En 1994 naissait la saga de jeux japonais Mother (renommés Earthbound pour le public occidental). Des titres Super Nintendo pour le moins originaux puisque, contrairement aux RPG qui sortaient à l’époque, cette licence signée Ape faisait le pari de proposer un monde contemporain très coloré, à tendance parodique, et teinté de références toutes plus atypiques les unes que les autres (le monstre du Loch Ness, les Blues Brothers, etc).
20 ans plus tard, en 2014, voilà qu’Eden Industries, petit studio indépendant à l’origine jusqu’ici d’un seul et unique jeu nommé Waveform, annonce Citizens of Earth. Les premiers trailers tombent dans la foulée, et c’est le choc. La ressemblance avec Mother 1 et 2 (Earthbound 0 et 1, pour nous) est tout simplement frappante. Des « petits bonhommes » se déplaçant en file indienne, des couleurs chatoyantes, des combats au tour par tour, aucun doute : le digne descendant du jeu SNES était né. Il n’en fallait pas plus pour attirer l’oeil aguerri du gamer old-school. Ne restait plus qu’à savoir sur quels supports allait se faire ce voyage tant attendu. C’est donc avec un immense plaisir (et une certaine appréhension) que nous avons accueilli ce titre sur PS4 quelques mois à peine après son annonce. Le 20 janvier, pour être précis.
Adoptant un style visuel résolument old-school, soulignons d’entrée de jeu que Citizens of Earth n’en reste pas moins très agréable à regarder. Les couleurs utilisées sont très lumineuses et renforcent ainsi le sentiment d’oppression que l’on peut ressentir en entrant dans les quelques bâtiments sombres et autres souterrains du soft (les animations visibles en combat font en revanche assez peine à voir). Vous l’aurez compris, c’est par le biais de ses jeux de lumière que le titre impressionne. Il est également à noter que le jeu impose le fameux combo gagnant 1080p / 60 fps si cher aux gamers d’aujourd’hui. Difficile, dans ces conditions, de lui reprocher quoique ce soit sur le plan technique. Aucun bug graphique n’est d’ailleurs à déplorer, et seuls quelques soucis de collision pourront vous agacer lorsque vous vous trouvez dans des endroits quelque peu exigus.
Mais puisque l’on en vient à parler des fondamentaux, je pense qu’il est grand temps d’aborder le cœur même du jeu, à savoir son synopsis. Car, disons-le tout net, les petits gars de chez Eden Industries (sous la houlette de l’éditeur Atlus) n’ont à aucun moment souhaité faire dans le classicisme auquel on est malheureusement tous habitués depuis quelques années. Jugez plutôt. Non seulement vous n’êtes ni un héros, ni un méchant, encore moins un personnage doté de pouvoirs surnaturels, mais en plus de ça vous n’incarnez même pas « concrètement » le perso principal. Explications. Étant donné que tous les patronymes du titre peuvent être modifiés à votre guise, partons du principe que le « héros » s’appelle Monsieur Toc. Vous commencerez le jeu dans sa peau, et vous vous rendrez vite compte que vous êtes titulaire d’un poste à haute responsabilité. En effet, dans Citizens of Earth (CoE pour les intimes), vous êtes le Vice-Président de la Terre. Rien que ça ! Pour autant, à peine le Prologue entamé, on se rend compte qu’en bon politicien peureux que l’on est (et un brin loser), notre rôle consistera à faire combattre nos alliés, afin, vous l’aurez compris, de ne jamais avoir à se salir les mains.
Et si lors des premiers affrontements vous n’êtes entouré que de votre môman et de votre petit frère, il vous faudra rapidement vous monter une armée si vous voulez survivre sur la map (malheureusement trop petite) pleine d’ennemis du jeu. Comment enrôler les citoyens ? En leur rendant des services (faisant office de quêtes annexes) et ainsi leur prouver votre bonne foi. Citizens of Earth vous propose de recruter 40 habitants dans votre escouade, ce qui vous demandera environ 30 heures. Bien évidemment, seuls 3 d’entre eux peuvent combattre pour vous à l’instant T. A vous de switcher les membres du groupe en passant par votre tablette tactile.
En effet, cet objet high-tech que vous récupérerez dès le début du jeu s’avère fort utile. Gestion des citoyens, du journal de quêtes, de votre inventaire, de vos e-mails, ou encore des sauvegardes (manuelles, mais que vous pouvez effectuer à n’importe quel moment du jeu), tout y est. Vous vous en servirez également pour affecter des compétences et autres items à vos alliés. Certes, les possibilités sont très restreintes et on fera vite le tour des combinaisons possibles. Pour autant, si la difficulté de base peut prêter à sourire (même si la vie ne remonte pas toute seule), sachez que vous pouvez corser la chose en parlant à la mascotte de l’école locale. Le résultat se fera très vite ressentir en combat et accentuera sans souci le côté stratégique de ces derniers, bien plus absent en mode « normal ».
Il est malheureusement utile de noter que les affrontements se montrent répétitifs, et ce, un peu trop rapidement, au point que l’on en esquivera une bonne poignée assez régulièrement. Les ennemis étant tous visibles sur la map, nul doute, donc, que vous deviendrez vite un as du slalom. A contrario, le scénario, lui, bien que décalé au possible, reste prenant. Et si les allers-retours incessants de notre petit groupe pourront facilement lasser tout un chacun, les divers paysages rencontrés et l’humour des dialogues vous pousseront, entre autres, à continuer l’aventure.
Le titre est intégralement sous-titré en français, et -presque- intégralement doublé en anglais. Certaines scènettes ne bénéficient malheureusement pas de réelles voix. A cette occasion, ce seront des espèces de gémissements façon Sims qui se feront entendre. Les musiques, elles, sont pour la plupart fabuleuses. Mélangeant chiptune et mélodies entraînantes, il ne fait aucun doute que la bande-son du jeu plaira aux amateurs d’excursions un tantinet old-school.
Verdict : 7,5/10
Vous l’aurez compris, Eden Industries, au travers de son Citizens of Earth, réussit le pari de reprendre en quelque sorte l’héritage laissé dans les années 1990 par la licence Mother. Mixant habilement des mécaniques old-school (combats au tour par tour, soins par le biais du sommeil, etc) et un aspect visuel flattant la rétine ainsi que des sonorités que l’on qualifiera de rétro-futuristes, ce nouveau-venu sur la scène du jeu indépendant démarre l’année 2015 en beauté. Disponible, entre autres, sur PS4 et PS Vita (sans toutefois d’option cross-buy ou cross-save) à moins de 12 €, il y a fort à parier pour que le joueur curieux de découvrir un voyage atypique se laisse tenter. Les réfractaires à la 2D et/ou aux intrigues un peu trop farfelues se contenteront, eux, de la démo disponible gratuitement sur le PlayStation Store.
En bonus la vidéo test de votre rédacteur du jour, Monsieur Toc.
https://www.youtube.com/watch?v=uc5h4jVQ-s0
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