnalisation poussée à son maximum. Pour autant, les non-initiés risquent de vite se lasser ou de se laisser impressionner par toutes les possibilités offertes par le gameplay du titre signé NIS. À réserver aux amateurs du genre ou aux curieux qui sont prêts à se plonger dans un style particulier mais fort accrocheur pour peu que l’on se prête au jeu.
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