Lorsque l’équipe derrière Assassin’s Creed Brotherhood et Far Cry 3 a annoncé travailler sur un projet inspiré par les jeux de rôles japonais, nous étions en droit de nous questionner quant au résultat final. On ne va pas vous mentir : Child of Light est une pure réussite. Ubisoft Montréal nous livre un véritable chef d’oeuvre, entre jeu de rôle et conte de fées.
TEL UN ENFANT DANS UN MONDE ONIRIQUE
À peine le jeu lancé, que les premières rimes se font entendre. L’histoire de la petite Aurora, personnage principal de Child of Light, nous est ainsi contée. Fille du duc d’Autriche, on apprend qu’elle perd la vie suite à une maladie foudroyante, alors que dans le même temps, son royaume est menacé par une terrible catastrophe. Pourtant, la jeune fille se réveille finalement quelques instants plus tard dans le monde mystérieux de Lemuria, dont les trois sources de lumière ont été dérobées par la Reine Noire. C’est ainsi que commence la quête d’Aurora, qui part donc à la recherche des étoiles, de la lune et du soleil, dans l’espoir de retrouver un jour son père et sa terre natale.
La jeune héroïne rencontrera tout d’abord Igniculus, un jeune élémentaire de lumière qui l’accompagnera durant toute son aventure. Le joueur pourra aussi croiser le chemin d’une multitude d’autres personnages, qui pourront se joindre à nos deux protagonistes après leur être venu en aide.
Basé sur le concept d’opposition entre l’ombre et la lumière et abordant des thèmes très sombres comme la mort, la cupidité, la jalousie ou encore l’abandon, le scénario de Child of Light est cependant conté avec un ton léger, presque enfantin. Ce contraste parvient à produire un effet assez unique, entre poésie et conte de fées. Child of Light saura toucher votre âme d’enfant, et l’emmènera dans un monde onirique qui ne vous laissera pas indifférent.
LE J-RPG, REVISITÉ AVEC BRIO
Child of Light étant bâti autour des codes habituels du jeu de rôle Japonais, on retrouve un gameplay découpé en phases d’exploration en monde ouvert d’une part, et en phases de combat au tour par tour d’autre part.
Évoluer dans les différentes zones de Lemuria est un réel plaisir tant les contrôles sont intuitifs et réactifs. Les deux sticks analogiques permettent de se déplacer respectivement avec Aurora et Igniculus, bien que ce dernier puisse aussi être dirigé via le pavé tactile de la Dualshock 4. Les interactions avec l’environnement et les personnages se font avec la touche Carré, tandis qu’une simple pression sur Croix permet à Aurora de se propulser afin de gagner en vitesse. Enfin, le bouton L2 servira à utiliser les pouvoirs d’Igniculus afin d’éclairer les alentours ou de déclencher certains mécanismes.
Ce gameplay simple mais efficace est parfaitement adapté au level design et à l’architecture du jeu, qui reprend un grand nombre d’éléments déjà présents dans Rayman Origins et Rayman Legends, tous deux basés sur le même moteur graphique que Child of Light. Ainsi, entre deux chapitres, il sera possible de découvrir une multitude d’objets cachés aux quatre coins de Lemuria, très souvent dissimulés derrière des éléments du décor ou dans des passages invisibles au joueur à partir d’une certaine distance. Les pouvoirs d’Igniculus seront d’ailleurs parfois indispensables pour les récupérer. Une façon assez subtile de donner envie au joueur d’explorer toujours plus le monde qui l’entoure.
Les phases d’exploration laissent aussi souvent place à de petites énigmes, notamment afin de révéler l’entrée de donjons ou pour compléter certaines quêtes annexes. Malheureusement assez anecdotiques de par leur faible nombre et leur simplicité, elles s’intègrent cependant tout à fait à la progression et restent cohérentes avec le scénario du jeu.
Malgré la place importante accordée à l’exploration, les combats, qui interviennent au moindre contact avec un ennemi, occuperont une grande partie de votre aventure. Les affrontements se déroulent au tour par tour en fonction d’une jauge de temps (similaire à la jauge ATB des Final Fantasy) apparaissant au bas de l’écran. Vous contrôlez deux des personnages de votre équipe, contre un, deux, ou trois ennemis à la fois et de façon aléatoire. Lorsque l’icône d’un personnage atteint la fin de la barre « attendre », le temps s’arrête pour qu’il puisse sélectionner une action à réaliser.
Chaque action coûtera un certain nombre de PM et nécessitera un certain temps avant d’être lancée. En fonction de la durée requise par chaque action, le personnage prendra plus ou moins de temps à atteindre la fin de la barre « exécution ». Ce n’est qu’à ce moment là qu’il pourra lancer l’action désirée. Mais attention, si un personnage reçoit des dégâts alors qu’il se trouve dans la barre « exécution », l’action qu’il était en train de préparer sera interrompue, et il se retrouvera propulsé au tout début de la barre « attendre ». La gestion du timing de chaque personnage est donc au centre de ce système de combat, finalement très dynamique pour un système de tour par tour. Une très bonne surprise, qui réussit parfaitement à venir rythmer le jeu.
Qui dit JRPG dit forcément gestion de ses personnages. Au fur et à mesure que vous gagnerez en expérience, vos personnages monteront en niveaux, ce qui améliorera leurs différents attributs. Mais à côté de cela, ils obtiendront en plus des points de compétence à dépenser afin de débloquer différents bonus et de nouvelles actions à réaliser en combat. Les points de compétence s’utilisent via un arbre des capacités propre à chaque personnage. Cela permet en quelques sortes de personnaliser son équipe, même si dans les faits, le nombre d’attaques et de compétences déblocables reste assez faible. Le potentiel réel de chaque personnage ne se dévoile ainsi qu’après un certain nombre d’heures de jeu, ce qui est assez dommage. D’autant plus que les personnages les plus intéressants n’apparaissent que dans les derniers chapitres du jeu.
Enfin, la personnalisation est soutenue par un système d’équipement de pierres précieuses, nommées « oculi ». Via un système de « craft », il est possible de combiner différents « oculi » entre eux pour en produire d’autres aux propriétés différentes. Cela permettra par exemple d’ajouter des dégâts élémentaires aux attaques d’un personnage, ou d’augmenter les points d’expérience qu’il gagnera à la suite d’un combat. Un petit plus sympathique qui permet de s’adapter à chaque situation.
Dans Child of Light, on se retrouve donc avec un gameplay proche de l’âge d’or du JRPG, tout en restant suffisamment original pour surprendre les habitués du genre et convaincre les néophytes. Un véritable coup de maître !
UNE DIRECTION ARTISIQUE EXCEPTIONNELLE
Le moteur graphique UbiArt faisait dejà des merveilles pour Rayman Origins et Rayman Legends. Mais avec Child of Light, Ubisoft Montréal atteint réellement des sommets. Le jeu est une véritable oeuvre d’art interactive. Les différents environnements sont pleins de vie et fourmillent de détails. Child of Light joue sur les différents plans et sur la perspective, et parvient à produire un perpétuel spectacle visuel. Le moindre recoin de Lemuria est un magnifique tableau vivant, de par les techniques artistiques employées et l’inspiration derrière l’univers et les éléments dépeints. Vous resterez émerveillés l’intégralité du temps que vous passerez devant ce jeu, c’est promis.
Au-delà de son aspect graphique, le jeu est aussi une merveille en terme de narration : malgré un scénario sombre de par les thèmes qu’il aborde, le ton général employé est léger, presque enfantin. Child of Light est un conte de fées, un vrai. Les différents personnages ont tous une identité propre, associée à une façon d’être et d’interagir entre eux au cours des dialogues. Cela donne souvent lieu à des situations coquaces. Mais l’un des points les plus marquants réside dans les différents dialogues et répliques du jeu, entièrement écrits en rimes ! Un pari osé mais réussi, qui vient souligner le côté poétique et merveilleux si unique de Child of Light.
Enfin, comment évoquer Child of Light sans parler du travail monumental réalisé autour de sa bande son. Composées par l’artiste canadienne Coeur de Pirate, les différentes musiques sont somptueuses, et collent parfaitement à l’ambiance du jeu. Les amateurs de violon et de piano seront conquis, puisque la plupart des compositions reposent sur ces deux instruments. Tantôt mélancoliques, tantôt enjoués, les différents morceaux vous touchent en plein coeur, et viennent rythmer avec perfection les évènements du jeu. Le tout étant soutenu par des bruitages et effets sonores travaillés, participant à créer une ambiance magique et hors du commun.
UN JEU PEAUFINÉ JUSQU’AU BOUT
Child of Light est une réussite totale. Touchant et surprenant à chaque instant, il parvient à créer une expérience encore jamais vue dans le jeu vidéo. Au-delà de son aspect ludique, c’est sa capacité à sans cesse émouvoir qui fait sa force et qui le rend si incontournable. L’équipe de Ubisoft Montréal a réalisé un travail colossal, et a notamment fait preuve d’un grand souci du détail.
Quelques petits ajouts, comme la possibilité pour un deuxième joueur de contrôler Igniculus, font partie des petites surprises non négligeables du jeu. Cela peut être très bénéfique au premier joueur, la gestion d’Igniculus étant assez laborieuse lorsque l’on doit se concentrer sur un combat assez difficile. En parlant de difficulté, le jeu propose un mode « normal » et un mode « difficile », que l’on peut changer en cours de partie. La difficulté est d’ailleurs très bien dosée : le mode normal est suffisamment simple pour ne pas rester bloqué indéfiniment, mais suffisamment difficile pour ne pas que le jeu soit loin d’être une promenade de santé. Le jeu bénéficie aussi d’un mode New Game + dans lequel il est possible de refaire le jeu en conservant les compétences acquises la première fois. Pour information, venir à bout du jeu une première fois vous prendra environ dix heures, ce qui est plus que raisonnable pour un jeu proposé à moins de 20 euros à sa sortie.
Enfin, sachez que la version Française bénéficie d’une traduction fidèle et de qualité, qui réussit à conserver l’âme de la version originale anglaise malgré la poésie et les rimes omniprésents. Chapeau !
Verdict : 9,5/10
Avec une direction artistique exceptionnelle et un gameplay qui revisite avec brio le JRPG, Child of Light est une perle à ne rater sous aucun prétexte. Le jeu brise les conventions et propose une des expériences les plus atypiques et merveilleuses jamais rencontrées dans le jeu vidéo. Child of Light n’est d’ailleurs peut être pas à considérer comme un jeu, mais plutôt comme une véritable oeuvre d’art.
Gerard
2 mai 2014 at 5 h 31 minOn se pose une question quel est le montant du cheque versé a ps4francr de la part d’ubisoft … Premiere fois que je vois un article si long pour un jeuxd’indé acheter par ubisoft
mr_anzai
2 mai 2014 at 9 h 39 minQui « on » ? Je pense qu’il n’y a que toi pour te poser cette question -_-
Si tu connais le mec chez Ubisoft qui fait les cheques pour qu’on mette des bonnes notes on veut bien son mail 😉
alexizaki
2 mai 2014 at 21 h 58 min« article si long » … Connais-tu réellement la notion de test ?
VM Juan
8 mai 2014 at 19 h 44 min@Gerard As tu joué à cette merveille avant d’accusé le coup ? je suis tout à fais d’accord avec le test , ce jeu est juste fabuleux , on l’attendait tellement pas et encore moins de la part d’Ubisoft , je conseil vivement ce chef d’oeuvre!